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Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 28 août 2017

Yémen. La guerre ignorée.

La guerre subie par les Yéménites depuis mars 2015 n’intéresse guère les médias qui, lorsqu’ils en parlent, n’expliquent rien des enjeux et des raisons de ce conflit, qu’ils nomment « guerre civile ». Après deux ans d’affrontements entre ceux du nord et ceux du sud, le Yémen se retrouve, aujourd’hui dans une guerre entre puissances pour le contrôle d’un territoire hautement stratégique. L’Arabie Saoudite entend conserver la maîtrise économique et commerciale sur la péninsule arabique et ne pas laisser le leadership à l’Iran. Et, voilà que l’on nous parle de guerre de religion, sunnites contre chiites. Les appels désespérés des ONG encore présentes là-bas, dénonçant les conditions sanitaires catastrophiques et l’attente des aides humanitaires pour sauver les populations, ne font l’objet que de flashs rapides, pour nous parler du choléra comme d’une calamité honteuse. Seules les associations militantes s’intéressent à ce bout du monde, poudrière de la péninsule. Il est temps de  s’interroger sur ce qui se passe là-bas, en commençant par un retour sur l’histoire du Yémen, en examinant les forces en présence et enfin dénoncer le désintérêt de la communauté internationale, sur les morts, les destructions des structures sanitaires et économiques infligées aux populations civiles par ceux qui, sous couvert de l’ONU, bombardent pour la paix !

Retour sur l’histoire

Une longue lutte pour l’indépendance du Yémen Nord et du Yémen Sud.
Le Yémen est sous domination ottomane jusqu’en 1918. Sa situation géographique attise les convoitises, notamment pour sa partie littorale au sud. Aden, le grand port du Yémen sud, contrôlé par les Ottomans depuis 1517, devient, en 1839, colonie britannique, sur la route commerciale avec les Indes.

En 1918, la révolte des imams zaydites contraint le pouvoir ottoman à accorder l’autonomie à  ceux qui peuplent une partie des montagnes au Nord. Le royaume mutawakkilite est instauré, par l’imam Yahya, et ce jusqu’en 1962 ; il marque la fin de la domination turque. Cela ne s’est pas passé sans douleurs, notamment après la création, en 1932, du royaume wahhabite d’Arabie Saoudite qui a prétention à étendre son territoire : Ibn Saoud, en 1934, envahit le Yémen et s’approprie 3 provinces du nord.
En 1962, un coup d’Etat mené par des officiers nasséristes renverse l’imam-roi. Ils prennent le contrôle de Sanaa et déclarent la République Arabe du Yémen (qui durera jusqu’en 1990). Saleh en prend la tête en 1978. C’est le début d’une guerre opposant les nationalistes arabes, soutenus par la République arabe unie (Egypte et Syrie) et les royalistes d’Al Badr, soutenus par l’Arabie Saoudite et la Jordanie. Le conflit s’atténue, sans toutefois s’éteindre définitivement, avec le retrait des forces égyptiennes en 1967, le départ des forces britanniques d’Aden en 1967 et la reconnaissance en 1970 de la République arabe du Yémen par l’Arabie Saoudite.

50 ans après le Nord, le Yémen sud devient indépendant : la République démocratique populaire du Yémen, se revendiquant du marxisme, est instituée en 1970 (jusqu’en 1990).

Une unification du nord et du sud à marche forcée. La République du Yémen est déclarée le 22 mai 1990 mais, face aux factions rivales au nord et au sud, entretenant les mouvements de révolte et de sécession. Dans les faits, elle sera imposée en 1994, suite à une ultime tentative sécession du sud, défaite par l’armée du nord, alliée à des milices islamistes et tribales, hostiles aux socialistes. Les leaders sudistes furent exilés, Aden mise à sac… mais la République du Yémen advint : Saleh en sera le président (jusqu’en 2012), Sanaa (au nord), la capitale et le président du Sud, 1er  ministre.

Le feu ne s’est jamais éteint. Dans cette période, toutefois, les conflits restaient ancrés dans des logiques tribales locales et ne se revendiquaient pas de conflits confessionnels, ce qui va changer, notamment à partir de 2001 et de la folle chasse, sans fin, menée aux djihadistes par les USA soutenus par leurs alliés locaux, celle-ci entretenant le développement de l’autre, celui des mouvements djihadistes au Moyen-Orient. En 2009, l’armée saoudienne intervient au nord-Yémen, opération « Terre brûlée » contre l’insurrection des Houthis, Riyad voulant protéger sa frontière qui serait menacée par les chiites pro-iraniens ; le conflit s’insère, dès lors, dans un affrontement entre les deux puissances régionales, Arabie Saoudite et Iran.

