Les véritables sources du terrorisme
L’attentat meurtrier sur la promenade
des Anglais, le 14 juillet à Nice, tout comme l’assassinat d’un prêtre
catholique en son église, ont relancé la machine médiatique à produire des
explications simplistes ou, pour le moins, des analyses partiales. Elles
occultent la matérialité des faits à rapporter dans le cadre de l’affrontement
avec l’Organisation de l’Etat Islamique
(OEI). Au-delà de la compassion pour les victimes, elles produisent trois
sortes de réactions dans la société française. D’une part, la montée du racisme
et de l’islamophobie. Ainsi à Nice, les Maghrébins d’origine, les mamans
voilées n’osent plus guère se promener en centre-ville ou aux abords de la
plage, tant les quolibets et les regards noirs leur sont hostiles. D’autre
part, les initiatives prises par les religieux d’accueillir dans les édifices
catholiques ceux de confession musulmane, veulent faire prévaloir un œcuménisme
de conciliation réprouvant le terrorisme. Enfin, les politiciens, comme pour
justifier leur impuissance et les lois répressives de masse qu’ils s’acharnent
à empiler, prônent le retour à l’identité française et à la guerre qu’ils
entendent mener ici, comme ailleurs, sur les terres de l’OEI : ici par les
surveillances indiscriminées et massives, là-bas par des bombardements réduits
médiatiquement à des « frappes ». Et par des manipulations en tous
genres avec des alliances ambigües qui occultent les intérêts des marchands
d’armes et les visées néocoloniales pour un nouveau partage de cette région du
monde qu’est le Moyen-Orient. Reste, si l’on en croit un récent sondage émanant
de l’IFOP, que l’instrumentalisation des attentats, outre les effets de
réprobation, de sidération et de peur, ont de profondes répercussions sur la
population. Si 67% des français déclarent « qu’il ne faut pas faire d’amalgame » et mettre tous les
musulmans dans le même sac, 28% pensent, au contraire, que leur religion
représente « une menace », et 10% approuveraient des actions de
représailles racistes de l’extrême droite à leur encontre. Ce dernier chiffre
est alarmant, il signifierait que 4.5 millions de personnes seraient prêtes à
acclamer des actes racistes perçus pour leur qualité présumée de
« contre-terrorisme ». Sans pour autant verser dans le prophétisme
inquiétant du directeur de la DGSI, insinuant que l’extrême droite milicienne
dispose d’une base sociale pour commettre ce type d’attentats, tous ceux qui
sont attachés à faire prévaloir l’émancipation sociale se doivent de prendre la
mesure de la situation présente et récuser les analyses simplistes et
intéressées afin de montrer ce qui produit des « monstres ».
Récuser les analyses psychologisantes
Les qualificatifs ont fleuri, les
terroristes ce sont des « fous », des « déséquilibrés à la
cervelle trouée », des « asociaux radicaux caractériels, mal dans
leur peau », des « individualités bancales victimes de fractures
intimes », des « adolescents qui jouent à la guerre pour se purifier
de leurs propres fautes »… L’asile psychiatrique ou la camisole chimique
seraient donc la solution ! Certes, ce Bouhlel, de Nice, lui, dépeint
comme drogué, alcoolique qui battait sa femme, frustré du sexe, avait
certainement nombre de péchés à se faire pardonner et la charité islamique, il
ne la pratiquait point. Certes, il semblerait que les 2/3 des
« radicalisés » emprisonnés, qui ont entre 15 et 25 ans, seraient des
ados suicidaires. Il paraît vraisemblable également que ces « apaches » soient « pétris de culpabilité » de
n’avoir point réussi dans cette société stigmatisante. Mais ces constats
partiels ne nous disent rien sur ce désir de mort et de vengeance qui les
anime, ni sur leur quête d’idéal mortifère et de rédemption immédiate. Ce qui
est sûr, c’est qu’ils n’étaient guère disposés à se rendre à la mosquée, à s’astreindre
à la prière intensive. Quant à l’animalité du « loup solitaire » dont on les a affublé, ce stéréotype
journalistique a vite volé en éclats devant la « découverte »
( !) des réseaux de sociabilité qui animaient cette mouvance inquiétante,
qu’ils soient familiaux ou nés d’expériences partagées de chômage et de
délinquance.
