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Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mercredi 3 mai 2023

 

 

Pour les Péruviens, c’est pas le Pérou !

 

Suite aux trois articles (Chili, Portugal, Tunisie) parus dans le n° précédent, montrant qu’un soulèvement populaire, porteur d’aspiration à la justice sociale, peut connaître une contre-révolution, l’exemple du Pérou montre, à l’inverse, un processus qui émane, en apparence, de l’exécutif. En effet, indépendamment de l’histoire mouvementée du Pérou, le dernier épisode, récent, montre que l’élection présidentielle peut être suivie de la réaction des élites et de la destitution du Président. Cette éviction a provoqué un vaste mouvement populaire toujours en cours.  

 

 

 

Lorsque l’on pense au Pérou, on pense souvent au Machu Picchu et aux Incas. C’est, en effet, ce peuple qui a construit les bases du Pérou actuel. Il s’installe dans les années 1400 dans la région fertile de Cuzco et, grâce à la culture du maïs, de la pomme de terre, et à la chasse, sa survie alimentaire est assurée. Il va donc pouvoir prendre du temps pour organiser ce qui va devenir un véritable empire.

 

De l’empire Inca à l’indépendance

 

Le premier empereur Pachacutec (1438-1471), dans un premier temps, étend le territoire sur quasiment toutes les Andes, puis met en place une législation et une administration. Il préserve l’unité géographique en développant un gigantesque réseau de chemins et de routes. Il assure son unité linguistique en imposant le quechua comme langue officielle. La tâche est ardue puisqu’à son apogée l’empire Inca s’étendra de la Colombie à l’Argentine et à une partie du Chili, en passant par la Bolivie, le Pérou et l’Equateur. Il réussit plutôt bien, l’empire est stable, unitaire et prospère. Pour faciliter la transmission de ses ordres (que l’on ne discute pas) il met en place un réseau de « coureurs messagers » (les chasquis) qui couvrent tout l’empire.

 

Au début du 16ème siècle, ses deux petits-fils se combattent pour le pouvoir, entraînant l’empire dans une guerre civile, à un très mauvais moment, puisqu’en 1531, les troupes du conquistador espagnol Fransisco Pizzaro, se présentent aux frontières de l’empire. En 1532, Pizzaro capture l’un des deux frères et le fait exécuter. Il faudra cependant plus de 40 années pour briser les dernières tentatives de résistance puisque le dernier empereur Inca sera capturé et exécuté en 1572.

 

Les conquistadors espagnols instituent le système de l’encomienda. Les Indiens sont « confiés » à un colon chargé de les évangéliser et d’organiser leur travail. On est entre le servage et l’esclavage puisque les autochtones travaillent sans rémunération dans les mines ou dans les champs. Les conditions de vie des Indiens sont extrêmement difficiles. En 1531, à l’arrivée de Pizzaro, on estime à 12 millions le nombre d’Incas, 45 ans plus tard, ils ne sont plus que 1.1 million.

 

Le Pérou devient, alors, l’une des premières sources de richesse pour l’Espagne. La ville de Lima, fondée par Pizzaro, devient la capitale de l’Amérique du Sud (excepté le Brésil, portugais). L’essentiel des richesses, extraites des mines ou volées aux Indiens, passaient au Pérou pour rejoindre l’Europe par l’isthme de Panama.  

 

En 1870, « la vice-royauté  du Pérou » connaît la plus violente insurrection de son histoire, dirigée par Tupac Amaru, un chef de tribu amérindienne. Au départ, contre une réforme fiscale, cette insurrection se transforme en mouvement indépendantiste. Amaru réunit une armée de près de 50 000 hommes, essentiellement indiens et métis. Mais la révolte est écrasée et Amaru est écartelé à Cuzco en 1781 ; il devient un symbole important de la lutte pour l’indépendance et la liberté des peuples autochtones.  

 

Le processus d’indépendance prend son élan avec, en 1820, le soulèvement des propriétaires espagnols. José San Martin prend Lima et déclare l’indépendance le 28 juillet 1821 qui devient effective après la victoire sur les troupes espagnoles du général José de Sucre en 1824. Simon Bolivar, lui, libère le nord du Pérou qui deviendra la Bolivie.

 

Malgré la domination d’une oligarchie de propriétaires terriens, l’esclavage des Noirs, l’encomienda des Indiens prennent fin entre 1845 et 1862. Durant cette période, le Pérou est économiquement prospère car le guano (excrément d’oiseaux utilisé comme engrais) est présent en énormes quantités sur ses côtes. Cet engrais naturel est vendu dans toute l’Europe occidentale.

 

La vie politique à cette époque est une alternance de périodes démocratiques, de coups d’Etat et de dictatures.  

