Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mercredi 14 août 2019


Les Bio’Jours 2019 en Franche-Comté - 16ème foire éco-bio festive
Tout le monde se revendique, aujourd’hui, de l’écologie même ceux qui prônent la croissance sans fin, signent des traités de libre-échange au mépris du principe de précaution et des protections sanitaire, environnementale, etc. Entre l’individu qui cherche un mieux-vivre et la barbarie du « système marché », quelle place pour l’écologie ? Les Amis de l’Emancipation Sociale, les Amis du Monde Diplomatique Nord Franche-Comté et l’association TERRES vous proposent le programme des rencontres-débats ci-dessous 

 LURE cinéma Méliès à 20h30
Vendredi 6 septembre (4€)
Diffusion du film
« Un lien qui nous élève »
 suivi d’un débat sur « Vivre avec les animaux » en présence du réalisateur
Oliver Dickinson

  Faucogney et la-Mer (salle culturelle municipale)
Samedi 7 septembre 2019
15h : Rencontre-débat avec Sébastien Levret - entomologiste
Biodiversité au jardin : un enjeu pour demain

17h30 : Rencontre-débat avec  Aude VIDAL
Militante écologiste, auteure du livre
Egologie.
Ecologie, individualisme et course au bonheur

Faucogney et la-mer (salle culturelle municipale)
Dimanche 8 septembre
10h30 : Diffusion du film
« Un lien qui nous élève »
suivi d’un débat sur « Vivre avec les animaux » en présence du réalisateur
Oliver Dickinson

14h : rencontre-débat avec Danièle Cour –CRIIRAD
Filière nucléaire : déchets et rejets radioactifs

16 h : rencontre-débat avec François Vetter – PRIARTEM
Compteurs Linky

Entrées gratuites (sauf au cinéma Méliès). Participation « au chapeau » selon vos moyens.
Contact : aesfc@orange.fr  03.84.30.35.73


Les Bio’Jours 2019 en Franche-Comté - 16ème foire éco-bio festive

Tout le monde se revendique, aujourd’hui, de l’écologie même ceux qui prônent la croissance sans fin, signent des traités de libre-échange ouvrant encore plus largement les portes à la concurrence libre et non faussée, au mépris du principe de précaution et des protections sanitaire, environnementale, etc. Entre l’individu qui cherche un mieux-vivre et la barbarie du « système marché », quelle place pour l’écologie ? Les Amis de l’Emancipation Sociale, les Amis du Monde Diplomatique Nord Franche-Comté et l’association TERRES vous invitent à cette réflexion à partir de deux thèmes : Vivre avec les animaux et Egologie/Ecologie


à Lure, vendredi 6 septembre 2019  au cinéma Méliès à 20h30 (4€)
et
à Faucogney et-la-Mer, dimanche 8 septembre  (salle culturelle) à 10h30

Diffusion du film suivi d’un débat sur « Vivre avec les animaux »
« Un lien qui nous élève »
 en présence du réalisateur
Oliver Dickinson

Le modèle libéral de l’industrie de la viande, développe des « monstres » : fermes-usines, porcheries-usines, stabulations surpeuplées, fermes entièrement robotisées et abattoirs industriels. Face à la barbarie de l’exploitation des hommes et des animaux, des éleveurs choisissent une voie différente pour offrir une existence plus digne à leurs animaux, « ce lien qui nous élève ». Que penser, dès lors, du développement d’un courant animaliste radical (véganisme, antispécisme, libération animale…), qui, au-delà de l’amélioration des conditions de vie des animaux, refuse toute forme d’utilisation de l’animal (alimentation, habillement, etc.) ?




à Faucogney et-la-Mer, samedi 7 septembre 2019 (salle culturelle) - 17h30-19h30

Rencontre-débat avec
 Aude VIDAL
Militante écologiste, auteure du livre
Egologie.
Ecologie, individualisme et course au bonheur

Ecolo, tout le monde s’en revendique aujourd’hui, pour son bien-être, même ceux qui affirment être soucieux du devenir de la planète et participent à des gouvernements qui gardent le cap de la croissance sans fin, pour le profit de 1% de la population. Face à cela, se développent des « alternatives » : développement personnel, injonctions au bien-être, au travail sur soi, positivité, jardinage urbain… dans lesquelles Aude Vidal repère le primat de la responsabilité individuelle et une forme de repli individualiste, caractéristiques du libéralisme, en recul par rapport à une conception plus collective, plus combative et moins hédoniste du changement social. Serait-ce là les nouveaux avatars du néolibéralisme, faisant dériver les mouvements engagés pour l’écologie ?  


