Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


vendredi 29 juin 2018


Le jeune coq dominant et le poulet de basse-cour
Sur le parvis de la banlieue

En 2016, le jeune loup était entré en chasse aux électeurs côté gauche ; Révolution, son livre, semblait rugir en faveur de la banlieue en promettant « de réinvestir (nos) quartiers pour redonner aux habitants des opportunités ». Dès qu’il se fut proclamé  Jupiter, le ton changea. Juillet 2017, ce furent les coupes budgétaires et la suppression d’emplois aidés. Face aux protestations, il fit appel à un vieux renard : le Borloo des villes allait s’atteler à un plan-banlieue, pour calmer la colère des élus concernés et leurs associations.

Les lucides s’attelèrent à la tâche sous la houlette, mais pas seulement, de l’ex-ministre de la Ville et des quartiers. Dans sa grande mansuétude apparente, le jeune prince commandait un énième rapport. Affairé, plein de bonne volonté, le Borloo de service, après moult consultations d’élus et d’acteurs sociaux, rendit sa copie de 19 programmes consignés dans 164 pages. Les médias saluèrent l’exploit, cette « mobilisation nationale en faveur des villes et des quartiers ». Deux députés du 9.3, l’un de droite, l’autre LRM parti présidentiel, en rajoutèrent en indiquant que dans ce département démuni, le taux de pauvreté atteignait près de 28 % de la population, le chômage s’élevait à près de 13 % et se plaignirent des établissements scolaires mal dotés, et plus généralement, des inégalités et des discriminations dont étaient victimes leurs administrés. Après ce constat alarmant, le défenseur des droits, J. Toubon s’effarait : « notre pays préfère la distinction à l’intégration, la concurrence à l’intégration ». Diantre ! Allait-on en finir avec « ce scandale absolu » (Borloo), ces Français oubliés, trop basanés, et tous ces sans papiers, sans droits ? L’ex-ministre de Sarko se sentait pousser des ailes, la verticale du pouvoir semblait s’accommoder des voix tamisées de ceux d’en bas.

Nenni ! Les conseillers du prince regimbaient : « On ne lui a jamais demandé d’en faire autant » et de se hausser du col dans le débat public que seul Macron 1er se devait d’orchestrer.

Le 22 mai dernier, dans un discours qu’il annonçait bref, le jeune coq présidentiel, devant la basse-cour de 600 invités, pérora pendant plus d’une heure trente. Et ce fut l’humiliation du vieux poulet baissant la crête en silence, et des élus présents, traités de valetaille «électoraliste ». Morceaux choisis : « Je ne suis pas prêt à faire des concessions, à m’excuser d’être un jeune mâle blanc diplômé… » « ça n’aurait aucun sens que deux mâles blancs ne vivant pas dans ces quartiers s’échangent l’un rapport et l’autre lui disant, on m’a remis un plan… ça ne marche plus  cette stratégie aussi âgée que MOI ». En quelque sorte, MOI, l’Etat, je dis aux manants des quartiers : n’attendez rien, vous êtes ethniquement à part, vous devez vous en sortir par vous-mêmes ; « mettre trop d’pognon » pour les malfamés, c’est fini. Ce qu’il faut c’est un « plan de lutte contre les trafics de drogue », ce sera fait dès la fin juillet. En outre, l’appel à la charité moderne, la « bonne volonté des 120 plus grandes entreprises françaises pourvoira à la lutte contre les discriminations ».

En Macronie, la mystification des « en même temps » risque d’être de courte durée et d’ébranler le perchoir du jeune coq en sa majesté plein d’arrogance et de morgue…

GD, le 18.06.2018