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Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mardi 4 juillet 2023

 

Des JO verts ?

 

Au siège des JO de Paris 2024, à Saint-Denis, la moquette est de seconde main, des bacs récupèrent l’eau de pluie pour arroser un potager sur la terrasse. Des panneaux photovoltaïques fournissent de l’électricité. Et dans la cafeteria, pas de couverts plastiques à usage unique. Cet immeuble se veut être la façade, le symbole des Jeux de 2024 qui se vantent d’être exemplaires d’un point de vue écologique. Voyons ce qu’il en est derrière la façade !

 

Mensonges et cachotteries

 

Au départ, les JO se voulaient être « les premiers Jeux à contribution positive pour le climat ». L’ambition a été revue à la baisse, l’objectif est de diviser par deux l’empreinte carbone des Jeux précédents. Paris se fixe un « budget carbone » de 1.5 million de tonnes de CO2 (tout de même !). La moyenne de « production de CO2 » par  habitant, par an, est d’environ 4 tonnes, ce qui correspond à quatre allers-retours Paris/New York.

 

La démarche écolo est mise en avant par tous les responsables, VRP du mouvement olympique et relayée puissamment par les grands médias. Mais, ces médias, sans doute parce qu’ils sont trop occupés à investiguer sur les agissements des grandes fortunes de ce monde… oublient… quelques détails. Cet immeuble modèle, idéal, est - sponsoring oblige - truffé de distributeurs de… Coca Cola et autres friandises sur-emballées de plastique. Installer un bac récupérateur d’eau, à Paris, avec l’argent de Coca Cola, qui prive d’eau des populations des pays du « Tiers Monde ». Permettre à ce géant étatsunien de vendre une boisson néfaste à la santé, mais pas néfaste à ses actionnaires et hauts dirigeants ! Et présenter ça comme une avancée écologique, nécessite une souplesse intellectuelle hors du commun

 

Décider cela et ensuite, se regarder dans la glace sans se dire qu’on est quand même un « sacré filou » - pour être poli - est une performance de très haut niveau. Certains poussent même la performance en allant sur les plateaux télé pour vendre des Jeux exemplaires à tous points de vue. Les cachoteries de ces VRP de luxe sont très nombreuses.

 

Pour participer à deux semaines de compétitions sportives, plus de 11 000 athlètes vont rejoindre Paris, quasiment tous par les airs. Des avions cargo vont transporter les chevaux, les concurrents, les officiels, les invités… Les spectateurs (qui ont les moyens de s’offrir une place), vont, eux aussi, voyager la plupart par les airs. Au vu des billets vendus, ce sont environ 10 millions de personnes qui se déplaceront vers Paris. Je crains que les millions de tonnes de kérosène brûlées à cette occasion ne soient pas tout à fait « compensés » par les quelques bacs récupérateurs d’eau…

 

Le village olympique est, lui aussi, un bon exemple de « fumisterie ». Ce village est composé de petites unités d’habitation séparées, entourées d’arbres, pour assurer une climatisation naturelle des bâtiments. Sauf que les athlètes n’ont pas l’air très convaincus par cette « clim naturelle » et vont… apporter chacun leur climatiseur personnel. L’addition de tous ces climatiseurs sera, bien sûr, beaucoup plus énergivore qu’une climatisation réalisée à l’échelle du bâtiment. Mais « officiellement » le village olympique n’est pas climatisé.

 

Autre « petit » mensonge : les sites des compétitions sont tous approvisionnés en électricité 100 % renouvelable… Sauf que c’est impossible à tenir. Si un jour, il pleut et qu’il n’y a pas de vent, il n’y aura pas de production électrique renouvelable, donc les sites  se fourniront en électricité sur le réseau général d’origine essentiellement nucléaire… Quant aux surfeurs, eux dont les épreuves se dérouleront à Tahiti, ils seront logés sur un navire de croisière…avec cabines climatisées.

 

Ces Jeux n’auront d’écologique que le nom et c’est la même chose pour une autre « qualité » vantée sur les plateaux TV :

 

Ces JO seront populaires

 

Jugeons sur pièce : 10 millions de billets sont  mis en vente, dont 1 million à 24 € et 4 millions à 50€. A ce prix « le peuple » pourra assister à des éliminatoires de tir à l’arc ou de lutte… Pour les autres épreuves, les tarifs ne sont plus du tout les mêmes. Pour les soirées d’athlétisme : de 500 à 1 000€, selon l’emplacement. Pour la natation ou la gymnastique : 500€ la soirée. Quant à la cérémonie d’ouverture, les places vont de 90 à 2 700€, et de 45 à 1 000€ pour la cérémonie de clôture. Une judokate française l’a avoué : sa famille a fait un emprunt à la banque pour venir la voir combattre. Mais, les VRP de luxe affirment, sans sourciller, que les JO de Paris 2024 seront populaires.

