Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 28 janvier 2019


Sommes-nous à un tournant historique ?

Depuis la crise financière de 2007-2008, suite à laquelle aucune solution réelle ne fut proposée pour en réduire les causes apparentes, la fuite en avant spéculative et prédatrice a prévalu. Les inégalités creusent un abîme entre les super-riches et l’ensemble de la population mondiale. Qui plus est, les dettes publiques et privées ont incité les castes politiciennes des Etats à pratiquer l’austérité laminant les classes moyennes, tout en cherchant à recourir à une concurrence de plus en plus féroce. Ce qui a changé, outre cette accentuation de la guerre économique, c’est l’obsolescence du multilatéralisme au profit de l’unilatéralisme. Le repli de l’impérialisme US, déjà entamé sous Obama, a pris la forme tonitruante et grandguinolesque avec Trump. Derrière la farce burlesque des tweets, c’est la montée en puissance du capitalisme d’Etat chinois qui inquiète les autres « empires », y compris l’Europe. On assiste, de fait, au retour des Etats-nations. Certes, ils n’ont jamais disparu mais les divergences d’intérêts n’ont fait que croître. Ils prennent la forme aliénante du retour au nationalisme xénophobe. En réalité, derrière ce masque manipulateur des classes populaires, se cache l’apparition de bourgeoisies agressives dans les pays de l’Est de l’Europe, qui refusent la domination du césarisme allemand et des eurocrates. Si le Brexit, tout comme la situation en Autriche et en Italie, sont différentes, elles dissimulent toutes le fait qu’il est de plus en plus difficile, pour les classes dominantes, de faire admettre à « leurs » peuples les politiques d’austérité et les effets de la désindustrialisation, de la robotisation, du recours aux nouvelles technologies. Au sud, le pillage reprend de plus belle, les dictateurs sont assurés de la complaisance intéressée des prédateurs, dont ils font partie.

Mais, partout, l’air sent le soufre. Les révoltes potentielles grondent ou explosent, comme au Soudan, voire en Tunisie. Des dissidences apparaissent sous les figures de Sanders aux USA, de Corbin en Grande-Bretagne, de Mélenchon en France. Des manifestations s’insurgent au sein même des pays de l’Est de l’Europe, en Russie également, contre les reculs des droits sociaux et des libertés publiques, et surtout, contre le conservatisme rétrograde et la corruption des élites.

L’occupation des places, les Nuits debout, les défilés contre les régressions du droit du travail n’ont rien changé. Les directions syndicales, même les plus contestataires, dans l’incapacité d’appréhender le caractère nouveau de la période, font d’autant preuve d’inertie qu’elles font face à l’atomisation des classes ouvrières et que leur propre vision désuète se heurte aux classes dominantes qui, de moins en moins, se prêtent à jouer le jeu de lâcher du lest dans des négociations à froid. Elles n’en ont cure.

Or, la plèbe se lève contre tous les carcans qui l’entravent. C’est le cas des Gilets Jaunes en France. Son moteur c’est l’injustice sociale, fiscale dont elle est victime et le sentiment diffus qu’il faut en finir avec les tenants du système. Les soulèvements populaires, dans la période qui s’ouvre, vont se répéter. Le rapport des forces sociales peut se modifier. Toutefois, face au tournant historique qui s’amorce, tous les dérapages sont possibles, faute de perspectives et de stratégie. Renverser le capitalisme n’est pas une mince affaire. Il faudrait pouvoir faire renaître une association internationale des travailleurs pour tisser une grande alliance contre les oligarchies régnantes, contre les risques de guerre, contre « l’effondrement » climatique… On en est encore loin. Quoique ! Une accélération de l’Histoire est toujours possible.

GD le 24.01.2019 



Editorial de PES - Pour l'Emancipation Sociale - n° 50, paru le 26 janvier 2019
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