Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mercredi 3 mai 2023

Nous avons lu

 

Contre le développement personnel

Authentique et Toc

 

Le développement personnel (DP) nous arrive des Etats-Unis. Il serait injuste de ne pas lui accorder l’attention qu’il mérite. Qui n’a pas rêvé d’être heureux et de trouver des recettes pour y parvenir dans sa vie personnelle et professionnelle? « Vivre selon son cœur », « Comment cultiver de vrais liens », « savoir-être »  ou « croire en soi »…. autant de titres racoleurs qui portent une idéologie politique du bonheur, du bien-être, qui serait uniquement un choix individuel, gommant les inégalités sociales et économiques. Le DP, comme le coaching, le management, la novlangue qui l’irrigue, participe d’un vaste mouvement qui agit sur notre capacité à devenir des individualités autonomes. Chacun d’entre nous possèderait en lui-même une sorte de capital intrinsèque qu’il suffirait de faire fructifier.  Grâce à des méthodes simples et concrètes nous pourrions accéder à ce trésor intérieur. Il suffirait d’en prendre conscience : parce que je suis bien, je fais le bien autour de moi et si tout le monde fait comme moi, tout le monde ira bien. C’est simple, c’est beau, c’est faux. Le DP n’est que la face avenante d’un large mouvement d’autocontrôle et d’auto-exploitation. DP et management sont les bras armés du néolibéralisme dans son entreprise de façonnement des esprits : plus de chef mais un manager, plus de salariés mais des collaborateurs, des espaces de travail plus ouverts, plus de vouvoiement, on se tutoie tous… Au diable, la lutte des classes ! Place au management par la confiance ! Quand on confie au salarié un projet,  on lui assigne un objectif et on lui accorde (magnanimement) toute l’autonomie qu’il souhaite pour y parvenir. Ainsi, il se l’approprie davantage et intériorise la contrainte de réussite. Tout repose sur l’individu et son adaptation, indépendamment du contexte économique et social. Ainsi, l’individu se forge lui-même ses propres chaînes. Quel dictateur n’en a pas rêvé ? Sans le savoir, nous baignons dans une idéologie, paralysés par la peur du déclassement mais assurés de l’excellence de notre régime dit démocratique. Le collectif disparaît pour ne laisser que des individus responsables de tout, à 100% : de leur destin, de leur emploi et même de leur santé ! C’est à cette vaste supercherie que s’en prend l’auteur, preuves à l’appui… OM

Thierry Jobard, ed. Rue de l’échiquier, décembre 2022, 11€