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mardi 4 juillet 2023

 

Extrême-droite  en Europe

« Résistible » ascension ?

 

L’extrême-droite en Union Européenne ne se limite pas à la prise du pouvoir en Hongrie ; elle prend racine dans nombre de pays et, même si elle ne gouverne pas partout, elle participe aux alliances permettant aux Droites de l’emporter. Elle est donc présente dans un certain nombre de gouvernements. En France, on assiste au même phénomène de montée en puissance du RN qui s’est donné 4 ans pour « réussir ». Dans l’opinion, nombreux sont ceux qui se résignent à penser qu’il va l’emporter en 2027, après le règne « dévastateur » de Macron. Comment en est-on arrivé là ? Est-il possible de faire reculer l’avancée de ces partis se revendiquant du social-nationalisme, changeant de peau, tels des caméléons, pour berner les classes pauvres et moyennes en leur promettant des lendemains heureux ?

 

1 – Le visage de l’Europe se transforme

 

Partout en Europe, l’extrême droite gagne du terrain.

 

Certains Etats sont dirigés par l’extrême-droite

L’Italie est le 3ème pays européen dans ce cas. En septembre dernier, Giorgia Meloni du parti postfasciste Fratelli d’Italia a remporté les élections générales. Elle est présidente du Conseil, en coalition avec la Ligue (parti d’extrême-droite de Salvini) et Forza Italia (parti conservateur de Berlusconi). La Hongrie et la Pologne sont également gouvernées par l’Extrême droite. Quand, en 2010, Orban, du Fidesz, prend le pouvoir, c’est un cataclysme pour l’eurocratie, qui, aujourd’hui, ne semble plus s’en émouvoir, tant il semble banal qu’il ait été reconduit en 2022 pour son 4ème mandat de 1er ministre. En 2015, c’est en Pologne que le parti Droit et justice (PiS) gouverne avec un banquier, Morawiecki,  président du conseil des ministres, aux côtés du président ultraconservateur Duda (élu en 2017).

    

Ailleurs, l’extrême-droite est membre du gouvernement, comme en Lettonie et en Finlande.

Le parti conservateur letton, Unité, est arrivé en tête aux élections législatives d’octobre 2022 avec 19 % des voix, et, pour gouverner, s’est allié au parti d’extrême-droite Alliance nationale, très conservateur et très anti-immigration. En Finlande, Orpo, de la Coalition nationale (droite libérale) a battu (avec 20.8 % des voix) le Parti Social-démocrate (SDP) (19.95 %) de Sana Marin (1ère ministre depuis 2019). Il vient de passer un accord de gouvernement avec l’extrême-droite le Parti des Finlandais (20.06 %) et deux autres petits partis de droite, unis pour la promotion d’une vision identitaire de la société finlandaise. La défaite de Sana Marin est un coup de plus porté à la « gauche » européenne après celle de la suédoise sociale-démocrate Andersson en septembre 2022 et la « victoire » de la sociale-démocrate danoise Frederiksen, décrochant un 2ème mandat à l’automne 2022… en s’alliant à la droite libérale !

 

D’autres Etats sont soutenus par l’extrême-droite, sans qu’elle participe au gouvernement.

 

C’est le cas de la Suède où le parti d’Extrême-droite Les Démocrates de Suède (SD), fondé par des nationalistes dont des néonazis, est arrivé 2ème aux élections législatives de septembre 2022. Il n’est pas représenté dans l’exécutif mais occupe une place prépondérante au Parlement. Il a permis, par son soutien, à M. Kristersson (parti des Modérés), de battre le bloc de gauche et de devenir 1er ministre, à la tête d’une coalition de droite comprenant les libéraux, les chrétiens-démocrates et les SD, eux, qui comptent 73 députés sur les 176 formant la majorité. En 12 ans, l’Extrême-droite est passée de 5.7 % des voix à 20.5 %, faisant tomber la coalition de centre-gauche qui avait construit une forme avancée d’Etat-providence. Cette percée peut-elle s’expliquer par le souvenir d’une facette peu connue de la Suède (1) ? « Dans la construction du modèle suédois d’Etat-providence s’illustrèrent les politiciens sociaux-démocrates, et plus particulièrement le couple Myrdal qui, dès 1934, exposa les réformes sociales pour améliorer les conditions de vie. Parallèlement, il fustigeait la régulation des naissances, synonyme de baisse de la population qui « induirait une dégénération de la race ». La Suède mena, entre 1934 et 1976, une politique de stérilisation des personnes dites « déviantes » au cours de laquelle 63 000 furent stérilisées de force.