Contact : aesfc@orange.fr


Lire...
Un peuple en révolution.
 Portugal. 1974-1975
Ça semble déjà si loin. C’est pourtant si proche pour les plus âgés d’entre nous qui ont suivi cette Révolution des Œillets. Ce que l’on en retient, c’est le plus souvent ce que les dominants nous ont inculqués. Cette révolution commencée par un putsch d’officiers, las des guerres coloniales meurtrières qu’ils savent perdues, bouleverse le pays. Le peuple portugais, après l’effondrement de la dictature de Salazar, prend au mot les promesses de liberté, de justice sociale. Il prend en mains ses propres affaires : travail, logement, relations entre les sexes, culture… Entre avril 1974 et novembre 1945, il semble proche de renverser le capitalisme. Face au Mouvement des Forces Armées (MFA), au Parti communiste et au Parti socialiste qui ont investi l’Etat, il développe un pouvoir parallèle par en bas. Neutralisations, normalisations par en haut ne suffisent pas, dans un premier temps à briser les commissions ouvrières, l’élan des paysans et des intellectuels. Mais ce pouvoir éclaté ne parvient pas à se coordonner. La tentative de coup d’Etat de la droite extrême contre la généralisation des phénomènes d’autogestion fournit l’occasion au parti socialiste, à l’UGT qui lui est liée, au parti populaire dont les banquiers favorisent l’armature, de ramasser la mise. La « paix sociale » entre les classes doit prévaloir pour s’intégrer dans l’Europe capitaliste. Les contestataires, les révolutionnaires, sont à contre-emploi vis-à-vis du mouvement historique de l’époque. Le mouvement n’a pu assumer sa pleine autonomie stratégique. Il n’a pas eu le temps de se construire contre les appareils politiques qui récupèrent, en les dévoyant, les aspirations populaires.
Cet ouvrage novateur fait découvrir les réalités des mouvements sociaux de la révolution portugaise. Il nous intéresse, non pas pour son actualité mais surtout pour les leçons à en tirer : la seule rébellion, voire l’institution de pouvoirs parallèles sont une impasse si elles ne parviennent pas à briser l’appareil d’Etat capitaliste. GD
Raquel Varela,  Agone, 2018, 24€


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Voir ci-dessous
l'éditorial et un certain nombre d'articles du n° 55



Edito du PES n° 55

Macron peut-il durer ?

Si la fraction  la plus néolibérale de la classe dominante a cru trouver, face à la décrépitude des leaders de droite et de « gauche », son Rastignac, elle doute. Celui qu’elle a couvé dans les bureaux de la banque Rothschild, lui qui, sans vergogne, a évincé le « mollasson » Hollande, lui se présentant comme le « maître des horloges » imposant les régressions sociales jugées indispensables aux flibustiers de la finance, dut, précipitamment descendre des cieux jupitériens pour mater la révolte d’en bas des Gilets Jaunes.

Il faut considérer qu’il a, momentanément, gagné la bataille de la rue et des ronds-points : la furie de la caste régnante, déployant sa horde policière, a démontré, à ceux qui n’osent y croire, de quoi elle est capable lorsque l’on se dresse contre ses intérêts et ses privilèges.

Cette campagne d’annihilation de la mobilisation populaire a pris la forme d’un déchaînement disproportionné de violences policières. Partout, l’ordre doit régner, y compris pour faire cesser la musique à coups de gaz lacrymogènes et de bastons, et ce, dans un lieu dépourvu de riverains et au bord de la Loire. Steeve en est mort, noyé. De même, les 45 décrocheurs de portrait du président (ce cadre à 8€ pièce) sont effarés. Eux qui entendaient protester contre l’imposture écologique de Macron, eux perquisitionnés, poursuivis, sont sidérés d’être traduits devant la 16ème chambre du TGI de Paris, chargée des affaires de terrorisme (1). Tout comme Marion Esnault, ils risquent jusqu’à 5 ans de prison et 75 000 € d’amende. Les sbires de Macron, ces parquetiers, disposent d’un arsenal juridique à la hauteur de leurs propres fantasmes répressifs. De cette violence policière et institutionnelle, les fêtards, tout comme les vaillants écolos, s’en souviendront.

