De chocs en couacs.
A peine avait-il
annoncé, avec la grandiloquence qui s’imposait, que nous allions connaître un choc de simplification de la paperasse
administrative censé libérer un nouvel essor des énergies patronales,
qu’Hollande apprit qu’il était essoré. Les révélations de Médiapart, il n’avait pas voulu y croire persuadé que cette affaire
comme tant d’autres s’évanouirait dans les secrets bien gardés des banquiers
suisses. C’était sans compter sur la perspicacité de certains juges.
Ce fut un choc qui
valait bien de jouer les vierges effarouchées d’autant que l’homme Cahuzac
avait bénéficié, face à son honneur outragé, de la confiance réitérée de
parlementaires, ministres et même les
yeux dans les yeux du Président. Encensé qu’il avait été, ce compétent de
la rigueur, lui qui avait le courage de faire les poches des gens de peu en
taillant dans les dépenses publiques, il apparaissait, en toute lumière, tel
qu’en lui-même, un fraudeur ayant été à
bonne école qui chassait les fraudeurs. Et tous les sociaux-libéraux qui,
tous, connaissaient son train de vie de s’exclamer, nous ne savions pas !
Cocasse ou pitoyable, ce repiqueur de cheveux, ce rabatteur de crânes chauves,
cet aigrefin de la Sécu, entretenant de troubles relations lucratives avec
l’industrie pharmaceutique, avec ses amis du GUD/FN qui s’ingéniaient à mettre
à l’ombre des paradis fiscaux ses revenus illicites.
Face à ce choc
suivi d’un affolement, il fallait frapper l’opinion effarée, d’autant que la
popularité du Président et de son gouvernement était en berne, l’option
gouvernementale d’un remaniement (de cohabitation avec Bayrou, le chevalier blanc)
après les municipales semblait s’évanouir. Et, au sortir d’un conseil des ministres,
Hollande par un prêche convenu, en tirades saccadées, promit de s’attaquer à la
« finance avec visage », aux prévaricateurs et paradis fiscaux !
Diantre ! Tous les ministres, parlementaires, hauts fonctionnaires
devaient tous se déculotter, montrer leur patrimoine afin de prouver au tout
venant qu’ils étaient tous plus blancs que blancs. Chiche ? Et
couac ! Certains cuistres s’indignèrent de tant de populisme.
M’enfin ! La fraude fiscale, ces 40 à 80 milliards n’allaient-ils pas être
récupérés ! On ne pouvait qu’applaudir tout en sachant que le bricoleur de
l’Elysée possédait une «boîte à outils» déficiente : fonctionnaires du
Trésor et juges insuffisants, et couac ! Les louables promesses subirent
un vent de critiques. Dans cette atmosphère délétère, il y eut pire. Le
trésorier de la campagne présidentielle possédant deux sociétés aux îles Caïman
n’était-il pas expert en filouterie ? La barre lucrative du bateau de la
Marine n’était-elle pas tenue par sieur Peningue, expert en dissimulation de
revenus illicites et courtier de Cahuzac ? De quoi éclabousser toute la
caste politicienne y compris le fonds de commerce du FN, prétendument au
service de petits franchouillards. L’UMP des Copé et consorts donna de la voix
contre ce gouvernement irresponsable !
Et de nouveau, un
couac avec se ministres dissidents, les Montebourg, Hamon, Duflot, voulant
changer de cap, abandonner les eaux de l’austérité, la barque du PS risquant de
sombrer. Vent debout, Ayrault accusa le choc, rappelant que le débat entre
godillots n’était pas de mise, il en allait de la santé des créanciers qu’il ne
fallait pas fâcher sous peine d’une hausse des intérêts, des remontrances de
Bruxelles. Pas d’autre ligne de flottaison que celle consistant à rembourser
les près de 1 900 milliards d’euros de dettes.
Quant à un audit de
la dette, à la socialisation des banques qui grenouillent dans les paradis
fiscaux par filiales interposées, il n’en fut pas question, la fureur sur-jouée
contre la finance s’arrête aux portes dorées des BNP Paribas et autre Crédit
Agricole.
Face aux gens de
pouvoir, il n’y a que le pouvoir que les gens du peuple se donneront pour
nettoyer les écuries d’Augias du capitalisme financiarisé.
Gérard D
Le 12.04.2013