Ci-dessous l’éditorial et quelques articles parus dans
PES n° 40
2018. Tempêtes au sud, séismes au nord.
Cette métaphore qui fait songer au
dérèglement climatique et à son intensification peut servir à évoquer les
changements géopolitiques probables.
Au sud, de violentes
tornades politiques et sociales se devinent déjà. Les révoltes en Iran et en
Tunisie, après le Maroc, sont l’avant-goût amer du renouveau de printemps plus
angoissants. Mis à part la défaite de l’Etat Islamique, et parfois, un
libéralisme politique de façade, les dictatures insupportables et l’aggravation
des inégalités et de la pauvreté continuent de sévir. Tout comme les visées
hégémoniques conflictuelles entre l’Iran, les pays du Golfe, la Turquie et
leurs parrains respectifs (Etats-Unis, Russie). Dans cette région meurtrie,
seules les forces kurdes du PKK et du YPG semblent porteuses d’une issue
progressiste. Elle n’est d’ailleurs que potentielle. Seuls, l’affaiblissement
des Etats par l’émergence de conflits sociaux internes et la neutralisation des
grandes puissances, évitant une nouvelle intervention guerrière, peuvent donner
une marge de manœuvre aux forces progressistes… Avec Israël en boutefeu, ce n’est
guère le plus probable... Bien d’autres pays du sud, en Afrique comme en
Amérique latine où règnent la corruption, le népotisme, le militarisme et la
misère, risquent de connaître des bouleversements. Toutefois, ces raz-de-marée pourraient
être circonscrits par des visions religieuses et identitaires.
Au nord, des séismes tout
autant cataclysmiques sont en germe. Une nouvelle crise financière plus
dévastatrice ? Elle est déjà annoncée ! Quant aux admonestations de
l’énergumène Trump contre le Pakistan, l’Iran, la Corée du nord…, ses injures
contre les « pays de merde »,
elles symbolisent, sous une forme grotesque, le repli de la puissance dominante
et ses contradictions internes économiques, sociales et écologiques. Il n’est
pas exclu que l’Etat profond états-unien mette un terme à cette présidence
incontrôlable…
L’Europe, pour sa part, va
certainement continuer à se déconstruire par le haut. Les réactions
identitaires et xénophobes résultent à la fois de la domination allemande, des
velléités des castes régnantes de s’en abstraire et des politiques
néolibérales. Sur fond de « crise » migratoire qui va se poursuivre,
la haine de l’étranger risque de prospérer…
Dans
l’Asie imprévisible,
les séismes pourraient être encore plus dommageables. Le régime chinois va
continuer à tracer sa voie suprématiste. Comment vont réagir les pays
limitrophes et les Etats-Unis ? Que peuvent faire ces dirigeants japonais,
englués dans une dette astronomique et confrontés à un déficit démographique
important ? Les Chinois, tout comme les Russes, pourront-ils supporter
longtemps les dictatures qui leur sont imposées ?
Ce pessimisme de la réflexion sur l’ordre
géopolitique devrait inciter à l’optimisme sur la possibilité de « ceux
d’en bas » de s’auto-organiser. Pour l’heure, rien ne se dessine en ce
sens : les grilles de lecture religieuses,
identitaires, tout comme le réformisme de collaboration avec le
capitalisme financiarisé, imprègnent encore trop les contradictions sociales.
L’à-venir tarde à venir. Reste à redoubler
d’énergie pour éviter le pire.
GD, le 14.01.2018