Macron sait que s’il veut durer, il lui faut non seulement garder son frêle électorat mais également neutraliser, voire gagner les cœurs révulsés. Les hypocrites homélies, les effets de manches du grand débat vont se répéter pour tenter de prouver qu’il agit contre le peuple pour son bien (CETA, casse du droit du travail, privatisations, RUA, restriction des droits des chômeurs…). Tous les « éléments de langage », les arguties seront fournis à ses serviteurs à gages. Il pourra compter sur les éditocrates, ces bonimenteurs du néolibéralisme. Toutes ces mises en scène démagogiques ne sont pas suffisantes pour assurer une assise territoriale au macronisme hors-sol. Dans la perspective des élections municipales de mars 2020, les débauchages, les fripouilleries politiciennes à l’aide de stratagèmes et d’intrigues mesquines, prennent déjà un tour croquignolesque de lutte des places.

Macron, son fossile ministériel extrait des rangs juppéistes, E. Philippe, son spadassin sans épaulettes qui hystérise le pays, Castaner, savent qu’il leur faut traquer l’opinion capable de coups de sang impromptus. D’où la mission de recruter une armée de mouchards (11 000) pour suppléer les Renseignements Territoriaux jugés défaillants. A ce prix, il espère durer en agitant le spectre du lepénisme, en comptant sur l’abstention réprobatrice ou résignée, sur le désaveu persistant des appareils de « gauche » et de droite. Il compte sur le sacre électoral de nombre de ses godillots pour légitimement pouvoir, demain, opposer le pays légal au pays réel et soumettre les mécontents, désobéissants, révoltés, insoumis…

Pour qu’il n’en soit pas ainsi, les travailleurs, les retraités, les Gilets jaunes… doivent prouver par leur organisation méthodique à la base, leurs explications sur la nature des régressions imposées, leurs actions, que le macronisme n’est qu’une chimère des plus illusoires. Les syndicalistes, les associations ne doivent plus se prêter à la comédie de la conciliation des classes, aux pseudo-concertations. Ces méthodes deviennent, à force de se répéter, soit répugnantes, soit désespérantes.

Ce dont le pays a besoin, c’est de démocratie surgie d’en bas, et non de trompeuses compétitions électoralistes de gens bien en cour, démontrant ainsi que la forme parlementaire du régime capitaliste n’est que l’appendice de l’exécutif, ce sacro-saint pouvoir d’Etat aux mains des classes dominantes.

A l’heure où la guerre commerciale s’envenime entre les Etats-Unis et la Chine, au moment même où le néolibéralisme fait faillite ouvrant la voie, dans cette Europe fracturée, à la récession économique, dans cette conjoncture où se produisent les révoltes des peuples, à l’époque du système capitaliste prédateur et productiviste mettant en péril l’avenir des hommes sur la planète, il est urgent d’agir, d’ouvrir d’autres perspectives que celles de la lutte de tous contre tous, de la haine entre les peuples. Faire démissionner Macron, comme le proclamaient les Gilets Jaunes, ouvrirait une première brèche salutaire permettant de faire advenir d’autres possibles démocratiques, égalitaires et écologiques.

GD le 11.08.2019

(1)   Denis Robert, le Media  




L’État réprime la gauche kurde

Le Conseil démocratique kurde en France (CDKF) tire la sonnette d’alarme : l’État français opère un virage en direction de l’État turc, en donnant des gages à Erdogan : gel des avoirs de militants du CDKF.

