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samedi 5 avril 2014

En réponse au Bureau
du Comité de vigilance pour la défense des services publics de proximité

Objet : insalubrité du 3ème étage de l’hôpital de Lure et insuffisances dans les modalités de soins dispensés.

La réaction du Bureau du Comité le 31.03.2014 à mon article intitulé « Maltraitance à l’hôpital de Lure ? » du 20 mars est stupéfiante : l’essentiel consiste à se démarquer de ce membre du CA qui ose enfreindre l’omerta qui semble régner sur ce qui reste de l’hôpital. L’image du Comité pourrait-elle être entachée par le droit d’expression d’un de ses membres qui dénonce l’état de délabrement des chambres de l’hôpital de Lure ? Où a-t-on vu que la liberté d’expression devait être autorisée, avalisée, restreinte, habilitée, d’autant plus à l’heure d’internet et des lanceurs d’alerte ? Est-il encore possible de s’indigner sans autorisation préalable au regard des conditions de traitement des malades ? Faudrait-il continuer à les passer sous silence et condamner ceux qui enfreignent cette omerta ?

C’est ce que j’ai cru comprendre lorsque j’ai, dans un premier temps le 10 janvier 2014, interpelé le Conseil d’administration du comité de vigilance, sur les conditions inacceptables d’accueil dénoncées par le fils d’un malade hospitalisé à Lure. La réponse qui m’a été faite, notamment par le Président est la même que celle contenue dans la déclaration du Bureau, à savoir, « que les malades maltraités aillent se plaindre auprès des autorités compétentes… : l’ARS, le directeur de l’établissement ou le Préfet », bref, auprès de ceux qui sont responsables de cet état de fait et ne peuvent en ignorer les conséquences. Faut-il que ces malades isolés attendent la « réponse » alambiquée du CHI ? Faut-il que les malades, qui plus est, âgés, ceux qui précisément risquent de retourner à l’hôpital, se mouillent sans soutien actif ? A quoi sert donc, dans ces conditions, le Comité de vigilance ?(1)

D’autant que les membres du Bureau affirment avoir été « alertés sur la vétusté de certains locaux » et sur l’insuffisance des personnels. Pourquoi ne pas le dénoncer, en saisir l’opinion publique ? Le faire, ne serait-ce pas exercer sa vigilance par rapport aux maladies nosocomiales pouvant se déclarer et apporter un soutien public à la revendication d’embauche de personnels de santé en grave sous effectif ?

Les faits rapportés sont incontestables, témoignages recueillis, photos à l’appui, et la certitude qu’en l’occurrence, il était nécessaire d’interpeler publiquement car il s’agissait d’être « critique, déterminé » car la « situation l’exige au regard du principe de précaution ».

A se réfugier derrière les plaintes des victimes pour mieux entretenir le mythe d’une unité des usagers et des personnels dont serait garant le Comité, l’on se condamne à l’inaction et à l’évocation de principes abstraits : la défense des hôpitaux de proximité et leur nécessaire amélioration et ce, sans avoir prise sur le réel.

Les malades sont en première ligne d’un système de santé défectueux ; le manque de moyens et le comportement des soignants en nombre insuffisant, bien qu’ils en pâtissent, en sont les rouages volontaires ou involontaires, les responsables essentiels sont les politiques mises en œuvre depuis plusieurs années. Telle est la logique articulée d’un système de santé en crise, il ne s’agit nullement d’une critique systématique des personnels, ce n’est nullement là faire preuve « d’amalgame en mettant tout sur le même plan ».  

Quant à évoquer la « maltraitance supposée » d’un malade que j’utiliserais, le dossier constitué, les témoignages, l’interpellation à ce sujet de la presse (et la réponse à celle-ci, suite à investigation d’un journaliste de l’Est Républicain, Alain Roy, ce jour), constitue la meilleure réponse à ce jugement de valeur, de défiance.

Salutations vigilantes,
Gérard Deneux,
membre du CA du Comité de vigilance, Président des Amis de l’émancipation Sociale (AES), le 4 avril 2014.


(1) La lutte pour la santé, compte tenu des régressions en cours, ne saurait se limiter, pour les victimes, à une plainte (qui n’en est pas une) auprès des instances mettant en œuvre la politique d’austérité. C’est une forme de juridicisation des « affaires » qui laisse les plaignants isolés. Et ce n’est pas la copie de ces interpellations auprès du comité de vigilance qui pourrait y changer grand-chose. On peut connaitre à l’avance la réponse des « autorités » : « nous sommes sensibles à vos préoccupations … nous vous tiendrons au courant des mesures qui pourraient être prises pour remédier à ces difficultés, etc. ». Quant à la véritable plainte auprès du Procureur de la République, chacun le sait, elle risque d’aboutir au classement sans suite. Alerter l’opinion, susciter l’indignation, sensibiliser afin que les citoyens prennent réellement leurs affaire en mains me semble une voie plus judicieuse.