Aujourd’hui, l’exécutif suédois est un « joyeux » mélange entre les conservateurs/modérés/chrétiens démocrates/sociaux-libéraux, le tout soutenu par le très influent parti d’extrême-droite. On ne s’étonnera pas, en conséquence, de trouver dans leur accord d’alliance, des mesures comme la fermeture des écoles privées musulmanes, la limitation du droit d’asile ou encore une politique sécuritaire renforcée grâce à la vidéosurveillance, etc.

 

Ces alliances, impensables hier, ouvrent la voie, à la veille des élections européennes de 2024, à un rapprochement, au sein du Parlement européen,  entre les groupes du Parti Populaire Européen (PPE) et  des Conservateurs et réformistes européens (ECR) comprenant nationalistes de droite et eurosceptiques.

 

2 – L’extrême-droite fait son nid en UE

 

Berlusconi fut le liquidateur du compromis social italien de l’après-guerre en appliquant une politique de libéralisation du marché du travail et d’austérité après la crise de 2008. Il est également considéré comme acteur clé de la dédiabolisation de l’extrême-droite, quand il fit le choix de gouverner avec l’Alliance nationale de Gianfranco Fini et la Ligue du Nord d’Umberto Bossi. Il est le premier dirigeant d’un pays fondateur de l’UE à briser un tabou et à considérer que la droite traditionnelle, associée au PPE (Parti Populaire Européen) à Bruxelles était à même de gouverner avec l’extrême-droite postfasciste (2). Dès lors, ces alliances se multiplieront sur le continent européen, de l’Italie à la Suède, de la Finlande à l’Espagne, renforçant le poids de l’extrême-droite qui compte 128 députés sur 705  au Parlement européen, répartis en deux groupes : les  Conservateurs et réformistes européens (CRE) avec dans ses rangs Fratelli d’Italia, le PiS, l’Alliance nationale lettone et le Parti des Finlandais. Le groupe Identité et Démocratie (ID), quant à lui, compte le RN de Le Pen et la Ligue de Salvini. Certains sont inscrits dans le PPE. Orban y était, jusqu’au moment où il en fut exclu suite à ses positions considérées trop en désaccord avec le PPE. Il siège aujourd’hui chez les « non- inscrits ».

 

Mais, peu importe les appartenances, quand il s’agit de prendre le pouvoir. On l’a vu, les alliances de gouvernement (droite/extrême droite), permettent aux partis de Droite de l’emporter. Ce faisant, elles dédiabolisent l’extrême droite, finissent par la rendre « acceptable » et ferment les yeux sur la renaissance de groupes néonazis. Ils sont dits « d’ultra-droite », ceux qui saluent Hitler ou font l’apologie du fascisme, multiplient des actions violentes et font oublier la véritable identité des partis d’Extrême-Droite « banalisés ». On n’en est plus au grand émoi politique lorsque le Parti de la Liberté d’Autriche (FPÖ) fondé par d’anciens SS avec Jorg Haïder, entrait au gouvernement autrichien ! Oubliées également les déclarations des conservateurs suédois, il y a 4 ans, qui déclaraient impossibles des négociations avec des nationalistes…  Les grands principes sont vite mis au placard quand il s’agit du pouvoir. Cette droite-là, même si elle triomphe à court terme, prépare sa disparition.

 

Jusqu’ici, la machine européenne s’est accommodée de cette réalité mais voici qu’elle affiche des pudeurs de jeune fille. Voyez donc ! Trop c’est trop, s’offusquent les autorités européennes : est-il acceptable que la Hongrie assure la présidence tournante du conseil de l’UE (c’est son tour au 2ème semestre 2024) alors qu’elle s’autorise à refuser la mise en œuvre de décisions européennes (accueil d’un quota d’immigrés, par ex), qu’elle porte atteinte aux droits de ses citoyens, ou encore a une position ambigüe vis-à-vis de l’Ukraine. Cela fait désordre et surtout,  cela se sait ! Comment maintenir une discipline de façade ? Les textes européens n’ont pas prévu ce genre de situation… Le parlement européen vient donc de voter une résolution visant à empêcher la Hongrie de jouer ce rôle, certes symbolique… mais tout de même ! Pas sûr qu’Orban plie le genou, d’autant qu’ensuite viendra le tour de la Pologne...

 

L’Europe et fragile. Comment en est-elle arrivée là ?

 

Non seulement s’incrustent, dans ses institutions, des forces politiques d’extrême-droite, laissant renaître de « puantes » idéologies qu’elle disait vouloir combattre, lors de sa création. Mais encore l’Europe du marché, néolibérale, produit ce qu’elle promeut : la concurrence de tous contre tous, l’anéantissement des politiques sociales et l’encouragement du dumping social et fiscal, la stigmatisation des immigrés et l’application d’une politique de rejet de tous ceux qui fuient la misère, l’oppression, et demain le dérèglement climatique. Avec les moyens dont elle se dote (agence Frontex notamment), elle est incapable de créer autre chose que surveillance, enfermement, refus d’accueil… ce qui satisfait tout à fait droites et extrêmes droites en Europe et même, parfois, ceux qui s’inscrivent à « gauche » !  

