La place du pauvre (extrait)
rappeler
encore et toujours
qu’après
les somptueuses déceptions
on
viendra martialement claironner
que
c’est fort triste
on
viendra magnanimement seriner
une
petite larme faisant trembloter
la
voix de son maître
que
c’est plus que dommage
mais
que la nature humaine
est
ainsi faite
qu’elle
soit le fait
de
dieu du diable du singe
du
destin du hasard du karma
ou
d’un autre blabla
et
que de fait
c’est
un fait accompli
que
rien n’y fait
que
donc
il
n’y a rien à faire
sauf
laisser faire
ceux
qui savent y faire
si
fait si fait
le
veau sera bœuf car la nature bovine…
le
goret est un porc car la nature porcine…
la
grenouille fut têtard car la nature entêtée…
la
larve devient papillon car la nature papillonne…
mais
non mais non mais non
il
faut au contraire
rappeler
encore et toujours
que
l’homme devient homme parce que la nature humaine
n’est
point
parce
que l’homme pense
et
donc il est
à
chaque instant différent
dans
sa nature pensante
mouvante
comme
les sables du désert
le
désert de sable
pas
le désert mental
Paris,
mars-août 2014, in La place du pauvre