 

En 1918, en Argentine, un mouvement universitaire puissant voit le jour. Les étudiants réclament plus d’autonomie pour les universités, un changement du mode de désignation des professeurs, une modernisation des programmes, une moindre, voire une non-ingérence de l’église dans la vie universitaire. Bref, pour eux, l’université doit servir à se cultiver, à s’émanciper et non pas être seulement un ascenseur social conservateur. Ce mouvement trouve écho dans toute la société argentine qui souhaite en finir avec ces habitudes et ces pratiques. Il trouve une écoute dans toute l’Amérique latine et donc au Pérou où les meneurs de ce mouvement contestataire sont contraints à l’exil. Ils se retrouvent à Mexico et créent l’APRA (Alliance populaire révolutionnaire américaine). Ce mouvement élargit son domaine d’action et de réflexion, s’inspirant de la révolution mexicaine de 1910 et de la Constitution de 1917 qui en est issue. Cette constitution, anticléricale, agrariste, est extrêmement progressiste : réforme agraire, lois sociales (journée de 8 heures, droit d’association ou syndicats, droit de grève, salaire minimum, limitation du travail des femmes et des enfants…).

 

Mais au Pérou, sur place, la situation politique est extrêmement confuse et chaotique. Ainsi, Manuel Ponce Brousset est président du 25 au 27 août 1930, Luis Sanchez Cerru lui succède du 27 août 1930 au 1er mars 1931, Ricardo Elias Arias du 1er mars au 5 mars 1931, Gustavo Jimenez du 5 au 11 mars, David Ocampo du 11 mars au 8 décembre 1931, etc… Le Pérou est loin d’avoir une Constitution aussi progressiste que le Mexique puisque seule la population alphabétisée peut voter en 1933. Seul 1/3 de la population peut s’exprimer dans les urnes et les Indiens en sont quasiment exclus.

 

Les soubresauts dans la période contemporaine

 

En 1968, le Pérou connaît un gouvernement plus favorable aux couches défavorisées de la population. Le président Terry, soutenant les intérêts américains, est renversé par le général Alvarado, issu d’un milieu modeste. Il met en place une série de mesures très progressistes. La pierre angulaire de sa politique économique est la réforme agraire, visant à éliminer les grandes haciendas, et la redistribution de 11 millions d’hectares aux paysans.  A cette époque, 2 % de la population possèdent 70 % des terres. La terre des grandes fermes est redistribuée aux familles. Chacune reçoit 1/3 d’hectare pour y vivre. Il nationalise les grandes compagnies pétrolières étrangères. C’est lui l’auteur de la célèbre formule : « la terre à ceux qui la travaillent ». Son gouvernement investit massivement dans l’éducation ; le quechua, langue des Indiens obtient le même statut que l’espagnol, il reconnaît les droits des natifs sur leurs terres, instaure l’égalité des droits pour les enfants naturels…

 

Le gouvernement est soutenu par le parti communiste et l’essentiel du mouvement syndical.  Le Pérou se tourne vers le bloc socialiste, ce qui lui vaut un blocus financier des USA. Cette hostilité états-unienne, des maladresses économiques intérieures, l’opposition de la bourgeoisie ainsi que de l’extrême gauche péruvienne n’améliorent pas les conditions de vie des classes populaires. De plus, Alvarado prend l’habitude de décider seul, sans doute dans un souci d’efficacité. Il finira par se couper de nombre de ses soutiens ; ceux qui osent exprimer un avis différent finissent en prison.  En 1974, il nationalise les journaux d’opposition. Le 29 août 1975, Alvarado est renversé par un autre général Francisco Cerruti qui rompt immédiatement avec la politique de son prédécesseur et noue des relations étroites avec le Chili de Pinochet et participe à l’opération Condor (répression concertée contre les révolutionnaires par les militaires d’Amérique latine avec le soutien actif des Etats-Unis).

 

En 1970, apparaît dans les universités péruviennes, un mouvement d’étudiants, souvent issus des milieux défavorisés qui découvrent le marxisme-léninisme, le maoïsme, les expériences cubaine et chilienne. Les étudiants, créateurs de ce mouvement, Le Sentier lumineux, rejoignent leurs régions et créent une multitude de comités locaux, surtout composés de paysans. D’abord tourné sur l’éducation populaire et la non-violence, le mouvement se radicalise à partir de juin 1979, lorsqu’une manifestation pour la gratuité de l’enseignement est réprimée par l’armée et fait plusieurs dizaines de morts. Le Sentier lumineux se tourne alors vers la lutte armée et prend le contrôle des régions désertées par l’Etat central. Il y instaure un nouveau pouvoir fondé sur des comités populaires (théoriquement élus), chargés de la redistribution des terres, de la justice et de l’éducation. L’organisation se déclare également féministe et de nombreuses femmes assurent des fonctions de commandement. Le Sentier lumineux contrôle de vastes régions dans les Andes et dans la partie amazonienne du Pérou ainsi que dans les bidonvilles entourant les grandes villes. L’idée d’Abimael Guzman, son fondateur, est de conquérir le pouvoir militairement puis d’instaurer une république populaire communiste. En fait, jusqu’en 1992, le mouvement mène une guérilla dans les zones montagneuses contre les autorités gouvernementales. Des exactions sont menées de part et d’autre. Guzman est arrêté en 1992 et le mouvement « sans tête » se divise en différentes factions dont certaines sont plus préoccupées de gagner de l’argent grâce au trafic de drogue, aux enlèvements… qu’à libérer le pays des élites bourgeoises.

