Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mardi 4 juillet 2023

 

Union Européenne

fragmentée et assujettie

(éditorial PES n° 94)


Depuis le rejet, en 2005, du Traité constitutionnel européen, et ce malgré son approbation par le traité de Lisbonne en 2007, la France et l’Europe se manifestent par une absence de projet susceptible de favoriser l’émergence d’un continent indépendant des autres puissances mondiales.

 

Les mythes, sur lesquels s’est forgée l’Europe de la paix et du progrès, se sont effondrés. Désormais, il apparaît clairement, avec les politiques néolibérales, que l’UE est un continent marqué par les inégalités. En outre, les guerres en Yougoslavie, en Ukraine, démontrent que cette union est un terrain de conflit au sein de cet espace  divisé.

 

Son extension avait déjà été marquée par la volonté étatsunienne d’opposer la « vieille » Europe à la « nouvelle » Europe, celle de l’Est. L’élargissement, prévu ou évoqué, à l’Albanie, à la Bosnie, à la Moldavie, à l’Ukraine, à la Serbie, voire à la Géorgie, prouve, s’il en est besoin, que les classes dirigeantes, en s’en remettant au « tout marché », ont un comportement irrationnel qui nie tout projet européen partagé.

 

Les révolutions « orange » suscitées par l’impérialisme américain ont accéléré ce processus. Les révélations de Snowden ont dénoncé l’existence systématique de surveillance, l’espionnage et le pillage de l’industrie européenne. Elles n’ont guère provoqué d’opposition à la réalité de ce système.

 

Cet effritement de l’Europe s’est même converti en assujettissement à l’occasion de l’invasion russe de l’Ukraine. La militarisation des budgets européens en fait foi. Et la surenchère de la Grande-Bretagne va dans le même sens.

 

Qui plus est, la confrontation entre la Chine et les Etats-Unis est révélatrice : ces derniers tentent désormais de casser les relations économiques entre la Chine et l’UE. Borrel, vice-président de la commission européenne, demande à l’Europe de patrouiller militairement dans le détroit entre la Chine et Taïwan.   

 

Cet assujettissement à l’oligarchie américaine semble signer la dérive irrémédiable vers la fin de la démocratie proclamée. Mais que peuvent promettre les USA qui voient leur mortalité infantile s’accentuer alors que la Russie et la Chine bénéficient d’une baisse de cet indicateur ? Que peuvent-ils prétendre alors que l’espérance de vie se réduit dans les sociétés  néolibérales ? Les Etats-Unis et le Royaume Uni, décrochent, en effet, depuis 1981, période qui commence avec l’avènement de Reagan, qui a permis la destruction de systèmes de santé et l’augmentation massive de la pauvreté.  

 

Bref, les Européens se soumettent au système étatsunien qui ne sait plus lui-même où il va. La BCE, en suivant la FED, a de fait détruit les finances publiques des Etats européens. Quant aux élites européennes, elles se comportent tels des somnambules, ne sachant que faire face aux divisions et aux colères qu’elles suscitent.    

 

Leur seule porte de sortie semble être celle qui consiste à s’appuyer sur les classes moyennes aisées et les médias complaisants pour promouvoir le nationalisme et la xénophobie.

 

Quant à la « Gauche », elle semble impuissante face aux révoltes qui couvent et à la restriction des libertés qui les accompagne. Certaines familles politiques en sont encore, comme les Verts, à prôner un fédéralisme européen, vide de toute perspective.

 

GD, le 31.06.2023

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 Le poème d'Hassen


A découvert

 

Nous devons reprendre le droit

stopper cette crise de foi

Aujourd’hui c’est le peuple qui doit faire la loi

nous n’avons pas le choix

seuls vous-mêmes ne pouvez vous protéger

du sort habile qui nous a été jeté

c’est une action provoquée

tout comme le malaise provient du ciel enchanté

le pauvre n’est pas à l’abri des difficultés

ils sont toujours en train de nous enfoncer

dans le panier de la souffrance et de la pauvreté

sortons du pouvoir de ces sorciers

de cette politique de condamnés

ils sont les colons réincarnés

Politique de menteur

Politique de la peur

Politique de tueur

 


 

Extrême-droite  en Europe

« Résistible » ascension ?

 

L’extrême-droite en Union Européenne ne se limite pas à la prise du pouvoir en Hongrie ; elle prend racine dans nombre de pays et, même si elle ne gouverne pas partout, elle participe aux alliances permettant aux Droites de l’emporter. Elle est donc présente dans un certain nombre de gouvernements. En France, on assiste au même phénomène de montée en puissance du RN qui s’est donné 4 ans pour « réussir ». Dans l’opinion, nombreux sont ceux qui se résignent à penser qu’il va l’emporter en 2027, après le règne « dévastateur » de Macron. Comment en est-on arrivé là ? Est-il possible de faire reculer l’avancée de ces partis se revendiquant du social-nationalisme, changeant de peau, tels des caméléons, pour berner les classes pauvres et moyennes en leur promettant des lendemains heureux ?

 

1 – Le visage de l’Europe se transforme

 

Partout en Europe, l’extrême droite gagne du terrain.

 

Certains Etats sont dirigés par l’extrême-droite

L’Italie est le 3ème pays européen dans ce cas. En septembre dernier, Giorgia Meloni du parti postfasciste Fratelli d’Italia a remporté les élections générales. Elle est présidente du Conseil, en coalition avec la Ligue (parti d’extrême-droite de Salvini) et Forza Italia (parti conservateur de Berlusconi). La Hongrie et la Pologne sont également gouvernées par l’Extrême droite. Quand, en 2010, Orban, du Fidesz, prend le pouvoir, c’est un cataclysme pour l’eurocratie, qui, aujourd’hui, ne semble plus s’en émouvoir, tant il semble banal qu’il ait été reconduit en 2022 pour son 4ème mandat de 1er ministre. En 2015, c’est en Pologne que le parti Droit et justice (PiS) gouverne avec un banquier, Morawiecki,  président du conseil des ministres, aux côtés du président ultraconservateur Duda (élu en 2017).

