Hôpital. Y’a
urgence
Macron,
en son verbiage, annonce « sa réforme majeure » : le « Plan
Santé 2022 » pour « mettre
le patient au cœur du système », « développer la prévention et la qualité des soins », faire de
« notre système de santé, le pilier
de l’Etat providence du 21ème siècle » et bla-bla-bla et
bla-bla-bla… Alors que la grève des urgences, déclenchée en mars 2019, s’est
étendue à l’ensemble des services hospitaliers, constitués en Collectif
inter-urgences pour revendiquer en priorité : augmentation des salaires,
ouverture de lits et embauche de personnels, ainsi qu’un autre financement des
hôpitaux, dénonçant la tarification à l’activité notamment, Macron-Buzin n’ont
foi qu’en « l’hôpital-entreprise » : le soin est un objet de
production au service de la marchandisation de la santé au détriment du service
public. Tel le médecin malgré lui, Macron
applique le remède de « l’austérité,
vous dis-je, l’austérité ! ». C’est que le malade est coriace
car, depuis plus de 40 ans de médications inadaptées, il survit grâce à ses
soignants, ses usagers qui défendent l’hôpital public. Les docteurs Diafoirus se
sont succédé jusqu’à Macron, pour appliquer les remèdes de la saignée… jusqu’à la mort clinique ? Est-ce encore
possible de sauver l’hôpital public, l’un des pivots du système de santé
permettant à chacun d’accéder à des soins de qualité en toute égalité ?
Le moindre
soin au meilleur coût !
Tel
est le remède : maîtrise des dépenses publiques. Il a inspiré nombre de
gouvernants depuis 1979
(Giscard/Barre), date à laquelle le ministre de la Santé fut autorisé à fermer des
lits. Dès lors, se succèderont les contre-réformes hospitalières, créant de nouveaux
outils pour la privatisation par la contrainte budgétaire. Ainsi la part de
l’hôpital dans les dépenses d’assurance maladie est passée de 43 % en 1983 à 36
% en 2010, le service public de santé est ramené à ses missions d’assistance
aux plus pauvres et à quelques missions non rentables, pour laisser la place au
secteur privé là où il peut réaliser des profits.
En 1983, le gouvernement dit socialiste institue le
« budget global », chaque établissement reçoit une enveloppe
budgétaire fixée à l’avance en fonction d’un « taux directeur »
et doit y faire entrer l’ensemble de ses dépenses. Il ouvre la brèche dans la
gratuité des soins hospitaliers avec le « forfait journalier », contribution
quotidienne non remboursée par l’assurance maladie dont le patient doit
s’acquitter. En 1991, la loi Evin
impose aux établissements publics l’élaboration d’un « projet d’établissement »
et instaure les schémas régionaux d’organisation sanitaire (SROS) sur la base
desquels les préfets pourront fermer des lits, restructurer les établissements,
développer la « coopération public-privé ». En 1995, Juppé institue le vote annuel d’une enveloppe nationale
fermée des dépenses hospitalières dans le cadre de la loi de financement de la
Sécurité sociale : l’ONDAM – objectif national des dépenses d’assurance-
maladie-hospitalier. Naissent les Agences régionales d’hospitalisation (ARH), bras
armée de la « réforme » qui attribuent les budgets, les autorisations
de fermeture, de regroupements et de privatisations. Jospin/Aubry (2000) ne changent pas de cap. Les 35 H à
l’hôpital, sans embauches en compensation, contribuent à la dégradation des conditions
de travail.
Chirac
accélère le mouvement : le « plan
Hôpital 2007 » attribue des crédits d’investissement aux
établissements privés et publics qui acceptent restructurations et fusions.
Notons que ces crédits servent également à rembourser les emprunts contractés
par les établissements, exsangues, auprès de banques. Il crée la « tarification à l’activité - T2A »
: chaque établissement public ou privé est financé en fonction de sa production
d’actes de soins et de sa rentabilité. Produire plus avec moins !
Premières visées, les dépenses de personnel (70 à 80 % des dépenses
hospitalières. Se met en place une sélection des malades et des pathologies
soignées, une concurrence au moins-disant entre public et privé. L’hôpital-entreprise,
pour financer ses investissements, soit « dégage
des marges », soit accroît la productivité du travail, soit s’endette. La
dette des hôpitaux a triplé entre 2005 et 2015 et atteint 29 milliards € sur
une masse budgétaire de 74 milliards. Et, pour la mise en œuvre, une « nouvelle
gouvernance » est instituée, par pôles, pour organiser la polyvalence
généralisée, et par là-même, la réduction des effectifs. Bachelot et sa loi « Hôpital, Patients, Santé, Territoires »,
en 2009 remplace les ARH par les ARS
– Agences régionales de Santé - étendant leurs domaines de compétence à la
médecine de ville libérale et au secteur médico-social. Elle crée les
« communautés hospitalières de territoires », renforce les pouvoirs
du directeur d’établissement, qui peut être relevé de ses fonctions par l’ARS.