Pour eux, le clavier de la conversion
a remplacé la mosquée, l’oumma imaginaire diffusée par le cyber-califat s’est
substituée à la communauté musulmane, et ses figures emblématiques, plutôt que
l’ascète en prière, sont celles des super-héros des vidéos de surproduction
hollywoodienne qu’imite à dessein l’OEI. Alors, faut-il, comme d’autres
éditocrates et laïcards, incriminer la résurgence supposée du phénomène
religieux et tout particulièrement tous ceux révérant Allah et son
prophète ! Les Eglises, unies par la circonstance, s’emploient à agir
ensemble pour faire contre-feux à cette explication. Toutefois, cette
compassion œcuménique occulte deux phénomènes contradictoires : le poids
limité et paradoxal de la religiosité musulmane et la sécularisation de la
société.
Quiétisme et modernisme d’adaptation
Il faudrait pouvoir rendre compte des
pratiques, du degré de croyance, des réactions face au terrorisme, de la grande
majorité des populations de confession musulmane. Il semble qu’elles adoptent
une attitude distanciée avec les rites les plus rétrogrades de l’islamisme,
tout en condamnant les actes « insensés » des « fous »
d’Allah. Cette analyse devrait nécessairement différencier les populations
françaises d’origine maghrébine depuis deux, trois générations, de celles plus
récentes où le poids des traditions est plus prégnant.
Toutefois, la visibilité de deux
phénomènes distincts retient l’attention, produit des fantasmes d’invasion de
l’espace public, bien qu’ils ne constituent pas, en soi, le terreau de
recrutement de l’OEI.
Incontestablement, le puritanisme
salafiste s’est incrusté dans les marges sociales d’origine maghrébine et sub-saharienne
de la société en France. Les pesanteurs de l’histoire coloniale, conjuguées à
des phénomènes de relégation et de stigmatisation raciales sont certes à
prendre en compte. Il n’empêche, le recours à la lecture littérale du Coran
apparaît comme un moyen de prévenir et de circonscrire des désirs vécus comme
honteux vis-à-vis de la libéralisation des mœurs qui domine. Les prescriptions
rigides d’interdits visent à maintenir des cohésions qui s’effritent :
structures familiales paternalistes et machistes, domination sexuelle…
Toutefois, au-delà de cette « secte » qui peut entretenir une
certaine porosité avec les djihadistes-assassins, un phénomène plus large
renvoie à une modernité d’adaptation.
Les jeunes femmes qui se sont mises à
porter le voile, dont la plupart ont entre 18 et 35 ans, hormis les converties,
sont d’origine maghrébine. Elles tiennent un discours « moderne » sur
la liberté de croire ou non. Très peu politisées, elles éprouvent l’envie de
s’afficher, voire de se distinguer individuellement. Ce changement existentiel
qui peut s’accompagner d’études de l’arabe classique se conjugue avec la mode,
celle de l’élégance, de marques luxueuses : foulards chatoyants,
discipline vestimentaire et comportementale font le succès des boutiques rue
Timbaud à Paris, de magazines pour elles, comme Immane ou des sites de vêtements. Elles se veulent modernes mais
pudiques. Pour les hommes, c’est plutôt le mélange des genres qui prévaut, la
barbe et le kami tout en étant chaussés de Nike flashy, téléphone portable à la
main. Ces cyber-musulmans affirment la visibilité promotionnelle de leurs
croyances. Comme les bouddhistes occidentalisés, ces jeunes bobos islamisés
offrent aux yeux de tous, leur distinction : celle d’une forme
d’intégration à rebours qui a peu à voir avec le djihadisme suicidaire. Elle est
le symptôme inversé de la baisse de la pratique religieuse dans la société et
la victoire réelle de la libre conscience individualisée. Elle s’opère en effet
dans une société largement sécularisée, comme son envers iconoclaste et la
preuve que, décidément, les croyants sont « bizarres ». Ils portent,
sur eux, leur statut d’exception. Statut d’exception qu’ils voudraient qu’on
leur reconnaisse : comme si la religion qui, naguère (et toujours dans de
nombreux pays), imposait sa loi à tous, devait désormais bénéficier de lois
pour les seuls croyants ; Ils revendiquent, par exemple, au nom de leur
liberté, d’être dispensés de financer la contraception.