    

Ailleurs, l’extrême-droite est membre du gouvernement, comme en Lettonie et en Finlande.

Le parti conservateur letton, Unité, est arrivé en tête aux élections législatives d’octobre 2022 avec 19 % des voix, et, pour gouverner, s’est allié au parti d’extrême-droite Alliance nationale, très conservateur et très anti-immigration. En Finlande, Orpo, de la Coalition nationale (droite libérale) a battu (avec 20.8 % des voix) le Parti Social-démocrate (SDP) (19.95 %) de Sana Marin (1ère ministre depuis 2019). Il vient de passer un accord de gouvernement avec l’extrême-droite le Parti des Finlandais (20.06 %) et deux autres petits partis de droite, unis pour la promotion d’une vision identitaire de la société finlandaise. La défaite de Sana Marin est un coup de plus porté à la « gauche » européenne après celle de la suédoise sociale-démocrate Andersson en septembre 2022 et la « victoire » de la sociale-démocrate danoise Frederiksen, décrochant un 2ème mandat à l’automne 2022… en s’alliant à la droite libérale !

 

D’autres Etats sont soutenus par l’extrême-droite, sans qu’elle participe au gouvernement.

 

C’est le cas de la Suède où le parti d’Extrême-droite Les Démocrates de Suède (SD), fondé par des nationalistes dont des néonazis, est arrivé 2ème aux élections législatives de septembre 2022. Il n’est pas représenté dans l’exécutif mais occupe une place prépondérante au Parlement. Il a permis, par son soutien, à M. Kristersson (parti des Modérés), de battre le bloc de gauche et de devenir 1er ministre, à la tête d’une coalition de droite comprenant les libéraux, les chrétiens-démocrates et les SD, eux, qui comptent 73 députés sur les 176 formant la majorité. En 12 ans, l’Extrême-droite est passée de 5.7 % des voix à 20.5 %, faisant tomber la coalition de centre-gauche qui avait construit une forme avancée d’Etat-providence. Cette percée peut-elle s’expliquer par le souvenir d’une facette peu connue de la Suède (1) ? « Dans la construction du modèle suédois d’Etat-providence s’illustrèrent les politiciens sociaux-démocrates, et plus particulièrement le couple Myrdal qui, dès 1934, exposa les réformes sociales pour améliorer les conditions de vie. Parallèlement, il fustigeait la régulation des naissances, synonyme de baisse de la population qui « induirait une dégénération de la race ». La Suède mena, entre 1934 et 1976, une politique de stérilisation des personnes dites « déviantes » au cours de laquelle 63 000 furent stérilisées de force.

Aujourd’hui, l’exécutif suédois est un « joyeux » mélange entre les conservateurs/modérés/chrétiens démocrates/sociaux-libéraux, le tout soutenu par le très influent parti d’extrême-droite. On ne s’étonnera pas, en conséquence, de trouver dans leur accord d’alliance, des mesures comme la fermeture des écoles privées musulmanes, la limitation du droit d’asile ou encore une politique sécuritaire renforcée grâce à la vidéosurveillance, etc.

 

Ces alliances, impensables hier, ouvrent la voie, à la veille des élections européennes de 2024, à un rapprochement, au sein du Parlement européen,  entre les groupes du Parti Populaire Européen (PPE) et  des Conservateurs et réformistes européens (ECR) comprenant nationalistes de droite et eurosceptiques.

 

2 – L’extrême-droite fait son nid en UE

 

Berlusconi fut le liquidateur du compromis social italien de l’après-guerre en appliquant une politique de libéralisation du marché du travail et d’austérité après la crise de 2008. Il est également considéré comme acteur clé de la dédiabolisation de l’extrême-droite, quand il fit le choix de gouverner avec l’Alliance nationale de Gianfranco Fini et la Ligue du Nord d’Umberto Bossi. Il est le premier dirigeant d’un pays fondateur de l’UE à briser un tabou et à considérer que la droite traditionnelle, associée au PPE (Parti Populaire Européen) à Bruxelles était à même de gouverner avec l’extrême-droite postfasciste (2). Dès lors, ces alliances se multiplieront sur le continent européen, de l’Italie à la Suède, de la Finlande à l’Espagne, renforçant le poids de l’extrême-droite qui compte 128 députés sur 705  au Parlement européen, répartis en deux groupes : les  Conservateurs et réformistes européens (CRE) avec dans ses rangs Fratelli d’Italia, le PiS, l’Alliance nationale lettone et le Parti des Finlandais. Le groupe Identité et Démocratie (ID), quant à lui, compte le RN de Le Pen et la Ligue de Salvini. Certains sont inscrits dans le PPE. Orban y était, jusqu’au moment où il en fut exclu suite à ses positions considérées trop en désaccord avec le PPE. Il siège aujourd’hui chez les « non- inscrits ».

 

Mais, peu importe les appartenances, quand il s’agit de prendre le pouvoir. On l’a vu, les alliances de gouvernement (droite/extrême droite), permettent aux partis de Droite de l’emporter. Ce faisant, elles dédiabolisent l’extrême droite, finissent par la rendre « acceptable » et ferment les yeux sur la renaissance de groupes néonazis. Ils sont dits « d’ultra-droite », ceux qui saluent Hitler ou font l’apologie du fascisme, multiplient des actions violentes et font oublier la véritable identité des partis d’Extrême-Droite « banalisés ». On n’en est plus au grand émoi politique lorsque le Parti de la Liberté d’Autriche (FPÖ) fondé par d’anciens SS avec Jorg Haïder, entrait au gouvernement autrichien ! Oubliées également les déclarations des conservateurs suédois, il y a 4 ans, qui déclaraient impossibles des négociations avec des nationalistes…  Les grands principes sont vite mis au placard quand il s’agit du pouvoir. Cette droite-là, même si elle triomphe à court terme, prépare sa disparition.

