Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


dimanche 30 août 2020

 

Faire diversion face à la fragmentation du monde

 

(Edito du PES n° 65 paru fin août)

 

Deux mois, ou presque et pas tout à fait, au cours desquels, sur fond d’angoisse Covid-19, le retour à la normale allait prévaloir « quoi qu’il en coûte » ! Les ondes, en ritournelles, invoquaient à qui mieux mieux, les mesures de protection puis le foot et certainement, demain, le tour de France. Rien d’autre ne devait nous intéresser que ces visions à la fois inquiétantes et jubilatoires, franchouillardes, beaufs et apathiques. L’apparente sagacité des autorités, à coups de milliards déversés, s’occupait du retour à la normale. A terme, malgré le dégoût abstentionniste, tout devait se régler par des élections. Ailleurs, il ne se passait rien susceptible de retenir notre attention… Certes, le réchauffement climatique nous affectait mais Macron et les Verts étaient là pour nous rassurer : on s’occupe de vous ! Croissance verte ou technophilie dépensière ! Peu convaincus, nombreux préfèrent l’épargne de précaution et considèrent la pandémie comme une grève générale sans grévistes, ayant des effets délétères : accroissement des inégalités, effondrement potentiel des classes moyennes, précarisation-paupérisation à venir. Les remèdes du système capitaliste sont connus : restructuration-concentration, répression-domestication des populations à l’aide des médias dominants et des technologies numériques, voire extension du domaine de la guerre pour un nouveau partage du monde.

 

A travers la lucarne déformante de la TV, on a pu entrevoir les vagues de révoltes reprenant leurs assauts contre les murs étatiques. Leurs cibles, les autocrates, les tyrans, les kleptocrates, oligarques, potentats, tricheurs, affairistes, spéculateurs et autres vautours dont il faudrait se débarrasser pour être mieux gouvernés… à défaut de se gouverner. La longue patience des peuples bout de sa propre impuissance. Mouvements spontanés de colère, indignations sans structuration et sans projets alternatifs, toujours dévoyés par l’obscurantisme, par des illusions démocratistes et surtout, surdéterminés par le jeu des puissances impérialistes, à coups d’ingérences, de nationalisme chauvin et raciste, accentuant la fragmentation du monde.

 

Un cycle se clôt : celui du néolibéralisme sans hégémonie US. L’affrontement des puissances sur fond de crises sanitaire, climatique, économique et sociale, trace l’horizon d’un capitalisme plus effrayant : famines, déplacements des populations, guerres. Toutefois, la messe n’est pas dite. La rage qui couve, la soif de liberté et de dignité sont le cocktail d’une longue maturation pouvant faire éclore des projets réellement émancipateurs. A contrario, trop sont encore scotchés devant leur TV et les fausses nouvelles complotistes ; trop sont obnubilés par leur nombril, leurs intérêts immédiats quand d’autres sont engoncés dans des idéologies rétrogrades et archaïques et donc, manipulables à souhait. Les classes ouvrières divisées, sur la défensive, ne sont pour l’heure, ni une classe en soi, ni pour soi et encore moins porteuses d’universalité. En revanche, classes moyennes en voie de déclassement, toutes les victimes de la répression sociale, raciale et policière, occupent le devant de la scène… puis la quittent…

 

Faire croire qu’il ne s’est rien passé au cours de ces mois de juillet-août, que tout va rentrer dans l’ordre : les divertissements reprennent, Macron prépare sa réélection ; dialogues participatifs et fictifs assurent la paix sociale, à coups de distanciation. Les autorités veillent sur nous. Rien, il ne se passera rien ! Les articles qui suivent, suggèrent que cette inversion apaisante de la réalité ne peut tenir très longtemps, face à la fragmentation du monde.

 

GD le 23.08.2020

 

Globalisation. Ce qui se passe ailleurs a un effet ici

 

Je me propose, ci-après et dans les numéros suivants de PES d’évoquer l’avènement d’évènements qui troublent l’ordre du monde et d’illustrer ainsi le contenu de l’édito. A mon sens, il serait erroné de croire que ce qui se passe ailleurs n’a aucun effet ici. A l’heure de la chaotique globalisation du monde, tout se déroule comme si, par effet de mimétisme, les manifestations se renforçaient l’une l’autre et entraînaient un durcissement des pouvoirs en place ou leur fuite en avant dans des aventures guerrières. Pour apprécier la portée de ce qui advient, au-delà des évènements récents, il convient d’avoir en tête l’affrontement « potentiel » entre les Etats-Unis et la Chine, le retrait des Etats-Unis au Moyen-Orient et dans une moindre mesure, en Europe, suscitant des blocs de puissances rivales : monarchies pétrolières et Israël s’opposant à l’Iran et à la Turquie ottomane, jeu de la Russie en Syrie, en Libye, en Ukraine et demain en Biélorussie. Au cours des mois juillet-août, de Portland (USA) au Mali, de la Biélorussie au Cachemire, de la Thaïlande au Liban, les luttes n’ont pas cessé, tout comme les manœuvres pour un nouveau partage du monde.

 

De Portland à la Turquie

 

Après l’assassinat, par étouffement délibéré, d’un homme afro-américain par un policier blanc, les manifestations antiracistes et contre les violences policières ont embrasé les Etats-Unis, les divisant encore plus. C’est surtout à Portland, l’une des villes les plus blanches (72% contre 6% de résidents noirs) qu’eut lieu la mobilisation la plus massive, la plus déterminée. Située dans l’Oregon, un Etat longtemps caractérisé par un racisme décomplexé, Portland est une cité ouvrière comportant une population étudiante protestataire. De là à imaginer que, là plus qu’ailleurs, la vie des Noirs et le rejet du legs historique de l’esclavage allaient compter, rien ne le laissait prévoir. Plus de 60 jours de manifestations successives, des heurts avec la police, obligeant la Maire démocrate à réduire le budget de la police de 15 millions de dollars, sans pour autant atténuer l’ardeur des foules  en colère. Face aux bastonnades, aux gaz lacrymo, aux arrestations, on vit se dresser « le mur des mères », « pour la vie des Noirs », vêtues de tee-shirts jaunes ( !), équipées de casques de vélo, de souffleuses à feuilles, à la tête des manifestants pour les protéger et repousser les vapeurs asphyxiantes. La défiance envers les élus et leurs leaders autoproclamés appelant à la dispersion, après leurs prises de paroles, était totale. La nuit, les affrontements se poursuivaient.

 

Lorsque Trump, qualifiant les manifestants de « terroristes » et « d’anarchistes » qui « détestent notre pays », décida d’envoyer la police fédérale militarisée, la mobilisation s’amplifia. « Fed go home », les heurts s’intensifièrent, les parachutistes en tenue de camouflage ne parvenaient pas à disperser la foule qui, par vagues, se pressait sur les grilles du bâtiment fédéral. Trump, face aux protestations qui gagnaient tout le pays, dénonçant les violences policières, dut mettre sur la touche sa garde militarisée. Le 24 juillet, la Commission des droits de l’Homme de l’ONU condamnait « l’usage disproportionné de la force »… comme elle l’avait fait à l’encontre de Macron vis-à-vis des Gilets Jaunes.