 

Cette extrême-droitisation grandit en influence et en « respectabilité » partout, même dans les pays « fondateurs » qui « pèsent » dans l’UE. On l’a vu pour l’Italie mais la France ne fait pas exception avec un record historique de sièges à l’Assemblée nationale, gagnés par le RN en avril 2022 : 88 députés sur 577. L’extrême-droite du RN est le 2ème groupe politique derrière Renaissance (171). L’Allemagne, même si elle semble moins concernée (à cause de son histoire) compte quand même 79 députés d’extrême droite (sur 736) au Bundestag et un arrondissement de Thuringe vient d’élire l’Extrême-Droite (AFD) face à la CDU. Aux Pays-Bas, l’extrême-droite prospère, représentée dans le  Forum pour la démocratie. Elle compte 28 députés sur 150 à la Chambre. En Belgique flamande, le Vlaams Belang est crédité de 25 % des voix aux élections générales en 2024 et est déjà convoité par la droite nationaliste et conservatrice.

 

Les digues sautent peu à peu et les rapprochements droite/Extrême-droite pourraient en 2024 changer le visage de l’UE, parvenant à bâtir une majorité solide pour gouverner l’UE ? Les résultats des élections récentes en Espagne et en Grèce portent à penser que cela paraît possible.

 

 

En Espagne, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) au pouvoir avec Sanchez, persistant dans la voie néolibérale, a perdu ce 28 mai lors des élections municipales et régionales, obtenant 28% des voix, derrière le Parti Populaire (31 %). La 3ème force politique est l’extrême droite Vox (7.18%) et Podemos «encore classé à gauche » est à 3.2 % ! Sanchez a dissous le Parlement et les élections législatives sont prévues le 23 juillet. L’effondrement du PSOE, dit de Gauche, ne trouvera certainement pas de solution lors de ces prochaines élections.

 

Quelques jours avant, c’est en Grèce que la Gauche subissait une déculottée. Le 21 mai, Mitsotakis de  Nouvelle Démocratie (droite) rafle aux législatives, 40.79 % des voix contre Syriza (20.07 %). Il compte bien accélérer les contre-réformes libérales, construire un « mur » entre la Turquie à Evros, refouler les bateaux de réfugiés en mer Egée, investir dans un programme massif d’armement… Syriza  a continué de trahir les classes populaires et les classes moyennes, évitant dans sa campagne toute référence de classe, minimisant tout engagement susceptible de mobiliser le monde du travail... et Vox, en Espagne,  imagine déjà devenir indispensable au Parti Populaire pour gouverner…

 

La Grèce peut être considérée comme un laboratoire européen pour expliquer les reculs des partis dits « socialistes » au profit des droites. Le résultat des politiques néolibérales appliquées depuis 2010 est parlant. Dans ce pays,  le taux de chômage est encore à 10.9 % (22 % en 2012), l’un des plus élevés en zone euro, en particulier chez les moins de 25 ans (24 %). Depuis 2010, les Grecs ont trinqué. Ils ont subi des baisses de salaires en moyenne de 30 % pendant les plans d’austérité (2010-2018). Après la crise économique, l’inflation fait des ravages, mettant à la rue un nombre incroyable de personnes dans la détresse. 21.5 % des ménages ont déclaré qu’ils ne seraient plus en mesure de rembourser en 2023 leurs prêts immobiliers. Les logements pourront être mis aux enchères ; grâce à l’autorisation de cette technique de vente par le pouvoir, les fonds d’investissement peuvent racheter les biens et spéculer. Le nombre de personnes âgées, sans domicile fixe, ne fait qu’augmenter. Une amélioration a été provoquée par l’explosion du tourisme mais les services publics, l’hôpital, les écoles, les transports, sont à l’agonie. La catastrophe ferroviaire fin février (57 morts) est le résultat de la privatisation. Les investissements étrangers directs ont atteint un record depuis 20 ans (7.22 milliards en 2022), à l’exemple du Port du Pirée cédé à la société chinoise Cosco en 2016.

 

Et l’extrême droite est toujours là, tapie, dans l’ombre. Aube dorée, dont les dirigeants ont été condamnés en 2020 pour « organisation criminelle » impliquée, notamment, dans l’assassinat en 2013 du rappeur antifasciste, Pavlos Fyssas, réapparaît sous le nom d’Ellines ; son porte-parole prétendait se présenter aux dernières élections mais une loi spécifique l’en a empêché. Pour autant, l’extrême droite continue de faire parler d’elle. Nouvelle Démocratie a des liens  avec l’extrême droite, jusqu’à distribuer des ministères à d’anciens membres du petit parti d’extrême-droite LAOS (Alerte populaire orthodoxe). 