 

Jusqu’ici, la machine européenne s’est accommodée de cette réalité mais voici qu’elle affiche des pudeurs de jeune fille. Voyez donc ! Trop c’est trop, s’offusquent les autorités européennes : est-il acceptable que la Hongrie assure la présidence tournante du conseil de l’UE (c’est son tour au 2ème semestre 2024) alors qu’elle s’autorise à refuser la mise en œuvre de décisions européennes (accueil d’un quota d’immigrés, par ex), qu’elle porte atteinte aux droits de ses citoyens, ou encore a une position ambigüe vis-à-vis de l’Ukraine. Cela fait désordre et surtout,  cela se sait ! Comment maintenir une discipline de façade ? Les textes européens n’ont pas prévu ce genre de situation… Le parlement européen vient donc de voter une résolution visant à empêcher la Hongrie de jouer ce rôle, certes symbolique… mais tout de même ! Pas sûr qu’Orban plie le genou, d’autant qu’ensuite viendra le tour de la Pologne...

 

L’Europe et fragile. Comment en est-elle arrivée là ?

 

Non seulement s’incrustent, dans ses institutions, des forces politiques d’extrême-droite, laissant renaître de « puantes » idéologies qu’elle disait vouloir combattre, lors de sa création. Mais encore l’Europe du marché, néolibérale, produit ce qu’elle promeut : la concurrence de tous contre tous, l’anéantissement des politiques sociales et l’encouragement du dumping social et fiscal, la stigmatisation des immigrés et l’application d’une politique de rejet de tous ceux qui fuient la misère, l’oppression, et demain le dérèglement climatique. Avec les moyens dont elle se dote (agence Frontex notamment), elle est incapable de créer autre chose que surveillance, enfermement, refus d’accueil… ce qui satisfait tout à fait droites et extrêmes droites en Europe et même, parfois, ceux qui s’inscrivent à « gauche » !  

 

Cette extrême-droitisation grandit en influence et en « respectabilité » partout, même dans les pays « fondateurs » qui « pèsent » dans l’UE. On l’a vu pour l’Italie mais la France ne fait pas exception avec un record historique de sièges à l’Assemblée nationale, gagnés par le RN en avril 2022 : 88 députés sur 577. L’extrême-droite du RN est le 2ème groupe politique derrière Renaissance (171). L’Allemagne, même si elle semble moins concernée (à cause de son histoire) compte quand même 79 députés d’extrême droite (sur 736) au Bundestag et un arrondissement de Thuringe vient d’élire l’Extrême-Droite (AFD) face à la CDU. Aux Pays-Bas, l’extrême-droite prospère, représentée dans le  Forum pour la démocratie. Elle compte 28 députés sur 150 à la Chambre. En Belgique flamande, le Vlaams Belang est crédité de 25 % des voix aux élections générales en 2024 et est déjà convoité par la droite nationaliste et conservatrice.

 

Les digues sautent peu à peu et les rapprochements droite/Extrême-droite pourraient en 2024 changer le visage de l’UE, parvenant à bâtir une majorité solide pour gouverner l’UE ? Les résultats des élections récentes en Espagne et en Grèce portent à penser que cela paraît possible.

 

 

En Espagne, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) au pouvoir avec Sanchez, persistant dans la voie néolibérale, a perdu ce 28 mai lors des élections municipales et régionales, obtenant 28% des voix, derrière le Parti Populaire (31 %). La 3ème force politique est l’extrême droite Vox (7.18%) et Podemos «encore classé à gauche » est à 3.2 % ! Sanchez a dissous le Parlement et les élections législatives sont prévues le 23 juillet. L’effondrement du PSOE, dit de Gauche, ne trouvera certainement pas de solution lors de ces prochaines élections.

 

Quelques jours avant, c’est en Grèce que la Gauche subissait une déculottée. Le 21 mai, Mitsotakis de  Nouvelle Démocratie (droite) rafle aux législatives, 40.79 % des voix contre Syriza (20.07 %). Il compte bien accélérer les contre-réformes libérales, construire un « mur » entre la Turquie à Evros, refouler les bateaux de réfugiés en mer Egée, investir dans un programme massif d’armement… Syriza  a continué de trahir les classes populaires et les classes moyennes, évitant dans sa campagne toute référence de classe, minimisant tout engagement susceptible de mobiliser le monde du travail... et Vox, en Espagne,  imagine déjà devenir indispensable au Parti Populaire pour gouverner…

 

La Grèce peut être considérée comme un laboratoire européen pour expliquer les reculs des partis dits « socialistes » au profit des droites. Le résultat des politiques néolibérales appliquées depuis 2010 est parlant. Dans ce pays,  le taux de chômage est encore à 10.9 % (22 % en 2012), l’un des plus élevés en zone euro, en particulier chez les moins de 25 ans (24 %). Depuis 2010, les Grecs ont trinqué. Ils ont subi des baisses de salaires en moyenne de 30 % pendant les plans d’austérité (2010-2018). Après la crise économique, l’inflation fait des ravages, mettant à la rue un nombre incroyable de personnes dans la détresse. 21.5 % des ménages ont déclaré qu’ils ne seraient plus en mesure de rembourser en 2023 leurs prêts immobiliers. Les logements pourront être mis aux enchères ; grâce à l’autorisation de cette technique de vente par le pouvoir, les fonds d’investissement peuvent racheter les biens et spéculer. Le nombre de personnes âgées, sans domicile fixe, ne fait qu’augmenter. Une amélioration a été provoquée par l’explosion du tourisme mais les services publics, l’hôpital, les écoles, les transports, sont à l’agonie. La catastrophe ferroviaire fin février (57 morts) est le résultat de la privatisation. Les investissements étrangers directs ont atteint un record depuis 20 ans (7.22 milliards en 2022), à l’exemple du Port du Pirée cédé à la société chinoise Cosco en 2016.

