Dans
l’attente de(s) la prochaine(s) crise(s) ?
La
crise financière de 2007-2008 s’est muée en crise d’endettement des Etats qui,
elle-même, porte désormais atteinte à l’homogénéité des castes régnantes dans
différents pays. L’Union européenne, avec le Brexit et la montée des mouvements
nationalistes et d’extrême droite, en est affectée. Au-delà de la concurrence
fiscale et sociale qui dresse les Etats les uns contre les autres, force est de
constater que peu de leçons ont été tirées de « l’exubérante » domination
de la finance. Pire, les quelques règles émises pour la contenir sont en passe
d’être démantelées. Revenir sur ce qui s’est passé pendant cette période
critique permet de pointer, qu’aujourd’hui, c’est pire qu’hier. Des bulles
financières sont prêtes à éclater dans un contexte où les marges des différents
gouvernements sont de plus en plus restreintes. En outre, nombre d’entre eux
mettent en place des politiques qui renforcent encore les risques potentiels,
tout en développant, comme en France, des illusions propagandistes qui sont
autant d’impostures idéologiques.
Peu de
leçons, pour ne pas dire aucune, n’ont été tirées de la crise
Un
rappel tout d’abord. C’est l’excès
de titrisation, autrement dit de camouflage de la spéculation financière immobilière
aux USA avec la complicité des banques privées du monde entier ou presque, qui
est à l’origine de cette crise. Les banques ont en effet formé des paquets de
crédits en mixant des subprimes avec des crédits de meilleure qualité, puis en
les découpant selon le pari de rendements plus élevés. Les établissements
financiers s’en sont gavés. Les agences de notation, engoncées dans des conflits
d’intérêts juteux, n’ont pas hésité à tromper les gogos en attribuant des « triple
A » à des crédits à risques. Quand la fête à l’arnaque prit fin, lorsque
les ménages étatsuniens, achetant leur résidence à crédit alors qu’ils n’étaient
guère solvables, furent expulsés de leurs logements, et que les banques
rachetant leurs biens pour les revendre ne trouvèrent plus de clients, la bulle
immobilière éclata et se propagea à l’ensemble des pays capitalistes centraux.
Et Sarko d’avouer (1) : « certains
patrons de la finance se croyaient à la tête d’entreprises plus puissantes que
les Etats mais c’est aux Etats qu’ils ont demandé de l’argent pour éviter
l’effondrement du système bancaire et avec lui de l’économie mondiale ».
La solution trouvée fut d’injecter du capital fictif (2) pour renflouer celui devenu
fictif ! En effet, les banques ne disposaient pas de capitaux propres en
face des crédits distribués, elles n’osaient plus se prêter entre elles (crise
dite interbancaire) quand d’autres s‘effondraient ou étaient nationalisées ou
encore étaient rachetées à vil prix.. Ce fut le cas, notamment, de nombreuses
banques britanniques et de Dexia (sauvetage pour 6,4 milliards d’euros
supportés par la France et la Belgique). Au total, l’Etat fédéral US a injecté
245 000 milliards de dollars pour consolider les banques. Quant aux
amendes versées pour filouterie, elles se chiffrent à 200 milliards. En 2016,
leurs profits, après suppression d’emplois et sortie d’actifs douteux dans des
banques dites de défaisance (banques pourries qui les accumulent dans l’attente
de les revendre…), se portent à merveille : 91 milliards. Les Etats de l’Union Européenne ont soutenu le
secteur financier de 2008 à 2011 à hauteur de 1 600 milliards d’euros.