  

Les organisations néonazies s’affichent ostensiblement, organisent des manifestations, s’installent dans le « paysage politique » en Grèce et ailleurs. A Stockholm, le groupuscule « Mouvement de résistance nordique », vante des idées néonazies sous le regard « attentif » de la police suédoise. En France, Darmanin regarde défiler le « Comité du 9 mai », ce groupuscule d’ultra-droite identitaire, proche du GUD (Groupe Union Défense), rassemblant plusieurs centaines de personnes singeant des organisations paramilitaires… sans l’interdire. Lui, si prompt à interdire les casserolades ou à dissoudre les Soulèvements de la Terre, et à menacer la LDH… lui, regarde défiler les néonazis.

 

Que faire ?

 

Le rapprochement des droites et des extrêmes-droites se bâtit sur les thèmes de l’immigration, le rejet de l’étranger et de l’insécurité. Partout, sont agités les thèmes de l’insécurité et de l’immigration, boucs émissaires du chaos engendré. En France, les menaces contre les Maires, favorables à l’accueil de demandeurs d’asile sont devenues « courantes », « banales » sans qu’il y ait des mesures drastiques contre les auteurs. C’est vite rangé au titre des « faits divers » ou dans des mesures encore plus restrictives… pour les exilés. Les « droites » triomphent, les « gauches » se lamentent… et les migrants meurent par milliers en Méditerranée, en Lybie et ailleurs, l’Europe finançant des sous-traitants (Turquie, Lybie…) pour « contenir » les migrants derrière les frontières de l’Europe ! En matière d’immigration Les droites européennes sont séduites par la « voie danoise », la plus restrictive parmi les Etats de l’UE, menée par le gouvernement social-démocrate  depuis fin 2022 (allié aux libéraux et aux Modérés, centre-droit). Le Danemark « est très efficace pour renvoyer les gens dans leur pays d’origine » se réjouit le ministre de l’intérieur autrichien. Copenhague (tout comme le Royaume Uni) a décidé de sous-traiter avec le Rwanda le traitement des dossiers de leurs demandeurs d’asile… qu’ils veulent envoyer à Kigali ! Depuis 2001 (à l’époque de l’alliance droite/extrême-droite au Parlement), le Danemark n’a cessé de durcir les conditions d’accueil. Toutefois, si cette stratégie a fonctionné du point de vue des arrivées, en janvier, le gouvernement a suspendu le projet d’externalisation de l’asile au Rwanda. De la même manière aucun détenu n’a été envoyé au Kosovo où Copenhague prévoyait de louer 300 places de prison pour des étrangers condamnés. Malgré tout, cette politique a, semble-t-il, reçu l’assentiment d’une partie des Danois puisque l’extrême droite est désormais représentée au parlement par trois partis, représentant 14 % des voix en 2022

 

 

Déjà, des pronostics électoraux sont lancés pour les européennes de juin 2024. En 2019, les conservateurs du PPE (177 sièges) et les sociaux-démocrates (143) ont dû s’allier aux libéraux de Renew 101) pour gouverner. Les sondages préconisent déjà que ces 3 partis devraient garder la main mais avec moins de sièges et que ID et ECR se renforceraient. Le chef du PPE, Weber, serait déjà prêt à construire une alliance avec l’Extrême-Droite. Ils ne s’interdisent rien pour garder le pouvoir !

 

Pas question de mettre en cause la politique néolibérale qui ne crée que précarité et pauvreté. Au contraire, elle se renforce et les classes populaires, les classes moyennes, en subissent les conséquences au quotidien (chômage, inflation…). Elles voient se durcir, encore, les sanctions « individuelles » (indemnités chômage en baisse, obligation de travail des allocataires du RSA, petits boulots mal payés… sans que ne naisse l’espoir d’une politique plus juste de redistribution des richesses. Pour l’heure, et ce n’est pas rien, les protestations, les « révoltes », même si elles ont permis le départ de dictateurs, n’ont pas réussi à  s’organiser pour le renversement du système qui nous gouverne et surtout de diffuser l’espoir que ce système néolibéral n’est pas une fatalité.     

 

Que faire ? Créer, partout, des lieux d’échanges, de débats, de camaraderie militante, pour changer le disque dur dans les têtes et nous libérer des chaînes qu’ils nous imposent. Prendre la parole, dénoncer, discuter, convaincre afin de ne jamais nous habituer à l’horreur du racisme, de l’intolérance, de l’injustice… et de promouvoir une alternative de transformation sociale fondée sur l’égalité des conditions, la justice sociale, environnementale et démocratique.

 

Odile Mangeot, le 21.06.2023

 

(1)   Le Monde Diplomatique novembre 2022 « Fait-il toujours bon vivre en Suède ? »

(2)   Mediapart