Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 29 juin 2015

Hémorragies dans les grands hôpitaux publics.

La presse s’est fait l’écho des saignées qui continuent d’anesthésier les hôpitaux publics. On voudrait, ici, y revenir tout en insistant sur la nature austéritaire de la politique du gouvernement Hollande, n’agissant que sous la pression de la commission européenne et du Conseil Européen des chefs d’Etat et de gouvernement, auquel il participe.

Les hôpitaux de Paris – AP-HP

L’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, ce sont 38 hôpitaux. La question qui se pose au pouvoir, c’est comment parvenir à supprimer en 5 ans, 4 000 emplois, alors même que les médecins surchargés demandent plus de temps libre, refusent les restrictions de dépenses et que les « jeunes ne sont pas prêts à flinguer leur vie de famille ». D’autant que le manque d’effectifs est flagrant, les agents ne peuvent pas prendre leurs RTT, les cumulent sur leur compte-épargne-temps. Le pouvoir, Marisol Touraine en tête, va faire appel à un humanitaire bon teint : Martin Hirsch, comme directeur, usant d’une méthode insidieuse susceptible de diviser les syndicats et les personnels ; il lance le 6 mai dernier, une discussion pour « revisiter les 35 heures ». Il s’agit, en fait, d’augmenter le temps de travail, sans les récupérations possibles, des 75 000 salariés paramédicaux et administratifs qui font parfois… plus de 60 heures par semaine. La suppression de 5 jours de RTT, « tout en respectant le cadre réglementaire » !!!  serait susceptible d’alléger cette usine à soins qui fonctionne à flux tendus.

Cette manœuvre, bien que contestée lors de la journée de mobilisation du 21 mai, va plus ou moins fonctionner. Les médecins, ressource rare, vont imposer leurs conditions en faisant peser les « efforts » sur les précaires, les intérimaires et les paramédicaux. Les urgentistes obtiennent, à partir du 1er juillet, les 39 heures ( !), les dépassements d’horaires étant récupérés ou payés. La simple menace de grève a suffi, les 4 500 anesthésistes réanimateurs, dindons de la farce ( !) demandent à bénéficier de ces changements. Le malaise et les divisons persistent… d’autant qu’une directive européenne non appliquée, interdit aux internes de travailler plus de 48 heures par semaine.

L’Assistance Publique et Hôpitaux de Marseille

JJ Romatet avait été nommé directeur, avec l’objectif « d’économiser 86 millions d’euros sur 4 ans ». Il voulait créer un véritable électrochoc en s’attaquant… (seulement) au clientélisme de recrutement. Faut dire qu’au sein du cabinet du Maire de Marseille, était institué un véritable bureau d’embauche. Fin mars, plein de zèle, le directeur procédait, suite au conseil de discipline, à des radiations pour incompétence. Cela ne réglait pas, bien évidemment, le milliard d’euros de dette, dont 21% sont constituées d’emprunts toxiques, et n’entamait qu’à peine les 40 milliards d’euros de déficit annuel. Et permettait encore moins de rénover l’hôpital (50 millions d’euros) qui, depuis 1974, alors qu’il était considéré comme le plus bel établissement européen selon les dires de certains, n’avait connu aucun entretien ni réhabilitation.

Limogé, le directeur fut remplacé par la dénommée Catherine Geindre. Elle promit du sang et des larmes et … l’interdiction de geindre : 500 à 1 000 (!) emplois sur les 15 000 agents doivent être supprimés alors qu’ils sont déjà victimes de burnout ! Les syndicats ont promis la mobilisation générale sous forme d’Etats Généraux. 17989 à l’hôpital ?

Ces deux exemples significatifs s’inscrivent dans un plan de restriction budgétaire de 3 milliards d’euros sur 3 ans, avec la suppression de lits y afférente. Et la Marisol Touraine, d’annoncer sans rire que « ces efforts se feront à effectifs constants ». D’ailleurs les Agences Régionales de Santé ont reçu pour instruction de procéder à des saignées drastiques. A la manière du médecin de Molière ? 860 millions de réduction sur les salaires, les régions les plus touchées étant Rhône-Alpes, le Nord Pas-de-Calais (33 millions), la Région PACA (35 millions) et l’Ile-de-France (111 millions). Quant au nombre de lits supprimés, il devrait correspondre à 1 milliard « d’économies ».

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Après les déserts médicaux en ruralité, l’hécatombe risque de se poursuivre dans les grandes agglomérations pour le plus grand bénéfice des cliniques privées qui y trouveront des niches rentables, tout en facilitant une médecine à deux vitesses. Quant à ceux qui veulent encore croire au caractère social de ce gouvernement et à la possibilité de le faire changer d’avis, l’admonestation de Bruxelles et la réponse fournie devraient, en toute rationalité ( !), leur déciller les yeux.

La Commission Européenne, en accord avec les orientations promues par le Conseil Européen des chefs d’Etat et de gouvernement -  on  ne dit jamais assez cette réalité camouflée de qui compose le Conseil Européen !), insiste pour que « les mesures promises soient mises en œuvre » : la loi sur les « seuils sociaux » pour supprimer le nombre de représentants du personnel, les « réformes » sur les « retraites complémentaires » trop « généreuses », la « réforme » des professions réglementées, le marché du travail pas assez « flexible »… Mais que font Valls et Macron ? Pour toute réponse, Bercy s’est engagé à dégager… 4 milliards d’économies supplémentaires pour 2015… Encore des saignées !

Gérard Deneux le 27.06.205