Réapparaissent alors les conflits non éteints, la République du Yémen, n’ayant pris aucune mesure pour lutter contre les inégalités sociales et économiques entre le nord et le sud, dans un contexte, après l’unification, de déstabilisation de la société yéménite, d’affaiblissement de ses structures traditionnelles et du rôle fédérateur des tribus. En 2004, des chiites zaydites (nord) entrent en conflit avec Saleh, le président étant perçu comme inféodé aux USA, dans la guerre contre le terrorisme : la guerre de Saada durera jusqu’en 2010. S’engouffrent, dans cet imbroglio de forces en présence, les mouvements djihadistes : naissance de l’AQPA – Al Qaida dans la Péninsule Arabique- fusion d’Al Qaida saoudienne et yéménite. La guerre a aussi ouvert la porte à l’OEI –Organisation de l’Etat Islamique- qui revendiquera des attentats et assassinats contre les forces de sécurité du président Hadi en 2015.

Vague d’espoir : le « printemps yéménite » en janvier 2011 à Sanaa rassemble des mouvements progressistes, dans la vague des « révolutions » arabes et des revendications sociales au nom de la Justice, de la Dignité et de la démocratie. Les Houthis rejoignent les manifestations. Saleh sera contraint à signer un accord de transition en novembre, prévoyant son départ en la faveur de Hadi (vice-président). En janvier 2012, des milliers de manifestants réclament le départ de Saleh, Hadi est élu président par intérim (99.8% des voix). Un gouvernement de coalition avec le parti islamiste Al Islah est formé. Mais, comme dans d’autres pays arabes, le soulèvement s’enlise dans le processus politique mis en place par le pouvoir : la conférence de dialogue national, chargée d’écrire une nouvelle Constitution est au point mort. Par ailleurs, la situation économique du pays est catastrophique, au point qu’il doit solliciter une aide internationale. En mai, Hadi entreprend une offensive contre AQPA, qui revendique aussitôt un attentat-suicide à Sanaa (plus de 100 morts). C’est la spirale du chaos. En 2014, la conférence de dialogue national préconise l’instauration de 6 provinces, provoquant le total désaccord des Houthis qui exigent, notamment, l’accès du nord à la mer Rouge. C’est l’impasse.

Le début d’une nouvelle guerre « civile ». Le 21 septembre 2014, les rebelles houthis, qui réclament plus d’autonomie pour leur gouvernorat au nord-ouest, conquièrent la capitale Sanaa, Hadi démissionne et fuit à Aden (d’où il retire aussitôt sa démission). En mars 2015, les Houthis et Saleh (qui s’est rallié à ses anciens ennemis) prennent Taez (3ème ville du Yémen) et le port de Mocha (sur la mer Rouge) puis la base aérienne et l’aéroport d’Aden. Hadi s’exile à Riyad, les Houthis contrôlent tout l’ouest du pays.
Le 26 mars 2015, l’Arabie Saoudite prend la tête d’une coalition internationale (1) pour bombarder massivement le pays. C’est l’opération « Tempête décisive », déclenchée sous l’égide de l’ONU, aux fins de rétablir le président Hadi et de neutraliser les Houthis, accusés de mener une révolution chiite dans le cadre d’un «complot iranien ». En fait, elle mène une propagande saoudienne anti-chiite, alimentant les tensions, et ce, pour sécuriser le détroit de Bab el Manbed, 4ème passage maritime le plus important au niveau mondial en termes d’approvisionnement énergétique.  
L’Arabie Saoudite inscrit sa guerre contre le Yémen dans le théâtre médiatique d’une guerre irano-saoudienne. Il s’agit pour elle d’assurer son leadership régional tout en contrant l’emprise djihadiste qu’elle a elle-même favorisée. Pour leur part, le Conseil de sécurité de l’ONU semble impuissant. Quant au Royaume Uni, à la France et aux Etats-Unis, ils fournissent à la coalition, armes et aide en matière de renseignement militaire.
En avril 2016, des négociations de paix ont lieu sous égide des Nations Unies. Les forces yéménites et les soldats émiratis et états-uniens reprennent aux rebelles du nord, Al Mukalla, la capitale du gouvernorat de l’Hadramaout : importante « prise de guerre », cette ville se situe à la frontière saoudienne, et Riyad envisage d’y construire un oléoduc pour exporter du pétrole sans passer par le détroit d’Ormuz !

