Rassemblement
« Syrie » le 12 septembre 2013 à Belfort
A l’appel des AES, de l’AFPS, de la FASE, du PC et du PG, une trentaine de
personne se sont rassemblées pour dénoncer toute intervention
américano-française en Syrie
Gérard Deneux est intervenu au
nom des Amis de l’émancipation sociale
Il y a comme un soulagement. La guerre d’intervention étrangère
s’ajoutant à la guerre civile syrienne est différée. Les lignes rouges d’Obama
sont élastiques. Elles ont saisi la proposition de Poutine de contrôle et de
démantèlement des armes chimiques syriennes !
Il y a comme un soulagement. Certes, les oppositions des opinions publiques à la guerre
américano-française ont joué un rôle majeur pour éviter l’embrasement dans
cette région du monde.
Mais, qu’importe aux puissants que
le dictateur Bachar El Assad ait mitraillé, bombardé le soulèvement populaire
démocratique dans son pays,
Qu’importe aux puissants que
ce tyran ait perverti les aspirations démocratiques qui se sont manifestées
dans la lignée des printemps arabes,
Le retour au statu
quo devrait prévaloir entre les intérêts divergents des puissances, y compris
ceux des mollahs iraniens et des dictatures des pétromonarchies.
Il y a comme un soulagement. Poutine a tendu une perche pourrie à Obama pour différer ses frappes ;
le dirigeant états-unien, ce spécialiste des assassinats ciblés par drones
interposés peut ainsi différer une intervention dont il perçoit le danger.
Après la destruction massive de la société irakienne, après le chaos afghan,
après le feu vert qu’il a donné à la répression contre le peuple du Bahreïn,
après son soutien à l’armée égyptienne du général El Sissi, il connaît les
difficultés pour l’impérialisme américain d’assurer sa domination dans cette
région du monde.
Mais, pour nous, il ne faudrait pas que ce soulagement soit un
lâche soulagement.
Nous ne devons pas
perdre de vue que le printemps arabe était, est encore, porteur d’aspirations à
la démocratie, au pain et à la liberté.
Il ne faudrait pas
perdre de vue que la proposition poutinienne n’est qu’un leurre.
Quoi ! Assad qui
interdisait aux experts de l’ONU de mener leurs expertises en temps réel, sur
les sites bombardés à l’arme chimique, accepterait désormais la neutralisation
de son stock d’armes barbares !
Quoi ! Pourrait-on croire
que la guerre civile, les massacres des populations vont, comme par
enchantement, s’arrêter et que le bourreau va désormais s’asseoir comme par
enchantement, à la table de négociations pour limiter son pouvoir de
nuisance !
Peut-on croire un seul instant que l’ensauvagement de la
guerre civile, avec l’appui notamment de l’Arabie Saoudite, des pays du Golfe
d’un côté et, de l’autre, des mollahs iraniens et des conseillers russes, va
s’arrêter par enchantement ?
Il ne faudrait pas que ce soulagement momentané soit un
lâche soulagement.
Car, si petit
capitaine Hollande s’est placé sous la bannière étoilée du généralissime Obama,
bien que celui-ci soit hésitant, c’est qu’il est, comme Obama pour les
Etats-Unis, le représentant du complexe militaro-industriel du capitalisme
français.
N’oublions pas que
cette France-là, c’est celle qui a enquillé les guerres l’une après
l’autre : le Tchad en 2008, l’Afghanistan en 2009, la Côte d’Ivoire en
2010, la Libye en 2011, le Mali en 2012 !
Ce soulagement momentané ne doit pas occulter les jérémiades des élus dits socialistes, des industriels
et militaires qui s’inquiètent de la baisse de 26 % des ventes d’armes aux pays
dictatoriaux de la planète et, d’abord, à l’Arabie Saoudite, au Qatar et à la
Russie ! « Il faut vendre plus
à l’étranger » vient de déclarer la direction générale de l’armement
qui s’inquiète pour les hélicoptères de combat à livrer à la Russie, pour les
rafales, chars et missiles à livrer aux pétromonarchies !
Bref, ce soulagement ne saurait
être un lâche soulagement.
Oui à la paix, à l’émergence des aspirations
démocratiques et sociales parmi les peuples. Les
dictateurs, tyrans et despotes doivent être désarmés.
Les armes chimiques
doivent être détruites, non seulement en Syrie, mais également en Egypte, aux
Etats-Unis, en Russie, tout comme les armes bactérioloqiques !
Oui, les armes de destruction massive doivent être
supprimées, les bombes atomiques que possèdent les Etats-Unis, la
Russie, la Chine, la France, le Pakistan, Israël, l’Inde, voire la Corée du
Nord, et j’en passe !
Ce soulagement momentané, par devoir internationaliste, ne
doit pas nous faire oublier qu’Assad va continuer à réprimer sa population.
Il ne doit pas nous faire oublier que plus durent cette guerre civile et sa militarisation régionale, plus
nous assistons à l’ensauvagement du conflit, au recours au terrorisme, à
l’apparition d’une guerre à caractère confessionnel et ethnique, à l’extension
possible de ce conflit.
Ce soulagement momentané doit être mis à profit pour
développer un mouvement anti-guerre prônant le désarmement général et ce,
sans attendre quoi que ce soit de l’ONU, embourbée dans le blocage d’intérêts
concurrents des grandes puissances.
Il nous faut à la fois réaffirmer l’aspiration des
peuples à la Paix et à la démocratie sociale et pour ce faire, affirmer la nécessité d’un désarmement
général et l’interdiction de
production et de vente d’armes de guerre, qu’elles soient ou non de
destruction massive.
Peu importe la nature d’un
crime de masse,
avec ou sans armes chimiques,
il reste un crime de masse !
Souvenons-nous des 800 000
morts au Rwanda et du rôle qui a joué la cette France-là, qui n’est pas la
nôtre !