 

L’extension de l’épidémie du Covid-19, la proximité des présidentielles, semblent un retour à la normale en trompe l’œil. Place aux élections pour que rien ne change dans l’Empire fracturé (1).

 

Entre-temps, deux évènements symboliques illustrèrent l’incapacité du gendarme du monde à maintenir sa puissance économique et son hégémonie :

-        2018. Les USA étaient devenus le premier producteur d’hydrocarbure à coups de fracturation hydraulique. 2020. C’est fini. La guerre des prix menée par l’Arabie Saoudite et la Russie, le Covid-19, ont asséché les puits d’extraction ; les faillites se multiplient et nombre d’emplois disparaissent ; le seuil de 200 millions de dollars de dettes, accumulées par les pétroliers pratiquant la fracturation hydraulique, est dépassé et les dégâts environnementaux meurtrissent des régions entières. Restent les titanesques rémunérations des dirigeants de ces sociétés qui sauront reconvertir leurs pactoles.

-        Deuxième série d’évènements : les négociations avec les Talibans en Afghanistan qui  peinent à aboutir ; le retrait des boys du Moyen-Orient qui traîne ; et ce vide de puissance dans lequel s’engouffre, après la Russie, la Turquie à visées ottomanes.

 

Si l’on se réfère à la situation qui prévalait, il y a une dizaine d’années, rien ne laissait présager que la politique turque prendrait ce caractère expansionniste. Le jeu d’interactions morbides en a décidé autrement : le pourrissement des négociations d’entrée dans l’Union européenne, la répression des « printemps arabes », particulièrement en Egypte, la perversion des révoltes en Syrie, sa transformation en guerre civile, instrumentalisée par les monarchies pétrolières et leurs soutiens occidentaux, l’intervention de l’Iran et de la Russie pour sauver le régime barbare d’Assad, l’utilisation des forces kurdes par les Etats-Unis pour réduire l’Etat Islamique, puis leur lâchage, sont autant de dents d’un engrenage mortifère.

 

Sur ce, le pacte financier de l’UE avec la Turquie (6 millions d’euros) pour contenir les 3,5 millions de réfugiés syriens désireux de s’exiler en Europe, allait servir d’élément de chantage sur les Etats européens. Toutefois, l’élément décisif fut le coup d’Etat manqué contre le régime Erdogan. Sur fond de marasme économique et social (crise de 2007-2008), de contestation, de perte d’influence électorale, le régime a réprimé ses opposants, muselé la presse, pourchassé les Kurdes, islamisé et militarisé la société. Et le poids de l’Histoire est venu hanter les cerveaux, faisant resurgir le démembrement de l’Empire ottoman. Le traité de Lausanne (1923), s’il avait permis le retrait des interventions militaires de la France, de l’Italie et de la Grèce, avait avantagé la Grèce dans la délimitation des eaux territoriales. Pour la révolution kémaliste, c’était un moindre mal.  

 

La découverte de gisements d’hydrocarbures en mer Egée, la coalition des groupes pétroliers avec la Grèce, Chypre, l’Egypte et Israël, avec la complicité des USA, fit resurgir le passé (le traité de Lausanne) sous la forme d’un front antiturque. Rusé, à cette « légalité » internationale, Erdogan en opposa une autre, celle du régime libyen de Tripoli, installé et reconnu par l’ONU. Celui-ci, « abandonné », était encerclé par les forces du maréchal Haftar, cet ancien kadhafiste soutenu par l’alliance hétéroclite comprenant l’Egypte, les Emirats Arabes Unis, l’Arabie Saoudite, plus timidement la France de Macron et des mercenaires russes. L’accord bilatéral entre Erdogan et Sarraj, le dirigeant légal de Libye, changeait la donne. Il permettait, en octroyant des droits dans les eaux territoriales libyennes à Erdogan, de prospecter l’or noir en assurant, en échange, un soutien massif à ce régime soutenu par des forces trop proches des Frères Musulmans, au goût des Occidentaux et des satrapes wahhabites. Face aux conseillers militaires turcs, aux miliciens syriens pro-Erdogan, les troupes du maréchal Haftar furent (presque ?) mises en déroute. En arrière-plan de cette démonstration de forces militaires, un autre enjeu de taille est à signaler : celui de l’hégémonie sur les populations sunnites du Proche et Moyen-Orient et donc, l’extension possible du domaine de la guerre.

 

Il serait erroné de croire que l’accroissement des tensions ailleurs n’a aucun effet sur la politique sur le vieux continent.

 

Ainsi, lorsque l’embargo sur les armes « décrété » par l’ONU est bafoué par la Turquie en Libye, Erdogan peut aisément rétorquer qu’il n’est pas respecté par tous ceux qui soutiennent le maréchal Haftar dont les troupes combattent le gouvernement légitime de Tripoli. Il peut, à ce titre, justifier la menace (le 10 juin) de couler la frégate française qui tentait d’arraisonner un cargo turc soupçonné de transporter des armes. Cet incident a rendu furieux Macron et son entourage de néo-conservateurs (2) d’autant plus qu’il dut faire face à l’indifférence calculée de l’OTAN, de l’UE et de l’ONU. Impatient de jouer dans la cour des grands prédateurs, le petit homme a surenchéri. Avec la Grèce, il se prétend le gardien de la délimitation des eaux territoriales grecques. Lorsqu’Athènes met sa marine de guerre en état d’alerte, il met en œuvre, avec elle, des manœuvres militaires d’intimidation contre le régime d’Ankara, et ce, dès le 13 août. L’écran médiatique était éteint ce jour-là ! Impossible de voir les deux frégates françaises équipées de missiles, les deux porte-hélicoptères de combat, le bâtiment Lafayette et les nombreux navires grecs patrouillant au large d’une île grecque inhabitée, située à 2 km des côtes turques, éloignée de 570 km de la Grèce…

 

Cette dangereuse partie de bras de fer est également idéologique. Quand le coq français monte sur ses ergots, face au sultan, piaillant (laïquement) vouloir mettre fin au système des imams détachés, Erdogan, cyniquement, peut se prévaloir de son influence réelle. Depuis 2017, le conseil français du culte musulman a élu, à sa tête, un proche d’Erdogan ; la pénétration religieuse, si elle n’est pas aussi forte qu’en Allemagne, n’en est pas moins conséquente. Les « envoyés spéciaux » (la moitié des imams turcs seraient des fonctionnaires) y pourvoient et peuvent se réclamer des libertés de culte et d’enseignement. La réplique d’Erdogan à Macron illustre cette guerre d’influence : « Si vous nous empêchez d’ouvrir des écoles en France, nous nationaliserons les vôtres en Turquie » et renverrons dans l’Hexagone les coopérants français… Prochaine étape, la lutte contre le cléricalisme musulman ?

