Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mardi 30 août 2016

Les véritables sources du terrorisme

L’attentat meurtrier sur la promenade des Anglais, le 14 juillet à Nice, tout comme l’assassinat d’un prêtre catholique en son église, ont relancé la machine médiatique à produire des explications simplistes ou, pour le moins, des analyses partiales. Elles occultent la matérialité des faits à rapporter dans le cadre de l’affrontement avec l’Organisation de l’Etat Islamique (OEI). Au-delà de la compassion pour les victimes, elles produisent trois sortes de réactions dans la société française. D’une part, la montée du racisme et de l’islamophobie. Ainsi à Nice, les Maghrébins d’origine, les mamans voilées n’osent plus guère se promener en centre-ville ou aux abords de la plage, tant les quolibets et les regards noirs leur sont hostiles. D’autre part, les initiatives prises par les religieux d’accueillir dans les édifices catholiques ceux de confession musulmane, veulent faire prévaloir un œcuménisme de conciliation réprouvant le terrorisme. Enfin, les politiciens, comme pour justifier leur impuissance et les lois répressives de masse qu’ils s’acharnent à empiler, prônent le retour à l’identité française et à la guerre qu’ils entendent mener ici, comme ailleurs, sur les terres de l’OEI : ici par les surveillances indiscriminées et massives, là-bas par des bombardements réduits médiatiquement à des « frappes ». Et par des manipulations en tous genres avec des alliances ambigües qui occultent les intérêts des marchands d’armes et les visées néocoloniales pour un nouveau partage de cette région du monde qu’est le Moyen-Orient. Reste, si l’on en croit un récent sondage émanant de l’IFOP, que l’instrumentalisation des attentats, outre les effets de réprobation, de sidération et de peur, ont de profondes répercussions sur la population. Si 67% des français déclarent « qu’il ne faut pas faire d’amalgame » et mettre tous les musulmans dans le même sac, 28% pensent, au contraire, que leur religion représente « une menace », et 10% approuveraient des actions de représailles racistes de l’extrême droite à leur encontre. Ce dernier chiffre est alarmant, il signifierait que 4.5 millions de personnes seraient prêtes à acclamer des actes racistes perçus pour leur qualité présumée de « contre-terrorisme ». Sans pour autant verser dans le prophétisme inquiétant du directeur de la DGSI, insinuant que l’extrême droite milicienne dispose d’une base sociale pour commettre ce type d’attentats, tous ceux qui sont attachés à faire prévaloir l’émancipation sociale se doivent de prendre la mesure de la situation présente et récuser les analyses simplistes et intéressées afin de montrer ce qui produit des « monstres ».

Récuser les analyses psychologisantes

Les qualificatifs ont fleuri, les terroristes ce sont des « fous », des « déséquilibrés à la cervelle trouée », des « asociaux radicaux caractériels, mal dans leur peau », des « individualités bancales victimes de fractures intimes », des « adolescents qui jouent à la guerre pour se purifier de leurs propres fautes »… L’asile psychiatrique ou la camisole chimique seraient donc la solution ! Certes, ce Bouhlel, de Nice, lui, dépeint comme drogué, alcoolique qui battait sa femme, frustré du sexe, avait certainement nombre de péchés à se faire pardonner et la charité islamique, il ne la pratiquait point. Certes, il semblerait que les 2/3 des « radicalisés » emprisonnés, qui ont entre 15 et 25 ans, seraient des ados suicidaires. Il paraît vraisemblable également que ces « apaches » soient « pétris de culpabilité » de n’avoir point réussi dans cette société stigmatisante. Mais ces constats partiels ne nous disent rien sur ce désir de mort et de vengeance qui les anime, ni sur leur quête d’idéal mortifère et de rédemption immédiate. Ce qui est sûr, c’est qu’ils n’étaient guère disposés à se rendre à la mosquée, à s’astreindre à la prière intensive. Quant à l’animalité du « loup solitaire » dont on les a affublé, ce stéréotype journalistique a vite volé en éclats devant la « découverte » ( !) des réseaux de sociabilité qui animaient cette mouvance inquiétante, qu’ils soient familiaux ou nés d’expériences partagées de chômage et de délinquance.

