Edito de Pour l'Emancipation Sociale PES n° 8
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Rémi
Fraisse. Un crime d’Etat(1)
Le
26 octobre, à 1H45, Rémi, un jeune botaniste pacifiste est tué par une grenade
offensive sur la zone destinée à la construction du barrage de Sivens. Cazeneuve,
Valls, Hollande savaient, ils ont donné leur feu vert au traquenard qu’ils ont
commandité. Leurs mains sont tachées de sang de cet innocent contestataire.
Tous leurs démentis honteux n’y changeront rien.
En
prévision du grand rassemblement festif de 5000 à 7000 personnes qui doit se
tenir le week-end du 25/26 octobre, un accord est conclu avec la
préfecture : pas de forces de répression sur le site. Le 24, ce sont 30
fourgons de CRS et des escadrons de gardes mobiles qui débarquent. Ils ont
ordre de provoquer, de réprimer pour dénaturer cette manifestation. Dans la
nuit, 400 grenades sont lancées. Un groupe de 5 à 6 personnes s’avance vers les
gardes mobiles installés dans une « zone de vie » où il n’y a plus
rien à défendre. Les engins de chantier ont été déménagés… Rémi en est mort,
suite au tir d’une grenade offensive.
Pour
le pouvoir, il faut trouver des boucs émissaires, les pandores ou le Préfet.
Mais, dès le 27, sur RTL, le général Favier déclare : « Le ministre est informé en début de matinée
(soit le 27) sur les faits ». Le
lieutenant- colonel L… précise au Procureur d’Albi : « le préfet (aux ordres du Ministre de
l’intérieur) nous avait demandé de faire
preuve d’une extrême fermeté ».
Valls
l’avait dit « Je ne cèderai pas ».
Il s’agissait d’éviter un nouveau Notre Dame des Landes, et donc, de terroriser,
de blesser, de mutiler, de criminaliser la révolte contre ce grand projet
inutile, ne profitant qu’au lobby des maïsiculteurs et à des notables corrompus
du Conseil général. L’irrémédiable s’est produit et ils se sont murés dans un
silence honteux après avoir exercé, en pure perte, des pressions sur le procureur
d’Albi.
Ce
drame est survenu après deux mois de tensions et d’expulsions, sans décisions
de justice, de tirs tendus de grenades et de flash-ball. La propagande contre-révolutionnaire,
dite en miroir, a été utilisée pour tuer dans l’œuf ces contestations
massives. Imputer au camp adverse la violence déployée, brandir l’épouvantail
des casseurs pour criminaliser la révolte. Ce pouvoir « social »-libéral
est aux abois, il s’enferme dans l’autoritarisme et n’hésite pas à interdire
des réunions de soutien et à réprimer les manifestations de solidarité des
lycéens. Il n’y avait rien à protéger à Sivens sauf la face jaunie de Hollande/Valls
et, pour ce faire, étouffer le mouvement social en germe. Comme l’ont affirmé
Aurélien Berlan et Christophe Goby (2), à la tête de l‘Etat se trouvent des
« menteurs et des assassins ».
Ce n’est pas nouveau !(3) On se souvient de ce jeune prof de physique
abattu en 1977 par une grenade offensive lors d’une manifestation contre Super
Phénix à Creys-Malville. On se souvient de Malik Oussekine, ce jeune lycéen
assassiné en 1986… et de tous les Zied et Bouna des quartiers populaires, morts
ou mutilés à vie… « Malheur à ceux qui bâillonnent le peuple ».
Thomas Sankara
(1)
dans
PES à paraître en décembre, un article complet d’analyse sur le processus de
répression et les raisons de ce traquenard
(2)
tribune
parue dans le Monde le 15.11.2014
(3)
lire
l’article La violence policière :
une tradition républicaine dans ce numéro