Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


jeudi 6 mars 2014

Obama, le rhéteur empêtré

Bien que passée de mode, les médias entonnent encore l’Obamania au moindre signe du «grand retour» (espéré) de l’Amérique. Faut-il entrer en pamoison face aux 3.2 % de croissance du PIB au dernier trimestre 2013 en négligeant le 1.9 % sur toute l’année ? Au-delà de cette numérologie des vertus du rebond attendu du capitalisme, faut-il adhérer toujours et encore à la rhétorique ampoulée d’Obama ? «Nous sommes chargés de la plus grande organisation du monde et notre capacité à faire un peu de bien sur le plan domestique et tout autour du monde est inégalée» ( !). Cette emphase positive suggérée par ses conseillers insistant sur la nécessité d’éviter d’évoquer l’accroissement vertigineux des inégalités, de parler plutôt d’opportunités nouvelles, laisse pantois. Il le fit avec le brio égotiste qui est le sien : «Vous pouvez tous réussir», notre pays «c’est l’égalité des chances», puis s’adressant aux patrons : «Donnez une augmentation à l’Amérique». Suivez mon exemple. Je vais augmenter, dit-il en substance, le salaire minimum horaire dans les entreprises sous contrat public pour le porter par décret à 10,10 dollars de l’heure (1). Il a omis d’évoquer le sort des 15 % de la population, soit 46.5 millions de personnes, vivant sous le seuil de pauvreté ou les grèves qui affectent les services de restauration rapide cantonnés dans la fourchette basse de 7,25 dollars (2).

Empêtré dans la contradiction entre la figure progressiste composée et son impuissance face aux réalités imposées par l’oligarchie qu’il représente, Obama restera certainement aux yeux de l’Histoire, l’homme des promesses non tenues… avec prestance : l’augmentation du salaire mini qui lors de son 1er mandat devait être porté à 9 dollars, la création d’écoles maternelles publiques, la réforme de la fiscalité, le contrôle des armes à feu, l’interdiction des fusils d’assaut, l’élimination des subventions aux pétroliers, la fermeture de Guantanamo…. et des échecs patents en Irak, en Afghanistan, en Palestine, an Syrie, révélant le recul de la «domination impériale».

Du reste, en politicien chevronné, à l’image de ses prédécesseurs, il prépare sa retraite dorée pour bons et loyaux services rendus, avec éloquence : pour écrire ses mémoires à sa propre gloire et à celle de l’Amérique, il vient de recevoir une avance contractuelle de 20 milliards de dollars, son épouse, pour faire de même, se contentant de 12 milliards. Restent 3 ans pour obtenir le complément dont on ignore encore le montant. Trois ans au cours desquels il faudra rendre compte en les enjolivant des soubresauts de la crise financière, de la relance artificielle promue par la FED dont il va falloir sortir : rachats à raison de 85 milliards par mois d’obligations publiques, d’actifs pourris, de crédits douteux, pour ensuite inonder le système bancaire de liquidités à taux presque nul, manière moderne de faire tourner la planche à billets. Mais la fin de l’argent facile programmée dans la douleur affecte déjà nombre de pays émergents. Les capitaux vagabonds les fuient, préférant ne pas prendre de risques car la FED a déjà réduit ses interventions mensuelles à 75 milliards puis à 65 milliards. Après avoir frappé le cœur du système à savoir les USA, la crise va-t-elle provoquer d’autres séismes en Turquie, en Argentine, en Inde ?

Ce qui est sûr c’est que le capitalisme financiarisé perdure de bulles en bulles et qu’il faut bien des interprètes pour en enjoliver les éclatements, même si, empêtrés, leurs arguties sont de plus en plus tarabiscotées.

(1)  Soit 7,33 € de l’heure. En France, le SMIC est de 9,43€
(2)  Lire l’article de Thomas Frank «La révolte américaine contre les ogres du Fast-food» Le Monde Diplomatique de janvier 2014