PES n° 42 est paru
l'éditorial, ci-dessous
Un clic social d’ampleur
pour renvoyer Macron chez Rothschild ?
Les classes ouvrières et populaires
face à « l’offensive générale » contre leurs conditions de vie se
laisseront-elles, encore une fois, berner ? La stratégie du choc de Macron
entend produire, avec ses réformes tous azimuts, un effet de sidération
désorientant les plus imperméables à la novlangue. Pour le petit Jupiter qui n’est
advenu que grâce au rejet des partis d’alternance, en l’emportant face à
l’épouvantail lepéniste, tout serait possible. Après la SNCF privatisée,
ce serait la Sécu démembrée, la fonction publique ratiboisée, le SMIC obsolète…
Mais la messe n’est pas dite. Il n’est
pas écrit que nous allons connaître les paradis frelatés du Royaume Uni, de
l’Italie, voire de l’Allemagne, et donc, de la paupérisation et de la
précarisation croissantes.
Tous les ingrédients objectifs
semblent en effet réunis : salariés du privé maltraités, licenciés à
souhait, retraités ponctionnés, EHPAD compressés, hôpitaux à la dérive,
étudiants entassés et sélectionnables, fonctionnaires laminés, paysans endettés
et englués dans le productivisme et le glyphosate… La locomotive des cheminots
peut-elle entraîner la convergence de tous ces mal-être, et sortir tous les
wagons des fracassés du capitalisme financiarisé déchaîné qui ne connaît plus
aucune limite ?
Les manifestations du 22 mars ont
certes connu un succès relatif. Pour l’heure, la caste régnante reste sereine.
Elle espère que la grève perlée qui s’annonce et les consultations bidon
qu’elle promeut, étoufferont les manifs saute-moutons et instaureront définitivement,
comme dans la botte italienne, l’inutilité voire l’insignifiance du
syndicalisme. Reste qu’elle se doit de contenir les bévues de ses propres
zélateurs, comme celle d’Elisabeth Borne laissant entendre que la privatisation
de la SNCF s’accompagnerait de « plans (très !) sociaux » de
licenciements. Elle ne comprend rien au social, s’est exclamé Matignon, aux
politiques de la duperie du « en même temps », de droite et de gauche
et inversement, à la magie des mots macroniens.
Il faut espérer que les salariés et
toutes les victimes de ce système nuisible ne seront pas aveuglés par les
discours théâtraux de Macron et de ses sbires. La mise en scène de la division
et l’éructation contre les privilégiés du statut, afin de tirer tous ceux qui
ne font pas partie de l’élite mondialisée vers le bas du moins-disant social, vont
s’exacerber dans les semaines qui viennent. Il faut espérer qu’ils ne se
laisseront pas amadouer par les directions syndicales, tout particulièrement celles
qui cherchent à s’introniser « interlocutrices privilégiées du
gouvernement ». N’en demeure pas moins que les mauvais Berger sont
actuellement meurtris d’être mis sur la touche, jurant qu’il ne faudra pas
venir les chercher quand il sera trop tard pour éteindre l’incendie social qu’ils
redoutent.
La poussée de la base sera-t-elle
suffisamment forte pour bousculer le jeu institutionnel et, dans la foulée,
promouvoir un syndicalisme véritablement indépendant ? Quoiqu’on en dise,
sur les 46 millions de recettes des syndicats, les 13.5 millions de cotisations
pèsent peu, face aux subsides de l’Etat. N’en demeure pas moins que la
combativité réelle, à l’exemple des Conti, des Good Year et de tant d’autres,
pourrait bien cette fois changer la donne. Se rendre ingouvernable vis-à-vis de ceux qui veulent nous imposer
austérité, précarité, sous prétexte de flexibilité, tel est l’enjeu. Renvoyer
Macron à ses missions de chargé d’affaires chez Rothschild ouvrirait la voie,
pour l’heure bloquée, à une véritable alternative au capitalisme prédateur.
Mais, pour ce faire, la parole doit être libérée !
GD le 25 .03.2018