 

Certes, a priori, les loups n’ont pas intérêt à se manger entre eux. Ils préfèrent revêtir la toge des libertés et de la paix, tout en accroissant leurs dépenses militaires et leurs ventes d’armes. La solution : geler les conflits afin de négocier leurs avantages acquis. Cette balkanisation (3) en cours est de fait grosse de dérapages et de conflits meurtriers dont les premières victimes seront les populations civiles. Le désastre humanitaire de la région d’Idlib au nord de la Syrie (4 millions d’habitants), la pénétration de l’armée turque chassant les Kurdes syriens, implantant des familles syriennes liées aux groupes armés islamistes, imposant la langue turque à côté de la langue arabe, tous ces faits attestent d’une annexion programmée demandant à être légitimée par ladite communauté internationale. A moins que l’embrasement guerrier ne l’emporte sur les tractations souterraines.

 

Reste la révolte des peuples contraignant leurs propres gouvernements bellicistes à reculer…

 

Gérard Deneux, le 26.08.2020

 

(1)   après Portland, de nouveau, les manifestations et les émeutes embrasent les Etats-(dés)Unis : 7  coups de fusil dans le dos tirés par un policier blanc contre un homme afro-américain, dans le Wisconsin…

(2)   Lire à ce propos l’article de Marc Endeweld « Qui pilote vraiment le Quai d’Orsay ? M. Macron et l’Etat profond » le Monde Diplomatique septembre 2020

(3)   En référence aux guerres dans les Balkans (guerres à la fois ethniques et religieuses et de pénétration militaire étrangère)

 

Prochain article : « Du Mali à l’Europe désunie »

 

Un poème de Pedro Vianna

 

la petite musique morte

des bons vivants attablés

autour de leur festin

où prolifèrent les mets exquis

du profit en nage de plus-value

de la détresse confite en surmenage

de la mort en gelée de précarité

leur glauque petite musique morte

disions-nous en chuchotant

pour éviter les grandes oreilles

des petits états d’urgence

leur étouffante glauque petite

musique morte

continue de couvrir subtilement

les cris poussés en vain par leurs

chères victimes

bon  marché

 

 

Paris, 31.III.2018

In Des coups pour rien

Sur http://poesiepourtous.free.fr    

 

 

 

 

Nous avons lu…

 

China Corp 2025

Pour ceux qui persistent à accoler l’étiquette de communiste au PCC, cet ouvrage détruit ce qu’il reste de ce mythe. Que les entreprises soient privées ou publiques, le Parti du Capitalisme Chinois dirige l’économie de marché dans un esprit de conquête concurrentielle à l’échelle mondiale. Il s’agit d’un impérialisme mercantiliste qui vise à supplanter les USA. Pour ce faire, la stratégie suivie consiste à développer des géants nationaux, à recourir à des investissements massifs à l’étranger, à acquérir des sociétés étrangères dans les secteurs clés (pétrole, ports, voies ferrées, tankers), à maîtriser la concurrence interne suscitée entre groupes capitalistes chinois et gouvernements régionaux, à accroître les dépenses militaires. Sur le plan intérieur, aucune discussion démocratique n’est tolérée, en particulier celles qui mettraient en cause « les maîtres du ciel ». Ce qui prévaut c’est, de fait, la philosophie de Confucius : « La vertu du Prince est comme le vent, celle du peuple comme l’herbe. Au souffle du vent, l’herbe se couche toujours ». Face aux inégalités abyssales, le développement d’une classe moyenne importante, ouverte sur le monde, la lutte entre des acteurs concurrents hybrides, l’on comprend l’obsession de la caste des mandarins à assurer la stabilité et l’harmonie sociales par la surveillance généralisée (le vent) et la répression (l’herbe). On est à dix mille lieues du « rêve » maoïste d’égalité, et des incitations à oser lutter, oser se révolter contre la bourgeoisie et à l’intérieur du parti, à l’effervescence de la révolution culturelle et de ses dazibaos. Reste pour les nouveaux « maîtres du ciel » à régler, en période de crise mondiale, les surcapacités industrielles, à se dégager des fournisseurs étrangers dans la confrontation de plus en plus dure avec les Etats-Unis. GD

Jean-François Dufour, ed. Maxima, 2019, 24.80€

 

 

« Du pain et des jeux » (1)

 

Le 19 juillet devait avoir lieu entre Lure et La Planche des Belles Filles l’apothéose du Tour de France. Avant dernière étape, sans doute décisive de cette merveilleuse épreuve. La Covid-19 nous a privés de ce spectacle grandiose, de cette communion entre des champions, ces forçats de la route, et un public populaire, cela à travers une pratique sportive porteuse de tant de valeurs humanistes : le respect des règles, le respect de l’adversaire, le respect de soi-même… Spectacle gratuit, avec, en plus, distribution de cadeaux pour les spectateurs. Tour de France, symbole, summum de l’humanisme, du désintéressement, de l’engagement de gentils organisateurs pour le bonheur du Peuple.  C’est souvent comme cela que nous est présentée cette épreuve, qui se déroule depuis 1903, par les médias officiels.

 

Le tableau n’est-il pas trop idyllique ? Et si nous allions voir cela de plus près !

 

Cher camarade, qui comptais te rendre au bord des routes du Tour de France, certes, tu ne sortiras pas d’argent de ta poche ce jour-là, mais cette épreuve tu l’as largement financée par tes impôts.

Tes impôts qui vont servir à rémunérer les 23 000 policiers et gendarmes mis à contribution au cours de l’épreuve.

Tes impôts qui vont servir à payer les 25 millions d’euros que va régler la télévision du Service Public aux organisateurs pour retransmettre l’épreuve.

Tes impôts qui vont financer tous les travaux réalisés par la DDT (direction départementale des territoires) sur les routes pour que l’épreuve se déroule dans de parfaites conditions.

Si, en plus, tu es luron tu vas participer, en tant que contribuable, à régler les 100 000 euros que la ville de Lure a payés aux organisateurs pour être ville-départ de l’épreuve, ce qui représente plus de 10 euros par habitant.

Pas mal pour un spectacle soi-disant gratuit !

 

Mais au fait, cet argent, tu vas le donner à qui ?

 

Tu vas le donner à la Société ASO (Amaury Sport Organisation), groupe privé à but lucratif. Eh oui ! Le Tour de France est un spectacle privé, dont le but est de faire des bénéfices… pas seulement ton bonheur ! ASO est propriétaire du Tour de France et également d’autres épreuves aux valeurs humanistes : le Rallye Paris-Dakar et de nombreuses autres manifestations dans le domaine du golf et de l’équitation ; une entreprise au service de « l’émancipation populaire ». Emancipation populaire qu’elle défendait également au travers des titres de presse qu’elle posséda longtemps : Point de vue, Images du monde, Marie-Claire… ASO compte 900 salariés. Son chiffre d’affaires en 2018 était de 250 millions d’euros pour un bénéfice de 50 millions d’euros.

Quant aux cadeaux que va t’offrir la caravane publicitaire, ce sont 18 millions de « cochonneries » fabriquées en Asie (sans respect du droit du travail pour les enfants, les femmes...), emballées dans du plastique et distribuées pendant le Tour. Plastique qui va finir soit aux bords des routes, soit qui va retourner en Asie pour être détruit… On croit rêver ! Ces présents vont t’être jetés au sol. Tu n’as pas l’impression, cher camarade qu’on te fait l’aumône, comme les seigneurs qui jetaient aux manants les os restant de leur repas ? Cette distribution va être faite par quelques 70 véhicules. Si l’on ajoute à cela, les véhicules médicaux, les camions TV, les voitures des organisateurs, des journalistes, des équipes de coureurs, les motos, les hélicoptères. C’est un barnum d’environ 500 véhicules qui sillonnent la France pendant 3 semaines. En calculant au plus juste, sans s’emmêler dans les zéros, ce sont environ 100 litres de carburant par kilomètre qui sont gaspillés. Donc pour l’étape entre Leclerc City, pardon Lure, et La Planche des Belles Filles, ce sont environ 10 000 litres qui seront dépensés. Je suis prêt à parier que tous ces véhicules vont aller faire le plein à la Station-Service de l’hypermarché cité précédemment.

