Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mercredi 28 mars 2018


PES n° 42 est paru
l'éditorial, ci-dessous

Un clic social d’ampleur
pour renvoyer Macron chez Rothschild ?

Les classes ouvrières et populaires face à « l’offensive générale » contre leurs conditions de vie se laisseront-elles, encore une fois, berner ? La stratégie du choc de Macron entend produire, avec ses réformes tous azimuts, un effet de sidération désorientant les plus imperméables à la novlangue. Pour le petit Jupiter qui n’est advenu que grâce au rejet des partis d’alternance, en l’emportant face à l’épouvantail lepéniste, tout serait possible. Après la SNCF privatisée, ce serait la Sécu démembrée, la fonction publique ratiboisée, le SMIC obsolète…

Mais la messe n’est pas dite. Il n’est pas écrit que nous allons connaître les paradis frelatés du Royaume Uni, de l’Italie, voire de l’Allemagne, et donc, de la paupérisation et de la précarisation croissantes.

Tous les ingrédients objectifs semblent en effet réunis : salariés du privé maltraités, licenciés à souhait, retraités ponctionnés, EHPAD compressés, hôpitaux à la dérive, étudiants entassés et sélectionnables, fonctionnaires laminés, paysans endettés et englués dans le productivisme et le glyphosate… La locomotive des cheminots peut-elle entraîner la convergence de tous ces mal-être, et sortir tous les wagons des fracassés du capitalisme financiarisé déchaîné qui ne connaît plus aucune limite ?

Les manifestations du 22 mars ont certes connu un succès relatif. Pour l’heure, la caste régnante reste sereine. Elle espère que la grève perlée qui s’annonce et les consultations bidon qu’elle promeut, étoufferont les manifs saute-moutons et instaureront définitivement, comme dans la botte italienne, l’inutilité voire l’insignifiance du syndicalisme. Reste qu’elle se doit de contenir les bévues de ses propres zélateurs, comme celle d’Elisabeth Borne laissant entendre que la privatisation de la SNCF s’accompagnerait de « plans (très !) sociaux » de licenciements. Elle ne comprend rien au social, s’est exclamé Matignon, aux politiques de la duperie du « en même temps », de droite et de gauche et inversement, à la magie des mots macroniens.

Il faut espérer que les salariés et toutes les victimes de ce système nuisible ne seront pas aveuglés par les discours théâtraux de Macron et de ses sbires. La mise en scène de la division et l’éructation contre les privilégiés du statut, afin de tirer tous ceux qui ne font pas partie de l’élite mondialisée vers le bas du moins-disant social, vont s’exacerber dans les semaines qui viennent. Il faut espérer qu’ils ne se laisseront pas amadouer par les directions syndicales, tout particulièrement celles qui cherchent à s’introniser « interlocutrices privilégiées du gouvernement ». N’en demeure pas moins que les mauvais Berger sont actuellement meurtris d’être mis sur la touche, jurant qu’il ne faudra pas venir les chercher quand il sera trop tard pour éteindre l’incendie social qu’ils redoutent.

La poussée de la base sera-t-elle suffisamment forte pour bousculer le jeu institutionnel et, dans la foulée, promouvoir un syndicalisme véritablement indépendant ? Quoiqu’on en dise, sur les 46 millions de recettes des syndicats, les 13.5 millions de cotisations pèsent peu, face aux subsides de l’Etat. N’en demeure pas moins que la combativité réelle, à l’exemple des Conti, des Good Year et de tant d’autres, pourrait bien cette fois changer la donne. Se rendre ingouvernable  vis-à-vis de ceux qui veulent nous imposer austérité, précarité, sous prétexte de flexibilité, tel est l’enjeu. Renvoyer Macron à ses missions de chargé d’affaires chez Rothschild ouvrirait la voie, pour l’heure bloquée, à une véritable alternative au capitalisme prédateur. Mais, pour ce faire, la parole doit être libérée !

GD le 25 .03.2018