La
dette des Etats s’est donc envolée. Et les banques centrales sont venues à leur
secours en … rachetant leurs dettes, du moins celles des Etats les plus riches
(pas la Grèce, ni l’Espagne...), en espérant les revendre sur le marché de
l’occasion, dit marché secondaire (voir plus loin). Ce capital fictif
circulant, il faudra bien qu’il se réalise. La solution trouvée fut bien
évidemment l’austérité, la baisse des salaires directs et indirects (retraites,
prestations sociales), la vente d’actifs (privatisations). En outre,
l’injection de liquidités (toujours du capital fictif), par les banques
centrales, a mécaniquement baissé le loyer de l’argent (les intérêts) qui ne
trouvaient pas à s’investir réellement. Les Etats en furent quelque peu
soulagés (taux d’intérêts plus faibles) d’autant que la BCE notamment
s’acharnait à interdire aux banques privées de déposer leurs excès de
liquidités dans sa caisse, en leur imposant des taux négatifs dans l’espoir que
lesdites banques investissent dans l’économie réelle. Ce ne fut guère le cas…
Et donc, de se retourner vers les Etats et de glapir comme Jean-Claude Trichet(3) :
« Le risque est que les
gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités notamment en soutien de
l’investissement et de lutte contre les inégalités ». Que n’avait-il
dit, lui, le maître de l’orthodoxie libérale, du marché roi s’autorégulant, en promouvant un interventionnisme dirigiste à
des Etats qui s’acharnent à rembourser leurs
créanciers privés (France : stock de 2 100 milliards de dettes) tout
en soulignant les risques politiques de l’austérité…
Certes,
quelques freins à l’exubérance de la finance ont été installés. Ainsi, aux USA,
depuis 2011, les courtiers de prêts résidentiels ne peuvent plus être rémunérés
en fonction des taux pratiqués (usure). Certes, les banques ont été mises dans
l’obligation (insuffisante) de disposer de fonds propres. Certes des
stress-tests (bien timides) ont été mis en œuvre pour évaluer la résistance des
banques en cas de « choc de grande ampleur », prétextant que la
prochaine fois ce ne devrait plus être le contribuable ou le salarié qui paie
la facture… Mais il n’y a pas eu de véritable séparation des banques de dépôt
et des banques d’affaires. L’argent des ménages est toujours utilisé
principalement à des fins spéculatives… Bref, la finance rentière n’a pas été « euthanasiée »
(pour citer Keynes) et le FMI, qui n’a rien vu venir, de faire son mea culpa
tardivement : il plaide désormais pour une « croissance inclusive »,
remet en cause les effets prétendument bénéfiques de la libéralisation
financière et la capacité des marchés à s’autoréguler, voire la priorité de la
réduction des déficits budgétaires, après avoir étranglé la Grèce avec la BCE
et les ministres des finances de l’UE (la fameuse Troïka mortifère). Et
pourtant, ce ne furent pas les alertes qui manquèrent dans le concert
soporifique des économistes libéraux : Maurice Allais (1999) « L’économie mondiale repose sur une pyramide
de dettes ». C’est une « menace
d’effondrement général ». En 2000, Robert Shciller dénonce « l’exubérance irrationnelle de la
finance ». En 2006, Paul Jorion publie « Vers la crise du capitalisme américain » (ed. la Découverte) et
la même année Nouriel Roubini (docteur en économie), en pleine conférence du
FMI, déclare « la bulle immobilière
va éclater ». On lui rit au nez, on le surnomme Dr Déprime ou Dr
Catastrophe… Bref, nombre d’économistes dits hétérodoxes ne furent pas entendus.
Et
maintenant, c’est pire qu’avant
Les
banques privées dans leur ensemble, après fusion et absorption, sont toujours
plus grosses, la finance toujours plus insatiable. Les Etats sont toujours au
chevet de celles qui sont avariées, pour les sauver, et nombre de banquiers se
sont reconvertis dans la finance de l’ombre, opaque et non réglementée. Les
inégalités deviennent « abyssales » : 8 personnes disposent d’un
patrimoine équivalent à la « richesse » de la moitié de l’humanité la
moins riche. Telle est la conséquence des politiques d’austérité, de
privatisations, d’uberisation et de la logique dite de compétitivité, du moins
disant social, fiscal et environnemental.