 

Autre point choquant dans l’organisation de ces Jeux. Le village olympique accueillera 17 000 personnes sur 50 hectares en bord de Seine, puis deviendra, ensuite, un éco-quartier, ouvert à la vente ou à la location. Donc, le terrain existait, la main d’œuvre en Seine-Saint-Denis ne manque pas, mais, sans ces deux semaines de compétitions sportives, le quartier n’aurait jamais été construit. Conclusion : pour accueillir des athlètes pendant 15 jours, on trouve les moyens de construire un village au cœur de la Seine-Saint-Denis, alors qu’à longueur de journaux télévisés on nous dit que la région Ile-de-France est totalement saturée en matière de constructions et qu’il est impossible d’offrir d’autres types de logement aux classes populaires que des immeubles mal isolés, surchargés et souvent sales. Par contre, pour accueillir des sportifs, en deux ans, 17 000 places en logements agréables et sains sortent de terre comme par magie…

 

Pour finir « en beauté » parlons de la flamme olympique et de son parcours. Cette flamme, en plus d’être olympique, doit être magique. A écouter les journaux télévisés, elle va résoudre tous les problèmes que connaissent les zones qui vont l’accueillir, répandant le bonheur, la joie, la prospérité, partout où elle va passer… On peut être quelque peu « circonspect ». En effet, pour bénéficier des effets magiques de la flamme, les départements devront s’acquitter de la « modique » somme de 180 000€. Personnellement, cela me semble relever du « charlatanisme ».

 

Affirmer qu’un évènement de cette ampleur peut être neutre, voire bénéfique pour le climat est un énorme mensonge, une vaste fumisterie.  Ces Jeux, comme les autres, sont néfastes pour la nature, pour le climat. Le monde sportif n’en est pas à la première, ni hélas à la dernière stupidité. Récemment, la finale des Champions de la Ligue de football, opposant un club italien à un club anglais, s’est déroulée à… Istanbul. Plus de 60 000 spectateurs anglais et italiens s’y sont rendus, la plupart en avion.

 

C’est peut-être, au moment de la crise écologique que nous traversons, le temps de réfléchir collectivement à ce qui relève du superflu et du nécessaire dans nos activités et de supprimer ce genre d’évènements polluants et abrutissants : du pain et des jeux pour amuser le peuple ! Mais « nos » dirigeants ont tant d’avantages à maintenir ce genre de « stupidités » que la lutte va être longue et âpre. Macron rêve déjà des selfies qu’il va faire en compagnie des athlètes français médaillés. Les membres du Comité International Olympique rêvent de plantureux repas, de soirées fines qu’ils vont passer à Paris au frais des contribuables… etc.

 La lutte va être très, très dure et longue. Raison de plus pour la commencer maintenant.

 

Jean-Louis Lamboley, le 28.06.2023

 

Sketch Valérie Pécresse

 Ces Jeux qui sont une aberration écologique, nous auront tout de même permis d’apprécier le sketch hilarant de Valérie Pécresse présentant le « vertiport » des JO de Paris. « Ce vertiport est une barge d’où décolleront des hélicoptères électriques à… décollage vertical… » précise-t-elle. Madame Pécresse ne sait pas qu’un hélicoptère, ça décolle forcément verticalement, sinon ça s’appelle un avion…  

« Ce vertiport unique en Europe… » (on se demande pourquoi), est en fait une barge posée sur la Seine, d’où décolleront des hélicoptères électriques qui feront la navette entre l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle et Paris. « Ce vertiport va totalement désengorger les transports publics parisiens » puisqu’il y aura… 6 navettes par jour, avec à chaque navette… 1 seul passager. Cela permettra donc à 12 personnes par jour de rejoindre Paris… et cela pour la modique somme de 1 million d’euros payés par la Région Ile-de-France pour financer la barge.

Mais, voyons le côté positif, ces Jeux auront permis à Madame Pécresse de se rendre, encore une fois, totalement ridicule… à nos yeux. Les contribuables d’Ile-de-France trouveront cela peut-être moins drôle.