 

Instabilité et répression

 

Durant cette période, les présidents se succèdent sans que la condition des classes populaires ne change. A noter qu’en 1985, Alan Garcia succède à Fernando Terry : c’est la première fois en 40 ans qu’un président démocratiquement élu remplace un autre président lui aussi élu démocratiquement.

 

En 1990, c’est Alberto Fujimori qui est élu par les Péruviens et, comme leurs voisins Chiliens, ils vont plonger dans l’ultralibéralisme. Fujimori  adopte des mesures d’austérité très sévères, il dévalue la monnaie de 200 %, privatise des centaines d’entreprises, 300 000 emplois publics sont supprimés. L’inflation baisse, certes, de 2 700 % en 1990, elle passe à 140 % en 1991, mais la pauvreté ne baisse pas. Politiquement, il est brutal. En raison de l’opposition à certaines réformes de nombre de députés, il dissout le Congrès en 1992, modifie la Constitution, fait incarcérer ses opposants et prend le contrôle des médias. Sa présidence est marquée par l’autoritarisme et la violence de ses actions. Il crée les Escadrons de la mort, chargés en secret, d’enlèvements d’activistes, de dissidents, d’opposants politiques : tortures, exécutions sommaires sont parmi leurs moyens d’action. Fujimori ira même jusqu’à amnistier les membres de la police et de l’armée impliqués dans des crimes. Il fait usage de la violence surtout à l’encontre des communautés autochtones : 300 000 femmes, 25 000 hommes sont stérilisés sans leur consentement.

 

Le Pérou entretient des liens étroits avec les USA ; les ventes d’armes US sont multipliées par 4 en quelques années et les USA financent la lutte contre le Sentier lumineux.  Grâce à l’appui des médias à sa solde il est réélu en 2000. Mais la contestation de cette réélection plus que douteuse enfle. Des affaires de corruption finissent par sortir ; Transparency international (organisation non gouvernementale internationale) le classe parmi les 10 dirigeants les plus corrompus au monde. Face à ce mouvement de contestation, il quitte le Pérou le 17 novembre. Destitué par le Congrès, il se réfugie au Japon (il possède la double nationalité) où il se pense en sécurité. Mais il sera rapidement restitué au Pérou et condamné  à 33 ans de prison pour crime contre l’Humanité et corruption. Il paie pour les ordres qu’il a donnés aux militaires pendant la lutte contre le Sentier lumineux. Des paysans ont été exécutés seulement parce qu’ils étaient soupçonnés d’aider la guérilla. Des villages furent rasés…

 

En 2001, Alejandro Toledo devient président, puis 6 autres lui succèderont jusqu’en 2021. La valse des présidents soit par démission suite à des scandales de corruption, soit par destitution, illustre l’instabilité politique, sociale au Pérou du 21ème siècle. Socialement, tout comme au Chili, l’ultralibéralisme fait des ravages dans les classes populaires. Les inégalités sont très fortes : les riches très riches, les pauvres très pauvres.

 

Un immense espoir du peuple

 

En juillet 2021, un immense espoir naît dans les couches populaires ; Pedro Castillo, ancien instituteur, issu d’un milieu pauvre, leader syndicaliste, est élu président de la République. Il est le candidat de Pérou libre, un parti marxiste-léniniste et affiche des positions radicales dans tous les domaines. Inutile de dire qu’à droite cette élection passe mal, d’autant plus qu’il a battu Keiko Fujimori (la fille de l’ex-président) avec 50.1 % des suffrages (après 6 semaines de recomptage). Mais, Castillo n’a pas obtenu la majorité au Parlement et l’hostilité de ce dernier, ainsi que celle des élites économiques et des médias l’empêchent de mettre en place les réformes promises durant la campagne (réforme agraire, changement de Constitution…). La Constitution actuelle est celle de Fujimori (1993). Castillo la juge responsable des inégalités économiques parce qu’elle consacre un modèle de libre marché.

