Aminata Traoré interdite de séjour en France
Cette pétition doit être validée par la Communauté Avaaz
avant publication
Pourquoi c'est important
Parler du Mali. Parler de l’Afrique.
Au-delà des images de guerre ou de famine diffusées en masse
par les médias, notre ambition est de donner la parole à une autre Afrique, une
Afrique qui invente, qui construit et qui lutte pour la reconnaissance d’une
modernité proprement africaine. C’est dans ce but que cette pétition a été
lancée : déclencher des débats, donner envie de s’informer autrement, découvrir
des paroles divergentes, chercher à comprendre ce qui peut bien se cacher
derrière l’unanimité internationale qui accompagne l’intervention française au
Mali.
Aminata Traoré, qui fût ministre de la culture du Mali et qui
aujourd’hui dirige le centre Amadou Hampâté Ba (
http://www.centre-cahba-bamako.org/ ) au sein du quartier Missira de Bamako, est
aussi essayiste, écrivain et militante infatigable au sein du forum social
mondial et du forum pour un autre mali (http://www.foram-forum-mali.org/ ). Ses
actions auprès des populations et des institutions privilégient des méthodes
permettant aux citoyens une appropriation politique des situations. Elle tient à
démontrer qu’une autre Afrique est possible et dénonce les politiques
d’ajustement structurel imposées au Mali depuis des décennies par les instances
internationales (FMI, Banque mondiale). Ces politiques d’ajustement structurel
sont les conditions à remplir par les pays soi-disant « sous-développés » en
échange d’une aide financière ou d’un allègement de la dette. Elles sont la tête
de proue de la mondialisation néo libérale et imposent un modèle économique
prédateur à des sociétés déjà fragilisées par des siècles de colonisation. Les
politiques d’ajustement structurel sont une sorte d’austérité budgétaire imposée
de l’extérieur. Elles consistent en des coupes drastiques dans les services
publics (suppression de postes de fonctionnaires, réduction des budgets
consacrés à l’éducation, à la recherche ou la santé), d’une privatisation de
pans entiers de l’économie et d’un détournement de l’agriculture de son rôle
nourricier au profit de multinationales cultivant pour exporter et non pour
nourrir le pays. Ces mesures sont ravageuses pour les populations : misère,
chômage, sécheresses, conflits armés en sont les principales conséquences ainsi
qu’une profonde désillusion des populations, surtout les jeunes, qui, convaincus
de l’absence de perspective, s’orientent vers l’exil ou le combat.
Le point de vue défendu par Aminata Traoré consiste à dire
que le développement de groupes armés (narcotrafiquants, djihadistes,
autonomistes) est une des conséquences de ces politiques néo libérales imposées
au Mali ainsi qu’une suite logique de la politique française en Afrique
notamment en ce qui concerne l’intervention française en Libye. (Lire à ce sujet
le rapport Bonnet sur la Libye : http://www.burundirealite.org/PDFs/64.pdf ). La
France est en quelques sortes un « pompier-pyromane » déguisé en humaniste. Elle
dénonce le fait que, sous-couvert de la lutte contre le terrorisme, la France
est bien là pour défendre ses intérêts économiques et géostratégiques et pour
négocier avec ses « amis » africains les conditions d’attribution des différents
marchés (miniers, agricoles, télécommunication,…). Elle est aussi très critique
envers les élites africaines, engluées dans la corruption, sans vision, et qui
n'ont d'autre projet que de mettre en place ces mesures au profit de quelques
uns, sans s'occuper des populations.
Tous ces combattants « terroristes » sont pour la plupart des
jeunes maliens ou africains qui n’ont trouvé d’autre alternative à la misère que
de se mettre au service de ces groupuscules fanatiques ; misère structurelle qui
accompagne systématiquement ce modèle économique dominant.
La lecture du conflit malien est souvent simpliste et
n’embrasse que rarement les différents enjeux. Aminata Traoré défend l’idée
qu’aucune démocratie ne sera possible si elle ne s’accompagne pas d’une
alternative économique ancrée dans la culture malienne contemporaine. Elle
montre quotidiennement au travers des réalisations du centre Amadou Hampâté Ba,
qu’il est possible d’articuler des réponses à la violence politique et à la
crise écologique avec une autre vision de l’économie. Elle est aujourd’hui une
des seules à dénoncer l’opération Serval au Mali, il est important de pouvoir
continuer à l’écouter même si le gouvernement français en a décidé autrement.
Accordez-lui ce soutien. Signez la pétition.
Suivez ce lien pour une meilleure compréhension de la situation : http://www.jennar.fr/?p=2959