Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mardi 9 juillet 2013

Egypte, le 5 juillet 2013 par Yannis

La colère de beaucoup d’Egyptiens contre l’incapacité de Morsi à répondre aux problèmes de l’Egypte est légitime, en revanche un coup d’Etat d’une armée criminelle contre un président élu est inacceptable. La seule voie légitime et démocratique pour virer le gouvernement de Morsi aurait été de voter pour un autre parti à la fin du mandat présidentiel, si la majorité du peuple le souhaite.

L’armée a déjà réinstauré les méthodes du régime de Moubarak. Sous le gouvernement des Frères Musulmans, la majorité des médias était plutôt hostile à Morsi et jouissait d’une liberté de critique assez élevée. Aujourd’hui l’armée a fermé l’ensemble des chaînes de télévision susceptibles de soutenir les Frères Musulmans (en plus d’avoir interdit toute diffusion de manifestations pro Morsi sur la chaine nationale) et cela, avec le soutien des leaders de l’opposition. Aujourd’hui encore 10 manifestants pro Morsi ont été tués par la police égyptienne. Tous ceux qui contestent le coup d’Etat et dénoncent la spoliation des urnes sont encerclés par des chars, 300 responsables des Frères Musulmans ont été arrêtés (dont le guide de la confrérie) de manière arbitraire, en dehors de toute légalité et certains arrivent à justifier cela au nom de la démocratie (le ridicule ne tue pas).

A ceux, en France, qui lisent les évènements avec une grille de lecture laïcarde, sachez que Baradei (leader de l’opposition) a même fait alliance avec les salafistes de Hizb Nour pour contrer les Frères Musulmans, et ce parti a signé la feuille de route de l’armée. ça ne m’étonne pas que le premier pays à avoir salué ce coup d’Etat ne soit autre que l’Arabie Saoudite. Baradei qui est prédit comme le futur premier ministre avait fait un score minable aux élections, sa seule chance d’obtenir le pouvoir était un coup de force, de plus sa proximité avec l’administration américaine est connue. Dans un article du New York Times du 31 janvier 2011, il est clairement établi que ce dernier est un outil de la stratégie américaine en Egypte. L’ancien conseiller au département d’Etat américain Philip D. Zelikow, affirmait que la stratégie américaine était de ne pas montrer qu’ils soutiennent Baradei pour que celui-ci puisse faire avancer les intérêts des USA en Egypte, en restant crédibles dans l’opinion publique égyptienne « nous ne devons rien faire pour donner l’impression que nous l’aimons ».

Les électeurs de Morsi dépossédés de leur victoire ne resteront pas les bras croisés, le risque de guerre civile est donc bien présent, de plus, l’armée a déjà réprimé dans le sang par le passé, elle peut tout à fait recommencer. Les Egyptiens victimes des difficultés économiques se rendront compte très rapidement que le départ de Morsi ne va rien changer à l’effondrement de l’économie égyptienne, bien au contraire, la division et les tensions qui sont à leur apogée aujourd’hui vont favoriser le blocage économique.


Enfin, si un nouveau gouvernement d’un autre parti est élu, il est très probable que ceux qui seront alors l’opposition agissent de la même manière que les opposants actuels et mobilisent les foules à chaque mécontentement en exigeant eux aussi la destitution du président. Ainsi l’instabilité et le blocage politique deviendront une tradition égyptienne et un cercle vicieux sans fin.