Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mardi 30 mai 2023

 

Montée des périls - Militarisation

 

(éditorial de PES n° 93)

 

La conjonction des périls semble une évidence sans que, pour autant, la conscience sociale et politique d’y faire face soit à la hauteur de ce qui s’annonce.

 

Il y a d’abord l’ensemble des régressions sociales que subissent le plus grand nombre afin qu’une minorité s’accapare le profit du travail. Chômage, précarité et pauvreté ainsi que recul des droits, sont désormais le lot quotidien des peuples. Les formations sociales parviennent toutefois à maintenir une espèce de consensus en s’appuyant sur 20 % de la population qui n’est pas encore touchée par les conséquences délétères du capitalisme financiarisé. Toutefois, cette situation est grosse d’explosion de bulles financières qui pourrait être beaucoup plus dramatique que celle de 2007-2008.

 

Ce qui rend cependant la situation dramatique c’est le fond de dérèglement climatique sur lequel repose cette crise du système capitaliste et productiviste. Sécheresse, manque d’eau, pompage dans les nappes phréatiques, pillage néocolonial des ressources sur l’ensemble de la planète, endettement des pays qui en sont les victimes, tous ces phénomènes vont aggraver les migrations : la guerre, la misère et la répression n’en seront plus les ultimes causes car il faudra y ajouter les réfugiés climatiques, y compris dans les pays dominants, comme, notamment, en Californie ou au Canada. Mais ce qui est largement occulté par les médias mensonges actuellement, c’est la possibilité d’une guerre généralisée. Certes, le bruit des bottes en Europe, avec la guerre en Ukraine, a déjà atteint son point d’incandescence mais la constitution de blocs, l’un autour des USA, l’autre autour de la Chine, laisse présager le pire. Le basculement du monde avec l’affaiblissement des Etats-Unis provoque la militarisation des pays qui se préparent à la confrontation.

 

Il n’est pas anodin de constater que les puissances occidentales dominantes du G7 se soient réunies au Japon pour traiter, paraît-il, de la guerre en Ukraine. En fait c’est la confrontation avec la Chine qui est l’objet de ce cénacle. Il faut préparer l’opinion, du point de vue des puissances dites démocratiques, à l’affrontement avec les régimes prétendument autocratiques. La guerre des bons contre les méchants, la désignation de boucs émissaires, sont déjà à l’œuvre.

 

Mais, plus fondamentalement, l’escalade se traduit par une intensification de la production et des livraisons d’armes. Ainsi, l’Ukraine a augmenté son budget militaire de 640 %  qu’elle compense par une revente et du trafic d’armes avec les pays africains. Les pays de l’Europe de l’est ne sont pas en reste. L’Estonie a augmenté son budget militaire de 88 %, la Finlande de 36 %, la Lituanie de 27 %, la Suède de 12 %. Quant à la Pologne, poussée par les USA, elle a la prétention de  devenir la 1ère armée de terre de l’Union Européenne. La France de Macron n’est pas mal placée. Jupiter annonce qu’il va presque doubler le budget militaire d’ici 2030, passant de 45 milliards à 70 milliards.

 

Toute cette gabegie sera alimentée par les subventions à l’industrie militaire, y compris et surtout, au profit du complexe militaro-industriel des Etats-Unis. On ne peut omettre également la volonté des dirigeants nippons, dont la Constitution reste pacifique, de devenir la 3ème armée du monde et la 1ère base militaire des USA  dans la région.

 

Evidemment, les Etats-Unis, principal vendeur d’armes dans le monde, vont augmenter leur production de 50 % en espérant que les Etats dudit bloc occidental s’endetteront pour acheter leur armement.

 

En fait, il semble bien que la guerre en Ukraine serve à tester les nouveaux matériels militaires comme ce fut le cas lors de la guerre d’Espagne. Reste que les relations USA-Chine sont compliquées. Les délocalisations des multinationales en Chine ont provoqué une interdépendance de ces deux économies. Pour espérer en sortir, les USA administrent des sanctions tout en mettant en place des plans massifs de subventions pour 400 milliards de dollars, en espérant que la relocalisation se fera sur le sol américain ainsi que sur les marchés européens, au détriment de la Chine.

 

Il n’en reste pas moins que ce que vise l’administration américaine est une nouvelle vassalisation de l’Europe qui est déjà en train de se produire. L’attentat terroriste contre Nord Stream 2, perpétré par les Etats-Unis selon l’enquête du journaliste d’investigation indépendant Seymour Hersh, non démenti, ainsi que l’ensemble des pressions pour augmenter les budgets militaires, prouvent, comme la rencontre des grands industriels et financiers à Versailles, que la dépendance de l’ensemble de l’Europe vis-à-vis du « grand-frère » américain est en marche.

 

Il n’y a pas à s’étonner que l’on commence déjà à préparer l’opinion à une confrontation généralisée. Le Service National Universel ne constituerait-il pas une prémisse du façonnage des esprits déjà à l’œuvre ? Nombre de militants ne s’y sont pas trompés en provoquant des mobilisations contre cette propagande macronienne au service de la militarisation des esprits. On ressortira bientôt le péril jaune pour justifier toutes sortes de provocations du « bon » contre le « méchant ». A quand les comités anti-guerre ?

 

GD, le 26.05.2023