 

Et l’extrême droite est toujours là, tapie, dans l’ombre. Aube dorée, dont les dirigeants ont été condamnés en 2020 pour « organisation criminelle » impliquée, notamment, dans l’assassinat en 2013 du rappeur antifasciste, Pavlos Fyssas, réapparaît sous le nom d’Ellines ; son porte-parole prétendait se présenter aux dernières élections mais une loi spécifique l’en a empêché. Pour autant, l’extrême droite continue de faire parler d’elle. Nouvelle Démocratie a des liens  avec l’extrême droite, jusqu’à distribuer des ministères à d’anciens membres du petit parti d’extrême-droite LAOS (Alerte populaire orthodoxe). 

  

Les organisations néonazies s’affichent ostensiblement, organisent des manifestations, s’installent dans le « paysage politique » en Grèce et ailleurs. A Stockholm, le groupuscule « Mouvement de résistance nordique », vante des idées néonazies sous le regard « attentif » de la police suédoise. En France, Darmanin regarde défiler le « Comité du 9 mai », ce groupuscule d’ultra-droite identitaire, proche du GUD (Groupe Union Défense), rassemblant plusieurs centaines de personnes singeant des organisations paramilitaires… sans l’interdire. Lui, si prompt à interdire les casserolades ou à dissoudre les Soulèvements de la Terre, et à menacer la LDH… lui, regarde défiler les néonazis.

 

Que faire ?

 

Le rapprochement des droites et des extrêmes-droites se bâtit sur les thèmes de l’immigration, le rejet de l’étranger et de l’insécurité. Partout, sont agités les thèmes de l’insécurité et de l’immigration, boucs émissaires du chaos engendré. En France, les menaces contre les Maires, favorables à l’accueil de demandeurs d’asile sont devenues « courantes », « banales » sans qu’il y ait des mesures drastiques contre les auteurs. C’est vite rangé au titre des « faits divers » ou dans des mesures encore plus restrictives… pour les exilés. Les « droites » triomphent, les « gauches » se lamentent… et les migrants meurent par milliers en Méditerranée, en Lybie et ailleurs, l’Europe finançant des sous-traitants (Turquie, Lybie…) pour « contenir » les migrants derrière les frontières de l’Europe ! En matière d’immigration Les droites européennes sont séduites par la « voie danoise », la plus restrictive parmi les Etats de l’UE, menée par le gouvernement social-démocrate  depuis fin 2022 (allié aux libéraux et aux Modérés, centre-droit). Le Danemark « est très efficace pour renvoyer les gens dans leur pays d’origine » se réjouit le ministre de l’intérieur autrichien. Copenhague (tout comme le Royaume Uni) a décidé de sous-traiter avec le Rwanda le traitement des dossiers de leurs demandeurs d’asile… qu’ils veulent envoyer à Kigali ! Depuis 2001 (à l’époque de l’alliance droite/extrême-droite au Parlement), le Danemark n’a cessé de durcir les conditions d’accueil. Toutefois, si cette stratégie a fonctionné du point de vue des arrivées, en janvier, le gouvernement a suspendu le projet d’externalisation de l’asile au Rwanda. De la même manière aucun détenu n’a été envoyé au Kosovo où Copenhague prévoyait de louer 300 places de prison pour des étrangers condamnés. Malgré tout, cette politique a, semble-t-il, reçu l’assentiment d’une partie des Danois puisque l’extrême droite est désormais représentée au parlement par trois partis, représentant 14 % des voix en 2022

 

 

Déjà, des pronostics électoraux sont lancés pour les européennes de juin 2024. En 2019, les conservateurs du PPE (177 sièges) et les sociaux-démocrates (143) ont dû s’allier aux libéraux de Renew 101) pour gouverner. Les sondages préconisent déjà que ces 3 partis devraient garder la main mais avec moins de sièges et que ID et ECR se renforceraient. Le chef du PPE, Weber, serait déjà prêt à construire une alliance avec l’Extrême-Droite. Ils ne s’interdisent rien pour garder le pouvoir !

 

Pas question de mettre en cause la politique néolibérale qui ne crée que précarité et pauvreté. Au contraire, elle se renforce et les classes populaires, les classes moyennes, en subissent les conséquences au quotidien (chômage, inflation…). Elles voient se durcir, encore, les sanctions « individuelles » (indemnités chômage en baisse, obligation de travail des allocataires du RSA, petits boulots mal payés… sans que ne naisse l’espoir d’une politique plus juste de redistribution des richesses. Pour l’heure, et ce n’est pas rien, les protestations, les « révoltes », même si elles ont permis le départ de dictateurs, n’ont pas réussi à  s’organiser pour le renversement du système qui nous gouverne et surtout de diffuser l’espoir que ce système néolibéral n’est pas une fatalité.     

 

Que faire ? Créer, partout, des lieux d’échanges, de débats, de camaraderie militante, pour changer le disque dur dans les têtes et nous libérer des chaînes qu’ils nous imposent. Prendre la parole, dénoncer, discuter, convaincre afin de ne jamais nous habituer à l’horreur du racisme, de l’intolérance, de l’injustice… et de promouvoir une alternative de transformation sociale fondée sur l’égalité des conditions, la justice sociale, environnementale et démocratique.

