Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


vendredi 1 avril 2016


PES n° 22

l'édito

Ébranler le pouvoir fragilisé 

de 

Valls/Hollande, c’est possible

Ils ont osé présenter une loi rétrograde dite « en faveur de l’emploi » avec comme recettes : le recours à des journées de travail portant la semaine à 46H voire 60H par accord d’entreprise, la possibilité de réduire à 10% la rémunération majorée des heures supplémentaires, la mise hors-jeu des syndicats majoritaires en utilisant les minoritaires collabos pour imposer des accords régressifs, accroître l’exploitation des apprentis de moins de 18 ans jusqu’à 10H par jour et 40H par semaine, retirer aux juges prud’homaux le pouvoir d’appréciation des préjudices subis lors de licenciements abusifs…
Valls/Hollande, pressés par la Commission européenne, en bons élèves des politiques austéritaires et de casse des droits des salariés, voulaient passer en force en brandissant l’arme du 49.3. Mal leur en prit : une pétition de plus d’un million de signatures, la bronca au parti socialiste, las d’être traité comme un vulgaire godillot, la jeunesse étudiante et lycéenne mobilisée, les travailleurs avec eux dans la rue.
Et ce furent, dès lors, de piètres reculades en s’appuyant sur les syndicats d’accompagnement, afin de diviser le mouvement social et de sauver le PS en déliquescence.
Reste la question essentielle : le mouvement social peut-il obtenir le retrait de la loi El Khomri, ébranler ce pouvoir affaibli ? Ce qui est sûr, c’est qu’il en est profondément bousculé, à preuve les crispations régressives contre les lycéens, la peur de voir l’UNEF débordée, la crainte de voir à Nantes s’opérer la jonction entre les étudiants et les zadistes, la surveillance renforcée dans les universités de Montpellier, Rennes, Caen… Et puis, il y a tout ce qui hérisse : les lois répressives de l’État d’urgence, la déchéance de nationalité, le traitement indigne des exilés, migrants et sans papiers, l’ignoble marchandage d’êtres humains avec la Turquie pour les renvoyer en masse dans des camps de tri…
C’est là un cocktail révulsif prompt à affecter les plus timorés des indignés. N’en demeurent pas moins des contre-feux démobilisateurs : le télescopage avec les attentats terroristes, la novlangue des forces dominantes assurant qu’il n’y a pas d’alternative, le racisme et la xénophobie… et surtout, les institutions de la 5ème République qui cadenassent l’ordre existant, encore accentuées par le pouvoir jospinien en 2001 en inversant le calendrier électoral et réduisant le mandat élyséen afin de renforcer, encore, le pouvoir exécutif…
Certes, faire véritablement reculer le pouvoir, obtenir le retrait de la loi El Khomri, voire, précipiter la chute de Valls sont de l’ordre du possible. Encore faut-il que le mouvement social dure, s’amplifie, se consolide pour faire mûrir la perspective de transformation sociale radicale. Il risque de rencontrer non seulement les forces répressives mais, en son sein, la peur de l’inconnu, celui de l’avenir qu’il dessine. En tout état de cause, ce régime, ces institutions à bout de souffle, ces partis dominants rejetés, devraient inciter à l’optimisme, d’autant qu’il semble que la loi El Khomri soit encore loin d’être votée.

Le 29.03.2016