PES n° 13 est paru
Au sommaire :
1953 :
la dette allemande est restructurée et divisée par deux
Canal
contre volcans au Nicaragua
Dormez
tranquille, citoyens… Valls veille sur vous (la loi sur le renseignement)
La
grève la plus longue à Radio France
Capital
fictif, évasion fiscale et spéculation
Massacres
du 8 mai 1945 en Algérie
Nous
avons lu
Et
un poème d’Hassen
Ci-dessous :
l’éditorial
pour
t’abonner, voir plus bas dans les infos
La déliquescence du consensus républicaniste
Il avait déclaré « la finance, c’est mon ennemi »,
tout en affirmant qu’il n’en connaissait pas les visages. Il avait assuré, avec
la même outrecuidance, qu’il ferait tout pour la jeunesse même s’il était bien éloigné
de ses préoccupations. Puis, à peine élu, il s’agenouilla devant l’austère
Merkel et pria pour que la courbe du chômage s’inverse, à coups de milliards
dispensés aux banquiers et aux patrons. Ce n’était pas suffisant pour plaire à
Bruxelles, dès lors, il fit appel au menton autoritaire de Valls et à
l’austéritaire Macron, l’ex-banquier de Rothschild, afin que la purge
administrée soit plus vigoureuse. Las ! Très vite, la popularité de ces
beaux messieurs s’affaissa. Et puis il y eut ce « miracle » meurtrier,
celui des attentats contre Charlie Hebdo
et l’épicerie casher. Hollande se pavana en tête du cortège en compagnie de
quelques dictateurs et derrière ceux qui, dans cette manif imposante,
souhaitaient être rassurés face aux djihadistes écervelés et manipulés. Les
gouvernants se requinquèrent cyniquement, l’esprit du 11 janvier changea la
donne. Ils croyaient pouvoir plastronner. Las ! Si les frondeurs, l’on
pouvait s’en arranger à coup de 49-3, il n’en était pas de même pour la
désaffection populaire. Les départementales sonnèrent le glas de leurs
poussives espérances. Accusateurs, ils invoquèrent la crise de civisme, la
carence de la transmission des valeurs de la République… « d’apartheid ».
Les enquêtes postélectorales étaient alarmistes : 73% des 18-24 ans, 59%
des 25-34, 58% des employés, 53% des ouvriers s’étaient abstenus et ce, sans
compter la poussée du Front Nationaliste et raciste. Bref, implorer
l’universalité de la civilisation française avait fait chou blanc. La réalité
matérielle ne pouvait être gommée : leur République était inégalitaire, la
liberté réservée aux riches, la fraternité succombait face à l’injustice
sociale : 50% des moins de 30 ans sont pauvres, 1/3 des 15-29 ans occupent
des emplois précaires, 23.7% des moins de 24 ans sont au chômage !
D’urgence fut convoquée, le 6 mars,
une réunion interministérielle où l’on constata une « crise de confiance dans les institutions » : à découverte
surprenante, solution dérisoire. Pour produire de l’adhésion au système, les
enseignants transformés en vigiles républicanistes devaient diffuser la morale
civique de la primaire à la terminale. Bavasser sur une telle reprise en main
de la jeunesse ne pouvait suffire. Leur faire miroiter, comme Macron, que « s’ils en avaient envie », tous pouvaient
devenir millionnaires, en fit ricaner plus d’un. Habituer les Français au
quadrillage policier et militaire des rues n’était guère rassurant au vu des
piètres résultats pour découvrir les terroristes. Dès lors, s’imposait le recours
à Big-Brother, tous surveillés par les services de renseignement, cette loi
liberticide serait plus efficace que les sondages répétés, destinés à connaître
les réactions des Français et à étouffer tout mouvement de contestation. Le
grand manitou de la sécurité espérait ainsi, par frilosité engendrée par la
diffusion de la peur, le ralliement de la grande majorité sous les ailes
protectrices des institutions.
Derrière le paravent de ces
rodomontades, une réalité plus prosaïque s’impose : les postures des
imposteurs ne peuvent résoudre la crise de de légitimité des classes dominantes,
leur légitimité culturelle s’effrite, l’inculcation d’un nouveau consensus
bricolé sombre avant toute mise en œuvre. Ne restent que les peurs des
lendemains qui déchantent en pessimisme, comportements nihilistes, sourde colère….
Dans l’attente d’un hypothétique retour promis de la croissance… l’inertie
individualiste semble encore l’emporter… jusqu’à quand ?