Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mardi 27 janvier 2015

Après le choc Charlie… le Syriza choc ?

C'est l'éditorial du n° 10 de Pour l'Emancipation Sociale
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L’unanimisme, né de l’effroi et de la compassion suite au choc des attentats terroristes, est-il déjà en train de s’effriter ? La concorde nationale orchestrée par Hollande trouvait pourtant sa source dans la condamnation muette de plus de 3 millions de personnes. Cette réprobation, Hollande voulut la transformer en approbation de sa politique sécuritaire-austéritaire. Il se voyait déjà en homme-orchestre d’une Sainte Alliance interventionniste contre le « djihadisme ». La feuille de route prescrite : une loi sur les suspects, les contre-réformes poursuivies. Toutefois, Valls s’angoissait des dégâts que lui-même et ses prédécesseurs avaient provoqués dans les couches populaires déshéritées et stigmatisées. Comment résorber cet « apartheid » social ? Malek Bouti surenchérissait en prônant l’état d’exception militaire dans les « zones » incontrôlables. A peine disparue sous le voile de la « communauté nationale », la réalité sociale fracturée réapparaissait. La cécité organisée n’était plus de mise, d’autant que les routiers dont les salaires de début de carrière stagnent sous le SMIC, bloquaient ici et là la prétendue douce « France réconciliée » dont rêvaient les nostalgiques d’un temps mythique.

Et ce fut le choc Syriza. Aux cortèges muets ici, répondait là-bas la libération de la parole. Ce contre-choc est surtout source d’angoisse pour les oligarchies financières et les castes qui les défendent mordicus. La victoire électorale de cette gauche de gauche, est celle du rejet des politiques d’austérité, prétendant mettre à genoux les peuples face aux banquiers assistés et ce, à coups de baisse des salaires, de paupérisation, de suppression des droits et prestations sociales, de privatisation et de bradage de la chose publique. La purge administrée par la Troïka sous la houlette de Merkel, si elle a conduit à l’effondrement de la richesse produite (- 20%), à l’augmentation de la dette publique ( !), a suscité à travers les tourments subis, l’éveil du peuple grec. Le PASOK effondré, la droite rejetée, c’est donc la possibilité d’une brèche qui s’ouvre, un nouveau chemin à explorer… semé d’embuches. Les pressions de la Commission Européenne et de la BCE, pour faire rentrer Syriza dans le rang, vont être à la mesure de la rapacité des banquiers. Mais, il y a le possible effet domino qui, d’Espagne au Portugal et ailleurs,  doit aider le peuple grec à déjouer tous les chantages. Syriza est au défi : osera-t-il abolir la dette grecque, mettre en cause les traités européens, et pour financer les mesures de reconquête sociale qu’il promet, nationaliser les banques, socialiser les secteurs stratégiques de l’économie, soumettre à l’impôt les propriétés foncières de l’Eglise orthodoxe, exproprier les armateurs avant qu’ils ne voguent sous d’autres pavillons ?


Etre, en France, solidaire du peuple grec, c’est mettre en cause, ici, le gouvernement, faire craquer cet unanimisme de façade qui voudrait, tout en faisant trébucher Syriza, en récolter quelques lauriers afin de ne pas disparaître comme son compère le PASOK. Déjà, les rapaces sont à l’œuvre. Le FN surfe sur le chaos pour s’approprier ce rejet de l’Europe du capitalisme financiarisé. L’épouvantail d’un autre traumatisme va être agité. Seul l’esprit critique, la lucidité retrouvée, l’auto-organisation dans une gauche de transformation sociale peuvent faire reculer les tentatives d’étouffer ce qui vient de naître. (le 26.01.2015)