Pour eux, le clavier de la conversion a remplacé la mosquée, l’oumma imaginaire diffusée par le cyber-califat s’est substituée à la communauté musulmane, et ses figures emblématiques, plutôt que l’ascète en prière, sont celles des super-héros des vidéos de surproduction hollywoodienne qu’imite à dessein l’OEI. Alors, faut-il, comme d’autres éditocrates et laïcards, incriminer la résurgence supposée du phénomène religieux et tout particulièrement tous ceux révérant Allah et son prophète ! Les Eglises, unies par la circonstance, s’emploient à agir ensemble pour faire contre-feux à cette explication. Toutefois, cette compassion œcuménique occulte deux phénomènes contradictoires : le poids limité et paradoxal de la religiosité musulmane et la sécularisation de la société.

Quiétisme et modernisme d’adaptation

Il faudrait pouvoir rendre compte des pratiques, du degré de croyance, des réactions face au terrorisme, de la grande majorité des populations de confession musulmane. Il semble qu’elles adoptent une attitude distanciée avec les rites les plus rétrogrades de l’islamisme, tout en condamnant les actes « insensés » des « fous » d’Allah. Cette analyse devrait nécessairement différencier les populations françaises d’origine maghrébine depuis deux, trois générations, de celles plus récentes où le poids des traditions est plus prégnant.

Toutefois, la visibilité de deux phénomènes distincts retient l’attention, produit des fantasmes d’invasion de l’espace public, bien qu’ils ne constituent pas, en soi, le terreau de recrutement de l’OEI.

Incontestablement, le puritanisme salafiste s’est incrusté dans les marges sociales d’origine maghrébine et sub-saharienne de la société en France. Les pesanteurs de l’histoire coloniale, conjuguées à des phénomènes de relégation et de stigmatisation raciales sont certes à prendre en compte. Il n’empêche, le recours à la lecture littérale du Coran apparaît comme un moyen de prévenir et de circonscrire des désirs vécus comme honteux vis-à-vis de la libéralisation des mœurs qui domine. Les prescriptions rigides d’interdits visent à maintenir des cohésions qui s’effritent : structures familiales paternalistes et machistes, domination sexuelle… Toutefois, au-delà de cette « secte » qui peut entretenir une certaine porosité avec les djihadistes-assassins, un phénomène plus large renvoie à une modernité d’adaptation.

Les jeunes femmes qui se sont mises à porter le voile, dont la plupart ont entre 18 et 35 ans, hormis les converties, sont d’origine maghrébine. Elles tiennent un discours « moderne » sur la liberté de croire ou non. Très peu politisées, elles éprouvent l’envie de s’afficher, voire de se distinguer individuellement. Ce changement existentiel qui peut s’accompagner d’études de l’arabe classique se conjugue avec la mode, celle de l’élégance, de marques luxueuses : foulards chatoyants, discipline vestimentaire et comportementale font le succès des boutiques rue Timbaud à Paris, de magazines pour elles, comme Immane ou des sites de vêtements. Elles se veulent modernes mais pudiques. Pour les hommes, c’est plutôt le mélange des genres qui prévaut, la barbe et le kami tout en étant chaussés de Nike flashy, téléphone portable à la main. Ces cyber-musulmans affirment la visibilité promotionnelle de leurs croyances. Comme les bouddhistes occidentalisés, ces jeunes bobos islamisés offrent aux yeux de tous, leur distinction : celle d’une forme d’intégration à rebours qui a peu à voir avec le djihadisme suicidaire. Elle est le symptôme inversé de la baisse de la pratique religieuse dans la société et la victoire réelle de la libre conscience individualisée. Elle s’opère en effet dans une société largement sécularisée, comme son envers iconoclaste et la preuve que, décidément, les croyants sont « bizarres ». Ils portent, sur eux, leur statut d’exception. Statut d’exception qu’ils voudraient qu’on leur reconnaisse : comme si la religion qui, naguère (et toujours dans de nombreux pays), imposait sa loi à tous, devait désormais bénéficier de lois pour les seuls croyants ; Ils revendiquent, par exemple, au nom de leur liberté, d’être dispensés de financer la contraception. Encore que… dans cette évolution qui a vu admettre le mariage homosexuel, la procréation assistée, la gestation pour autrui, il n’y a plus guère de place pour celles et ceux qui désirent ne pas s’encombrer de trop nombreux enfants et où la famille nucléaire entre en contradiction, non seulement avec les valeurs religieuses mais aussi avec la volonté de se construire individuellement et professionnellement dans la société. Bref, l’on est là bien éloigné de l’amalgame : musulman = terroriste. Il n’en demeure pas moins que l’OEI trouve bien des adeptes ici-même.

