Le numéro 16
de PES - Pour l'Emancipation Sociale -
est paru
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Voici l'éditorial
L’Europe désunie et les craquements du monde
capitaliste
Ce numéro de rentrée est largement
consacré à la Grèce, où, depuis le mois de juin, les évènements se sont
précipités. S’il y a lieu de s’interroger sur la capitulation de Tsipras, il
convient également de mesurer l’impact de ces prétendues négociations imposant
l’austérité renforcée et la spoliation des biens publics grecs. Certes, une
certaine espérance sociale, nourrie d’illusions sur la
transformation « progressiste » de cette Europe-là est en voie
d’extinction : l’Europe capitaliste est irréformable, elle doit être brisée.
Pour l’heure, ce sont ces
contradictions internes qui affleurent. L’UE est plus désunie que jamais.
L’hégémonie du capitalisme allemand, qui draine derrière lui ses satellites de
l’Est et les pays du Nord, se heurte aux intérêts des classes dominantes des
pays du Sud qui redoutent la colère des classes ouvrières et populaires
qu’elles ont pressurisées. En France et en Italie, les castes politiques au
pouvoir, en rechignant à respecter les normes du pacte dit de rigueur
budgétaire, craignent la férule des eurocrates du Nord et les convulsions
populaires dans leurs pays respectifs. Prévalent donc la montée des égoïsmes
nationaux et les politiques sécuritaires liberticides.
On assiste désormais à la
fragilisation des institutions de l’eurocratie :
la commission européenne qui se voulait la médiatrice des intérêts divergents
des Etats membres est en voie de marginalisation ; l’eurogroupe des
financiers se heurte à la BCE dirigée par un ancien de la Goldman Sachs,
représentant les intérêts des usuriers de la finance globale ; le FMI
devant tenir compte de son principal contributeur , les USA, crie
« casse-cou ! » vis-à-vis de la montagne de dettes
irrécouvrables imposées à la Grèce et le Parlement croupion européen sera
certainement demain le cénacle de vociférations impuissantes.
Bref, la crise de ceux d’en haut
s’accélère. Le Royaume Uni (!) tenté par la sortie de l’Union européenne se
heurte au nationalisme écossais pro-européen. La même logique est à l’œuvre en
Espagne, en Hongrie… Les forces nationalistes et fascistes sont à l’affût d’un
probable démembrement de cette Europe-là. Et il se pourrait bien que l’afflux
de réfugiés politiques, économiques et climatiques accélère ce processus.
On assiste, en effet, à la fin
douloureuse d’un cycle : celui de « l’utopie » de la
mondialisation financière. Sa viabilité supposée, reposant d’une part sur la
spoliation, a fait surgir de nouveaux nationalismes comme la Russie
poutinienne. Elle se fondait, d’autre part, sur l’exploitation des pays à bas
salaires, la délocalisation d’entreprises polluantes, tout particulièrement en
Chine. Or, le moteur de cette expansion du capitalisme débridé, cet
« atelier du monde », s’est enrayé. La crise boursière qui affecte ce
pays, dirigé par le PCC « Parti du Capitalisme Chinois », reflète la
crise de surproduction et de suraccumulation de capitaux. 20 000 milliards
de dollars se baladent à la recherche avide de rendements spéculatifs à deux
chiffres. Le bateau ivre de la mondialisation chavire et pourrait bien
entraîner l’ensemble de la planète dans une récession plus grave que celle de
2008…
Face aux divisions de ceux d’en haut,
l’unité de ceux d’en bas tarde à se réaliser, entravée qu’elle est par les illusions
dont elle est gorgée par la propagande des médias dominants et des
illusionnistes qui prétendent les sortir de l’impasse à moindres frais. Cette
unité dans la lutte résolue, lucide, opiniâtre, est pourtant d’une urgente
nécessité. Alors qu’il semble être « minuit
dans ce siècle », le choix est simple : socialisme démocratique
et émancipateur ou barbarie.