 

Odile Mangeot, le 21.06.2023

 

(1)   Le Monde Diplomatique novembre 2022 « Fait-il toujours bon vivre en Suède ? »

(2)   Mediapart

 

Nous avons vu et entendu

sur youtube

 

L’idiot utile de la macronie

Chouchou des médias, le système a trouvé votre prochain président

sur le media avec Julien Théry et  Matthieu Slama

On « doit » à Cazeneuve (ministre de l’Intérieur puis 1er ministre) : la loi travail, le CICE, la déchéance de nationalité, le durcissement de la gestion du maintien de l’ordre, le délit de refus d’obtempérer, la responsabilité dans la mort de Rémi Fraisse suite à un ordre de fermeté de sa part, la soumission à l’égard des syndicats de police (et notamment Alliance)… Cet avocat d’affaires (pour des grands groupes), c’est la « gauche » telle que la droite l’aime. 

 

Journées des dupes de Russie

site Frédéric Taddéï

Frédéric Taddéï et ses invités (Vladimir Fédorovski, Pierre Lorrain, Régis Le Sommier, Caroline Grimaud, Gérard Vespierre) analysent, sur le vif, l’épisode de tentative de renversement du régime de Poutine par Prigogine, le chef des mercenaires Wagner. La « tragédie » s’est déroulée en 4 actes. Prigogine a d’abord crié très fort lorsqu’on l’a privé de munitions, c’était l’arrêt de mort de Wagner, puis quand le ministère de la Défense a décidé que les membres de la milice ne seront plus payés par Wagner mais par l’Etat (c’était le priver de ses hommes). A la suite de quoi, une des bases de Wagner aurait bombardée. Prigogine décide alors de lancer l’opération ultime. Il fait marche arrière quelques jours plus tard, suite à une simili-médiation du biélorusse Loukachenko. Qui a gagné ? 

 

Le foutage de gueule est cosmique

Le Canard Réfractaire

 

Le Canard Réfractaire nous démontre à quel point la Macronie s’est foutu de notre g…. concernant l’absolue nécessité de la réforme des retraites. Souvenez-vous, la propagande a été basée sur un seul argument : la Caisse des retraites est déficitaire et, si l’on ne fait rien, elle va disparaître. Or, une nouvelle projection réalisée par le COR, suite à la « réforme », démontre que celle-ci ne résout rien, mais encore que le risque de déficit est toujours là. En 2030, il serait de 6 milliards (0.2 % du PIB), sachant que l’ISF représente 4 milliards et que le CICE, c’est 20 milliards…

 

Crédit Suisse. Le naufrage d’un paquebot en perdition

Reportage sur le site « le temps présent »

Le symbole helvétique s’est effondré. Le reportage raconte sa création, son ascension, jusqu’au clash le 19 mars 2023 : le président du Conseil fédéral annonce la mort de Crédit Suisse et son rachat par UBS. Crédit suisse prenait l’eau de toute part depuis des années, minée par les scandales à répétition…

 

Cuba face au blocus des Etats-Unis

avec Viktor Dedaj

sur Café marxiste

Viktor Dedaj, auteur de Cuba sous embargo : paroles cubaines sur le blocus a entendu nombre de témoins, répondant à sa question : Que signifie, pour vous, concrètement, le blocus US ? Par la voix de ceux qui l’ont vécu et qui le vivent encore, il exprime les effets de cet « embargo économique » qui cache la cruauté exercée sur toute la vie des Cubains. Depuis 1959, Cuba, pour les Etats-Unis, c’est l’endroit à détruire. Dedaj décrit les rêves brisés de cette révolution mais aussi la solidarité internationaliste dont Cuba a fait preuve. Et il nous interroge : qu’est-ce que le militantisme ? Comment résiste-t-on lorsque la seule chose qui nous reste sont nos convictions ?

 

L’Amérique latine.

Victoires de la Gauche ou défaites de l’Extrême-droite ?

avec Maurice Lemoine

sur Espace Marx

Assiste-t-on à une victoire des gauches avec l’arrivée au pouvoir de présidents sociaux-démocrates au Honduras, en Colombie, en Bolivie, au Pérou, au Chili et au Brésil qui s’ajoutent au Venezuela et à l’Argentine ? Ou sont-ce des défaites provisoires des oppositions de droite et d’extrême droite qui conservent souvent la majorité parlementaire et les médias ? Cette nouvelle donne change néanmoins le paysage politique sud-américain. L’administration des Etats-Unis l’a déjà constatée en nommant des ambassadeurs de combat dans tous ces pays et en pratiquant des campagnes de dénigrements relayées par certains juges. Le « lowfare » est un concept étatsunien pour désigner l’usage de la justice contre les opposants politiques à la place des moyens militaires traditionnels (assassinats ciblés, coups d’Etats, etc.). Les mouvements et organisations populaires seront les seuls soutiens aux politiques de gauche ou progressistes proposées par ces présidents, notamment l’intégration sud-américaine, la revendication de la souveraineté vis-à-vis des USA et la justice sociale.

Rencontre avec Maurice Lemoine, journaliste, écrivain à retrouver sur le site Mémoires des luttes https://medelu.org/

 

Justice pour Nahel.

La révolte se confirme. Le pouvoir brandit sa police.

sur le média « Toujours debout » le 29.06.2023

 

avec Jean-Baptiste Rivoire – journaliste à Off Investigation

et Hadama Traoré – militant des quartiers populaires et Gilet Jaune

 

 

 

 

Un pognon de dingue…

Pour les ultra-riches

 

Au cours des quarante dernières années, les aides aux entreprises ont explosé, passant de 10 à 30% du budget de l’Etat. Les firmes françaises sont de plus en plus accros aux perfusions d’argent public. Pourtant elles n’ont pas réussi à « accroître la compétitivité », ni l’innovation,  et elles ont un impact très faible sur la création d’emplois. A l’inverse, pour une partie d’entre elles, elles sont venues se substituer à la volonté d’innover. Or ce sont les ménages et un surcroît de dette publique qui alimentent ces caisses… d’où l’intérêt de se pencher sur ces béquilles fiscales.