Les civils, hommes, femmes et enfants qui meurent tous les jours, sont de peu de poids dans les choix stratégiques d’intervention de la coalition « pour la paix » ( !). En janvier 2017, l’ONU recense 10 000 morts (dont 50 % de civils), ces chiffres sont sous-estimés et ne prennent pas en compte les victimes indirectes (famine, maladie), l’OMS déclare que 80% de la population a besoin d’une aide humanitaire d’urgence, le retour du choléra (en avril 2017) fait des morts par milliers… Qui s’en émeut ?

Luttes de pouvoir et alliances mouvantes

Les Houthis sont issus de la minorité zaydite chiite, au nord du Yémen. Ils s’opposent au président Hadi et à ses alliés islamistes sunnites et tribaux du parti Al Islah. Ils n’ont jamais accepté la fin du régime millénaire de l’imamat zaydite. Ils inscrivent donc leurs luttes contre le pouvoir central, contre la République instaurée en 1962, en nostalgie du pouvoir royaliste. Le renouveau zaydite s’opère dans les années 1980, conséquence des pratiques discriminatoires du régime républicain, vis-à-vis des bastions royalistes zaydites, les oubliés du développement qui sont très présents notamment dans la ville de Saada (au nord-ouest). En 2004, on l’a lu précédemment, Saleh tente d’arrêter le leader Al Houthi, et enclenche la guerre de Saada. Résultat : des dizaines de milliers de victimes, des bombardements destructeurs, 200 000 réfugiés ignorés de la communauté internationale ; tout cela renforça l’ancrage du mouvement zaydite, d’autant que l’Etat, défait, dut se résoudre à laisser les Houthis exercer le pouvoir autour de Saada. Autonomie qui s’accrut en 2011 quand les Houthis décidèrent de soutenir le « printemps yéménite » au nom de l’anti-impérialisme, face à l’ingérence des USA dans la lutte contre le terrorisme. En 2015, ils s’opposent au président Hadi et à ses alliés islamistes sunnites et tribaux du parti Al Islah ; ils dénoncent les dévoiements du pouvoir et sa faillite économique, tout en s’appuyant sur leur ennemi d’hier, Saleh, qui a conservé son réseau de relations politiques et militaires, ce qui permet aux Houthis de tenir la capitale, de réprimer l’opposition, les intellectuels indépendants et les acteurs islamistes sunnites.

Le front sud, contre les Houthis, est plus divisé. Soutenu par la coalition menée par l’Arabie Saoudite, il compte : le mouvement séparatiste du sud Al Hirak, le parti sunnite Al Islah et multiples groupes islamistes sunnites ; tous contestent radicalement l’unification de 1990 et ont mené campagne contre le président Hadi, sapant son autorité, en dénonçant le maintien d’un déséquilibre politique et économique en faveur du nord. La coalition, quant à elle, est divisée sur l’avenir du Yémen : Riyad veut remettre Hadi au pouvoir et s’appuyer sur les mouvements islamistes sunnites ; les Emirats Arabes Unis, tout en ne voyant pas d’un bon œil le parti Al Islah, proche des Frères Musulmans, se reposent plus sur le mouvement sudiste et recherchent le compromis pour sortir d’une impasse où les forces militaires émiriennes font la grande part de travail de terrain, même si, Emiratis et Saoudiens emploient des mercenaires fournis notamment par la société militaire privée américaine Academi (ex-Blackwater) (cf encart 1).

Les griefs entre Nord et Sud rendent compte de l’échec du processus d’unification : le summum fut l’occupation houthiste d’Aden, au sud. Mais la confrontation armée entre militants du sud et ceux du nord n’est pas nouvelle. En 1976 et 1979, deux conflits avaient abouti à un statu quo jusqu’à l’unification, apparaissant aussi comme le résultat d’une crise au leadership socialiste du Sud, qui, lors d’une purge interne, en un mois, janvier 1986, fit plus de 10 000 morts. Il y eut aussi la sécession sudiste de 1994 défaite par l’armée du nord, alliée à des milices islamistes et tribales hostiles aux socialistes. Saleh et ses alliés ont monopolisé les ressources politiques et économiques et généré un sentiment de marginalisation au sud. La privatisation des terres (après la chute du régime socialiste) a largement bénéficié aux élites du nord. Le Sud est lui-même divisé, les islamistes sunnites, antisocialistes, ont contribué à l’effort de guerre de Saleh contre les sécessionnistes. De plus, dans la guerre contre le terrorisme, Saleh cible les bastions djihadistes au sud, d’où des tensions renforcées.