Le terreau de l’OEI en France

A priori, rien à voir entre les « terroristes » - quoiqu’il puisse exister des contre-exemples - et les « musulmans politisés » qui, suite à l’effondrement du nationalisme moyen-oriental, ont pu, prenant fait et cause pour les humiliés, prendre parti pour le Hamas face au colonialisme et aux brutalités guerrières israéliennes, ou s’enthousiasmer de l’influence des Frères Musulmans de Morsi en Egypte ou d’Erdogan en Turquie. S’ils partagent avec eux une commune répulsion pour les conquêtes et agressions occidentales, ils s’en différencient par leurs connaissances, même si celles des « politisés » sont à relativiser. Ceux qui rejoignent le djihad en Syrie, si leurs rêves morbides les y conduisent, c’est que le terreau dans lequel ils baignent révèle leur immaturité affective et intellectuelle. Comme beaucoup dans notre société technologisée, la frontière entre le réel et le virtuel, le vrai et le faux, est comme abolie. Ils sont souvent convertis après avoir vu des vidéos de massacres de civils syriens par le boucher Assad ou provoqués par les bombardements occidentaux. Ce lumpen-prolétariat en déshérence, en mal de reconversion héroïque articule, pour paraphraser Franz Fanon, délire d’accusation repentante et conduite suicidaire de transmutation en actes son terrorisme aveugle. S’ils n’ont aucune éducation religieuse et politique sérieuse, ils trouvent en revanche la source de leurs motivations sur les réseaux Internet. Contrairement aux pseudo-explications prétendant que l’on aurait à faire à des phénomènes de « radicalisation expresse » qu’avancent les gouvernants cherchant à masquer leur impuissance à détecter les terroristes, les assassins ont pris le temps de mûrir leurs projets. Ils se prétendent, via les réseaux djihadistes, partisans de l’OEI, ils participent à leur manière à la guerre de civilisations promue par des « théoriciens » occidentaux, reprise sous la forme d’une utopie meurtrière par le califat auto-proclamé. Cette organisation possède, quoiqu’on en pense, une idéologie politico-religieuse qu’il convient de prendre en considération pour y faire face. A cet égard, il paraît évident que les liens qu’entretiennent les pays occidentaux avec le régime saoudien wahhabite ou les pétromonarchies viennent alimenter la dénonciation de l’hypocrisie des « croisés » et la pernicieuse corruption des roitelets et autres monarques du  Golfe. Et la propagande de l’OEI sait en jouer à merveille pour manipuler les esprits fragilisés qui ont versé dans la précarité et la délinquance.

Stratégie et tactique de l’OEI

Il serait, à mon sens, erroné de réduire l’OEI à une secte millénariste, même si les discours que tiennent ses dirigeants le laissent penser. L’instrumentalisation de l’islam leur est nécessaire pour maintenir sous leur férule les masses sunnites en Irak et en Syrie, tout comme les exactions commises par les Chiites en Irak ou les bombardements occidentaux et russes. Leurs alliances avec les militaires déchus de Saddam Hussein, leurs relations troubles avec Erdogan, voire avec les sbires des services secrets syriens, leur volonté de surpasser et d’écraser la résistance syrienne, démontrent une réelle habileté tactique. Leur rhétorique religieuse doit néanmoins être prise au sérieux ; elle leur sert à destabiliser les pétromonarchies et, plus généralement, tous les régimes où les masses sunnites se sentent humiliées, sans perspectives politiques et sociales.