Je ne sais pas, toi, mais ce magnifique spectacle gratuit me fait déjà beaucoup moins envie.

 

Parlons maintenant des acteurs principaux de ce magnifique spectacle :

Les coureurs, considérés comme les vecteurs des valeurs humaines du sport de compétition : le dépassement de soi dans le respect des règles, le respect des adversaires, des partenaires, du public…Ces coureurs sont présentés comme des héros populaires actuels, des forçats de la route. Leurs exploits sont contés dans les lignes du journal historique du sport en France : j’ai nommé L’Equipe. L’Equipe dont la voix (unique) dans le monde du sport est considérée comme « paroles d’Evangile ». L’Equipe qui appartient au… Groupe Amaury, le propriétaire du Tour de France !

 

Cela ne commence pas à te paraître un peu suspect cette connivence ?

 

Mais revenons aux coureurs, là on entre dans un monde de tricheries, de duperies, de mensonges, d’un rare niveau. On pourrait faire un livre de toutes les affaires qui ont touché le monde du cyclisme, je vais juste te citer quelques déclarations, et te raconter quelques évènements, parfois tragiques pour t’en convaincre.

 

En 1950, début de la période moderne du Tour de France, Marcel BIDOT Directeur des équipes de France déclarait : « 75% des coureurs utilisent des produits dopants surtout des amphétamines. »

 

En 1960, Roger Rivière fait une chute dans la descente d’un col d’une façon assez surprenante, il restera paraplégique jusqu’à la fin de sa vie. Dans sa poche on trouvera des tubes de palfium, analgésique qui retarde les réflexes.

 

En 1962, 14 coureurs abandonnent au départ d’une étape, officiellement victimes d’une intoxication alimentaire. On saura plus tard que c’était le début de l’usage de la morphine dans les courses cyclistes et qu’ils s’étaient trompés dans le dosage. En fait ils étaient shootés.

 

Face à ces excès, en 1965, le dopage fut interdit. Les coureurs protestèrent contre cette loi en organisant une grève, dont le leader était le grand Jacques ANQUETIL. Héros national qui déclarait à cette époque : « Je me dope parce que tout le monde le fait, mes fesses sont de véritables passoires à force de faire des piqûres d’amphétamines ».

 

En 1966, 87% des coureurs contrôlés étaient positifs. Les sanctions étaient extrêmement légères (des minutes de pénalités, bien sûr non médiatisées).

 

En 1967, Tom SIMPSON meurt pendant l’ascension du Mont Ventoux. L’autopsie montrera qu’il était sous l’effet d’amphétamines qui lui ont fait dépasser ses limites. Dans ces années-là, les cas de dopage sont très nombreux et leurs techniques plutôt artisanales, comme le prouve l’affaire POLLENTIER.

 

En 1978, ce coureur belge, après avoir gagné une étape du Tour de France devait uriner dans un flacon en présence d’un médecin. Le coureur déclara qu’il n’y arrivait pas sous l’effet de la joie procurée par la victoire et demanda à retourner à son hôtel pour se détendre et se calmer et revenir plus tard. Le médecin refusa et voulut l’examiner pensant qu’il était peut-être en danger. Et là, SURPRISE : POLLENTIER était équipé d’une petite poire sous le bras remplie d’urine et d’un tuyau qui conduisait celle-ci à proximité de l’organe naturel de cette fonction. Une simple pression du bras sur la poire suffisait à faire sortir l’urine vierge de tout produit dopant dans l’éprouvette. Mais ce jour-là, le tuyau était bouché. On apprit plus tard que le coureur avait eu un différend la veille avec un de ses partenaires et que celui-ci avait bouché le tuyau rendant impossible la supercherie. Cette technique de substitution d’urine était en fait très développée, beaucoup de coureurs, dont Eddy Merckx, après leur carrière, ont reconnu l’avoir utilisée.

 

A partir des années 80, l’internationalisation du cyclisme va entraîner l’arrivée de nouvelles nations, en particulier des coureurs américains et des coureurs des pays de l’Est qui apportent avec eux une culture scientifique approfondie du dopage. Arrivent aussi de nouveaux produits : EPO, les hormones de croissance, les transfusions sanguines et même du sang artificiel. Les coureurs ont en fait profité des progrès médicaux. L’EPO augmente le nombre de globules rouges dans le sang qui sert à alimenter les muscles en oxygène. Ce produit était utilisé en médecine pour permettre aux victimes de longue maladie ou d’immobilisation prolongée de retrouver plus rapidement une masse musculaire normale. Les coureurs, eux, vont utiliser l’EPO pour l’augmenter artificiellement. Le principe est quasiment le même pour les hormones de croissance. La technique des transfusions sanguines est différente. La quantité de sang chez un être humain est en moyenne de 5 litres. Les coureurs se prélèvent environ un litre de sang qu’ils stockent. L’organisme va reconstituer naturellement ce litre de sang en environ 3 semaines. A ce moment-là, le coureur se réinjecte le sang qu’il s’était prélevé et donc se présente au départ de la course avec 6 litres de sang. Donc un apport d’oxygène aux muscles beaucoup plus important que la normale donc des performances artificiellement améliorées. Les coureurs utiliseront également des produis masquant qui cachent les traces de produits interdits dans le sang. Malgré cela, certains coureurs se font tout de même prendre soit parce qu’ils ont exagéré les doses, soit par hasard. Ce fut le cas en 1998 avec l’affaire FESTINA. Un soigneur de cette équipe espagnole s’est fait prendre à un contrôle douanier inopiné avec dans sa voiture des doses très importantes de produits dopants. Il lui fut difficile d’expliquer qu’elles n’étaient pas destinées aux coureurs. Deux autres équipes se feront prendre car on découvrira dans les poubelles de leur hôtel du matériel de transfusion sanguine. La suspicion concernait quasiment tous les coureurs mais ceux-ci ayant toujours un coup d’avance sur les contrôles anti-dopage étaient très rarement pris en flagrant délit. A partir de cette époque, l’agence anti-dopage va conserver les prélèvements urinaires et quand elle les analysera quelques années plus tard, elle y trouvera les produits dopants utilisés qu’elle ne pouvait détecter à cette époque. A partir de là on s’apercevra que quasiment tous les coureurs utilisaient des produits dopants mais inconnus au moment de leur utilisation.

