Après les vœux de campagne,
l’aveu du reniement
La vérité du hollandisme n’est que la continuité
d’une dérive. Qui, mieux que Hollande, pourrait en faire l’aveu tout en se dissimulant derrière le rideau d’un
prétendu pragmatisme de bon aloi ? Interviewé, il aurait pu nous dire :
Mettre fin à la
chasse aux Roms, aux sans papiers, gracier la Basque Aurore Martin, réhabiliter
les Conti, abandonner les poursuites contre Julien Coupat et sa compagne,
imposer le vote des étrangers, certes, cela n’aurait rien coûté à l’Etat, mais
voyez-vous, Son Autorité en aurait été affectée à l’heure où le maintien de
l’ordre est plus que nécessaire. Voyez en Grèce, en Espagne… Ceux qui me
reprochent mon manque de courage ne comprennent pas la nature ambiguë du hollandisme : louvoyer à reculons,
c’est tout un art, celui d’affronter de biais l’impopularité pour recevoir les
louanges du patronat et les encouragements des médias. Prenez l’exemple de
l’austérité imposée à petits pas. Je désigne l’adversaire, la finance sans
visage, puis je compose, les créanciers faut les rembourser sinon ils nous
imposeront des taux d’emprunt insupportables ! Je prétends faire reculer
Merkel et obtenir un volet de croissance au pacte de stabilité, elle refuse et
je plie, en attendant des jours meilleurs. Elle y viendra d’elle-même lorsque
l’Europe entière entrera en récession. Vous voyez ! Manœuvrer à reculons,
à la godille, est d’une suprême habileté ! Et je me targue de réussir ce
que Sarko n’a pas eu le courage d’entreprendre. Compétitivité, j’appelle
Gallois, patron respectable, la droite vocifère, je vais enterrer son rapport,
la gauche respire mieux et je choisis le juste milieu. Après avoir fait mine
d’imposer les riches avec mesure, je les gratifie de cadeaux sous forme de
crédits d’impôt. De même, après avoir répudié et supprimé la TVA sociale
sarkozyste, j’instaure l’augmentation de la TVA pour 2014, tout en abaissant le taux
sur les produits de 1ère nécessité. N’est-ce pas là toute la
virtuosité du pouvoir gouverner ?
Vous le savez, j’étais
l’homme de la synthèse au Parti Solferino, Président de tous les Français, je
le demeure. Certes, j’ai dû prendre en compte le scandale des dépassements
d’honoraires mais en bon Ponce Pilate, je m’en suis lavé les mains en confiant
les négociations aux partenaires sociaux. Il y a bien eu quelques mouvements
d’humeur des privilégiés mais le compromis pour que rien ne change est proche. Il
en a été de même pour l’insurrection des pigeons et la grogne des patrons du
CAC 40. Je garde le cap sur le chemin tortueux des reculades. Avec l’appui des
médias, l’on peut demeurer populaire tout en restant médiocre. Il n’y a aucune
gêne à démériter vis-à-vis de promesses que l’on ne se sent pas en capacité de tenir.
Je suis l’œuvre de mes manœuvres.
J’entends bien les
insatisfactions. Mais, voyez-vous, l’horizon s’éclaircit. L’UMP se rabougrit de
ses querelles, le Centre se recompose et me fait des appels du pied,
l’ouverture au centre droit devient crédible. Quant à ma majorité, je m’en charge : les strapontins leur
sont chers, avec le temps ils apprendront à devenir de bons godillots, même les
Verts. Je ne les vois guère sortir du gouvernement pour aller se mêler aux
agités de Notre Dame des Landes. Avec le Front de Gauche, c’est plus malaisé
mais j’espère bien museler ces communistes en peau de lapin attachés à leurs
fiefs par quelques promesses électorales. Et puis tous sont tellement attachés
à la discipline républicaine.
Certes, c’est un pari
pascalien que je fais, tout cagot que je suis. Je parie sur l’angoisse d’un
traumatisme que je distille à petites doses. Cette potion tétanise et dans
toute ma rondeur je rassure. Vous me dites que le hollandisme n’a pas d’avenir, nous verrons. Dans ma manche, je
garde la carte du Vallisme.
Gérard Deneux, le
17.11.2012
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