Encore que… dans cette évolution qui a vu admettre le mariage
homosexuel, la procréation assistée, la gestation pour autrui, il n’y a plus
guère de place pour celles et ceux qui désirent ne pas s’encombrer de trop
nombreux enfants et où la famille nucléaire entre en contradiction, non
seulement avec les valeurs religieuses mais aussi avec la volonté de se
construire individuellement et professionnellement dans la société. Bref, l’on
est là bien éloigné de l’amalgame : musulman = terroriste. Il n’en demeure
pas moins que l’OEI trouve bien des adeptes ici-même.
Le terreau de l’OEI en France
A priori, rien à voir entre les
« terroristes » - quoiqu’il puisse exister des contre-exemples - et les
« musulmans politisés » qui, suite à l’effondrement du nationalisme
moyen-oriental, ont pu, prenant fait et cause pour les humiliés, prendre parti
pour le Hamas face au colonialisme et aux brutalités guerrières israéliennes,
ou s’enthousiasmer de l’influence des Frères Musulmans de Morsi en Egypte ou
d’Erdogan en Turquie. S’ils partagent avec eux une commune répulsion pour les
conquêtes et agressions occidentales, ils s’en différencient par leurs
connaissances, même si celles des « politisés » sont à relativiser.
Ceux qui rejoignent le djihad en Syrie, si leurs rêves morbides les y
conduisent, c’est que le terreau dans lequel ils baignent révèle leur
immaturité affective et intellectuelle. Comme beaucoup dans notre société
technologisée, la frontière entre le réel et le virtuel, le vrai et le faux,
est comme abolie. Ils sont souvent convertis après avoir vu des vidéos de
massacres de civils syriens par le boucher Assad ou provoqués par les
bombardements occidentaux. Ce lumpen-prolétariat en déshérence, en mal de
reconversion héroïque articule, pour paraphraser Franz Fanon, délire d’accusation
repentante et conduite suicidaire de transmutation en actes son terrorisme
aveugle. S’ils n’ont aucune éducation religieuse et politique sérieuse, ils
trouvent en revanche la source de leurs motivations sur les réseaux Internet. Contrairement
aux pseudo-explications prétendant que l’on aurait à faire à des phénomènes de
« radicalisation expresse » qu’avancent les gouvernants cherchant à
masquer leur impuissance à détecter les terroristes, les assassins ont pris le
temps de mûrir leurs projets. Ils se prétendent, via les réseaux djihadistes, partisans
de l’OEI, ils participent à leur manière à la guerre de civilisations promue
par des « théoriciens » occidentaux, reprise sous la forme d’une
utopie meurtrière par le califat auto-proclamé. Cette organisation possède,
quoiqu’on en pense, une idéologie politico-religieuse qu’il convient de prendre
en considération pour y faire face. A cet égard, il paraît évident que les
liens qu’entretiennent les pays occidentaux avec le régime saoudien wahhabite
ou les pétromonarchies viennent alimenter la dénonciation de l’hypocrisie des
« croisés » et la pernicieuse corruption des roitelets et autres
monarques du Golfe. Et la propagande de
l’OEI sait en jouer à merveille pour manipuler les esprits fragilisés qui ont
versé dans la précarité et la délinquance.
Stratégie et tactique de l’OEI
Il serait, à mon sens, erroné de
réduire l’OEI à une secte millénariste, même si les discours que tiennent ses
dirigeants le laissent penser. L’instrumentalisation de l’islam leur est
nécessaire pour maintenir sous leur férule les masses sunnites en Irak et en
Syrie, tout comme les exactions commises par les Chiites en Irak ou les
bombardements occidentaux et russes. Leurs alliances avec les militaires déchus
de Saddam Hussein, leurs relations troubles avec Erdogan, voire avec les sbires
des services secrets syriens, leur volonté de surpasser et d’écraser la
résistance syrienne, démontrent une réelle habileté tactique. Leur rhétorique
religieuse doit néanmoins être prise au sérieux ; elle leur sert à
destabiliser les pétromonarchies et, plus généralement, tous les régimes où les
masses sunnites se sentent humiliées, sans perspectives politiques et sociales.
