Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


samedi 18 janvier 2014

Ci-dessous l'édito du n° 250 d'ACC, à paraître fin janvier,
abonnez-vous :
A contre courant - service abonnements
BP 12123 68060 Mulhouse cedex 2 
(10€ pour 10 numéros par an)


Le turbo dans le pédalo

Suite aux vœux présidentiels, les médias de gloser sur le prétendu changement de cap opéré par Hollande et de saluer son orientation sociale-libérale, feignant d’ignorer à peu de frais ses vrais engagements. Le «capitaine de pédalo» avait pourtant pris la peine de consigner son «Rêve français» en 2011. Dans ce livre, il promettait de naviguer en père peinard vers la réduction de la dette publique, de développer la productivité des travailleurs et de réduire les dépenses sociales. Certes, c’était avant l’émission des promesses électorales. Mais depuis, il y a eu, en 2013, le cadeau de 20 milliards de crédits d’impôts aux entreprises compensés par l’augmentation de la TVA, l’ANI cassant le Code du travail, facilitant les licenciements et les baisses de salaires pour sauver quelques emplois. «Pépère» a tenu le cap. Le 15 septembre, il s’est même proclamé «Président des entreprises» et voilà qu’on le presse d’accélérer la cadence. Mais le «dialogue social», la procédure parlementaire, ça fait naviguer à la godille d’autant qu’il y a toujours des godillots qui grognent, tempêtent et provoquent remous et couacs. Quand, entouré des patrons, il se fait le VRP des entreprises, y compris en débarquant en Arabie Saoudite, quand, chef de guerre, il prend le chemin de la brousse africaine pour conserver le pré-carré de la Françafrique au pas cadencé, ça a de l’allure ! Alors, sur les flots sociaux de l’hexagone, il met le turbo dans le pédalo ! Par ordonnances il légifèrera. «Je veux» a-t-il dit car «tout signe de défaillance serait sanctionné par les marchés»… et me mettrait la pâtée.

Finies les calembredaines sociales, foin du social libéral honteux ! Le Medef demande 100 milliards, Hollande promet 50 sur 2,5 ans, la chasse aux abus et excès à la Sécu, des ministères et des collectivités locales à la diète. Quant aux allocations familiales et de logement (y compris pour les étudiants), aux indemnités chômage, au RSA, tout cela sera revu à la baisse. Changer de cap ? Et le décret de fin d’année rayant de la liste noire des paradis fiscaux les Bermudes et Jersey ? Il a suffi que les banquiers, assureurs et autres filiales d’entreprises, douillettement installés dans ces confettis, avertissent le Président qu’ils allaient payer en mai un prélèvement à la source de 75% sur leurs produits de placement pour, qu’aussitôt, décision soit prise de les délivrer de cette angoisse !

Certes, une telle fougue provoque quelques clapotis : Yan Galut, rapporteur PS du projet de lois sur la fraude fiscale, s’est étonné de ce retrait «quand même rapide», «surprenant» ! Quant au «pacte de responsabilité» et de «confiance» au patronat, «le bénéfice économique est incertain et le bénéfice politique improbable» (Laurent Baumel), et pour JJ Urvoas «les ordonnances, c’est comme un couteau… c’est blessant». «On n’est pas obligé de suivre Barroso et Merkel, comme des ânes» (Marie Noëlle Lienemann). Bref ! Pas de quoi provoquer du gite au pédalo, d’autant que Gattaz jubile «Je suis satisfait», l’UMP est sans voix, c’est son programme qu’on lui pique. Et les syndicats, divisés ? Esseulée, la CGT maintient sa journée d’action pour… février.

Ainsi, Hollande, à moins de rencontrer les vagues tumultueuses d’une jacquerie sociale inattendue, compte lancer son frêle esquif sur la mer transatlantique et libérale. La rencontre papale du 24 janvier prochain serait susceptible de l’exaucer et de l’absoudre de ses escapades terrestres en mobylette pour conter fleurette...     


Gérard Deneux