l'édito du PES n° 25
Au-delà des péripéties tragiques,
s’organiser collectivement
Durant ce mois de juillet, nombre
d’évènements devraient pouvoir faire l’objet de commentaires tant ils sont
susceptibles de répercussions, à terme, sur l’existence du plus grand
nombre : le Brexit et la
défaisance de cette Europe, la montée du nationalisme et du crypto-fascisme, le
coup d’Etat avorté en Turquie, l’étranglement d’Alep, les reculs de l’OEI en
Syrie et le nombre d’exilés de la guerre et de la misère qui ne fait que
croître… Les jeux de l’Eurofoot et des JO ont médiatiquement occulté ces
réalités. Quoique ! Les attentats et la prégnance des régressions sociales
ont laissé percevoir, au-delà des courses virtuelles au pokemon, que « ça (n’)allait (pas très) bien » !
Les bellâtres éditocrates ont certes
lancé leurs lamentos compassionnels pour « honorer » les victimes ;
ils n’ont pu réfréner les discours racistes, identitaires qui ne sont que
l’œuvre de la haine meurtrière animant les terroristes.
Mais, plus fondamentalement, c’est
pire, et ceux qui nous gouvernent le savent : Branko Milanovic, économiste
de la Banque Mondiale de 1991 à 2013, l’avoue : « Le degré d’inégalités que nous avons atteint
débouche sur le risque de conflits de guerre civile ». Ils savent que,
malgré la crise de 2007-2008, les 1% les plus riches ont accru leurs revenus de
70 à 80%, que « 85 personnes possèdent autant que 3.5 milliards d’autres ».
Ils se savent au service d’une ploutocratie toujours plus rapace, prête à
s’entredéchirer pour un nouveau partage du monde dont nous ferions les frais.
Et c’est déjà le cas !
L’essor du capitalisme financiarisé,
favorisé par les nouvelles technologies a, en effet, encouragé les
délocalisations. Dans les pays à bas salaires, ce sont 2 milliards d’êtres
humains qui ont été prolétarisés, et dans les pays dits industrialisés, on
assiste à la baisse des salaires et des droits réels et surtout, au laminage
des classes dites moyennes et à la montée du précariat. C’est la structure
mondiale de classes qui en sort profondément modifiée. Il y a désormais des
communautés ouvrières disloquées, paupérisées, dans les régions industrielles
sinistrées qui prêtent l’oreille aux sirènes nauséabondes de l’extrême droite,
des migrants et des minorités stigmatisées, comme impuissantes, des jeunes
éduqués, indignés ; et tous courent après des petits boulots, des jobs
pseudo-indépendants (Uber, etc.) ou des contrats zéro heure, quand ils ne sont
pas réduits à être des quémandeurs d’allocations de survie. Et puis, il y a
tous ceux qui s’en sortent encore, désabusés, angoissés, qui s’isolent jusque
et y compris dans les espaces virtuels du consumérisme technologisé. Ils
peuvent également mettre leur bonne volonté individuelle au service du consommer mieux, voire produire autrement, pour donner sens à
leur existence qui en manque. Toutefois, ces énergies ne suffiront pas à
abattre ce capitalisme prédateur, bénéficiant de l’évasion fiscale, de la
spéculation effrénées, qui s’acharne à épuiser les sols, réduire les forêts,
polluer l’air et l’eau, empiler les déchets et produire de nouveaux esclaves
salariés, tout particulièrement dans les pays du Sud et faire éclore des
guerres d’identité mortifères. Ici même, le dégoût vis-à-vis de la caste
politicienne peut très bien produire une abstention électorale massive. Cela ne
suffira pas à casser sa reproduction qui utilise la démagogie la plus outrancière
pour manipuler et jeter les populations les unes contre les autres.
Reste, pour nous, l’esprit de Nuit debout, pour, à l’exemple des
syndicalistes révolutionnaires du 19ème siècle, nous organiser
collectivement et tenter d’éclairer l’horizon.
le 18 août 2016