Malgré
les révélations fournies par des journalistes d’investigation (Panama Papers), les paradis fiscaux
disposent toujours de filiales des banques privées, des grandes entreprises et
de fonds financiers. Seuls les particuliers semblent poursuivis pour rapatrier
leurs fonds qui échappaient à l’impôt. La baisse du pouvoir d’achat provoque le
recours encore plus intense au crédit. L’endettement des ménages dans nombre de
pays devient problématique. Enfin, les quelques freins à la spéculation sont en
train de sauter, «la prochaine crise peut
intervenir n’importe quand et n’importe où » « tant les facteurs de
fragilité sont nombreux » (Paul Jorion) et notamment :
o
Les faibles
digues mises en place vont sauter : Trump veut revenir sur la loi
Dodd-Frank votée en 2010 qui restreint, en partie, l’octroi inconsidéré de
crédits aux banques. Il entend également supprimer la règle Volcker qui
interdit aux banques de spéculer pour leur propre compte et ne plus les
soumettre aux stress-tests. La Commission européenne et le Parlement cherchent
à relancer la titrisation dite « simple,
transparente et standard ». L’oligarchie financière organise un
intense lobbying à cet effet. Elle est insatiable, toujours animée par la
croyance dans le dieu Marché dont l’oracle se résume à cette équation :
politique anti-inflationniste pour ne pas rogner la rente (les dividendes) +
marché du travail flexible (exploitation du travail renforcée) + ouverture des
marchés (disparition des normes et des droits de douanes = équilibre des
prix + taux de chômage nécessaire – NAIRU - (7%).
o
La finance de l’ombre : « En
10 ans, les pratiques des banques ont changé, des pans entiers de leurs
activités ont basculé dans les fonds spéculatifs » (Aurélien Borde,
cabinet Conseil SA Partners-New York). Le Shadow
Banking est peut-être le candidat le plus « sérieux » à la prochaine
crise : ce sont d’anciens banquiers, pour la plupart, qui ont ouvert des
fonds dits d’investissement et autres start-up de la finance. Les milliardaires
aux rémunérations stratosphériques ne sont soumis à aucune régulation. Le poids
des sommes dont ils disposent est considérable (92 000 milliards de dollars),
elles représentent les 2/3 de la gestion dite d’actifs (assurance, fonds de
pension) soit 150 % du PIB mondial !
o
L’effet levier
ou le rachat par endettement. Il permet de mettre la main sur les entreprises
en difficulté. Après les avoir renflouées artificiellement (compression d’effectifs),
elles sont démantelées et revendues. Il en va de même pour la valorisation
artificielle des actions.
o
Les algorithmes. Les traders sont de plus en plus remplacés par des modes de calcul
informatiques qui procèdent automatiquement, à des fins spéculatives, à des
ordres d’achat et de vente. Ce courtage à haute fréquence à la microseconde est
porteur de « flash crash » soudains et incontrôlables.
o
Le spectre du krach boursier hante Wall Street (4). Les promesses de Trump ont fait
souffler un vent d’euphorie à la Bourse. Dopée déjà par un dollar faible, la
spéculation bat son plein. L’indice Dow Jones (équivalent du CAC 40 en France),
après une baisse relative en 2008, connaît une hausse vertigineuse. La crise,
connais pas. De 2596 points en 1987, il a été multiplié par presque 9
(29 157 points en novembre 2017).
« Tant
que je gagne je joue » et si je perds on me renfloue, telle semble être la
devise des flibustiers de la finance, d’autant que l’ère de l’argent facile
pourrait connaître une fin. La FED a réduit ses rachats de dettes publiques et…
privées et s’apprête à tenter de revendre les titres pourris qu’elle a
accumulés pendant la crise. La BCE s’apprête à suivre le même chemin.
