Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


vendredi 29 juin 2018


Basculement du monde


Même s’il ne s’agit pas de prophétiser le catastrophisme, force est de constater que nous sommes désormais entrés en période régressive. L’après-68 a fermé la séquence d’un capitalisme keynésien-fordiste et l’effondrement des pays du bloc de l’Est n’a fait qu’accélérer la mondialisation financière avec son cortège de sous-traitances et de délocalisations. Le néolibéralisme triomphant aura, tous comptes faits, été de courte durée. L’explosion des crises financières, d’abord au Sud, puis au sein même des pays centraux, en 2008, a été suivie de politiques d’ajustements dits structurels. La domination de l’Occident en a été durablement affectée. Dans la même période, les échecs guerriers en Afghanistan, en Irak, en Syrie… de ladite superpuissance US ont illustré la réalité de son relatif déclin.

Au multilatéralisme dominateur, prôné par l’OMC, le FMI et la Banque Mondiale, succède un unilatéralisme de plus en plus agressif. La globalisation de la finance et des transnationales se heurte désormais aux capitalismes nationaux. Les maîtres du monde du G7 ont dû en rabattre, face à l’émergence des pays du Sud qui ont su développer leur économie et disposent désormais d’universités, de pôles de recherche scientifique… La « richesse » des pays occidentaux, facteur de domination, a régressé. Elle représentait en 1995 45% du PIB mondial, 31% en 2018 et se stabiliserait à 20% en 2050. Quant à celle des pays dits du Sud, elle atteindrait 50 % du PIB  en 2050. Ce qui est en marche c’est donc la désoccidentalisation du monde et son basculement.

La séquence trouble qui s’ouvre semble marquée par la concurrence entre capitalismes nationaux centrés sur leurs intérêts. L’ère Trump illustre ces replis agressifs et régressifs. Le retour des droits douaniers protectionnistes, les mesures de sanction et de rétorsion qu’ils entraînent sont en train d’inaugurer une phase de guerre commerciale sur fond d’exploitation exacerbée des peuples. Ces nationalismes font surgir des mégalomanes recourant, sans complexe, à la xénophobie. Les nouveaux autocrates de Trump à Poutine, d’Erdogan à Orban, de Duterte à Xi Jinping et tous les Assad, Netanyahou… démontrent, s’il en est besoin, l’effondrement de la démocratie. Tous les dérapages sont désormais probables, y compris des guerres meurtrières (comme en Syrie, au Yémen…).

Ceux qui fuient la guerre et la misère se heurtent aux gouvernements européens de plus en plus inhumains. Leurs rêves de liberté se transforment le plus souvent en cauchemar d’errance voire d’enfermement, avant l’expulsion qui leur est promise. Partout, malgré l’indifférence du plus grand nombre, la solidarité se fraie un difficile chemin. La radicalisation progressiste peine à s’affirmer, pendant qu’il est encore temps, malgré les inégalités croissantes et les injustices, euphémisées par les puissants et les médias serviles. Croyant encore qu’ils seront préservés, trop d’individus, plus ou moins conscients, hésitent encore à s’engager, à s’organiser.

Monte néanmoins l’urgence humanitaire, sociale et écologique. L’accumulation des drames, le productivisme concurrentiel et nationaliste, mettent en cause la vie même, l’écosystème de la planète terre. Avant le possible effondrement qui se profile, l’insurrection des peuples devient une nécessité vitale.

GD le 25.06.2018