 

Le cas ARMSTRONG est un cas d’école. Ce coureur états-unien aux performances moyennes en début de carrière devint de façon assez étonnante le meilleur coureur pendant de nombreuses années : il remporta 7 Tours de France consécutifs dans la suspicion mais ne fut jamais contrôlé positif. Il était également connu pour les intimidations, les menaces, parfois physiques, qu’il proférait envers les coureurs qui exprimaient des doutes quant à la nature de ses performances. Puis un jour sentant sans doute le piège se refermer sur lui, il avoua officiellement s’être dopé pendant sa carrière. Ses 7 victoires lui furent alors retirées et après un arrangement avec la Justice américaine (5 millions de dollars !) il continua à profiter de la fortune amassée au cours de sa carrière estimée à plus de 100 millions de dollars. Aujourd’hui en 2020 il organise des stages de cyclisme aux îles Baléares, stages d’une semaine au cours desquels il forme des jeunes coureurs à la pratique du cyclisme. Ces stages sont facturés 27 000 euros la semaine. Il prend 12 coureurs ! Les organisateurs du Tour de France ont pensé dans un premier temps déclarer vainqueur le coureur arrivé second mais celui-ci était aussi soupçonné de pratiques illicites ainsi que le troisième, le quatrième, le cinquième…. il y a donc 8 Tours de France qui n’ont pas eu de vainqueur officiel : les 7 victoires d’Armstrong + celle d’un autre américain dans le même cas.

 

Autre forme de tricherie : le dopage mécanique. Là encore beaucoup de suspicion avec des images que tout le monde peut voir sur Internet et qui sont surprenantes. Par exemple, celle d’un coureur qui chute et dont le vélo continue à tourner sur lui-même sur la route, ou celle d’un coureur après l’arrivée dans une légère montée qui continue à avancer sans pédaler … Aucun professionnel ne sera pris en flagrant délit. En revanche des coureurs amateurs se feront prendre avec des moteurs électriques dissimulés dans le cadre du vélo. Difficile de penser que les professionnels eux ne les utilisaient pas. La situation est bien résumée par le chercheur Nicolas EBER qui déclarait : « la tentation de se doper est d’autant plus forte pour un coureur qu’il soupçonne les autres de le faire, il peut ainsi craindre d’être le seul à ne pas en profiter ». Ainsi que par Jean-Pierre de Mondenard, médecin spécialisé dans la médecine du sport et dans le dopage : « Tous les vainqueurs du Tour de France, entre 1947 et 2010 ont eu maille à partir avec le dopage, chacun d’eux devrait se voir retirer son titre ». Depuis 2010 il semblerait que les cas de dopage soient moins nombreux. Mais comme beaucoup d’anciens coureurs qui participaient à l’époque où le dopage était généralisé et avéré, sont actuellement soit directeurs sportifs d’équipe, soit entraîneurs, je pense plutôt que les tricheurs aient à nouveau un tour d’avance sur la législation des contrôles.

 

Un autre aspect : ce monde de tricheurs attire des équipes cyclistes au profil un peu particulier comme par exemple l’équipe ASTANA. Equipe financée par un conglomérat d’entreprises Kazakhs qui se veut une vitrine publicitaire du Kazakhstan. Ce charmant pays dirigé d’une main de fer d’avril 1990 à juin 2019 par Noursoultan NAZARBAÏEV remplacé par Kassym-Jomart TOKAÏEV  du même acabit, et où, selon Amnesty International la torture et le non-respect des Droits de l‘Homme y sont généralisés dans la plus grande impunité. Elle a repris l’effectif d’une équipe disparue après une affaire de dopage. Son directeur sportif Alexandre VINOKOUROV est un ancien coureur qui fut suspendu 2 ans pour transfusion sanguine !

 

On pourra également applaudir sur les routes du Tour de France les coureurs de l’équipe Israël Start Up Nation financée par un milliardaire israélo-canadien. L’objectif de cette équipe est de présenter Israël comme une nation moderne dynamique. Elle possède de tels moyens financiers qu’en 2019 elle a fait délocaliser 3 étapes du Tour de l’Italie à Israël. Aucune de ces 3 étapes n’a bien entendu traversé la bande de Gaza ou la Cisjordanie !

 

Depuis quelques années l’intérêt du public pour le Tour de France a faibli, les rentrées financières ont donc diminué car aucun Français ne l‘a remporté depuis 35 ans. L’objectif de l’édition 2020 est donc qu’un Français le remporte enfin, pour relancer l’audience, les droits de télévision, l’intérêt des sponsors, et réinjecter de l’argent dans ce système lucratif et spéculatif.

 

Pourtant l’argent circule tout de même allègrement dans le monde du cyclisme. Pour information : Peter SAGAN un des meilleurs coureurs du monde a gagné en 2019 : 5 millions d’euros en salaire + les contrats publicitaires + les primes de course. La prime offerte au vainqueur du Tour de France est de 500 000 euros. On estime que pour P. Sagan cela représente environ 10 millions d’euros en revenus annuels, soit environ 700 fois plus que le revenu d’un Smicard.

 

Revenons sur l’édition 2020. L’étape principale de cette édition aura lieu entre Lure et La Planche des Belles Filles, un terrain de prédilection pour le morgelot (habitant de Melisey) Thibaud PINOT, vainqueur idéal pour le monde du cyclisme. D’où cette campagne éhontée dans la région. A Lure pas un rond-point, pas un lieu public… sans symbole du Tour de France, les différents maillots, des vélos, des drapeaux… jalonnent cette route, les Lurons ont même droit à un rond-point avec un landau géant symbolisant le fait que T. Pinot soit né dans cette ville. A Melisey, devenu Pinot City, 3 portraits géants du coureur et des portraits dans tous les magasins. Je me demande même s’ils ne vont pas pousser le bon goût jusqu’à exposer le lit dans lequel Thibaut Pinot a été conçu !

 

Camarade, si je résume les objectifs du  Tour de France :

C’est qu’avec ton argent les coureurs, les dirigeants, les organisateurs vivent très très confortablement,

C’est qu’après ce spectacle consternant tu retournes au travail, heureux qu’un Français ait remporté le Tour,

Le summum étant qu’un coureur né dans le même pays que toi, fût-il le dernier des abrutis, l’emporte. D’ailleurs je vais citer quelques déclarations du dernier vainqueur français en 1985.  Il s’appelle Bernard HINAULT : « le plaisir de dominer les autres me prodiguait une jouissance mentale. J’ai un moral de tueur ».

 

Alors s’il-te-plait camarade, rends-toi sur le parcours du Tour de France le 19 septembre mais ne reste pas sur le bord de la route.

Mets-toi SUR la route.

Mets un terme à ce spectacle dégradant de tricheurs, de menteurs, d’exploiteurs !

Dresse ta dignité de travailleur face à tous ces imposteurs  

et n’oublie pas que le lundi 21 quand tu retourneras à l‘atelier, tous ces spoliateurs se gobergeront avec TON argent.

Jean-Louis Lamboley.

