Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


samedi 17 novembre 2012


Après les vœux de campagne, l’aveu du reniement


La vérité du hollandisme n’est que la continuité d’une dérive. Qui, mieux que Hollande, pourrait en faire l’aveu  tout en se dissimulant derrière le rideau d’un prétendu pragmatisme de bon aloi ? Interviewé, il aurait pu nous dire :

Mettre fin à la chasse aux Roms, aux sans papiers, gracier la Basque Aurore Martin, réhabiliter les Conti, abandonner les poursuites contre Julien Coupat et sa compagne, imposer le vote des étrangers, certes, cela n’aurait rien coûté à l’Etat, mais voyez-vous, Son Autorité en aurait été affectée à l’heure où le maintien de l’ordre est plus que nécessaire. Voyez en Grèce, en Espagne… Ceux qui me reprochent mon manque de courage ne comprennent pas la nature ambiguë du hollandisme : louvoyer à reculons, c’est tout un art, celui d’affronter de biais l’impopularité pour recevoir les louanges du patronat et les encouragements des médias. Prenez l’exemple de l’austérité imposée à petits pas. Je désigne l’adversaire, la finance sans visage, puis je compose, les créanciers faut les rembourser sinon ils nous imposeront des taux d’emprunt insupportables ! Je prétends faire reculer Merkel et obtenir un volet de croissance au pacte de stabilité, elle refuse et je plie, en attendant des jours meilleurs. Elle y viendra d’elle-même lorsque l’Europe entière entrera en récession. Vous voyez ! Manœuvrer à reculons, à la godille, est d’une suprême habileté ! Et je me targue de réussir ce que Sarko n’a pas eu le courage d’entreprendre. Compétitivité, j’appelle Gallois, patron respectable, la droite vocifère, je vais enterrer son rapport, la gauche respire mieux et je choisis le juste milieu. Après avoir fait mine d’imposer les riches avec mesure, je les gratifie de cadeaux sous forme de crédits d’impôt. De même, après avoir répudié et supprimé la TVA sociale sarkozyste, j’instaure l’augmentation de  la TVA pour 2014, tout en abaissant le taux sur les produits de 1ère nécessité. N’est-ce pas là toute la virtuosité du pouvoir gouverner ?

Vous le savez, j’étais l’homme de la synthèse au Parti Solferino, Président de tous les Français, je le demeure. Certes, j’ai dû prendre en compte le scandale des dépassements d’honoraires mais en bon Ponce Pilate, je m’en suis lavé les mains en confiant les négociations aux partenaires sociaux. Il y a bien eu quelques mouvements d’humeur des privilégiés mais le compromis pour que rien ne change est proche. Il en a été de même pour l’insurrection des pigeons et la grogne des patrons du CAC 40. Je garde le cap sur le chemin tortueux des reculades. Avec l’appui des médias, l’on peut demeurer populaire tout en restant médiocre. Il n’y a aucune gêne à démériter vis-à-vis de promesses que l’on ne se sent pas en capacité de tenir. Je suis l’œuvre de mes manœuvres.

J’entends bien les insatisfactions. Mais, voyez-vous,  l’horizon s’éclaircit. L’UMP se rabougrit de ses querelles, le Centre se recompose et me fait des appels du pied, l’ouverture au centre droit devient crédible. Quant à ma majorité,  je m’en charge : les strapontins leur sont chers, avec le temps ils apprendront à devenir de bons godillots, même les Verts. Je ne les vois guère sortir du gouvernement pour aller se mêler aux agités de Notre Dame des Landes. Avec le Front de Gauche, c’est plus malaisé mais j’espère bien museler ces communistes en peau de lapin attachés à leurs fiefs par quelques promesses électorales. Et puis tous sont tellement attachés à la discipline républicaine.

Certes, c’est un pari pascalien que je fais, tout cagot que je suis. Je parie sur l’angoisse d’un traumatisme que je distille à petites doses. Cette potion tétanise et dans toute ma rondeur je rassure. Vous me dites que le hollandisme n’a pas d’avenir, nous verrons. Dans ma manche, je garde la carte du Vallisme. 

Gérard Deneux, le 17.11.2012

Vous retrouverez cet article sous forme d’éditorial dans le prochain A contre courant pour l’émancipation sociale, à paraître en novembre.

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