Les maillons
faibles qui peuvent céder
Il
ne s’agit pas ci-après d’une analyse des différents pays pouvant être les
premiers affectés par la crise mais plutôt d’une illustration de la gravité de
la situation qui caractérise certains d’entre eux et non des moindres.
Aux USA, la dette des ménages est de 12 730 milliards de
dollars, soit 50 milliards de plus qu’en 2008, lors de la faillite de Lehmann
Brother. Plus de 17% des consommateurs sont susceptibles de faire défaut, face
à leurs dettes. Il ne s’agit plus seulement de crédits immobiliers mais surtout
de cartes de crédit multiples, de prêts automobiles et de prêts étudiants ;
ces derniers ont doublé en 10 ans (1 300 milliards de dollars). Précisons
que les frais universitaires ont augmenté de plus de 106 % de 1987 à 2010 et
depuis… ça continue.
L’Italie tente toujours de sauver Banca Popolare di Vicenza et
Veneto Banca. Elle vient d’injecter à cet effet 17 milliards d’euros, le 25
juin ; quelques mois plus tôt, c’est la plus vieille banque du monde gangrenée
par des créances douteuses (Montei dei
Paschi di Siena) qui a été renflouée. La dette de l’Etat équivaut à 130 %
du PIB. L’Italie c’est 10 fois la Grèce, c’est un pays divisé entre le Nord
industriel et le Sud rural beaucoup plus pauvre, qui « absorbe » dans des conditions
lamentables une part considérable (avec la Grèce) des migrants et ce, en
l’absence de véritable solidarité européenne. Alors, maillon faible de l'Europe
?
La Chine. Elle est dopée à l’hyper-endettement (257% du PIB).
Des pans entiers de l’économie connaissent une surcapacité de production mais
elle dispose d’un épais surplus d’épargne. Toutefois, comme le Japon, elle ne
dépend pas de créanciers étrangers. La classe régnante qui se confond avec la
classe dominante (PCC – parti du Capitalisme d’Etat chinois !) veille au
grain : lutte contre l’évasion des capitaux chinois, contre la corruption,
et en définitive, pour l’essentiel, c’est l’Etat qui prête à l’Etat, ce qui
minimise les risques ; toutefois, à terme, la stagnation guette, d’où la
volonté d’actionner l’impérialisme économique et de damer le pion aux
Etats-Unis. Les conflits à venir pourraient bien être d’ordre politique, voire
guerrier (Corée du nord/domination asiatique voire mondiale). En fait le risque
de crise est partout, y compris dans des pays fragiles (Chypre, Irlande) ou
dans les pays du sud, comme l’Argentine, dont l’Etat paie des intérêts d’emprunts
au taux moyen de 7,9%.
Et Macron
dans tout ça ? (5)
L’ancien
banquier d’affaires, cette créature issue du hollandisme, est aujourd’hui, le
président de l’oligarchie. Il est le produit de l’avortement de l’alternance gauche-droite.
Donc, ni de droite, ni de gauche. Sous les oripeaux de l’efficacité et de la
modernité, il se propose d’intensifier les politiques qui ont échoué depuis 30
ans, soit la « défiscalisation déboutonnée du capital, combinée à la
démolition des protections juridiques du travail ». Il est l’homme de la
crise économique qui s’annonce, il se veut le meilleur élève de l’aveuglement
général de la classe régnante.
