Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mercredi 10 août 2016

Pour un grand éclat de rire sardonique :
 ch’sauve qui peut !

Cet été, le Canard Enchaîné a révélé la nouvelle présidentielle qui décoiffe ! C’est ainsi que l’on a appris que Monsieur le débonnaire s’est attribué un coiffeur attitré qui le suit dans tous ses déplacements. Pensez-donc ! « Notre » grandeur normale ne saurait avoir la tignasse en épis, elle se doit d’être régulièrement lustrée. Recruté et payé 9 880€ par mois, mieux qu’un ministre - excusez du peu - enfin, pas tout à fait, un ministre ça se renvoie sans délai ; lui, ce valet haut placé, bénéficie d’un contrat de 3 ans… sans doute parce que le temps complet d’un quinquennat est incertain !

René Dosière, ce socialo scrupuleux des dépenses publiques, a dû consentir qu’il s’agissait en l’espèce d’une innovation de « notre » 5ème République, précisant toutefois, que, comme son prédécesseur Sarko, François le deuxième possédait une maquilleuse rémunérée 8 000€ par mois.

Monsieur le comte Le Foll a invoqué « l’élégance française » mais nous ne pûmes savoir si les couloirs de l’Elysée ne recelaient pas une quelconque habilleuse de sa Majesté pour dissimuler cet embonpoint que l’on ne saurait voir. 

Aux questions iconoclastes posées par quelques journalistes irrévérencieux, à propos des coups de peigne dispendieux, l’illustre s’est défaussé sur sa Dircab : « c’est pas moi, c’est elle qui a signé le contrat ». Qu’on ne lui cherche pas des poux dans la tête, il ne s’abaisse pas à ces considérations bassement matérielles. Et surtout, il eût été inconvenant de couper les cheveux en quatre, en rappelant que, dans cette digne corporation capillaire, la grille salariale s’échelonne de 1 420 à 2 800€ par mois ! Fichtre ! Les salons de tifs n’ont rien de présidentiel et le coiffeur de Monsieur n’a rien de plébéien, c’est un agent non titulaire de la Haute Fonction Publique, différence de taille.

A défaut de raser gratis pour n’avoir point voulu mettre en déroute son ennemi, la Finance « invisible », on pourrait conseiller à l’illustrissime de se raser la tête et d’adopter la perruque d’Ancien Régime pour soulager le contribuable. Mais, les « sans dents », comme les désigne « notre » monarque républicaniste, en sont à se demander si ce noble titre nécessite de plaquer les tifs qui, ces derniers temps, lui dressent sur le cuir à peine chevelu.

Selon l’un de ses conseillers, il en était venu en effet à rêver d’une victoire des Bleus, de la fin de l’Etat d’urgence, de distribuer des cadeaux fiscaux et, en son miroir, d’entrevoir la baisse, cent fois annoncée, de la courbe du chômage. Las il était de revêtir les habits de père de la Nation, de la surenchère guerrière et sécuritaire. Ce costume de l’union sacrée, après le camouflet de la déchéance de nationalité, lui donnait l’air empoté et ne lui valait que sarcasmes. Alors, il psalmodiait : « ça va mieux »… Las ! Ces poils se dressaient encore lorsque les terroristes frappaient à nouveau, malgré toutes les perquisitions, écoutes et tous ces plantons censés « nous » protéger. Il lui fallait encore descendre dans l’arène médiatique pour tenter de rassurer, tout en ré-adoptant une posture guerrière qui lui seyait si mal.

En ces temps difficiles, le « Tout va très bien, Madame la Marquise » ne parvenait pas à instiller dans les cervelles : migrants à expulser, défilés des mouvements sociaux, Brexit, tuerie à Nice et zéro pointé pour la croissance ! Il avait pourtant, croyait-il, tout essayé : pacte d’(ir)responsabilité pour le patronat pour qu’il puisse licencier à son aise, loi El Khomry pour détricoter les contraintes du droit du travail et dernièrement, son plan de formation pour sortir des statistiques 80 000 sans-emplois. Rien n’y faisait… Cette annonce calamiteuse de 5 734 000 chômeurs, toutes catégories confondues, y compris celles provenant des confettis de l’Empire d’Outre-mer. Tout ça l’affligeait, il en avait la tête toute retournée, toute décoiffée. 

Alors, il s’en fut à Rio, troquant l’habit trop lourd de VRP des armes pour celui plus guilleret des JO à venir à Paris. Et contre toute attente, en avion, il se mit à rêver à sa réélection. Il en était sûr, face à la tripotée de toute cette noblesse politicienne, ces barons, petits marquis qui lorgnaient sur sa place, il saurait, lui l’homme de la synthèse, tirer son épingle du jeu.

Diantre ! Il fallait que ce bon peuple versatile sache reconnaître que lui seul saurait maintenir la mesure bonasse contre les volontés autoritaristes de la droite revancharde et vacharde. Non ! Il n’était pas, malgré toutes les interventions militaristes dont il était le promoteur au Mali, en Centrafrique, au Sahel, en Syrie et en Irak, partisan du casque à pointe. Il restait l’homme casqué à la Vespa, un brin frivole mais normal. Il voulait s’en convaincre ; tout se faisait à son corps défendant, comme la lettre de cachet pour une chemise déchirée. Aller à l’encontre de ces inspecteurs du travail bien trop généreux vis-à-vis de ce partisan cégétiste, était nécessaire, on ne pouvait outrager en mettant à nu la noblesse industrieuse.

A force de ratisser le caillou luisant de la tête présidentielle, le laquais élyséen qui s’acharne à ne produire aucune ondulation car il lui reste peu de mèches pour ce faire, provoquera, peut-être, un rire sardonique salutaire, vu qu’il ne lui restera plus un poil à lisser… Le ch’sauve qui peut n’aurait plus à s’arracher les cheveux qui lui restent. Mais pour qu’il puisse disparaître de la scène publique en nous épargnant les fastidieuses rhétoriques dont lui et ses pairs entendent nous abreuver prochainement, il faut que ça branle dans le manche… Et ça n’est c’est « notre » affaire car à force de nous hérisser le poil…


Gérard Deneux, le 9 août 2016