Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


samedi 18 janvier 2014




 A trop avoir la tête près du bonnet, on peut se boucher les yeux !

Certes, il n’est pas simple de comprendre, dans l’immédiat, ce qui se passe dans un mouvement de rébellion sociale qui s’impose sur la scène qu’elle soit nationale ou internationale. Traumatisés que nous sommes par le syndrome du manipulé, le premier réflexe n’est pas l’enthousiasme du «révolutionnaire» mais le doute : qui est derrière ça ?

Suite aux révélations de manipulations, tels le faux charnier de Timisoara, les nouveaux nés sortis de leurs couveuses Koweït city, ou encore les armes de destruction massive en Irak, notre prudence de chat échaudé, soit nous tétanise «attendons pour voir», soit nous fait prendre parti sans discernement : «c’est le complot impérialiste états-unien qui est à l’œuvre» ou inversement «c’est l’islamisation du monde qui est en marche». C’est ce doute qui s’est insinué lors des révoltes dans les quartiers populaires en 2005, ou lorsque les peuples tunisien et égyptien ont «dégagé» leurs dictateurs ou encore lorsque les rebelles syriens se sont dressés contre le tyran Assad et, plus récemment, quand Hollande  se précipite au  Mali et en Centrafrique pour «terrasser le terrorisme». C’est le même scepticisme qui peut  nous rendre frileux quand il est question de soutenir un mouvement social.

Faut-il ou non prendre parti pour les Bretons en colère contre la politique productiviste et la concurrence effrénée, poursuivies par le Président normal à la suite de ses prédécesseurs, bonnet blanc et blanc bonnet, non ? Aussitôt le doute est là : qu’est-ce qui se cache sous le bonnet ? Sont-ce de vrais révolutionnaires ? Au fait, ça se reconnaît comment un «vrai» ? A son bonnet ou à ce qu’il exprime ? Certes, il est souvent bien plus confortable de se positionner dans un camp : «mon parti a dit» ou «ma centrale syndicale affirme» que de se donner les moyens pour comprendre ce qui se passe. Ce qui est incontestable, c’est la colère et le ras-le-bol de ceux qui manifestent. Les bonnets ne sont pas phrygiens, certes, mais ne défendent-ils pas de justes causes démocratiques ou anti-productivistes…? Quand des dizaines de milliers de personnes sont dans la rue il ne peut être question de les ranger, tous, dans le camp des réactionnaires, des manipulés par les patrons, voire par l’extrême droite. Agiter les chiffons, les bonnets ou les foulards sans se donner la peine de lire, d’écouter, de comprendre ce qui se passe, c’est se boucher les yeux sur les processus en cours.

Odile Mangeot