Depuis 2012, les lois de financement de la Sécurité Sociale
votées n’ont cessé de diminuer le budget de l’hôpital public, exigeant la
« maîtrise de la masse salariale ». La loi Hollande/Touraine (2016) rend obligatoire le Groupement Hospitalier
de Territoire, projet pour contraindre la coopération médicale entre
établissements, assorti de sanctions pour les récalcitrants. Et, dans la
continuité : le « plan Santé
2022 » de Macron/Buzin.
Au
diable, les usagers ! L’hôpital-entreprise a des conséquences sur l’accès
aux soins et sur leur qualité. Au diable les professionnels confrontés à des conditions
de travail exténuantes et à risques. Priorité à la logique comptable :
« un lit vide est un lit non rentable ». Au diable, les exigences de disponibilité
de lits et de personnels pour faire face à l’imprévu ! L’heure est à la généralisation
de la polyvalence et de l’intérim ! Le travail des soignants se réduit à
la part purement technique, au détriment de toute dimension relationnelle et
sociale. Les soignants voient leur part
d’activités administratives augmenter avec multiplication des procédures, des
réglementations… Manques de personnels, horaires décalés, travail en 12 heures,
suppression de repos, de congés, rappel illégal du personnel… Arrêts de courte
durée, non pris en compte dans le remplacement… Personnels sous traitement,
augmentation du burn-out et, en 2016, un nombre important de suicides ou de
tentatives liés au travail.
Le
mouvement actuel de contestation remonte de loin et ne s’éteindra pas si
facilement. Il refuse le système de santé à plusieurs vitesses, qui contraint
les plus pauvres à renoncer aux soins, entraînant la dégradation de l’état de
santé d’une partie croissante de la population, avec des prises en charge plus
onéreuses. Ainsi les méga-entreprises en santé, privées, vont continuer à faire
profiter leurs actionnaires de la manne financière générée par cette
dérégulation. Une sacrée aubaine ! Une sacrée colère des soignants et des
usagers.
Un plan
Santé 2022 d’austérité renforcée
Macron
l’a affirmé : « Notre système ne souffre pas d’un manque de moyens
mais d’une organisation inadaptée aux besoins d’une population vieillissante et
aux évolutions technologiques ». Voici donc le plan « Du
vent », adopté par le Parlement et promulgué le 24 juillet 2019. Il ne
répond à aucune des revendications exprimées par un personnel soignant à bout
de souffle. En voici quelques mesures-phares.
Fin du numerus clausus à la rentrée 2020. Institué en 1971, par ceux qui étaient
convaincus que la limitation du nombre de médecins limiterait les dépenses de
santé : il a divisé par deux le nombre de médecins (les médecins en place
y étaient favorables), passant d’environ 8 000 à moins de 4 000 par
an. Chaque année, est fixé le nombre d’étudiants admis en 2ème année
de médecine ; pour exemple, en 2018, seuls 8 205 étudiants sur
environ 60 000 ont été admis. Promis, dit Buzin, en 2020, le numerus
clausus est abandonné… mais les effectifs d’étudiants seront fixés par les
universités, en accord avec les ARS, selon les capacités et les besoins des
territoires… sans que la liberté d’installation ne soit remise en cause… On
peut douter de l’efficacité… Par contre, la mesure d’obligation de stages d’au
moins 6 mois en cabinets de ville ou en maison de santé dans les zones manquant
de professionnels pour les futurs médecins généralistes, celle-là risque d’être
largement utilisée…
Et pour lutter contre les déserts
médicaux ? A la manière forte
d’une obligation d’installation, Macron préfère l’appel à « la responsabilité collective » des médecins libéraux.
L’Etat mettra la main à la poche et financera 400 postes de médecins salariés
pour les territoires critiques. Alors que 20 % de la population vivent en zone
« sous-dense » ! Les médecins libéraux seront invités à assurer
les soins de premiers secours, les urgences de jour…. à se regrouper au sein
des maisons de santé et à rejoindre les
Communautés professionnelles Territoriales de Santé, pour trouver un médecin
traitant, organiser l’accès à des consultations… et, pour inciter à cette
organisation, Macron a souhaité l’extinction de la pratique de la médecine en
cabinet isolé d’ici à 2022 ? Pour libérer du temps médical, des assistants médicaux auprès des médecins
dans les zones en tension, seront recrutés. De même, la pratique avancée infirmière, permettra à des professionnels
paramédicaux de se voir reconnaître des compétences relevant des médecins.