Face à la puissance de feu des
bombardiers occidentaux et russes, l’OEI (comme Al Qaida) a décidé de porter la
guerre sur le terrain de l’ennemi, de jouer sur les frustrations en
transformant ceux qui ne sont rien en héros morbides de la guerre de
civilisations. Dresser les populations occidentales contre les musulmans,
diviser ces derniers pour les obliger à choisir leur camp, accentuer
l’islamophobie, tel est le dessein qu’elle poursuit. Ses discours
apocalyptiques trouvent une résonance réelle dans les réseaux qu’elle anime. En
effet, puisqu’il s’agit d’une guerre pour préserver et étendre le règne de
l’oumma, il faut s’en prendre notamment à la France où la population d’origine
maghrébine est nombreuse et reléguée dans sa majorité dans des quartiers
défavorisés, d’autant que le gouvernement de ce pays est l’élément européen le
plus actif dans la Coalition menée par les USA. Bref, s’en prendre au « royaume de la croix » c’est
fragiliser cette société, détruire la coexistence religieuse qui y prévaut tant
bien que mal et s’apprêter à « renverser
le califat de Rome », « briser
les croix », viser « les
prêtres sodomites »… Pour ce faire tous doivent être la cible car comme
disait le promoteur des guerres de religion entre catholiques et protestants
« Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra
les siens ».
La propagande de l’OEI diffuse une mythologie adaptée vis-à-vis de ceux qui
veulent devenir des ninjas de l’Islam. Elle fonctionne par l’image et la mise
en scène pour créer des vocations et des fantasmes d’immortalité. Le marketing
utilisant des vidéos émaillées d’extraits de Star War, de Matrix, répand
l’ivresse du rêve héroïsé de martyr. En quelque sorte, l’OEI verse des chèques
de mort à crédit pour commémorer l’avenir d’un paradis imaginaire pour ses
postulants. En annonçant la fin des temps, elle prétend que dans l’ultime
bataille qui s’annonce, les fidèles qui périront détiendront le privilège de
racheter les péchés de 70 de leurs proches lors du jugement dernier. Et ces
kamikazes qui font allégeance à Dieu et au califat seront ici-bas commémorés,
célébrés pour avoir semé la mort. Pour espérer l’emporter contre les « Croisés »,
les « apostats » et les « mécréants », l’OEI a besoin de
provoquer mondialement le chaos, le djihad mondialisé. Et ses dirigeants savent
qu’avec internet nul besoin de recrutement direct, de hiérarchie d’organisations,
les réseaux d’(a)sociabilité suffisent.
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Toutefois, les milliers de migrants Syriens,
comme nombre d’Irakiens et d’Afghans fuient la guerre, les exactions,
l’oppression et le régime de terreur de l’OEI, et choisissent la « terre
des croisés ». Plutôt que le camp du califat, ils optent pour celui de la « mécréance ».
Si les pays occidentaux avaient quelque intelligence, ils les accueilleraient
sans barguigner plutôt que de les rejeter dans les bras du dictateur Erdogan,
le nouveau sultan sunnite. Tel n’est pas le cas. Les politiciens bonimenteurs
préfèrent tenter de transformer l’indignation et la peur en bulletins de vote
sécuritaire. Les trémolos à deux-sous sur le vivre ensemble ou, plus
inquiétant, sur l’âme judéo-chrétienne de la France, de l’Europe, sur le
nationalisme patriotard ne résoudront rien. Les divisions sociales, les inégalités
criantes, la relégation sociale des déshérités et le manque de perspectives de
transformation sociale radicale constituent le terreau de l’OEI comme de
l’extrême droite fascisante.
Il n’y a rien à attendre des
gouvernants, notamment en France, engagés dans un engrenage conjuguant
interventions militaires, rejets/expulsions des exilés et surenchère de lois répressives
de masse. L’accouchement d’un avenir d’émancipation, s’il nécessite la lutte
contre le climat de peur et de haine qui se développe, ne peut être mené à bien
que s’il organise dans le même mouvement le combat contre les tenants du
capitalisme néolibéral impérialiste qui, de fait, préparent un nouveau partage
du monde et produit des « monstres ». L’OEI, en effet, est née des
guerres d’influence et d’invasion : en Afghanistan d’abord, puis lors de
la guerre Iran-Irak, enfin, suite à l’occupation américaine de l’Irak. La
destruction des sociétés civiles archaïques en Afghanistan, plus développée en
Irak, fait régresser ces sociétés. Les liens familiaux, tribaux, les
appartenances religieuses se sont substituées aux rapports de classes. Les
organisations syndicales, les partis ouvriers ont été laminés (1). Les cliques
de dictateurs corrompus, y ont également largement contribué.
