Le vent des tempêtes vient du Sud
Il souffle en
rafales tourbillonnantes, stupéfiant les amis de Ben Ali et autre Moubarak qui
crurent «chevaucher le tigre» en
proclamant que les peuples tunisien et égyptien étaient désormais mûrs pour la
démocratie occidentale. Puis ils firent grise mine lorsque les Frères musulmans
furent portés à la tête de ces pays. Ensuite, s’en accommodant, ils crurent que
ces néolibéraux d’un nouveau genre seraient aussi complaisants à leur égard que
leurs comparses du Qatar et d’Arabie Saoudite. Ils en profitèrent d’ailleurs
pour intervenir militairement en Libye, assurés qu’ainsi les affaires allaient
reprendre comme avant.
Aveuglés par leur
propre outrecuidance, ils ne pouvaient discerner que ce sirocco dévastateur
trouvait sa force dans les déchirures sociales qu’ils avaient eux-mêmes
suscitées : chômage, pauvreté et humiliations quotidiennes. La
désespérance sociale s’est muée en sursaut de dignité, en manifestations
d’indignation puis en révolte contre l’incurie des dirigeants islamistes.
Contre la barbarie du régime les Syriens sont devenus des insurgés. Toute cette
région est une zone de tempêtes que s’efforcent de contenir les castes
dominantes et leurs alliés occidentaux, russes et iraniens.
La tourmente, en
bourrasques successives, a ensuite franchi d’autant plus aisément la
Méditerranée que les adorateurs des liquidités pour les marchés croient
pouvoir, à coups de régressions sociales,
désendetter les Etats. A la faveur de la crise, ils «s’obstinent ces cannibales» à accélérer
leurs remèdes délétères : en Grèce d’abord puis dans tous les pays
européens. Craquements, fissures dans les appareils d’Etat, des banquiers
experts appelés à la rescousse, tels les Mario Draghi et Monti, les
socio-libéraux succèdent à la droite libérale et vice-versa. Rien n’y fait. Les
bourrasques s’insinuent dans les failles. En Grèce, le rejet des politiciens a
fait surgir Syriza et en contre-feu, les nazillons d’Aube dorée. En Espagne,
les fractures déglinguent le fédéralisme régional. Au Portugal 1,5 million de
manifestants évoquant la révolution des Œillets conspuent Merkel et la Troïka. L’Italie
ingouvernable l’est encore plus. Le Royaume Uni sous la férule de Cameron se
dégage de l’Europe vacillante. Merkel dominatrice reste inflexible. Hollande,
l’austère pépère, s’applique à garder une sérénité de façade.
Ce vent du Sud
provoque pour l’heure le chaos. «Le vieux
ne veut pas mourir et le neuf peine à naître». Des entrailles des peuples
n’émergent pas encore des politiques de transformation sociale radicale. Face
aux vents contraires provoquant en Syrie une tourmente dantesque, ou ailleurs
un zéphyr plus ou moins apaisant afin que les classes populaires se résignent,
les querelles byzantines sont contre productives, l’heure est à la solidarité
active.
Le 11 mars
2013 Gérard Deneux pour l’édito du n°
242 d’ACC
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