Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mardi 30 août 2016

l'édito du PES n° 25 

Au-delà des péripéties tragiques,
s’organiser collectivement

Durant ce mois de juillet, nombre d’évènements devraient pouvoir faire l’objet de commentaires tant ils sont susceptibles de répercussions, à terme, sur l’existence du plus grand nombre : le Brexit et la défaisance de cette Europe, la montée du nationalisme et du crypto-fascisme, le coup d’Etat avorté en Turquie, l’étranglement d’Alep, les reculs de l’OEI en Syrie et le nombre d’exilés de la guerre et de la misère qui ne fait que croître… Les jeux de l’Eurofoot et des JO ont médiatiquement occulté ces réalités. Quoique ! Les attentats et la prégnance des régressions sociales ont laissé percevoir, au-delà des courses virtuelles au pokemon, que « ça (n’)allait (pas très) bien » !
Les bellâtres éditocrates ont certes lancé leurs lamentos compassionnels pour « honorer » les victimes ; ils n’ont pu réfréner les discours racistes, identitaires qui ne sont que l’œuvre de la haine meurtrière animant les terroristes.
Mais, plus fondamentalement, c’est pire, et ceux qui nous gouvernent le savent : Branko Milanovic, économiste de la Banque Mondiale de 1991 à 2013, l’avoue : « Le degré d’inégalités que nous avons atteint débouche sur le risque de conflits de guerre civile ». Ils savent que, malgré la crise de 2007-2008, les 1% les plus riches ont accru leurs revenus de 70 à 80%, que « 85 personnes possèdent autant que 3.5 milliards d’autres ». Ils se savent au service d’une ploutocratie toujours plus rapace, prête à s’entredéchirer pour un nouveau partage du monde dont nous ferions les frais. Et c’est déjà le cas ! 
L’essor du capitalisme financiarisé, favorisé par les nouvelles technologies a, en effet, encouragé les délocalisations. Dans les pays à bas salaires, ce sont 2 milliards d’êtres humains qui ont été prolétarisés, et dans les pays dits industrialisés, on assiste à la baisse des salaires et des droits réels et surtout, au laminage des classes dites moyennes et à la montée du précariat. C’est la structure mondiale de classes qui en sort profondément modifiée. Il y a désormais des communautés ouvrières disloquées, paupérisées, dans les régions industrielles sinistrées qui prêtent l’oreille aux sirènes nauséabondes de l’extrême droite, des migrants et des minorités stigmatisées, comme impuissantes, des jeunes éduqués, indignés ; et tous courent après des petits boulots, des jobs pseudo-indépendants (Uber, etc.) ou des contrats zéro heure, quand ils ne sont pas réduits à être des quémandeurs d’allocations de survie. Et puis, il y a tous ceux qui s’en sortent encore, désabusés, angoissés, qui s’isolent jusque et y compris dans les espaces virtuels du consumérisme technologisé. Ils peuvent également mettre leur bonne volonté individuelle au service du consommer mieux, voire produire autrement, pour donner sens à leur existence qui en manque. Toutefois, ces énergies ne suffiront pas à abattre ce capitalisme prédateur, bénéficiant de l’évasion fiscale, de la spéculation effrénées, qui s’acharne à épuiser les sols, réduire les forêts, polluer l’air et l’eau, empiler les déchets et produire de nouveaux esclaves salariés, tout particulièrement dans les pays du Sud et faire éclore des guerres d’identité mortifères. Ici même, le dégoût vis-à-vis de la caste politicienne peut très bien produire une abstention électorale massive. Cela ne suffira pas à casser sa reproduction qui utilise la démagogie la plus outrancière pour manipuler et jeter les populations les unes contre les autres.
Reste, pour nous, l’esprit de Nuit debout, pour, à l’exemple des syndicalistes révolutionnaires du 19ème siècle, nous organiser collectivement et tenter d’éclairer l’horizon.

le 18 août 2016