Mayotte. Non à l’opération Wuambushu !
« Alors que l’attention médiatique (re)découvre la problématique de la
répression policière et que les violences institutionnelles et policières sont
dénoncées jusqu’au Conseil de l’Europe et par des rapporteurs de l’ONU, une
inquiétante opération militaro-policière
se met en place à Mayotte, sous l’impulsion d’un ministre dont la tendance
autoritariste et illibérale n’est plus à démontrer » (communiqué
LDH/Gisti/Syndicat des avocats de France…). L’opération Wuambushu, qui devrait
durer 2 mois, vise à détruire des bidonvilles et à expulser 20 000 Comoriens sur
l’île d’Anjouan. 2 000 policiers et gendarmes, une compagnie de CRS, sont
mobilisés pour assurer les « décasages » et les expulsions. Pas si simple !
L’Etat comorien n’est pas d’accord pour laisser débarquer sur ses côtes près de
20 000 personnes en 2 mois d’autant qu’il considère que « les Comoriens sont chez eux à Mayotte ».
Mayotte est toujours revendiquée par les autorités comoriennes, accusant la
France de ne pas avoir respecté l’intangibilité des frontières issues de la
décolonisation et de l’histoire qui unit les habitants des 4 îles, lors du
référendum sur l’indépendance en 1975 ; Mayotte avait voté pour rester
française alors que le vote global de l’archipel des Comores était en faveur de
l’indépendance. En toute illégalité, la France « reconnaissait » le
vote des Mahorais, sans tenir compte du résultat global, bafouant
l’intangibilité des frontières. L’île est devenue département d’outre-mer en 2011. Les
familles, séparées, n’ont eu de cesse de se regrouper : à Mayotte, sur les
310 000 habitants, la moitié est de nationalité comorienne (cf Immigration. Mayotte, territoire d’exception
PES n° 89 janvier 2023).
La société civile comorienne est
largement mobilisée contre l’opération,
le groupe nationaliste Comité Maoré pour le rattachement de Mayotte, parle de
la « rafle Macron ». Le tribunal judiciaire a suspendu lundi 24
avril l’évacuation d’un bidonville, ordonnant au préfet de « cesser toute opération d’évacuation et de
démolition » prévue le 25, exigeant que des solutions de relogement
adapté soient proposées aux familles. L’Etat a fait appel. Le collectif Uni-e-s contre une immigration jetable
(UCIJ-2023) (400 associations et syndicats) a lancé une mobilisation nationale
contre la politique migratoire de Macron/Darmanin, exigeant l’abandon de
l’opération Wuambushu. A l’heure où nous
écrivons (26.04), le gouvernement semble vouloir poursuivre son opération au
mépris des droits humains.
https://framaforms.org/ucij-2023-1674117406
https://blogs.mediapart.fr/uni-es-contre-limmigration-jetable