 

(1)                   du poète satirique romain Juvénal (fin du 1er siècle/début du 2ème)

 

 

 

Soutien aux saboteurs d’antennes-relais

Ils sont 2 hommes, opposés au développement de la 5G, à avoir été condamnés à des peines de 3 et 4 ans de prison ferme par le tribunal de Lons-le-Saunier, ce 20 juillet. Poursuivis pour avoir détruit avec des cocktails molotov une antenne relais Orange 4G à Foncine-le-Haute (Jura), ils devront payer des dommages et intérêts, sachant qu’une antenne téléphonique est évaluée à 60 000€. L’un d’entre eux a revendiqué son geste puisque « manifester avec des pancartes et faire des pétitions, ça ne marche pas », pour dénoncer la nocivité de la 5G et, plus globalement, tout projet de société qui ne cesse de « provoquer la dévastation du vivant ». La dureté du verdict est là pour dissuader d’autres expériences du même type qui se multiplient en France (à Contes (Alpes-Maritimes) le Collectif Narf (Non à l’antenne relais Free mène des actions depuis plus d’un an, dans le Nord une antenne-relais 5G à été incendiée à Douai) mais aussi en Europe. Le 25 janvier, a eu lieu la première manifestation internationale contre la 5G, suivie par d’autres, les 28 avril et 4 mai à La Haye. La Suisse et la Belgique, entre autres pays, ont dû mettre en place des moratoires ralentissant l’avancée des travaux.

Ne laissons pas ces procès se dérouler dans l’indifférence. Soutenons toutes les initiatives s’opposant à ce quadrillage nocif de nos lieux et de nos vies. Alors même que la fortune de Mark Zuckerberg (patron de Facebook) a augmenté de plus de 46% (soit 30 milliards de dollars supplémentaires) et celle de Jeff Bezos, le Pdg d’Amazon a augmenté de plus de 30 % entre mars et mai !

A nous de défendre nos conceptions d’un monde désirable, et de refuser en bloc chaque pas supplémentaire pour affermir la technocratie capitaliste.

Appel du Collectif de défense des vieux objets non connectés

sur https://reporterre.net/   

 

 

La 5G, une urgence, pour quoi, pour qui ?

 

Bienvenue dans la société hyper connectée, qui rend les objets « intelligents », les villes « intelligentes ». La 5ème génération de standards pour la téléphonie mobile (5G) est le nouvel eldorado pour les opérateurs de téléphonie qui préparent la mise en vente de l’Iphone 11. Quant au bien-être, aux relations humaines et sociales, à la santé, à l’environnement, y ont-ils songé ceux qui décident, sans nous, et imposent le « tout numérique », multipliant les antennes et ondes électromagnétiques sur une planète déjà bien surchargée ? Nous préparent-ils à la surveillance généralisée de toutes les activités humaines ? A quelles fins ? Pourquoi cette précipitation ? La course à la  technologie de communication dite « intelligente » s’accélère.         

 

1 - Quel est ce monde rêvé de la 5 G ?

 

La 5G promise pour 2021, succédera à la 4ème génération (4G), qui, pour l’heure, est encore loin d’être accessible à tous : les « zones blanches » sont encore nombreuses. Seul un quart des Européens y a accès et, en France, elle couvre principalement les zones urbaines - 40% du territoire n’en dispose pas et des centaines de communes en sont encore à la ZéroG ! Et nombre de citadins et villageois attendent encore le raccordement filaire par la fibre optique. Pourquoi tous ces outils de communication ?  

 

Pour Macron, et bien d’autres européens, l’avenir est à la technologie sans fil pour que « l’intelligence artificielle fasse disrupter tous les modèles économiques ». « Je veux que nous ayons des champions d’intelligence artificielle ici en France » et « pour que l’UE continue de faire la course en tête, j’ai lancé sans attendre une initiative afin d’accompagner et d’accélérer nos efforts de recherche en Europe sur la 6G ! (le Monde du 29.01.2020).

 

Ce monde rêvé de la 5G promet l’égal accès à internet partout. Avec un temps de latence inférieur à une milliseconde, mille fois plus de données transmises et un débit cent fois supérieur à la 4G, cette technologie ouvre la voie du téléchargement éclair, des voitures autonomes, des villes intelligentes, des opérations chirurgicales à distance, des usines dirigées par des robots, connectées H24. Elle promet la démocratisation de « l’internet des objets » avec des frigidaires qui indiquent les aliments périmés, des poubelles informant les éboueurs qu’il faut les vider et l’éclairage public qui s’adapte à la position du soleil…

 

Cette course de vitesse engagée entre les géants de la téléphonie mobile est indispensable aux robots-traders sur les marchés de la finance ou encore aux GAFAM voulant traiter, à des fins commerciales, toutes les empreintes numériques de nos cartes de crédit, de fidélité, etc. La 5G est, avant tout, un vaste marché à conquérir. Des millions d’iphone 11 vont déferler sur le monde mais aussi tous ces objets connectés (34 milliards d’objets en 2025), portant les données personnelles en provenance de nos bracelets, nos maisons, nos voitures ou nos hôpitaux connectés, transmises aux géants de télécommunication grâce au méga-débit de la 5G. Et puis il y a tous les gadgets inutiles connectés : les baskets Nike auto-laçantes, la fourchette anti-bâfrement qui envoie une vibration si on mange trop vite, la montre qui décompte notre temps de vie, le décapsuleur qui, lorsqu’on ouvre une bière, envoie une notification à nos amis…. Alors, fais gaffe aux lunettes que portent tes amis d’apéro, ce sont peut-être des lunettes-espions avec caméra vidéo enregistreuse intégrée. Eh oui ! tous ces « objets à la con » (1) connectés sont disponibles à la vente !  

 

Ce monde « rêvé » que les gouvernants nous imposent est celui du capitalisme technophile et son credo néolibéral : produire, vendre, s’enrichir, puis… jeter pour produire, vendre, s’enrichir encore… Peu importe ce que l’on produit, peu importent les besoins des populations en matière alimentaire, sanitaire, éducative, culturelle, sociale… Il ne s’agit pas de permettre à chacun de vivre dignement, dans un monde écologiquement sûr, socialement juste. Il s’agit de gagner la guerre technologique déjà engagée entre les Etats-Unis, l’UE (l’allemand Vodaphone, Telecom Italia et les français Bouygues Telecom et Orange) et la Chine (Huawei). Selon la Commission européenne, cela représenterait 500 milliards d’euros d’investissements sur les dix prochaines années, faisant bondir le PIB européen de 6% et créer 1.3 million d’emplois.

 

2 - Au diable la démocratie, au diable le principe de précaution

 

Le gouvernement français veut passer en force, lancer la procédure d’attribution des fréquences en septembre pour la mise en œuvre des premiers relais 5G en 2021. Aucun débat démocratique n’a été ouvert sur les enjeux de cette version « intelligente » du capitalisme technophile, avec ses risques de nuisances environnementales  et écologiques, ses dérives sécuritaires et de surveillance généralisée, l’exercice d’un techno-totalitarisme selon Pièces et Main d’œuvre (2). Pendant l’état d’urgence sanitaire, le gouvernement a autorisé (ordonnance du 25 mars 2020) le déploiement libre de la 5G sur le territoire français et supprimé, au passage, l’obligation pour les opérateurs, d’obtenir l’accord de la Commune pour implanter les antennes. La voie est libre ! La ministre de l’industrie affirme : « Oui, nous avons pris nos responsabilités sanitaires, environnementales » sans pouvoir montrer l’ombre du résultat d’une étude : l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) ne rendra ses conclusions que fin 2021. Le principe de précaution est pourtant inscrit dans la loi européenne exigeant du producteur d’une nouvelle technologie la preuve de son absence de danger avant de la commercialiser. A ce titre, deux ministres ont demandé au 1er ministre d’attendre l’étude, des élus LR ont proposé une commission d’enquête, la Convention Citoyenne pour le Climat a adopté à 98 % un moratoire sur la mise en place de la 5G. Proposition écartée par Macron, qui s’était engagé « à reprendre sans filtre » les propositions de ladite Convention !