La
défiscalisation du capital s’accélère : les actions, obligations des
grandes fortunes (ISF) ne seront plus ponctionnées. L’impôt sur les revenus du
capital, sera désormais forfaitaire (flat tax) ce qui génèrera un manque à
gagner de 4,5 milliards d’euros pour l’Etat. Raison invoquée : « On n’a pas suffisamment de capitaux pour
financer la croissance de nos entreprises ». Ainsi, les plus de
3 milliards, au titre de l’ISF,
seraient libérés pour l’investissement ! Vaste blague : l’écrasante
majorité de ces actions et obligations qui étaient ponctionnées, est issue du
marché secondaire. Ce sont donc des actions qui ont déjà été émises et ont été
rachetées à des fins spéculatives. La défiscalisation constitue par conséquent
une pure aubaine. Au mieux, analyse Frédéric Lordon, sur les plus de 3
milliards « libérés » de l’ISF, 9 millions iront vers les entreprises
font les rendements sont les plus lucratifs ; elles sont d’ailleurs de
moins en moins nombreuses. Il s’agit, de fait, d’un mouvement général : en
2014, 12,5 milliards ont été injectés dans la production, on en est à 10
milliards en 2015. Quant à la vente et à l’achat d’actions entre financiers,
sans rien produire, elles représentent 3 300 milliards ( !).
Autres
boniments propagandistes : pourquoi y a-t-il du chômage ? Parce que « les
salariés sont trop protégés », ce sont des « fainéants », des « tricheurs »,
des « égoïstes » qui protègent leur statut. Ainsi, les incrustés dans
l’emploi, les chômeurs non « flexibles », de victimes deviennent coupables.
Les solutions : précariser davantage les salariés, recourir aux temps
partiels contraints, aux jobs à 2€ de l’heure et contrôler les chômeurs, tout
en baissant leurs indemnités ou en raccourcissant le temps d’indemnisation.
Efficace ? La baisse du salaire direct et indirect, ce fameux « coût
du travail », va-t-elle relancer la croissance ? L’OCDE reconnaît que
ça n’a aucun effet sur la baisse du chômage. Et les macroniens et autres
néo-libéraux de prétendre que « faciliter
les licenciements, faciliterait les embauches ». Et le conseil
d’analyse économique de rétorquer qu’ «il
n’y a pas de corrélations démontrées entre le niveau de protection de l’emploi
et le chômage ». Alors ? Alexis Kohler, le secrétaire général de
l’Elysée, chien de garde du macronisme, a vendu la mèche pédagogique de la
pensée dite complexe de son maître : l’essentiel est de « savoir si les Français sont effectivement
convaincus que mieux vaut des travailleurs pauvres que des chômeurs bien
indemnisés ». Autrement dit, l’exploitation renforcée des travailleurs
ne peut que renforcer le capitalisme actionnarial, rien ne compte que les
dividendes ! Le hic c’est que la compression des salaires censure les
projets d’investissement non rentables à court terme et réduit dans le même
temps les carnets de commande. Bref, la « pensée complexe » n’est qu’une « colossale imposture idéologique ». Le pari pour le coup
irrationnel de Macron est cette fuite en avant verbale dans l’Europe fédérale
qui protégerait, alors même que son moteur est la concurrence tous azimuts y
compris dans le moins-disant fiscal et social. En jouant dans la cour des
grands, il pourrait reprendre à son compte ce rêve ubuesque de Sarko :
« C’est le G 20 qui devrait être
chargé de la politique économique et financière mondiale… et en décidant à la
majorité et non à l’unanimité ». Vieux rêve de gouvernance mondiale
des classes régnantes tout aussi divisées que les classes dominantes qu’elles
servent, où l’orgie libérale se conjugue avec l’anorexie démocratique. Au-delà
des contradictions qui minent le système, entre capitaux concurrents, entre
capitalisme financier et capitalisme industriel et commercial, et au-delà de l’impossible
synthèse que tentent les classes régnantes vis-à-vis des classes dominantes,
surgissent les conséquences délétères des politiques menées. Outre la
surexploitation programmée par la finance débridée, il y a comme son apparent
contraire, la montée des nationalismes xénophobes, les guerres, les migrations
et le délabrement de l’écosystème.
« Au 19ème siècle, se débarrasser
du capitalisme était une question de justice sociale, c’est aujourd’hui une
question de survie » (Paul Jorion). Malgré la réalité qu’ils vivent,
la prise de conscience des salariés, et d’abord de ceux qui n’ont rien à perdre
que leurs chaînes, retarde sur les défis qu’il faut affronter.