Face à la puissance de feu des bombardiers occidentaux et russes, l’OEI (comme Al Qaida) a décidé de porter la guerre sur le terrain de l’ennemi, de jouer sur les frustrations en transformant ceux qui ne sont rien en héros morbides de la guerre de civilisations. Dresser les populations occidentales contre les musulmans, diviser ces derniers pour les obliger à choisir leur camp, accentuer l’islamophobie, tel est le dessein qu’elle poursuit. Ses discours apocalyptiques trouvent une résonance réelle dans les réseaux qu’elle anime. En effet, puisqu’il s’agit d’une guerre pour préserver et étendre le règne de l’oumma, il faut s’en prendre notamment à la France où la population d’origine maghrébine est nombreuse et reléguée dans sa majorité dans des quartiers défavorisés, d’autant que le gouvernement de ce pays est l’élément européen le plus actif dans la Coalition menée par les USA. Bref, s’en prendre au « royaume de la croix » c’est fragiliser cette société, détruire la coexistence religieuse qui y prévaut tant bien que mal et s’apprêter à « renverser le califat de Rome », « briser les croix », viser « les prêtres sodomites »… Pour ce faire tous doivent être la cible car comme disait le promoteur des guerres de religion entre catholiques et protestants « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ».

La propagande de l’OEI diffuse une mythologie adaptée vis-à-vis de ceux qui veulent devenir des ninjas de l’Islam. Elle fonctionne par l’image et la mise en scène pour créer des vocations et des fantasmes d’immortalité. Le marketing utilisant des vidéos émaillées d’extraits de Star War, de Matrix, répand l’ivresse du rêve héroïsé de martyr. En quelque sorte, l’OEI verse des chèques de mort à crédit pour commémorer l’avenir d’un paradis imaginaire pour ses postulants. En annonçant la fin des temps, elle prétend que dans l’ultime bataille qui s’annonce, les fidèles qui périront détiendront le privilège de racheter les péchés de 70 de leurs proches lors du jugement dernier. Et ces kamikazes qui font allégeance à Dieu et au califat seront ici-bas commémorés, célébrés pour avoir semé la mort. Pour espérer l’emporter contre les « Croisés », les « apostats » et les « mécréants », l’OEI a besoin de provoquer mondialement le chaos, le djihad mondialisé. Et ses dirigeants savent qu’avec internet nul besoin de recrutement direct, de hiérarchie d’organisations, les réseaux d’(a)sociabilité suffisent.

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Toutefois, les milliers de migrants Syriens, comme nombre d’Irakiens et d’Afghans fuient la guerre, les exactions, l’oppression et le régime de terreur de l’OEI, et choisissent la « terre des croisés ». Plutôt que le camp du califat, ils optent pour celui de la « mécréance ». Si les pays occidentaux avaient quelque intelligence, ils les accueilleraient sans barguigner plutôt que de les rejeter dans les bras du dictateur Erdogan, le nouveau sultan sunnite. Tel n’est pas le cas. Les politiciens bonimenteurs préfèrent tenter de transformer l’indignation et la peur en bulletins de vote sécuritaire. Les trémolos à deux-sous sur le vivre ensemble ou, plus inquiétant, sur l’âme judéo-chrétienne de la France, de l’Europe, sur le nationalisme patriotard ne résoudront rien. Les divisions sociales, les inégalités criantes, la relégation sociale des déshérités et le manque de perspectives de transformation sociale radicale constituent le terreau de l’OEI comme de l’extrême droite fascisante.

Il n’y a rien à attendre des gouvernants, notamment en France, engagés dans un engrenage conjuguant interventions militaires, rejets/expulsions des exilés et surenchère de lois répressives de masse. L’accouchement d’un avenir d’émancipation, s’il nécessite la lutte contre le climat de peur et de haine qui se développe, ne peut être mené à bien que s’il organise dans le même mouvement le combat contre les tenants du capitalisme néolibéral impérialiste qui, de fait, préparent un nouveau partage du monde et produit des « monstres ». L’OEI, en effet, est née des guerres d’influence et d’invasion : en Afghanistan d’abord, puis lors de la guerre Iran-Irak, enfin, suite à l’occupation américaine de l’Irak. La destruction des sociétés civiles archaïques en Afghanistan, plus développée en Irak, fait régresser ces sociétés. Les liens familiaux, tribaux, les appartenances religieuses se sont substituées aux rapports de classes. Les organisations syndicales, les partis ouvriers ont été laminés (1). Les cliques de dictateurs corrompus, y ont également largement contribué.

