Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mardi 30 mai 2023

 

Nous avons lu

Parasites

Parasites est le mot juste pour désigner les classes possédantes, faites d’individus de chair et d’os et non de flux financiers abstraits. Ces parasites, les 500 plus grandes fortunes françaises, responsables de la dégradation des services publics, des bas salaires, de la souffrance au travail… celles « qui se  nourrissent sur la bête » sont la concrétisation du capitalisme : la classe possédante se nourrit du travail des autres, soutenue par l’Etat-providence. Les idéologues du système capitaliste tentent de nous convaincre que les décisions économiques ont à voir avec « la loi du marché, « la concurrence », la « mondialisation ». Dans ces conditions, à quoi sert-il de se battre ? D’ailleurs contre qui ? La difficulté à se représenter l’ennemi est apparue au début des années 1990 quand la plupart des organisations politiques et syndicales ont abandonné la rhétorique anti-bourgeoise. Nous subissons toujours les conséquences de ce changement idéologique profond. Dans les années 1980, le PS se fait artisan du grand bond en avant néolibéral jusqu’à ce qu’une « gauche plus radicale » apparaisse dans les années 2010. Même si la colère demeure et se manifeste dans les grèves 1995, 2006, 2010 et 2019, les mots pour désigner l’adversaire ont été remplacés par une soupe idéologique forgée par les intellectuels et politiques voulant en finir avec toute pensée critique du capitalisme. La perte de la lutte des classes est liée au triomphe d’une idéologie bourgeoise usant de concepts qui s’imposent même aux plus rebelles : « réussite personnelle », « faire des projets », « rechercher l’ascension sociale », adhérer à la « valeur travail ». L’auteur, pour son  analyse, nomme les parasites bourgeois les plus emblématiques et les plus toxiques. Ils nous empoisonnent, invités tous les jours dans notre salon-télévision. Les symptômes en sont, par exemple, la grande dépossession : privatisation d’EDF mais aussi démolition du système de santé, industrie bradée… Ce sont également les « réformes » de la fiscalité  au profit des grandes fortunes et du capital, dont Bruno Lemaire est l’inconditionnel artisan. Si l’on considère la part du budget de l’Etat dépensé pour le patronat, il est le pire assisté de France : un quart du budget est dédié aux multiples aides aux entreprises privées contre 3,2 % à la solidarité et à l’insertion... Rien d’étonnant : Lemaire est l’un de ces hauts fonctionnaires biberonnés à la glorification du capitalisme. Mais pourquoi les gens ne se révoltent-ils pas ? C’est la dernière partie de cet ouvrage « fouillé et radical ». Nous sommes heureux d’y lire les mots justes qui parlent aux classes non possédantes et nous appellent à la lutte collective pour que l’avenir « puisse nous appartenir ». OM

Nicolas Framont (fondateur de la revue Frustration) ed. Les liens qui libèrent, 02/2023, 19.50€