Militer
sur internet
Les
bonnes pratiques de l'engagement numérique.
On
dit de l'internet qu'il représente une révolution comparable à
l'invention de l'imprimerie. En effet, si l'imprimerie a permis au
grand nombre d'accéder à la lecture, internet est en train de
démocratiser l'écriture, et avec elle l'émancipation des peuples
qui peuvent enfin communiquer massivement entre eux sans dépenser
des sommes folles en équipement et sans passer par des
intermédiaires centralisés. Du moins pour l'instant... Nombreux
sont les acteurs qui ont tout à perdre à un tel changement :
des industries moribondes comme celle du disque, aux médias de masse
traditionnels, en passant par les politiciens obsédés par la
sécurité et qui voient un terroriste derrière chaque internaute...
Internet repose sur un équilibre fragile que bien des gouvernements
s'acharnent à faire vaciller et qui ne tiendra que si dès
maintenant, nous faisons attention à nos pratiques.
Utiliser
des logiciels libres
Le
premier réflexe est d'utiliser autant que faire se peut des
logiciels dit « libres ». On appelle « logiciel
libre » ou « open source », un outil dont le code
informatique est observable par tout un chacun et dont l'utilisation
n'est pas limitée par un ensemble de clauses restrictives. Quand
vous achetez une voiture, vous êtes libre d'ouvrir le capot, de
démonter et remonter le moteur, de remplacer une pièce par une
autre, d'utiliser la marque d'huile que vous préférez et de faire
le plein dans n'importe quelle station. Quand vous achetez un
logiciel propriétaire (un logiciel qui n'est pas « libre »
est dit « propriétaire), vous n'avez pas le droit de regarder
comment il est conçu et encore moins le droit d'en modifier le
fonctionnement. Même les données que vous produisez avec ce
logiciel ne vous appartiennent pas totalement, puisque vous ne
pourrez bien souvent les exploiter qu'avec ce logiciel spécifique et
dans un cadre défini par les conditions générales d'utilisation.
On
trouve des équivalents libres à la plupart des logiciels
propriétaires : Linux remplace Windows ou MacOs, Libre Office
est un clone de Microsoft Office, Gimp est l'équivalent de
Photoshop, …
Mais
si vous ne devez en connaître qu'un, téléchargez, installez et
utilisez Mozilla Firefox (1) en lieu et place de Internet
Explorer, Google Chrome ou Safari. Auriez-vous confiance en une
interface qui permet d'accéder à toute la connaissance humaine si
elle était estampillée Monsanto ou Mac Donald ? Que
croyez-vous que Google ou Microsoft ont intérêt à vous présenter
comme pages web ? Les revenus du premier dépendent directement
du volume de publicités qu'il vous inflige tout en surfant !
Supprimer
la publicité
Une
fois armé d'un navigateur internet libre comme Firefox, il convient
d'y ajouter un bloqueur de publicités comme par exemple « AdBlock
Edge » (2). Celui-ci va assainir les pages web que vous
visionnez en n'en affichant que le contenu utile. Finies les vidéos
qui se lancent toutes seules pendant que vous essayez de lire un
article de presse en ligne. Débarrassées, les images idiotes et
volumineuses qui mangent de la place sur votre écran et réduisent
votre débit internet.
Choisir
ses sites
Internet
ne sert à rien si c'est pour visionner le vingt heures de TF1, ou
même lire Le Monde et Libération. La quintessence d'internet, on la
trouve dans les blogs désintéressés des spécialistes anonymes,
dans les échanges houleux des forums de discussions, sur les pages
des sites communautaires comme Wikipédia. Gardez en mémoire dans
vos marque-pages les sites qui vous informent vraiment, et
retournez-y régulièrement. Partagez-les avec vos amis. La toile est
si vaste, des pépites méconnues traînent un peu partout et n'ont
pas le public qu'elles méritent.
Boycotter
les géants
Facebook,
Google, Apple, Microsoft n'ont rien de philanthropiques, s'ils vous
proposent des services gratuits, c'est que... C'est vous le
produit. Plus exactement vos
données personnelles qui sont utilisées pour vous profiler et qui
sont vendues à des sociétés
commerciales qui les exploitent. Il se dit que Google en sait
davantage sur les français que le gouvernement lui-même. La
firme est déjà capable de prédire et localiser, mieux que les
outils officiels, les épidémies de grippe, les tendances
politiques, demain peut-être elle en saura davantage sur vous que
votre propre conjoint(e). Pour mettre un frein à cette aspiration de
données personnelles par des organismes privés, l'association
d'éducation populaire Framasoft a mis en place l'année dernière un
portail de services intitulé « Dégooglisons
Internet » (3).
On y trouve des alternatives à Facebook, à Google Docs, des moteurs
de recherche et des outils en ligne garantis sans exploitation des
données personnelles et que l'on peut même installer sur ses
propres machines quand on s'y connaît un peu.
Produire
son propre contenu
L'important,
c'est de participer, dit-on. C'est encore plus vrai sur internet qui
donne enfin la parole au simple citoyen dont l'avis n'est pas plus
sot que celui des éditorialistes, et sans doute moins convenu.
N'importe qui peut ouvrir un blog et y poster ses réflexions
personnelles, tout le monde peut prendre part aux débats qui se
déroulent sur la toile. Chacun est libre d'alimenter, corriger,
surveiller les articles de Wikipédia. Ne laissons pas les puissants
édulcorer les notices encyclopédiques qui les concernent, ne nous
contentons pas de voir se reproduire la hiérarchie traditionnelle
des médias. Sur internet, ce que nous mettons en ligne et
potentiellement, directement et instantanément accessible par des
milliards d'internautes. À nous tous, nous représentons une
puissance médiatique sans commune mesure. Saurons-nous l'exploiter à
bon escient ?
Résister
aux lois liberticides
Toutes
les occasions sont bonnes pour museler internet, et il ne se passe
pas une semaine sans que l'on nous explique que le réseau mondial
est un terreau fertile pour le terrorisme, la pédophilie ou
l’extrémisme politique. Nous ne devons accepter sous aucun
prétexte qu'un site puisse être fermé sans l'avis d'un juge,
transmettant ainsi le pouvoir et la responsabilité de la censure à
des entités privées qui ne pourront le faire qu'en automatisant les
procédures, et selon leur bon vouloir, sans possibilité de recours.
C'est une atteinte grave à la liberté d'expression dont semblent se
moquer nos parlementaires, à moins qu'ils ne la souhaitent. Plus
probablement, ils n'y comprennent strictement rien.
Merome
(2)
Taper « Adblock Edge » dans un moteur de recherche