Les
hôpitaux privés ou publics sont invités à « s’associer » à
« coopérer ». Les hôpitaux de proximité seront labellisés, pour les
soins de premier niveau, soins de suite pour les personnes âgées notamment…Les
groupements hospitaliers de territoire (GHT) sont maintenus, le privé siégera
désormais dans leurs instances, pour le partage de plateaux techniques, par exemple.
Le
virage ambulatoire sera accéléré,
donc… la poursuite de la suppression de lits !!
Et
le numérique comblera les manques de
médecins ! D’ici à 2022, tous les patients auront leur propre espace
numérique de santé, pour accéder notamment à leur dossier médical partagé pour
« fluidifier les échanges »… Ce qui est certain c’est que l’offre de
soins s’éloigne encore des patients, dans un contexte de vieillissement de la
population et de son appauvrissement.
Pas
de révolution budgétaire pour les hôpitaux, la T2A n’est pas remise en cause. Pour
la mise en œuvre du plan Santé, l’ONDAM sera relevé à 2.5 % en 2019 (au lieu de
2.1 %) : 3.4 milliards seront consacrés d’ici 2022.
De
nouvelles brèches s’ouvrent dans le statut de la Fonction Publique Hospitalière,
pour l’affaiblir : création d’un statut unique de praticien hospitalier,
associé à la suppression du concours, pour « faciliter l’entrée dans la
carrière, diversifier les parcours professionnels ». Un dispositif d’intéressement
lié aux projets d’amélioration de la qualité de service est prévu ? Et
pour « simplifier » le recours à l’emploi
médical contractuel, un contrat unique est créé, apportant « souplesse et réactivité »
pour certains recrutements, renforçant les liens ville-hôpital. Rien pour les conditions
de travail et la rémunération des 1 300 000 professionnels du secteur
public et les plusieurs centaines de milliers du secteur privé, en grève et en
mouvement depuis mars 2019.
Nous
sommes parvenus, du fait des mesures successives de privatisation et de
libéralisation, à une crise profonde du droit à la Santé. Alors qu’un
généraliste sur 2 refuse de nouveaux patients car il en a déjà trop, les
chiffres de la démographie médicale sont alarmants : - 13 % de patriciens seront
en activité entre 2010 et 2025. Nous n’avons donc pas atteint le sommet de la
crise.
Urgences en
grève
Il
n’est pas si simple de mater les profondes colères. La contestation a commencé le
18 mars 2019, dans un service d’urgences parisien, où un patient a agressé un
soignant : la goutte d’eau a fait déborder le vase. Une grève illimitée
est proclamée par 4 autres hôpitaux. Le Collectif Inter-Urgences prend forme et
compte, en octobre, 269 services en grève. Leurs revendications sont simples : 10 000 emplois
supplémentaires, réouverture de lits, revalorisation salariale de 300€net/mois
– abandon de la T2A. Deux plans proposés par Mme Buzin en juin et en septembre
n’ont pu stopper le mouvement qui s’est étendu à une grande partie de l’hôpital
public, avec le Collectif Inter-hôpitaux, avec des médecins, des internes, des
cadres, des usagers. Le 14 novembre, les soignants sont dans la rue. Le malaise
qui couvait depuis des années, explose (plus de 900 lits sur 20 000 sont
fermés dans les 39 établissements franciliens de l’AP-HP car 500 postes
d’infirmiers sont vacants faute de candidats, etc…)
Buzin,
pour résoudre le blocage propose, le 20 novembre, un certain nombre de
mesures : rallonge budgétaire de 1,5 milliards sur 3 ans, reprise d’1/3 de
la dette des hôpitaux publics (10 milliards) ; elle y ajoute des primes
pour « renforcer l’attractivité des hôpitaux » : 100€ net/mois
pour les aides-soignants auprès des personnes âgées, selon conditions, une
prime annuelle de 800€ pour les 40 000 infirmiers de Paris et la petite
Couronne percevant moins de 1900€/mois, une prime de 300€/an (25€/mois)
distribuée par les hôpitaux, selon des critères spécifiques, remise à plat du
statut de patricien hospitalier, etc.. Ça ne convainc toujours pas. L’ISNI –
principal syndicat des internes – appele à une grève dure et illimitée à partir
du 10 décembre. CGT Santé et autres syndicats ont appelé à mobilisation le 5 puis
le 17 décembre. Le Collectif Inter hôpitaux a considéré que les primes annoncées
sont dérisoires, honteuses et autant de manœuvres de division. Pourquoi ne pas
augmenter le point d’indice pour tous ?