Bref, si la guerre de 2015 est le fruit de l’échec de la transition politique entamée avec le soulèvement de 2011, elle est aussi le lieu de confrontation des puissances extérieures pour leurs intérêts stratégiques qui font et défont les alliances des forces internes au Yémen.

Le conflit actuel est un abcès de fixation des tensions régionales. La « paranoïa » saoudienne du «complot iranien » porté par les Houthistes, ne doit pas nous faire ignorer que la capacité militaire des Houthis s’est accrue il y a quelques mois pour menacer les villes saoudiennes avec des missiles de longue portée ou pour endommager, avec des drones maritimes, un navire militaire saoudien en mer Rouge.    

 Quelle issue à la guerre pour les Yéménites ?

La crise humanitaire s’intensifie, le front militaire est enlisé, les perspectives après 24 mois de guerre ne sont guère encourageantes et ce, dans la quasi-indifférence de la communauté internationale.

La situation civile et sanitaire est catastrophique : 80% des 28 millions d’habitants ont  besoin d’un aide alimentaire urgente, les civils des deux côtés sont victimes de cette guerre oubliée. Le pays est fermé aux journalistes, interdits par l’Arabie saoudite d’emprunter les vols humanitaires. Les ONG s’interrogent sur les risques qu’elles font prendre à leurs personnels. Les aides en médicaments et aliments ne parviennent pas aux populations. Le dédoublement de l’Etat, et notamment le rapatriement de la banque centrale de Sanaa vers Aden en 2016, a privé des Yéménites du nord de leur salaire…. Les armes, par contre, continuent d’entrer sur le territoire. De cette guerre, les pays occidentaux s’en lavent les mains, en en étant complices par la vente d’armes aux pays du Golfe.

Pour l’heure, la localisation géographique du Yémen limite la capacité des civils à fuir le pays, d’autant que la société majoritairement rurale permet encore de se nourrir. Ainsi les réfugiés yéménites sont-ils encore peu nombreux (environ 300 000) hors du pays et convergent faiblement vers l’Europe. Car, la grande peur des dirigeants européens réside uniquement dans la mise en branle vers l’Europe de réseaux migratoires qui verraient les Yéménites se joindre aux Soudanais du sud, aux Erythréens et autres Africains prêts à tout pour traverser la Méditerranée… Plus la guerre dure, plus la pression des réfugiés va s’accroître mais, l’on assiste, de la part des dirigeants des pays européens, à la politique de l’autruche… ce qui leur évite, également, de constater que les djihadistes (OEI notamment), qu’ils disent vouloir combattre par ailleurs, se renforcent sur ce terreau de misère humaine. « Les ingrédients sont dès lors réunis pour faire du Yémen un front central du djihad international » (Laurent Bonnefoy)

L’Iran limite son implication, l’orientant vers un soutien logistique. La Russie ainsi que les grandes puissances occidentales n’ont pas fait du Yémen un terrain d’affirmation de leur puissance, ce qui laisse entendre une certaine indifférence de la communauté internationale (cf encart 2), tant que ses intérêts stratégiques et économiques ne sont pas menacés. L’ONU et son représentant Ismail Ould Cheikh Ahmed verra toutes les tentatives de paix achopper tant qu’il fera peser l’entière responsabilité du  conflit sur les Houthistes et Saleh, empêchant l’émergence d’une alternative politique au président Hadi.

L’unité yéménite n’est plus qu’une fiction et il deviendra de plus en plus impossible de recoller les morceaux, l’alliance entre les Houthistes et Saleh ne faisant, pour l’heure, l’objet d’aucune faille, le mouvement sudiste voyant dans la guerre une occasion d’acter la séparation pour laquelle il se bat depuis plus de 10 ans. Car, « la guerre yéménite n’est pas celle d’une guerre entre un camp révolutionnaire et un autre contre-révolutionnaire, mais entre deux factions en opposition avec les aspirations fondamentales pour lesquelles la jeunesse du Yémen s’est soulevée en 2011. L’intervention saoudienne soutient une faction pour des considérations strictement liées à la sécurité du royaume »(2) et au contrôle de la péninsule arabique.