 

Castillo est soutenu par les couches populaires, les Indiens, mais son statut de métis, d’homme du peuple (ses parents étaient illettrés), de novice en politique, provoque un rejet à relents racistes d’une partie généralement blanche et aisée de la population péruvienne. Tout autant que son programme, c’est l’homme qui est combattu par les forces conservatrices. De plus, le jour de son investiture, il s’engage à conserver son salaire d’instituteur et à réduire de moitié les indemnités des parlementaires et des ministres. Cet homme est décidément un trop mauvais exemple...

 

Dès lors, les forces réactionnaires péruviennes font tout pour mettre fin le plus vite possible à l’expérience Castillo et elles peuvent être très efficaces. Au Pérou, le Congrès (à majorité de droite, voire extrême droite) a beaucoup de pouvoirs. C’est lui qui décide des voyages du chef d’Etat à l’étranger. Inutile de dire que Castillo ne participe à aucun congrès international ni à des visites à l’étranger. Le Congrès contraint Castillo à former un gouvernement sans figures de la gauche radicale.  Les médias assènent à longueur de journée que ce gouvernement est formé de personnes inexpérimentées et que l’inexpérience est synonyme d’incompétence et même de danger pour le Pérou. Le Parlement bloque sa réforme agraire, vote une loi qui interdit à l’exécutif de le dissoudre mais qui lui permet de destituer le président. Il bloque également une des principales promesses de Castillo : la création d’une assemblée constituante. Il va jusqu’à ouvrir une procédure de destitution à l’encontre de Castillo pour « incapacité morale ou physique permanente ». Face à l’absence de mesures pour changer leur quotidien, une partie des classes populaires se détourne de Castillo et fait éclater sa déception dans la rue, les médias s’étant bien gardés de préciser que c’est le Congrès qui bloque la majorité des mesures. Les violences font plusieurs morts et les médias réclament à nouveau la destitution de Castillo.

 

Fin 2022, toutes les forces réactionnaires guettent un faux pas de Castillo. Il le fait le 7 décembre. Pour sortir de cette situation où le président est pieds et poings liés par le Congrès, il décide de dissoudre ce dernier mais, constitutionnellement, il n’en pas le pouvoir. Il est aussitôt destitué, emprisonné et remplacé par sa vice-présidente Dina Boluarte. Les électeurs de Castillo ont pu penser que la vice-présidente allait continuer la lutte engagée. Mais elle change radicalement de camp, fait alliance avec les partis de droite du Congrès pour « apaiser » le pays… il semble que ce soit pour des raisons plus obscures de risques de poursuites judiciaires. Les électeurs de Castillon, exaspérés par leur classe politique et la corruption endémique, perçoivent cette attitude de Boluarte comme une trahison. Ils se « ruent » dans les rues pour exiger son départ, la dissolution du Congrès et des élections anticipées. Ce mouvement est particulièrement actif dans les régions rurales où les blocages de routes, d’aéroports se multiplient. Face à ça, Boluarte déclare l’état d’urgence et met en place une féroce répression. Mi-décembre 2022, à Ayacucho, 8 manifestants sont tués par balles, deux par des bombes lacrymogènes larguées depuis des hélicoptères. Le 9 janvier 2023, à Juliaca, à nouveau 18 morts parmi les manifestants. Aucun des journaux nationaux, aux mains des élites économiques, n’en font leur Une. Dina Boluarte, cependant, y déclare que la police et l’armée ont eu un « comportement irréprochable ». « Ces morts ne comptent pas, ils ne sont pas de Lima ». Cette phrase entendue mille fois traduit bien la fracture entre le Pérou des villes et celui des campagnes, entre celui des couches populaires et celui des élites.

 

Actuellement, la situation est bloquée, figée. Le Congrès refuse la tenue d’élections anticipées et Boluarte est soutenue par le Congrès dans son rôle de présidente « apaisante » selon les uns, de « traitre » selon les autres.  On aurait pu penser qu’en incarcérant Fujimori pour crime contre l’humanité et corruption ou encore Toledo pour corruption, la justice péruvienne savait montrer son indépendance vis-à-vis du pouvoir politique mais le contre-exemple est arrivé très vite avec l’incarcération de Castillo qui, lui, n’a pas de sang sur les mains, mais défendait l’idée d’une vie meilleure pour des milliers de Péruviens.

 

Un espoir apparaît dans ce marasme : les couches populaires, les Indiens, ne sont plus décidés à subir les injustices. Une manifestante déclarait récemment : « Le Pérou des grandes entreprises minières milliardaires qui pillent nos richesses, le Pérou des multinationales qui ne paient pas d’impôt et s’enrichissent alors que nous, les paysans qui travaillons la terre, vivons dans la misère, ce Pérou-là est fini, nous ne sommes plus des moutons, nous savons lire et écrire, même si nous venons de la campagne ». Pourvu qu’il en soit ainsi…

 

Jean-Louis Lamboley, le 27.04.2023