Les
« interdits de grève des soins », les médecins, ont alerté par
d’autres moyens : une lettre ouverte de 660 praticiens, hospitaliers,
chefs de service ou de pôles se sont dits prêts à démissionner collectivement
de leur responsabilité si des négociations n’étaient pas ouvertes (le 15
décembre) ; ils ont alerté l’opinion sur les risques de dégradation de la
qualité des soins. Par exemple, des pédiatres d’Ile de France, pour la première
fois depuis 30 ans, ont dû transférer 25 nourrissons en réanimation à plus de
200 kms de Paris, faute de places ! Ils dénoncent le « point de
rupture » proche. Le 14 janvier, 1120 médecins hospitaliers ont envoyé par
mail à la Ministre, une démission collective des fonctions administratives…
Mi-décembre,
surgit l’idée lumineuse de Mme Buzin : pour désengorger les urgences, créons
le 113, un guichet unique répondant à toutes les questions (de l’envoi d’un
SMUR s’il s’agit d’une urgence vitale, au rendez-vous avec un médecin
généraliste ou la téléconsultation). Sapeurs- Pompiers et médecins libéraux s’insurgent :
le 112 pour les urgences vitales et le 116 117 pour les rendez-vous non
programmés fonctionnent : on ne veut pas de votre « usine à
gaz » qui ne répond nullement aux vrais problèmes, à savoir le manque de
médecins urgentistes et la fermeture, la nuit, des services d’urgence. La
ministre suggère alors de créer des « antennes de service
d’urgence », d’assouplir les règles d’ouverture 24H/24 et ouvrir seulement
en journée, comme c’est déjà le cas dans nombre d’hôpitaux. Réponse : on
ne veut pas de vos horaires d’ouverture de supermarché (8h30/20h30) !
La
colère des personnels de la santé et de l’action sociale ne retombe pas. Elle
s’amplifie quand ils découvrent, que le projet Macron sur les retraites abolit
le principe de la catégorie active
dans la fonction publique, faisant ainsi perdre la reconnaissance de la
pénibilité pour l’ensemble des professions. Les aides-soignants, par exemple,
vont devoir travailler 7 ans de plus pour prétendre à un départ en retraite à
taux plein ; de même, les infirmiers devront travailler jusqu’à 64 ans
minimum pour espérer une pension de retraite décente. Cette mesure, camouflée
dans le projet global de contre-réforme des retraites est inadmissible au
regard de leurs conditions de travail extrêmement dégradées. Les femmes en
seront les grandes perdantes ! Face à la détermination des manifestants,
la ministre de la solidarité et de la santé n’aura jamais aussi mal porté son
titre. Incapable de prendre la mesure du problème, elle campe sur des positons
« très patronales » : pas d’annonce de revalorisation des
salaires, pas d’embauches, pas de moyens supplémentaires pour sauver l’hôpital.
Arrogance et mépris.
Qui fait la
politique de Santé ?
Que
valent les « intentions » de la ministre de la Santé alors que Bercy
a le dernier mot ? En fait, « la ministre envoie des leurres pendant
que Bercy comprime l’offre publique de soins pour le plus grand profit des
acteurs privés ». On voit d’ailleurs fleurir des services à côté des
établissements hospitaliers, dans les grandes villes : les hospitels,
hébergent les patients en ambulatoire non pris en charge par la Sécu, des
salles d’opération de très haute technologie, sont fournies clés en main
moyennant une redevance, etc. « Le système public de soin est totalement
dépendant du capitalisme sanitaire » (1)
« A
Chamonix, tous les ans, se réunit tout le gratin des décideurs politiques,
administratifs et industriels de la santé, à l’occasion de la CHAM – Convention
on Health Analysis and Management ». Ils se rencontrent, défendent
« leurs » solutions pour résoudre la « crise du système de
Santé ». Pas question du « trou de la Sécu ». Ici, la santé est
un marché prometteur et même un atout industriel de la France ; Il s’agit
que la médecine de France tienne son rang et surtout conquiert des marchés. Macron
y était en 2016 (ministre de l’économie démissionnaire et futur candidat
présidentiel) et il combla d’aise l’assistance : la France allait résoudre
les problèmes chroniques de son système de soins avec la télémédecine, le big data, l’intelligence
artificielle, la médecine 3 P (prédictive, préventive, personnalisée)…
Aujourd’hui, il s’agit de prendre le
virage ambulatoire. Et, pour forcer à le prendre, resserrer encore les
budgets, accentuer la concurrence entre établissements, avec la T2A : aux hôpitaux publics, les soins
très spécialisés, techniques et coûteux, les missions de service public et le
reste, aux médecins libéraux, aux cliniques privées. Soyons sérieux ! En
matière de santé, on fait du business et pas du service public. La T2A augmente
la productivité des hospitaliers au prix de la dégradation du travail et de la
qualité des soins. Les hôpitaux ont renoncé aux investissements et font appel
au privé pour le plus grand bonheur des « innovants ».
