Brèves
de débat
Jean-Louis a participé au
débat sur :
22
ans après les accords d'Oslo, quel bilan ?
Quelles perspectives pour
la Palestine ?
avec Alain
Gresh* et Julien Salingue*
Voilà ce qu'il en a retenu et qu'il veut partager
C'était le 9 juin, à
Montbéliard, à l'initiative du CRAC 19, avec les Amis de
l'émancipation Sociale, les Amis du Monde Diplomatique Nord Franche-Comté et l'Atelier.
Les
accords d'Oslo (1993), selon Julien Salingue :
Contexte en 1993 : l'OLP est
faible - l'URSS restreint son soutien - l'OLP soutient l'Irak pendant
la guerre du Golfe et ternit son image en Occident - l'intifada
s'éternise…
Les accords d'Oslo sont
matérialisés par un échange de lettres :
- une lettre palestinienne
(1page1/2) : reconnaissance du droit à l'existence d'Israël,
arrêt de la lutte armée
- une lettre israélienne (1
ligne 1/2) : reconnaissance de l'OLP.
Israël s'engage en outre à
donner une autonomie « relative » à une partie
croissante du territoire palestinien, sans le quitter militairement.
En clair : si vous voulez plus de territoires autonomes, montrez
que vous êtes capables de faire la police, dans ceux que vous
contrôlez. L'objectif des accords d'Oslo est d'étouffer la volonté
de révolte des Palestiniens par le chantage effectué sur l'autorité
palestinienne, pendant que la colonisation continue. Israël fait
faire la police par l'autorité palestinienne (40 % des
fonctionnaires palestiniens sont des policiers (c'est plus que dans
la Syrie d'Assad ou l'Irak de Saddam Hussein). Les dirigeants
palestiniens sont remerciés de faire le sale boulot en coulant des
jours heureux dans des îlots de richesses et de douceurs. Israël
profite en plus de l'aide internationale aux territoires autonomes,
car cet argent sert aux Palestiniens pour acheter des produits
israéliens : autrement dit : l'aide internationale finit
en subvention à Israël. Exemple : l'aéroport de Gaza a été
construit avec des aides européennes avec du ciment acheté à
Israël, détruit par Israël, reconstruit par les Occidentaux avec
du ciment acheté à nouveau à Israël ! Israël et les
Occidentaux ont inventé le mouvement universel en matière
économique.
Oslo a donné l'illusion que
le « conflit israélo-palestinien » était en passe
d'être résolu, donc a donné une légitimité internationale à
Israël.
Qu'en
est-il ?
- 1993 : 250 000 colons
en Cisjordanie et Jérusalem - 2015 : 650 000 colons
- Israël perçoit des droits
de douane sur tout ce qui entre en Palestine, puis les reversent,
selon son bon vouloir, à l'autorité palestinienne (cela représente
60 % de son budget), alors quand Israël ne verse pas...
- Israël peut arrêter
n'importe quel Palestinien dans les territoires autonomes, en 2014 =
9 000 Palestiniens ont été jugés, 99,4 % ont été déclarés
coupables…
- Israël n'est pas l'Afrique
du Sud… En Afrique du Sud, il n'y a jamais eu de routes réservées
aux Blancs…
- Après la victoire
électorale du Hamas à Gaza (2006), l'aide internationale a été
suspendue : en 15 jours, l'économie s'est effondrée,
détournant les Gazaouïs du concept de démocratie occidentale, les
jetant dans les bras de formation extrémistes
- L'Occident a « cassé »
les régimes laïques, socialistes (Nasser, Saddam Hussein…) qui,
malgré beaucoup de défauts, avaient quelques qualités, et ce
faisant, a jeté les populations dans les bras des islamistes
extrémistes. Ceci a permis de transformer un conflit territorial en
conflit religieux (le Hamas remplaçant l'OLP, côté palestinien,
les extrémistes religieux remplaçant les Sionistes souvent athées,
côté israélien)
Un
peu d'espoir
Les grands axes d'aide au
peuple palestinien :
- internationaliser la lutte
- unir les combattants
- rendre la lutte populaire.
Sur les 1er et 3ème
points, nous pouvons jouer un rôle important. Le Boycott
Désinvestissement Sanction est un moyen : les Palestiniens
sont très favorables au Boycott d'Israël même s'ils finissent par
en subir les conséquences. Chaque achat de produits palestiniens via
l'AFPS, Euro Palestine, sur les sites de ventes internet (Philistins,
Sark…), chaque visite d'un Occidental en Cisjordanie, chaque appel
au Boycott, participent donc efficacement à l'existence des
Palestiniens et à la réussite de leur lutte.
Israël veut à long terme
chasser les Palestiniens de leur patrie, de leur territoire, la
meilleure lutte pour les Palestiniens est de vivre, d'avoir
des projets humains, économiques, d'exister sur leur terre (hors des
ghettos artificiels tels que Ramallah) pour empêcher Israël de les
chasser.
La guerre d'Israël contre les
Palestiniens est le résultat des actions des Occidentaux, en
particulier France et Royaume-Uni (plan de partage de la Palestine en
1916) donc, nous devons en parler, en débattre en France :
ce n'est pas une « importation » du conflit en Occident
que faire ça, au contraire, c'est participer à démonter les
bobards répandus par, notamment, la diplomatie française
(légèrement pro-israélienne!) quand elle n'emploie jamais les
termes « occupés-occupants » mais plutôt «conflit
bilatéral » ou quand elle présente Israël comme un Etat
protecteur face à l'islamisme extrémiste, etc.
Jean-Louis Lamboley
*journaliste au Monde
Diplomatique, auteur de De quoi la
Palestine est-elle le nom ?(2010), Israël,
Palestine : Vérités sur un conflit
(2001) et Julien Salingue, auteur de L'autonomie
palestinienne (1994-2000), Anatomie de l'échec
du processus de construction étatique palestinien
(2014), A la recherche de la Palestine (2011)