à lire... Un pompier pyromane.
L’ingérence française en Côte
d’Ivoire d’Houphouët-Boigny à Ouattara
Il est difficile de donner un aperçu de cette
contribution à l’histoire récente de la Côte d’Ivoire, tant la richesse de cet
essai nous plonge dans les intrigues, les manipulations de l’ingérence de la
France néocoloniale dans ce pays. Qu’il suffise de dire, pour le moins, que la
médiacratie hexagonale a occulté, déformé les faits, visant ainsi à valider
l’intervention militaire française. En la présentant comme un arbitre impartial
et désintéressé. En fait, après le décès d’Houphouët-Boigny, ce dirigeant
acquis à la Françafrique, sous étroite surveillance de l’Elysée, l’émergence de
clans, d’une bourgeoisie et d’une classe moyenne, a changé la donne. La crise
des matières premières, l’endettement du pays, les plans d’ajustements
structurels imposés par le FMI, ont attisé les rivalités entre les prétendants
au pouvoir. Dans cette pétaudière, l’arbitrage intéressé de l’Elysée s’est
heurté à des résistances imprévues. Pour parvenir à s’imposer et écarter Gbagbo
et ses velléités d’indépendance, de Chirac à Sarkozy, l’on a assisté au recours
aux dictateurs africains, tout particulièrement au triste sire, Compaoré du
Burkina Faso, à la partition du pays, à l’opération militaire française dite Licorne, à
l’instrumentalisation-manipulation de l’ONU, à la bienveillance concurrente des
USA… C’est un vrai polar où les
exactions, les crimes contre l’Humanité, les coups tordus comme le bombardement
de la base militaire française de Bouaké se sont succédé pour imposer le
candidat Ouattara, l’homme de la Banque mondiale et du FMI. Les saigneurs de
guerre comme Soro… n’ont pas été inquiétés, ni les bénéficiaires patronaux
français, tels Bouygues ou Bolloré, encore moins Chirac, Villepin ou Sarkozy…
Seul, après le coup de force de l’armée française, Gbagbo a été traîné devant
la Cour pénale Internationale pour, après plusieurs années, être acquitté. En
fait, lui, peut-être un peu moins que les autres, aurait dû rendre des comptes
au peuple ivoirien. Ce qui nous fut présenté comme une guerre ethnique ou (et)
religieuse ne fut que les tentatives réussies de restauration de la
Françafrique dans un pays en pleine effervescence, en proie à une
décolonisation factice… Pour leur malheur et pour leur affranchissement, les
peuples, dans le brouillard des intérêts dont leur pays est victime, se
construisent dans des combats meurtriers contre les puissances étrangères et
l’ordre mondial qui leur est prescrit. GD
Raphaël Granvaud
et David Mauger, Agone Survie, 2018, 20€