Faute
de médecins ou du fait d’honoraires libres trop élevés, ceux qui ne peuvent pas
accéder au secteur privé pour être soignés, vont aux urgences. Les structures d’accueil des personnes vieillissantes
sans médecins envoient aux urgences
pour les soins qu’elles ne font plus, la psychiatrie n’a pas suffisamment de
moyens, les malades… aux urgences, etc…
Les vraies causes de la crise des urgences c’est l’absence d’un véritable
service public de santé de proximité et la quasi défaillance du médico-social
pour assurer le suivi.
Pour
éviter que tout le monde aille aux urgences, il faut réorganiser les services,
la médecine de ville et les hôpitaux. Mais, telle n’est pas l’intention de
Buzin : « sa réforme » mêle belles intentions et effets
d’annonce et les professionnels en grève l’ont bien compris : c’est
« du vent ». Pour connaître la véritable teneur de la politique de
Santé, il faut interroger Bercy et la politique européenne. Macron en bon élève
de l’ordo libéralisme doit réduire la dépense publique. En matière de santé, il
laisse la ministre envoyer ses leurres et Bercy comprime l’offre publique de
soins, ouvrant ainsi les portes de l’hôpital du futur aux innovations privées.
Les
mécontentements et les grèves des personnels concernés permettront-elles que ce
système soit stoppé ?
Odile
Mangeot, le 12.01.2020
(1)
Ce paragraphe
contient de larges extraits de l’article de Frédéric Pierru « D’où vient la crise des urgences ? Le
cauchemar de l’hôpital du futur » dans le Monde Diplomatique octobre 2019
Sources :
le Monde Diplomatique, CGT Santé, Inprecor.fr
EHPAD. On brade chez Korian
Le
Groupe français Korian – spécialiste en gestion de maisons de retraite
médicalisées, cliniques et autres résidences pour seniors - n°1 en Europe - envisage
la cession de 3 établissements dans le Val d’Oise, avec une reprise potentielle
par la Société Mapad holding Executive.
Cette-ci gère 3 EHPAD en Hauts-de-Seine et ce « groupe à taille humaine », affirme Korian, peut faire revenir
à l’équilibre financier les établissements bradés… car Korian a omis de
préciser son objectif : atteindre 14.5 % de marge d’excédent brut
d’exploitation. Alors, évidemment : « Si un établissement n’est pas rentable, on le vend ». Pour les
salariés, c’est : « Bossez, soyez
rentables, faites-nous gagner des dividendes et des profits, sinon on vous vend ».
CGT
Santé/Action sociale, le 3 janvier 2020
Naufrage suédois.
Le
flambant neuf hôpital Krolinska, à Stockholm, inauguré en 2018, devait être le
joyau du secteur suédois de la santé, de renommée mondiale, à la pointe de la
recherche et de l’innovation ne traitant
que les maladies rares…
20
mois pluls tard, il est devenu le symbole des dérives d’une privatisation à
outrance du domaine de la santé. « L’un
des bâtiments les plus chers du monde » : construit par un
consortium de BTP suédois et d’un fonds d’investissement britannique, son prix
de départ à 14.5 milliards de couronnes (1.4 milliard d’euros) atteindra 22.8
milliards de couronnes. Les critiques des professionnels et des personnels sur
les choix de construction sont ignorées, d’énormes dysfonctionnements dès
l’ouverture sont réels : les fenêtres ne s’ouvrent pas dans les chambres,
l’eau s’écoule dans le mauvais sens dans 156 salles de bains…. Le nouveau
modèle de management conçu par la société de consultants Boston Consulting
Group, vivement critiqué par les médecins, tourne à la catastrophe : files
d’attente à l’entrée du bloc opératoire… opérations vitales trop tardives pour
une soixantaine de patients gravement malades… En 2019, le déficit est à 1.6 milliard de
couronnes… Fin novembre la direction annonce le licenciement de 250 médecins,
350 aides-soignants après avoir supprimé 550 postes dans l’administration. La
Suède, modèle de réussite ? En privatisation à marche forcée de la Santé,
oui !
Le Monde 11.01.2020