1er mai 1916 : contre la guerre à
Berlin
En pleine guerre, il y a cent ans, une manifestation ouvrière fut organisée à Berlin
pour dénoncer le massacre et affirmer l’idéal socialiste.
En effet, quand la guerre avait été
déclarée en août 1914, les dirigeants des deux grands partis ouvriers
socialistes allemand et français, s’étaient ralliés à l’union sacrée derrière
leurs gouvernements respectifs, livrant ainsi de fait, travailleurs et
militants à la pression de la vague chauvine… et aux appareils militaires les
envoyant s’entretuer sur les champs
de bataille.
En Allemagne, seul un petit nombre de
militants avait refusé cette capitulation, dont Rosa Luxembourg et Karl
Liebknecht, seul député en décembre 1914
à refuser de voter les crédits militaires (1). Mais les conséquences et la
réalité sordide de la guerre commencèrent à modifier l’opinion ouvrière et, dès
la fin de l’année 1915, des manifestations éclatèrent contre la cherté de la
vie, malgré la censure et la propagande. Et fin avril 1916, Liebknecht et ses
camarades diffusèrent des tracts appelant à manifester :
« Travailleurs, camarades, femmes du peuple,
ne laissez pas passer ce deuxième 1er mai de la guerre mondiale sans
en faire une manifestation du socialisme international, une protestation contre
le massacre impérialiste ».
Le 1er mai, sur la
Postdamer Platz à Berlin, remplie de policiers à cheval et à pied, des milliers
de jeunes et ouvriers se rassemblèrent autour de Karl Liebknecht. Il faut
immédiatement arrêté quand il proclama
« A bas
la guerre ! A bas le gouvernement ».
Toute la
soirée, les manifestations continuèrent au cri de « Vive Liebknecht ».
55 000 ouvriers des usines de
guerre berlinoises se mirent en grève quand il fut traduit en justice en juin.
Il fut condamné à 4 ans de forteresse mais sa popularité atteindra les
tranchées.
En novembre 1916, la révolution
allemande éclatera. A son procès, Liebknecht dénonça
« Je suis
ici pour accuser et non pour me défendre »
« Le 1er
mai et une manifestation pour la paix et contre la guerre !! »
Bernard
Marion
(1) En septembre
1915, un an après le début de la 1ère guerre mondiale, les militants
socialistes, restés fidèles à l’internationalisme, avaient tenu une première
conférence à Zimmerwald (Suisse) proclamant alors leur opposition à la
politique d’union sacrée avec les gouvernements impérialistes, menée par la 2ème
Internationale.