Gérard
Deneux le 24.10.2017
(1)
Interview de
Sarkozy, le Monde du 5 juillet 2017
(2)
Le capital est
dit fictif lorsqu’il ne se réalise pas dans les cycles de production. De fait,
il ponctionne indirectement du capital industriel et commercial dans la
répartition de la plus-value (profit) afin de se réaliser dans la vente des
produits.
(3)
Président de la
BCE de 2003 à 2011
(4)
Le Monde du 20 octobre 2017
(5) Les arguments qui suivent sont empruntés à l’article de
Frédéric Lordon « Le service de la
classe » du 3.10.2017 - blog du Monde
Diplomatique
Sources :
le Monde (série du 4 au 8 juillet sur la crise 2007-2017), blog du Monde Diplomatique, la pompe à phynance
Pour
en savoir plus, lire Se débarrasser
du capitalisme est une question de survie de Paul Jorion –ed. Fayard
Sauf une
exception, les rapaces de la crise de 2008 vivent des jours tranquilles
Dick FULD. PDG de Lehmann Brother, « l’homme le plus haï
d’Amérique ». Après la faillite de la banque, il a empoché 500 millions de
dollars. Il a fondé, en 2016, la société de gestion de fortune Matrix Partners
Angelo MOZILO. PDG de sociétés de prêts hypothécaires, pionnier des
subprimes, il évite la prison contre une amende de 67,5 millions de dollars. A
79 ans, père peinard, il vit dans sa luxueuse résidence à Santa Barbara
(Californie)
Kathleen CORBET. PDG de l’agence de notation Standard and Poor’s, de
2004 à 2007. Elle accorde des « triple A » aux produits toxiques.
Accusée d’avoir trompé les « investisseurs », son agence est
condamnée à une amende de 1,5 milliards de dollars. Reconvertie, à 57 ans, dans
différents CA, elle a créé son propre fonds spéculatif.
Jimmy CAYNE. PDG de Bear Stearns, banque d’affaires gangrenée par
les subprimes. Faillite. Rachetée par la Banque JP Morgan pour 2 dollars
l’action, qui en valait 130 en octobre 2007. Cayne, surnommé « le pire PDG
de tous les temps » bénéficie d’une retraite paisible ; à 83 ans, il
s’adonne à son passe-temps favori, le golf.
John PAULSON fonde un fonds spéculatif en 1994 (Paulson et Cie),
parie sur l’effondrement des subprimes, empoche 3,7 milliards de dollars.
Soutient Trump dont il est l’un des plus proches conseillers.
Fred GOLDWIN. Ancien patron de la Royal Bank of Scotland, 1er
établissement bancaire au monde au cœur de la faillite, nationalisé à 72%. A 56
ans, coule des jours paisibles, entouré de ses luxueuses voitures de
collection
Adam
APPLEGARTH. PDG de Northern Rock, banque britannique au
Coeur de la faillite bancaire. Faillite. Aujourd’hui, conseiller du fonds
spéculatif US Pine Brook
Andy HORNBY. Dirigeant de Halifax Bank of Scotland, sauvée par
l’Etat en 2008. Aujourd’hui, dirige une société de paris, britannique
Sean FITZPATRICK. 69 ans. Ancien patron d’Anglo Irish Bank. Faillite. A
raflé dans la caisse des dizaines de millions d’euros. Lors de son procès a été
blanchi… faute de preuves…
Bernie MADOFF. Ancien patron du Nasdaq (équivalent du CAC 40).
Dirigeant un fonds spéculatif de 6,5 milliards de dollars, proposait des rendements
mirobolants (pyramide de Ponzi) à de très riches milliardaires qui ne lui
pardonnèrent pas d’être un escroc de haut vol. Seul condamné à … 150 ans de
prison. A 79 ans, derrière les barreaux, il distille des conseils lucratifs à
ses codétenus ( !)