Même si la situation est différente de celle prévalant à la veille de la guerre 1914-1918, il n’est pas tout à fait inadéquat de penser que les pays du Moyen Orient et d’Afrique d’aujourd’hui sont les Balkans du monde(2). A cette différence près qu’au lieu d’avoir des systèmes d’alliances conflictuelles entre grandes puissances, règne désormais une masse de déshérités (et pas seulement musulmans) dans nombre de pays qui, faute de perspectives anticapitalistes, peuvent être tentés par les rêves cauchemardesques des millénaristes.

Gérard Deneux, le 15 août 2016

(1)   Lire le très riche et beau roman d’Oya Baydar,  Et ne reste que des cendres sur la Turquie – édition Phébus
(2)   Pour autant que l’on en exclut les rivalités entre la Chine et les USA dans le Pacifique.



Bush, Blair, criminels de guerre

Bon ! On le savait déjà mais, cette fois, c’est officiel. Enfin, pas tout à fait, car ces « révélations » ne sont contenues que dans des rapports. Et puis, les grands médias n’en ont pas fait état. Quant aux politiciens, ce fut le grand silence assourdissant. Bush et Blair passeront-ils devant la Cour Pénale Internationale ? N‘y comptez pas ! Cette instance ne condamne que les vaincus de l’Histoire.

Il y a plus d’un an, il y avait déjà le rapport états-unien Feinstein. Les méthodes « d’interrogation » de la CIA y étaient dénoncées : recours à la privation de nourriture et de sommeil, simulacres de noyade, tortures externalisées dans de nombreux pays, sans compter Guantanamo : prison, sans jugement, déterritorialisée à Cuba.

Le rapport Chilcot émanant de Grande-Bretagne va plus loin. Il dénonce les crimes commis en Afghanistan et en Irak, pointe les responsabilités de Bush et Blair, précisant que les décisions d’invasion de ces pays furent contraires au Droit international et constituent des violations de la Charte des Nations Unies. Ces agressions furent perpétrées sans mandat du Conseil de Sécurité et ne résultaient nullement d’une situation de légitime défense. Crimes de guerre donc, dont les justifications reposaient sur les fameux mensonges prétendant que Saddam Hussein disposait « d’armes de destruction massive ». Sont visés également les moyens employés : torture des prisonniers comme le recours aux chocs électriques et les violences sexuelles. Bref, de quoi invoquer Allah et le djihad !

Ces documents se réfèrent au Droit international. Mais celui-ci ne dit rien lorsque les interventions militaires paraissent justifiées par l’appel au secours de gouvernements, plus ou moins fantoches, comme en Côte d’Ivoire, au Mali, en Centre-Afrique… Ou mieux lorsque l’absence de règles permet, par exemple, le recours intensif aux « assassinats ciblés », comme pratiqués (par drones) par Obama. Quant aux 6 000 bombardements effectués en Irak et en Syrie, dont 10% par la France, ils sont tellement « ciblés » qu’ils atteignent hôpitaux et écoles, comme dénoncé par Amnesty International. Mais, bon, puisqu’on nous dit que c’est pour la bonne cause et qu’il semble impossible de traduire les « dommages collatéraux » en nombre de morts ! Quant à la chape de plomb sur la corruption des élites, mise en place en Irak et en Afghanistan, c’est de bonne guerre ! Pas très efficace, pour ne prendre que ce dernier pays : les talibans contrôlent désormais 1/3 de son territoire et Kaboul est régulièrement ensanglantée… Le Pentagone, après nous avoir vendu la vaillance du « combattant de la liberté » du temps de l’invasion soviétique, semble bien marri aujourd’hui. Faut-il un nouveau « surge », ajouter la guerre à la guerre contre les talibans, Al Qaida et désormais l’OEI, qui y fait des émules, et comme le tyran Poutine le proclamait pour les Tchétchènes, les « buter tous jusque dans les chiottes » ?  GD