 

Et pourtant, le Comité scientifique européen sur la santé, l’environnement et les risques émergents a  pris position (prudemment) fin 2018 « la technologie 5G ouvre la possibilité de conséquences biologiques imprévues ». Les chercheurs indépendants ont détecté des effets néfastes sur les organismes vivants, plantes, insectes et animaux car « la 5G nécessite des ondes particulièrement puissantes produisant une pénétration accrue des champs électromagnétiques. Leur idée est d’utiliser beaucoup plus d’antennes qu’avant, pour mieux tout couvrir et tout pénétrer, les murs par exemple ! Des dizaines de millions d’antennes 5G vont affecter tout le monde dans l’Union et ce sans un seul véritable test biologique ».      

 

3 - Les capitalistes technophiles n’ont que mépris pour l’écologie qui ne leur rapporte rien !

 

Les risques ont été dénoncés par des chercheurs indépendants, mais aussi par le très officiel CNRS qui titrait en 2018 : « Numérique : le grand gâchis énergétique ». Car, pour fonctionner, internet a besoin de supports matériels, d’espaces territoriaux et d’une énergie électrique considérable. En 2018, les ordinateurs, mobiles, tablettes, Data Centers, Réseaux, absorbaient à eux seuls, 10 % de la consommation d’électricité mondiale. Dans les années 2020, « l’économie digitale » qui regroupe l’univers cybernétique (terminaux, réseaux, crypto-monnaies, stockage et transmission d’information), pèsera pour 20 % ; la croissance en besoins énergétiques de cette économie est de l’ordre de 10% par an » (3). Les équipements 5G consommeront 3 fois plus que ceux de la 4G et les internautes passeraient de 3,9 milliards en 2016 à 5 milliards en 2021.

 

Par ailleurs, de gigantesques infrastructures sont nécessaires, très voraces en consommation de métaux rares qui s’épuisent déjà. C’est pourquoi la Chine a développé une politique offensive d’extraction et contrôle 90 % de la production mondiale. Les enjeux géopolitiques sont énormes et les politiques extractivistes vont se développer dans les pays comme l’Afrique du Sud (rhodium), le Brésil (niobium), la République Démocratique du Congo (cobalt). Une puce électronique de 2 grammes implique le rejet de 2 kilos de matériaux ; un courriel avec pièce jointe consomme autant d’électricité qu’une ampoule basse consommation de forte puissance pendant une heure. Cette course à la technologie n’est en rien une réponse aux besoins fondamentaux des populations, ne se soucie nullement de l’utilité des produits fabriqués dont l’obsolescence programmée les fait échouer dans les pays du Sud pour « recyclage ». A l’heure où les instances internationales évoquent l’urgence de la transition énergétique, de la réduction de l’empreinte carbone, de la préservation de la biodiversité, pour limiter les effets du réchauffement climatique, les capitalistes technophiles ne se posent qu’une seule question : comment trouver de nouvelles ressources en minerais ? Ils sondent les fonds marins, en rajoutant encore à la pollution des océans. Olivier Vidal (CNRS) alerte : d’ici 2050, il faudrait extraire du sous-sol plus de métaux que l’humanité n’en a extraits depuis son origine.

 

La 5G accentuera les risques sanitaires sur la Terre. Pour couvrir l’ensemble du territoire, il faudra plus d’antennes. Combien ? Aucune estimation n’a été dévoilée. Aujourd’hui, le déploiement de la 4G nécessite 45 823 antennes. En faut-il 45 000 supplémentaires ? La 5G nécessite l’utilisation de fréquences plus élevées, d’ondes millimétriques plus courtes qui ne peuvent traverser certains bâtiments et obstacles comme les arbres, ce qui impose une augmentation exponentielle des antennes et, par conséquent l’augmentation de l’exposition de la population aux ondes électromagnétiques. On ne pourra plus y échapper ! s’indigne le CRIIREM (centre de recherche et d’information indépendant sur les rayonnements électro magnétiques non ionisants). Même son de cloche du côté de l’association Robin des toits qui dénonce l’absence d’étude d’impact sanitaire. PRIARTEM (4) alerte sur l’augmentation constante du nombre de personnes électro-sensibles et des Collectifs anti5G démontent des antennes.

 

La menace se situe aussi dans l’Espace. Pour supprimer toutes les zones blanches dans le monde, il faut mettre sur orbite basse (entre 500 et 2 000 km d’altitude) plus de 20 000 satellites autour de la terre et installer plusieurs dizaines de millions d’antennes relais dans nos villes et campagnes. Ces opérations peuvent altérer l’ionosphère, cette couche supérieure ionisée de l’atmosphère qui interagit avec la lumière ultra-violette du soleil. Que savons-nous de l’effet que produiront ces interférences en haute altitude, sur la météorologie, le climat, la protection contre les rayonnements cosmiques, la filtration des rayonnements solaires ? La terre serait ceinturée par un bouclier électromagnétique artificiel, fait d’ondes pulsées induisant des effets sur le vivant.  Pas un être vivant, humain, mammifère, oiseau, insecte, ni les végétaux et la masse de nos mers et océans, ne pourrait se soustraire à une exposition, 24H/24, à des niveaux de rayonnement de radiofréquences, des centaines de fois supérieurs à ceux que nous connaissons. Dans 30 ans, nous déplorerons les effets de cette politique, que subiront les générations futures !!!

  

4 – La surveillance généralisée des populations rendue possible

 

Les tenants de la 5G évoquent la nécessaire vidéosurveillance « intelligente » pour lutter contre la délinquance. Aujourd’hui on identifie ou on saisit le flagrant délit, demain, on anticipera une anomalie. Qui va déterminer les comportements dits « anormaux » ? Les programmateurs des futurs algorithmes ? Le système judiciaire en serait bouleversé : à quoi serviraient les magistrats qui jugent sur le fondement de faits établis ? Des outils de vidéosurveillance se sont développés dans les villes ; en leur donnant  une dimension « intelligente », les reliant à d’autres fichiers (santé, infractions, etc.), ce sont nos libertés publiques qui seront menacées. Ce nouvel ordre urbain doit être soumis au débat avec la population. Certes, on n’en est pas encore à la reconnaissance faciale instituée partout, mais elle se pratique déjà, et pas qu’en Chine, où depuis fin 2019, le Covid-19 a accéléré le recours aux technologies de traçage. Imaginons des badauds sur passage piéton, identifiés automatiquement par les caméras de surveillance d’un Etat autoritaire, capables d’afficher aussitôt le nom et le numéro de carte d’identité d’un individu. Et de faire remonter son casier judiciaire ou le dossier conservant sa loyauté politique au régime…. En Chine, cette vision devient réalité. Début 2018, la police de Zhengzhou (est du pays) affirmait que ses agents portant des lunettes « intelligentes » avaient identifié 7 personnes impliquées dans des enlèvements. Depuis décembre 2019, il est obligatoire de se soumettre, pour l’achat d’une carte SIM, à un scan de reconnaissance faciale, en plus de la présentation de la carte d’identité. Parallèlement, s’ajoute un système de « crédit social » par l’attribution d’une note en fonction du comportement, pouvant empêcher un Chinois qui, par ex., se soustrait à une décision de justice ou ne paie pas une dette, d’acheter un billet de train. Un fichier national de surveillance au service de la répression est très poussé dans le Xinjiang, à l’encontre de la minorité ouïgoure et autres ethnies musulmanes. De la même manière, les réseaux sociaux Tencent et Alibaba se sont associés au gouvernement chinois et développé une application d’identification avec un code couleur les individus exposés au Covid-19. De quels outils de contrôle dispose la population sur l’arbitraire qui peut se mettre en œuvre ?