 

Défricheurs intéressés

 

Sur un portail créé par la Chambre de métiers et de l’artisanat, on peut lire qu’il existe près de 2 000 aides publiques aux entreprises : exonérations et abattements fiscaux, apports en capital, subventions à l’installation, à l’investissement, etc. Tous ces dispositifs permettent aux entreprises de payer moins d’impôts et de recevoir une partie des dépenses publiques, ce qui n’est pas sans conséquences négatives pour l’économie. Pour les petites et moyennes entreprises (PME), « c’est un sac de nœuds !, s’exclame Bénedicte Caron, vice-présidente de la CPME, en charge des affaires économiques et fiscales. C’est très compliqué. Il faudrait qu’un patron de PME prenne le temps d’aller voir la totalité des aides, celles auxquelles il pourrait prétendre, ce que personne ne fait ! ». C’est la raison pour laquelle tout un florilège de cabinets de conseil est prêt à aider le patron en détresse. Selon Bénedicte Caron, « c’est très peu fait ». Tous ne partagent pas ce point de vue, un dirigeant de PME a déjà fait appel plusieurs fois à ce genre de cabinets « ils font 80% du boulot administratif » et « il y en a même qui vous expliquent comment faire en sorte que des dépenses non éligibles à une aide le deviennent ». Et là, tout repose sur le degré d’éthique du chef d’entreprise. Combien coûte ce genre de conseils ? « Ils nous demandent entre 10 et 12% de la subvention », confie-t-il.   

 

Si ces aides peuvent être réellement efficaces, au sens où des investissements n’auraient pas eu lieu sans elles, ce même dirigeant indique que, dans son secteur, la majorité d’entre elles se retrouve en fait dans les poches des grandes entreprises. En réalité, selon Maxime Combes, économiste à l’Observatoire des multinationales, qui vient de coécrire un ouvrage sur le sujet, « il n’existe aucune ventilation précise de ces aides par taille d’entreprise. Cette opacité est problématique car elle rend très difficile la mesure de leur efficacité. On sait que des grands groupes en bénéficient et que, dans ce cas, elles sont plutôt inefficaces en termes de création d’emplois, de développement de la recherche, etc. ».

 

Coût exorbitant

 

En 2007, un rapport public a évalué le total des aides à 65 milliards d’euros. Puis un rapport de l’Inspection Générale des Finances a avancé un montant de 110 milliards, avant que Gérald Darmanin, alors ministre des Comptes publics, les situe, en 2018, à 140 milliards (environ 5% du PIB). Ces transferts de richesse publique aux entreprises n’ont cessé de progresser : ils représentaient l’équivalent de 2,4% du PIB en 1979. Les aides ont commencé à fortement s’accroître à partir du début des années 2000, puis après la crise de la zone euro au début des années 2010. La pandémie et la guerre en Ukraine ont encore fait grimper les montants.

 

Pour Maxime Combes,  on assiste au développement d’un « corporate Welfare », d’un Etat-providence au service du bien-être des entreprises : « La nature de la dépense publique se transforme : on rabote l’accès aux prestations sociales et aux services publics des ménages, d’un côté, et on étend l’intervention publique en faveur des entreprises, de l’autre ». Et si au moins ces manques à gagner de recettes fiscales et ces dépenses fiscales étaient efficaces, mais ce n’est généralement pas le cas. Une étude de l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires) montre que pour financer ces baisses d’impôts, la fiscalité des ménages a été accrue. On transfère donc une partie du pouvoir d’achat des ménages aux entreprises.  En 1995, les entreprises représentaient 65,2% du financement de la Sécurité sociale. Cette part est tombée à 46,9% en 2020. Les ménages sont aujourd’hui les premiers financeurs d’une protection sociale. Les entreprises contribuent de moins en moins au financement collectif tout en en bénéficiant de plus en plus. Et la forte poussée des aides aux entreprises a été financée par un accroissement de la dette publique.

 

La recherche universitaire montre que la meilleure incitation à l’innovation privée passe par la commande publique, avec un effet bien plus fort que les subventions et les incitations fiscales.  Les Etats-Unis l’ont bien compris : la commande publique, souvent celle de l’armée, est orientée vers l’innovation. En France, beaucoup d’entreprises attendent des béquilles fiscales. Ainsi, pour Maxime Combes, le niveau élevé des aides montre que « les entreprises ne réclament plus le retrait de l’Etat mais sa transformation à leur profit. » Face à n’importe quel changement économique, la réponse attendue de beaucoup d’entreprises, en particulier des plus grosses, est de réclamer une part croissante des dépenses publiques et une part réduite de contribution aux recettes fiscales.

 

Quelle efficacité ?

 

Dans les comptes de la Sécurité sociale, une catégorie à l’intitulé étrange « Dispositifs d’exonération en faveur de l’emploi » a triplé depuis 10 ans et atteint 85 milliards d’euros pour 2023. Ce montant est constitué pour l’essentiel « d’allègements généraux », c’est-à-dire de réductions dégressives ou de baisses de taux de cotisations patronales sans contrepartie. « Ces mesures sont nées du postulat que le fort taux de chômage parmi les non-qualifiés à la fin des années 1980 était une conséquence d’un salaire minimum trop élevé », rappelle l’économiste Sophie Cottet. Au début, elles ciblaient donc des salaires proches du Smic. Mais chaque nouvelle salve les a élargies à des salaires de plus en plus élevés. Désormais, plus de neuf salariés sur dix sont couverts par au moins un dispositif d’allégement. Une note du Conseil d’analyse économique (CAE) recommande « une remise en cause » des exonérations au-dessus de 1,6 Smic « si les évaluations à venir confirmaient les résultats décevants tant sur l’emploi que sur les exonérations ». L’une des raisons est que plus les niveaux de salaires élevés sont concernés, plus les marges dégagées sont potentiellement utilisées pour augmenter les rémunérations des actionnaires et hauts revenus  au lieu d’embaucher ou de baisser les prix.