Même si la situation est différente de
celle prévalant à la veille de la guerre 1914-1918, il n’est pas tout à fait
inadéquat de penser que les pays du Moyen Orient et d’Afrique d’aujourd’hui
sont les Balkans du monde(2). A cette différence près qu’au lieu d’avoir des
systèmes d’alliances conflictuelles entre grandes puissances, règne désormais
une masse de déshérités (et pas seulement musulmans) dans nombre de pays qui,
faute de perspectives anticapitalistes, peuvent être tentés par les rêves cauchemardesques
des millénaristes.
Gérard Deneux, le 15 août 2016
(1) Lire le très
riche et beau roman d’Oya Baydar, Et
ne reste que des cendres sur la Turquie – édition Phébus
(2) Pour autant
que l’on en exclut les rivalités entre la Chine et les USA dans le Pacifique.
Bush, Blair, criminels de guerre
Bon ! On le savait déjà mais,
cette fois, c’est officiel. Enfin, pas tout à fait, car ces
« révélations » ne sont contenues que dans des rapports. Et puis, les
grands médias n’en ont pas fait état. Quant aux politiciens, ce fut le grand
silence assourdissant. Bush et Blair passeront-ils devant la Cour Pénale
Internationale ? N‘y comptez pas ! Cette instance ne condamne que les
vaincus de l’Histoire.
Il y a plus d’un an, il y avait déjà
le rapport états-unien Feinstein. Les méthodes « d’interrogation » de
la CIA y étaient dénoncées : recours à la privation de nourriture et de
sommeil, simulacres de noyade, tortures externalisées dans de nombreux pays,
sans compter Guantanamo : prison, sans jugement, déterritorialisée à Cuba.
Le rapport Chilcot émanant de
Grande-Bretagne va plus loin. Il dénonce les crimes commis en Afghanistan et en
Irak, pointe les responsabilités de Bush et Blair, précisant que les décisions
d’invasion de ces pays furent contraires au Droit international et constituent
des violations de la Charte des Nations Unies. Ces agressions furent perpétrées
sans mandat du Conseil de Sécurité et ne résultaient nullement d’une situation
de légitime défense. Crimes de guerre donc, dont les justifications reposaient
sur les fameux mensonges prétendant que Saddam Hussein disposait « d’armes
de destruction massive ». Sont visés également les moyens employés :
torture des prisonniers comme le recours aux chocs électriques et les violences
sexuelles. Bref, de quoi invoquer Allah et le djihad !
Ces documents se réfèrent au Droit
international. Mais celui-ci ne dit rien lorsque les interventions militaires
paraissent justifiées par l’appel au secours de gouvernements, plus ou moins
fantoches, comme en Côte d’Ivoire, au Mali, en Centre-Afrique… Ou mieux lorsque
l’absence de règles permet, par exemple, le recours intensif aux
« assassinats ciblés », comme pratiqués (par drones) par Obama. Quant
aux 6 000 bombardements effectués en Irak et en Syrie, dont 10% par la France,
ils sont tellement « ciblés » qu’ils atteignent hôpitaux et écoles,
comme dénoncé par Amnesty International. Mais, bon, puisqu’on nous dit que
c’est pour la bonne cause et qu’il semble impossible de traduire les
« dommages collatéraux » en nombre de morts ! Quant à la chape
de plomb sur la corruption des élites, mise en place en Irak et en Afghanistan,
c’est de bonne guerre ! Pas très efficace, pour ne prendre que ce dernier
pays : les talibans contrôlent désormais 1/3 de son territoire et Kaboul
est régulièrement ensanglantée… Le Pentagone, après nous avoir vendu la
vaillance du « combattant de la liberté » du temps de l’invasion
soviétique, semble bien marri aujourd’hui. Faut-il un nouveau
« surge », ajouter la guerre à la guerre contre les talibans, Al
Qaida et désormais l’OEI, qui y fait des émules, et comme le tyran Poutine le
proclamait pour les Tchétchènes, les « buter tous jusque dans les chiottes » ? GD