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Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mardi 4 juillet 2023

 

Union Européenne

fragmentée et assujettie

(éditorial PES n° 94)


Depuis le rejet, en 2005, du Traité constitutionnel européen, et ce malgré son approbation par le traité de Lisbonne en 2007, la France et l’Europe se manifestent par une absence de projet susceptible de favoriser l’émergence d’un continent indépendant des autres puissances mondiales.

 

Les mythes, sur lesquels s’est forgée l’Europe de la paix et du progrès, se sont effondrés. Désormais, il apparaît clairement, avec les politiques néolibérales, que l’UE est un continent marqué par les inégalités. En outre, les guerres en Yougoslavie, en Ukraine, démontrent que cette union est un terrain de conflit au sein de cet espace  divisé.

 

Son extension avait déjà été marquée par la volonté étatsunienne d’opposer la « vieille » Europe à la « nouvelle » Europe, celle de l’Est. L’élargissement, prévu ou évoqué, à l’Albanie, à la Bosnie, à la Moldavie, à l’Ukraine, à la Serbie, voire à la Géorgie, prouve, s’il en est besoin, que les classes dirigeantes, en s’en remettant au « tout marché », ont un comportement irrationnel qui nie tout projet européen partagé.

 

Les révolutions « orange » suscitées par l’impérialisme américain ont accéléré ce processus. Les révélations de Snowden ont dénoncé l’existence systématique de surveillance, l’espionnage et le pillage de l’industrie européenne. Elles n’ont guère provoqué d’opposition à la réalité de ce système.

 

Cet effritement de l’Europe s’est même converti en assujettissement à l’occasion de l’invasion russe de l’Ukraine. La militarisation des budgets européens en fait foi. Et la surenchère de la Grande-Bretagne va dans le même sens.

 

Qui plus est, la confrontation entre la Chine et les Etats-Unis est révélatrice : ces derniers tentent désormais de casser les relations économiques entre la Chine et l’UE. Borrel, vice-président de la commission européenne, demande à l’Europe de patrouiller militairement dans le détroit entre la Chine et Taïwan.   

 

Cet assujettissement à l’oligarchie américaine semble signer la dérive irrémédiable vers la fin de la démocratie proclamée. Mais que peuvent promettre les USA qui voient leur mortalité infantile s’accentuer alors que la Russie et la Chine bénéficient d’une baisse de cet indicateur ? Que peuvent-ils prétendre alors que l’espérance de vie se réduit dans les sociétés  néolibérales ? Les Etats-Unis et le Royaume Uni, décrochent, en effet, depuis 1981, période qui commence avec l’avènement de Reagan, qui a permis la destruction de systèmes de santé et l’augmentation massive de la pauvreté.  

 

Bref, les Européens se soumettent au système étatsunien qui ne sait plus lui-même où il va. La BCE, en suivant la FED, a de fait détruit les finances publiques des Etats européens. Quant aux élites européennes, elles se comportent tels des somnambules, ne sachant que faire face aux divisions et aux colères qu’elles suscitent.    

 

Leur seule porte de sortie semble être celle qui consiste à s’appuyer sur les classes moyennes aisées et les médias complaisants pour promouvoir le nationalisme et la xénophobie.

 

Quant à la « Gauche », elle semble impuissante face aux révoltes qui couvent et à la restriction des libertés qui les accompagne. Certaines familles politiques en sont encore, comme les Verts, à prôner un fédéralisme européen, vide de toute perspective.

 

GD, le 31.06.2023