Qui est en capacité de changer de stratégie dans le conflit, de prôner un abandon de l’option militaire et de favoriser l’émergence d’un nouveau leadership, offrant aux Yéménites un horizon sérieux pour la reconstruction ? Ce qui n’est pas une mince affaire ! Il faut d’abord que «…tous ceux qui manifestent la volonté de faire revivre le processus révolutionnaire lancé par le « printemps arabe » condamnent l’assaut réactionnaire tombant du ciel, quel qu’en soit l’origine. C’est l’un des aspects indispensables de la construction dans le monde arabe d’un pôle progressiste indépendant de tous les pôles et axes des anciens régimes arabes et de leurs concurrents réactionnaires. C’est la condition indispensable si l’on veut que la révolution arabe surgisse à nouveau et reprenne la marche qu’elle a engagée. Sans cela il n’existe pas d’espoir de dépasser la situation catastrophique dans laquelle la région a plongé » (2). La guerre au Yémen s’inscrit dans une contre-révolution globale qui a commencé avec l’unification forcée de ce pays. Elle s’est réactivée avec les printemps arabes et la volonté des pays du Golfe, Arabie Saoudite en tête, d’instaurer une hégémonie globale sur la région avec l’assentiment des Etats-Unis.

Odile Mangeot, le 23 août 2017

(1)   Arabie Saoudite, Egypte, Soudan, Emirats Arabes Unis, Maroc, Jordanie, Koweït, Qatar (qui en sera banni en 2017), Bahreïn
(2)   Gilbert Achcar, auteur de nombreux livres sur le Moyen-Orient sur le site alencontre.org/ 

Sources : Manière de Voir, le Monde Diplomatique, De l’Arabie Saoudite aux émirats. Les monarchies mirages  n°147 juin-juillet 2016 (Laurent Bonnefoy), les clés du Moyen-Orient, A l’encontre, le Monde (reportage des envoyés spéciaux Jean Philippe Rémy et Olivier Laban-Mattei, du 1 au 5 août 2017


Encart 1
A Taëz, sur la ligne de front
« … les Houthistes ne sont pas loin. Il y a des checkpoints partout, qui changent selon les jours, contrôlés par une multitude de milices, une préfiguration du puzzle des groupes armés de toutes sortes qui constitue le camp anti-houthiste à Taëz. Une bonne source en ville les a comptés : 35 formations au total. Il y a des salafistes, comme Abou Al-Abbas, des groupes liés au parti politique Al–Islah (proches de Frères musulmans)…, des éléments de l’armée régulière, la 35ème brigade et enfin des djihadistes d’Al Qaida ainsi que certains éléments appartenant à l’organisation Etat Islamique (EI). A cela s’ajoutent divers groupuscules dont les affiliations peuvent changer selon les circonstances… » le Monde 2.08.2017


Encart 2

Dans le golfe d’Aden « La coalition a ses avions dans les airs, ses navires en mer et, au sol, un peu de troupes auprès des Yéménites restés fidèles au président Hadi, en plus de celles du Soudan et, dans certains cas, de mercenaires. Au large, tout est fait pour que la guerre au Yémen ne perturbe pas le passage des porte-conteneurs et le commerce mondial. Sur la côte, en revanche, tout bloque. Il ne reste aux rebelles houthistes que le port de Hodeïda pour décharger des marchandises avec des grues. Or, la coalition saoudienne a annoncé à plusieurs reprises vouloir poursuivre son opération « Flèche d’or » entamée début 2017 sur les rives de la mer Rouge jusqu’à s’emparer de ce port, et ainsi asphyxier le réduit houthiste dans les régions montagneuses du Yémen. Plus de 18 millions de personnes sont déjà coincées dans cette immense nasse. Les Nations Unies supplient qu’on leur confie le soin d’administrer Hodeïda, pour éviter le cataclysme humanitaire qui menace déjà. Les deux tiers de la population de l’Etat le plus pauvre du monde arabe sont dépendants d’une aide humanitaire qui parvient peu et mal dans l’ensemble du pays, désormais en proie à la plus grosse épidémie de choléra de la planète… » le Monde  01.08.2017