 

A la faveur de la disparition du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), converti en baisse pérenne de cotisations sociales, le crédit d’impôt recherche (CIR) est devenu l’année dernière la première niche fiscale de France, avec un coût estimé à 7 milliards d’euros pour les finances publiques. Créé en 1983, il est destiné à améliorer la compétitivité des entreprises et à stimuler l’innovation, et donc la croissance. Modifié de nombreuses fois, il permet aux entreprises de bénéficier d’un crédit d’impôt sur les sociétés équivalent à 30% de leurs dépenses de recherche et développement (RetD) jusqu’à 100 millions d’euros, et à 5% de ces dépenses au-delà. La Commission nationale d’évaluation des politiques d’innovation (Cnepi) a calculé que le surcroît d’aides publiques à la RetD s’est traduits par une hausse légèrement inférieure de l’effort des entreprises dans ce domaine. Autrement dit, chaque euro supplémentaire d’aide publique a déclenché un peu moins d’un euro de dépense privée… Les études microéconomiques ne montrent par ailleurs pas d’impact significatif au global sur leur valeur ajoutée ou leur investissement, sauf l’investissement incorporel.  Au vu du rôle joué par l’industrie dans la RetD, l’argent du CIR serait mieux investi dans une politique visant à reconstituer l’appareil industriel, selon les auteurs d’un rapport de l’Ires. La commande publique, en particulier, est un levier plus efficace pour stimuler l’innovation, arguent-ils, permettant de surcroît de l’orienter vers des domaines d’intérêt général, comme la transition énergétique.

 

Tonne de dispositifs

 

L’une des niches fiscales les plus importantes pour cette année est la taxe au tonnage soit 3,8 milliards d’euros. Contrairement à l’ensemble des entreprises qui doivent reverser 25% de leurs bénéfices à l’Etat, le secteur du transport maritime n’est pas soumis à l’impôt sur les sociétés. A la place, les armateurs voient imposer leur capacité de transport en tonnes, qu’ils fassent des bénéfices ou des pertes. Un régime qui, au global, leur profite puisque quand leurs profits s’envolent, le montant de la taxe reste le même. Or, c’est justement ce qui se passe aujourd’hui, à l’instar du géant marseillais CMA CGM, qui enregistre des bénéfices de plus de 15 milliards d’euros, soit autant que Total Energies.

 

A première vue, la taxe au tonnage a permis aux armateurs européens de résister aux pavillons de complaisance. Le marseillais CMA CGM est le troisième plus grand transporteur maritime au monde. Mais en réalité, la taxe n’est pas le seul dispositif de soutien au secteur : registre international français qui permet d‘avoir 65% de marins non européens, réduction des cotisations sociales patronales pour les marins français, etc.  Si un soutien à ce secteur confronté à une rude concurrence internationale peut se justifier, l’enjeu réside dans l’addition de ces dispositifs et dans l’absence de conditions. 

 

Autre exemple des régimes fiscaux très peu questionnés : le taux de TVA réduit dans la rénovation énergétique, qui représente un coût annuel de plus d’un milliard d’euros. En 2016, la Cour des comptes s’est étonnée de l’absence d’étude sur l’efficience de cette dépense fiscale. En 2017, l’Inspection générale des finances (IGF) note également « qu’il est très difficile de documenter la contribution du taux réduit de TVA à l’atteinte de ses objectifs ». L’IGF pointe par ailleurs que, n’étant soumis à aucune condition de ressources, le dispositif profite majoritairement aux ménages plus aisés qui réalisent davantage de travaux. Sur l’aspect écolo, elle n’encourage pas à faire des travaux performants ou globaux permettant d’améliorer significativement la performance énergétique.

 

« Ce dispositif est comptabilisé dans le budget comme favorable au climat, mais il faudrait aller plus loin, en alignant les instruments de financement de la rénovation sur nos objectifs climatiques » explique Maxime Ledez, de l’Institut du climat. Encore un exemple d’une politique publique qui additionne des outils de financement sans en mesurer les effets précis, ce qui ne permet pas de les rendre plus efficaces.

 

Stéphanie Roussillon

 

Source : Alternatives Economiques (février 2023)

 

Soutien aux Soulèvements de la Terre

Déclaration d’Extinction Rébellion Belfort, le 23 juin

 

En réponse au décret de dissolution de ce 21 juin, annoncé en conseil des ministres à l'encontre du mouvement des SLT, nous avons décidé de nous rassembler pour contester cette décision et être très clairs sur nos intentions futures.

 

Face au nouveau délire répressif de macron et darmanin et de l'offensive continue contre les libertés fondamentales : liberté d'association, de manifestation et d'expression : menaces contre la Ligue des Droits de l’Homme, contre les éditions la Fabrique, convocation d’ATTAC à la commission d’enquête parlementaire le 26 juin prochain

Nous condamnons une nouvelle fois, le caractère anti-démocratique d'un pouvoir qui n’a plus de limites et ne supporte aucune opposition.

 

Face aux dernières vagues d'arrestations abusives :

Le 5 juin, c'est 15 militants écologistes arrêtés à leur domicile et placés en garde à vue, pour certains, jusqu'à 90 heures, pour être ensuite libérés sans mise en examen,

 Le 20 juin, la veille de l'examen du décret de dissolution, c'est 18 militants arrêtés dans les mêmes conditions. Les faits qui leur sont reprochés : avoir pénétré 15 minutes sur le site d'une usine Lafarge-Holcim et bouché un conduit avec du ciment. Une action symbolique consistant à dénoncer les conséquences écologiques et sociales d'un secteur les plus émetteurs de CO2 du pays.