 

En France, les partisans de la reconnaissance faciale piaffent, estimant que l’autorisation législative à sa mise en place, suggérée fin 2019 par Cédric O, alors secrétaire d’Etat chargé du numérique, est un obstacle. Le procédé d’authentification de l’identité d’un individu est autorisé dans les enquêtes judiciaires pour la recherche de suspects ; il existe dans 3 aéroports d’Ile-de-France. L’autre usage, par contre, l’identification « à la volée » - fonctionnant en temps réel avec les images des caméras de vidéosurveillance - est soumis à autorisation de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés ; s’appuyant sur le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), elle proscrit tout traitement des données sensibles (comme le visage). Même si quelques exceptions sont possibles, la procédure est dissuasive et exigeante : les ordonnateurs de ce type d’usage doivent réaliser une étude d’impact et prouver sa conformité au RGPD, l’expérimentation devant se borner à une seule finalité. Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, dénonce cette « idéologie poussiéreuse de la Cnil » et  Christian Estrosi, maire de Nice, pointe « des principes dépassés ». Une loi d’expérimentation sera-t-elle votée au prétexte de sécuriser le Mondial de rugby de 2023 puis les JO de 2024 ? Les industriels français, comme Thales ou Idemia, attendent cette aubaine. Pour l’heure, pas de texte déposé devant le Parlement. Les opposants à ce procédé, comme la Quadrature du net, sont très vigilants craignant qu’une expérimentation de la reconnaissance faciale soit sans retour en arrière possible.

 

Une « avancée » technologique ou scientifique, par ses applications n’est jamais neutre ; elle est l’affirmation d’un choix politique de fonctionnement de la société. En l’occurrence, 5G et autres outils « intelligents » grignotent les principes de liberté et de sûreté. 

 

5 – Préserver les principes de liberté et de sûreté  

 

Comment peser face à la puissance des géants du numérique ? Les technologies numériques vont-elles gouverner nos vies ? Allons-nous laisser le capitalisme technophile confisquer notre mode de pensée ?

 

Les opposants à la 5G, et à l’usage disproportionné de la technologie « intelligente », sont traités d’alarmistes, de rétrogrades, de ringards, d’opposants au modernisme, etc. Mais avons-nous besoin d’être reliés 24/24 au monde entier ? Avons-nous besoin d’outils qui décomptent les yaourts restant dans notre frigo ? Après avoir démembré les services publics de proximité, les gouvernants nous présentent des services « intelligents » pour consulter un médecin à distance, suivre les cours de l’université… Voulons-nous des algorithmes pour trouver un présumé coupable… pour ensuite supprimer les services de la Justice, devenus inutiles ?

 

Les algorithmes de ces machines « intelligentes » sont préparés par les industriels-mêmes qui vendent ces outils, formatant nos comportements et nous transformant en consommateurs « décervelés ». Ce que nous voulons c’est une société plus juste, plus humaine, plus soucieuse du bien-être et du développement humain, grâce à des services de proximité, l’expression libre et l’échange des idées… Ce que nous voulons ce n’est pas la liberté ou la sécurité, mais les deux ! La sécurité nous l’entendons au sens de la sûreté, celle qui figure dans la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, celle qui nous protège contre l’arbitraire de l’Etat. Vivre en sécurité, ce n’est pas être dans un univers saturé de caméras de surveillance, c’est avoir un logement digne, ne pas être contrôlé dans la rue pour un rien, respirer un air pur, pouvoir se défendre contre l’oppression de l’Etat… C’est lutter contre les politiques qui imposent, subrepticement, des outils de surveillance généralisée, tout en donnant l’illusion aux populations de participer à la décision. Ainsi du Ségur de la Santé, pendant lequel l’Etat continue de fermer des services hospitaliers. Ainsi de la Convention Citoyenne pour le Climat que Macron salue, tout en ré-autorisant les néonicotinoïdes, insecticides tueurs d’abeilles, pour satisfaire les industriels agricoles de la betterave à sucre ! 

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Partout des colères, des mécontentements montent face à l’angoissante catastrophe écologique. Mais on ne pourra infléchir les choix politiques en la matière sans remise en cause profonde de la société et des grandes institutions capitalistes qui la dominent ; l’Etat et les gouvernements successifs font partie du problème, nous livrant au despotisme des intérêts privés.

 

Certes, reconstruire par en bas des services associatifs et locaux offre des alternatives rassurantes dans des territoires spécifiques mais le rouleau compresseur poursuit sa route, s’il n’est pas stoppé par le blocage du système basé sur le profit. Quelques victoires électorales donnent, parfois, l’illusion du changement, comme celle des Verts lors des élections municipales récentes. Mais on sait trop ce que sont les exécutifs locaux coincés dans leurs alliances de façade et découvrant, dans l’exercice du pouvoir, les désaccords avec leurs alliés d’un jour. Peut-on imaginer la sortie de la dépendance collective au numérique généralisé (la fibre optique n’est pas encore totalement installée qu’elle est jugée obsolète !) ? Si l’on ose une comparaison avec le nucléaire, l’on ne peut qu’être inquiet !

 

Chaque fois qu’une ressource d’énergie a menacé de manquer, nous l’avons remplacé par une autre, sans jamais mener de réflexion sur nos modes de consommation. « On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré » (5).

 

Odile Mangeot

Le 20.08.2020

Sources : Politis, Fakir, reporterre.net, bastamag, Thur Ecologie Transports

 

(1)   Fakir juillet-septembre 2020

(2)   Pièces et Main d’œuvre- atelier de bricolage pour la construction d’un esprit critique à Grenoble. Dénonce le projet de société techno-totalitaire (nanotechnologies, transhumanisme, etc.) www.piecesetmaindoeuvre.com

(3)   Analyse de Damien Ernst, professeur spécialiste de l’énergie (université de Liège) citée par Thur Ecologie Transports

(4)   Association PRIARTEM – Pour Rassembler Informer et Agir sur les Risques liés aux Technologies Electromagnétiques  

(5)   Guillaume Pitron (auteur de La guerre des métaux rares. La face cachée de la transition énergétique et numérique – ed. Les liens qui libèrent) a emprunté ce constat amer à Albert Einstein