Ils-elles luttent
Prisons pour migrants dans des ferries privés
Le collectif Lighthouse Reports a révélé
l’existence, depuis plusieurs années, de « prisons secrètes » dans
des bateaux privés. Alors qu’au-dessus d’eux, des touristes sirotent leurs
cocktails, des demandeurs d’asile sont enfermés dans des boîtes en métal ou des
toilettes désaffectées. Le tout sur ordre des autorités italiennes pour les
renvoyer en Grèce. En 2014, l’Italie avait déjà été sanctionnée et avait promis
de ne plus renouveler cette pratique. Lighthouse
report et plusieurs médias comme Le Monde, SRF en Allemagne ou Il Domani en
Italie avaient révélé en décembre 2022
« la mise en cage »
de demandeurs d’asile dans ce qu’on appelle les « sites noirs
européens » : des centres de détention clandestins. Ces journalistes ont poursuivi leurs enquêtes
pendant plusieurs mois, en faisant des dizaines de voyages entre l’Italie et la
Grèce sur ces bateaux touristiques privés et ont trouvé les Demandeurs
d’asile qui sont renvoyés vers la Grèce et sont enfermés secrètement dans des
prisons de fortune au fond de ces cales. Le contraste est saisissant :
sur le pont, des familles en vacances un verre à la main, sous le pont, des
hommes parfois des enfants enfermés ou menottés pour toute la durée de la
traversée. Des voyages qui peuvent durer entre 12 et 20 heures. Les
journalistes ont pu filmer les lieux, ont trouvé des inscriptions sur les murs
de ces prisons : noms, dates, autant de preuves accablantes pour l’UE. Ils
ont recueilli des témoignages pour remonter le fil des responsabilités,
notamment des compagnies privées, comme le gérant grec Attica. En recoupant les
témoignages, les constatations des lieux, Lighthouse et ses partenaires ont identifié
plus de 200 personnes ayant été
illégalement emmenées en Grèce par les autorités italiennes. Un chiffre qui ne
peut être que la pointe de l’iceberg, selon Sara Creta qui a mené l’enquête. (sur
Open Source radiofrance.fr)
Pendant ce
temps-là, l’UE cherche à multiplier les accords de coopération avec les
pays extérieurs à l’Europe et annonce 105 millions d’euros pour lutter
contre les passeurs, investir dans le contrôle maritime des frontières :
c’était l’objet de la récente visite en Tunisie de Von der Leyen, accompagnée
de la présidente du conseil italien, Meloni, et de Rutte, 1er
ministre néerlandais.
Soutien aux mineurs du Palais Royal
Honte à ceux qui les violentent
Le 20 juin,
après 77 jours d’occupation pacifique de l’école désaffectée de la rue Erlanger
(Paris 16ème), 450 mineurs étrangers isolés, avec les
associations Utopia 56, Timmy, Les Midis du MIE et Tara, ont installé leurs
tentes place du Palais Royal. Il s’agit de mineurs en recours, pour la reconnaissance
de leur minorité, principalement auprès des tribunaux de Paris et de
Bobigny. Ils ont été rejoints par d’autres jeunes espérant une issue favorable
à leur situation d’attente et de galères. 77 jours, 20 courriers à la
préfecture d’Ile-de-France, 16 au gouvernement et les interpellations de
nombreux députés, une audience au tribunal administratif le 12 juin dont le
jugement sera rendu le 30 juin. Avant eux, 200 mineurs avaient dressé un
camp en décembre 2022 sous les fenêtres du Conseil d’Etat,
déplacés au bout de 5 jours dans des départements périphériques pour l’examen
de leur situation. 20 juin 2023, journée mondiale des Réfugiés : le même
jour, le gouvernement Borne-Darmanin met en oeuvre ce qu’il sait faire :
violences et dissolution. Arrachages de tentes, matraquages, insultes,
arrestations, tout un arsenal de violences contre des enfants, des mineurs
qui ne réclament que leur droit à être protégé. Ces mineurs sont des rescapés
des prisons de Libye, des naufrages en Méditerranée. Nous leur
devons reconnaissance de leur courage, hospitalité, éducation. Nous demandons
pour les jeunes isolés de la rue d’Erlanger l’application de la présomption de
minorité, la mise à l’abri immédiate et la prise en charge dans des conditions
décentes : hébergement, suivi éducatif et scolarisation à la rentrée. https://reseau-resf.fr/
Si tous les sans-papiers se
mettaient en grève
Le
23 juin, des travailleur-e-s sans-papiers se sont rassemblés à proximité
de l’union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) afin de rencontrer son président,
M. Thierry Marx, grand chef cuisinier qui a déclaré à de nombreuses
reprises que le gouvernement devait régulariser les sans-papiers travaillant
dans la restauration, compte-tenu du manque énorme de main d’oeuvre dans ce
secteur. Outre la restauration et
dans la perspective de la construction
du Grand Paris et des Jeux Olympiques de 2024, ce sont des dizaines de
métiers qui seront en tension amplifiée, notamment dans le BTP, le nettoyage, les transports, les livraisons
à domicile, la sécurité, l’aide à la personne... qu’occupent depuis des
décennies les quelque 600.000 sans-papiers vivant en France. Si tous ces
sans-papiers se mettaient en grève en même temps, ce sont des pans entiers de
l’économie française qui seraient en grande difficulté. Pour mettre fin à cet
esclavage moderne, à la surexploitation de ces travailleurs par des patrons
sans scrupules et des gouvernants qui maintiennent dans la précarité cette main
d’oeuvre à très bon marché, il est impératif qu’ils et elles soient tous
régularisés
Droits
Devant !! - Collectifs des Sans-Papiers du 75 - du 17e -
du 20e et de Montreuil