La réponse du pouvoir : une déferlante répressive orchestrée par la police antiterroriste d'un État qui assure son soutien inconditionnel à une multinationale pollueuse et condamnée pour financement terroriste.

 

Face à l'hyper-répression policière contre les mouvements sociaux  et à sa banalisation :

C'est les GJ, les retraites,

C'est des morts, des mutilés, des yeux crevés, des mains arrachées,

C’est la mobilisation de Sainte-Soline pour dénoncer le projet de méga-bassine et son contresens écologique, la privatisation par et pour les grosses exploitations agricoles au service de l'agrobusiness au détriment des petits producteurs, des populations et des écosystèmes.

C'est l'accaparement par 5% des agriculteurs d’une eau puisée dans les nappes phréatiques en période hivernale, pour que 60% de cette eau s'évapore en période estivale, le tout pour irriguer des cultures de maïs, très gourmandes en eau et pesticides dont seulement une petite partie est destinée à l'alimentation.

La réponse du pouvoir contre une action symbolique qui consistait à planter des arbres et un drapeau : un déploiement démesuré des forces de l’ordre, des armes classées dans le code de sécurité intérieure comme armes de guerre, le tout pour un budget supérieur à la méga-bassine elle-même. Bilan : 200 blessés, 40 finiront à l'hôpital, 2 dans le coma avec pronostic vital engagé. Une répression inouïe d'un pouvoir qui assure son soutien inconditionnel aux acteurs de l'agrobusiness et au modèle agricole écocidaire qu'il promeut.

 

Le week-end dernier, c'est au tour de la mobilisation contre le grand projet inutile et destructeur de liaison ferroviaire Lyon-Turin, son contresens écologique en plus du pognon de dingue qu’il coûte à la population.

       La réponse du pouvoir, toujours la même : une répression policière féroce face à une manifestation qui s’annonçait pacifique et un acharnement dangereux sur des manifestants ne présentant aucune menace. Bilan une cinquantaine de blessés, 6 hospitalisations, 2 pronostics fonctionnels engagés.

C'est un pouvoir qui est prêt à tout pour dissuader et museler la moindre opposition. Un pouvoir acculé, illégitime et terroriste qui n'a qu'une doctrine : gouverner par la terreur.  

 

Face à un État condamné par 2 fois pour inaction climatique

Face à l’échec cuisant de l’engagement de l’Etat à ne pas dépasser 1,5° pour la fin du siècle, alors que toutes les prévisions affirment que 1,5° c’est 2030

Face à macron qui fait pression au sein de l'Europe pour mettre en pause la règlementation environnementale,

Face au ministre de la transition qui lance, le 22 mai, son processus d'adaptation au réchauffement climatique, consistant à consulter les français pour savoir quel effort individuel ils sont prêts à consentir, dans l'optique d'un réchauffement de 4° pour la fin du siècle.

 

Nous condamnons cette tentative de diversion, un aveu manifeste, qui nous prouve, une fois de plus, la volonté du pouvoir de ne pas prendre les mesures politiques nécessaires pour agir contre le réchauffement climatique, en culpabilisant les individus contraints à devoir s'adapter à plus 4°. Loin d'être la solution, il est le problème !

 

Constatant que tous les indicateurs sont dans le rouge :

L’effondrement catastrophique de la biodiversité,

Le réchauffement climatique en pleine accélération,

En 2023, sur le globe, la température sur la surface de la terre et des océans a atteint des records jamais observés, des pics de 49°en Chine, 40° en Sibérie, en mai, nouveau record au Vietnam 44,1°, en Espagne, un record de température jamais observé sur le continent.

Les sécheresses pluriannuelles, aujourd'hui, même hivernales

Les cours d'eau et nappes phréatiques asséchés.

C’est la guerre de l'eau qui commence : en mai, en Espagne, 26 personnes arrêtées pour avoir volé 26 millions de mètres cubes d’eau ;

C’est la population de Barcelone qui, pour assurer ses besoins en eau, demande d'interrompre le tourisme,

C'est l'Himalaya qui perd ses glaciers,

C'est les mégas feux au Canada,

C'est un orque et un beluga qui remontent la Seine l'été dernier *

Ce sont 7 limites planétaires sur 8 qui sont désormais dépassées

 

Il est évident que dans un contexte de crise climatique et écosystémique des plus préoccupantes, nous ne laisserons pas un pouvoir, si autoritaire qu’il soit, continuer à nous imposer ses politiques de destructions écologiques et sociales

 

Nous affirmons que nous continuons à mener des actions devenues une nécessité vitale pour notre survie et celle de la biodiversité. Qu'aucune dissolution, ni loi, ni intimidation ne pourra nous arrêter. Que notre détermination est bien plus forte que la terreur et la répression que ce pouvoir  abat sur le corps social. Nous n’avons pas peur et il est impossible de bâillonner ou stopper un mouvement international dont l'heure est venue.    

Nous disons à toutes celles et ceux du mouvement écologique et social qui subissent de plein fouet les vagues de répression, que nous sommes et resterons solidaires, que leur dévouement n'a pas servi à rien et que nous continuerons à nous battre.

 

Parce qu’il est urgent d’agir

Et ce que l’on va faire dans les prochaines années, de l’eau, de la terre et de l’énergie, n’est pas une décision que l’on peut abandonner à une minorité irresponsable. C’est un enjeu démocratique et politique de choix de société dont dépend la survie du vivant sur terre.

Nous ne défendons pas la Nature, nous sommes la Nature qui se défend.

Nous sommes, toutes et tous, les Soulèvements de la Terre.

 

·       désorientés par la pollution sonore maritime (ndlr)