Communiqué du CDKF du 17 juin : Jeudi 13 juin, alors que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian rencontrait à Ankara son homologue turc Mevlüt Çavuşoğlu, nous apprenions que plusieurs de nos membres et dirigeants avaient fait l’objet de mesures de gel de fond édictées la veille par des arrêtés conjoints des ministres de l’économie et de l’intérieur. Il n’y a pas de doute qu’une fois de plus, Paris a négocié avec Ankara de gros contrats sur le dos des militants kurdes réfugiés en France. Ce n’est pas un hasard si deux de nos dirigeants font l’objet de ces mesures prises, soi-disant, dans le cadre de la lutte contre le financement du terrorisme, par des autorités françaises sous l’emprise du lobby turc fasciste. Des menaces de mort émanant des services turcs. Depuis près d’un an, le coprésident et le porte-parole de notre organisation sont menacés de mort par les services de renseignements turcs (MIT). La tête du premier a été mise à prix pour 1,5 million de livres turques, tandis que le second est visé par des menaces de mort provenant du MIT. La France n’a-t-elle donc pas tiré les leçons de sa politique de répression à l’encontre des Kurdes entre 2006 et 2013 ? Cette politique désastreuse dominée par une coopération judiciaire immonde avec les autorités turques a conduit à l’assassinat, le 9 janvier 2013, de trois militantes kurdes exécutées par le MIT, en plein coeur de Paris. Tandis que le juge d’instruction antiterroriste de l’époque manifestait un zèle particulier contre les milieux associatifs kurdes, envoyant en détention des centaines de militants, il laissait courir des djihadistes comme Saïd Kouachi et Amedy Coulibaly qui bénéficiaient en 2010 d’une remise en liberté.
Convaincus que ces mesures prises par le gouvernement français à l’encontre de nos membres vont encourager les escadrons de la mort du MIT implantés en France, nous alertons l’opinion publique, les organisations politiques et de la société civile que nos dirigeants sont en danger et qu’en cas d’atteinte à leur vie ou à leur intégrité physique, le gouvernement français, et en particulier M. Jean-Yves Le Drian, en seront tenus pour responsables. Nous tenons à dire au gouvernement français que la politique antikurde dans laquelle il s’engage ne servira nullement les intérêts de la France. Au contraire, elle affectera les relations kurdo-françaises, notamment en Syrie. Par conséquent, nous appelons le gouvernement français à revoir rapidement son approche vis-à-vis des Kurdes et à abroger sans délai les mesures de gel de fond prises à l’encontre de nos membres. JC





Référendum Aéroports de Paris

Un peu de votre attention entre deux canicules

Pourquoi et comment demander un référendum
 au sujet des Aéroports de Paris ?

Il y a quelques semaines, le 13 juin 2019, un événement démocratique majeur et inédit s'est produit au sein même de notre détestable 5ème République. Un groupe de parlementaires, touchés par la grâce entre deux homards et une bouteille de champagne de grand cru, ont conduit à l'ouverture d'une initiative partagée, en vue de provoquer un référendum sur la privatisation des aéroports de Paris.

Peut-être, comme moi, n'avez-vous jamais foutu les pieds dans un aéroport, que ce soit à Paris ou ailleurs, et avez-vous l'impression par conséquent que ce n'est pas très important. Détrompez-vous ! C'est ce qu'on appelle un "pied dans la porte". L'occasion exceptionnelle de donner plusieurs leçons à nos élites rabougries.

Le référendum d'initiative partagée est, certes, une parodie de démocratie puisque l'initiative est partagée à la manière d'Obélix découpant les parts d'un gâteau : l'essentiel pour les parlementaires et les miettes pour les citoyens. Mais, la surprise, ici justement, c'est que le plus dur est fait : les parlementaires ont fait leur part, c'est à nous, citoyens de montrer qu'on ne se fout pas de la gueule de la démocratie, quand elle se présente à nos portes. Il s'agit en effet maintenant de recueillir les signatures de 4,7 millions d'électeurs avant le 12/03/2020. Plus de 500.000 soutiens ont déjà été enregistrés en un mois (d'été) seulement ; c'est donc encore parfaitement accessible si l'on parvient à se mobiliser.

Pourquoi se mobiliser ?

On ne peut pas à la fois critiquer les élus, le manque de démocratie et perdre une occasion de s'exprimer par référendum depuis 2005. Il s'agit au contraire de montrer notre attachement à toute procédure qui s'approche de la démocratie. Car ici, ce n'est pas une simple pétition comme il en circule des centaines sur internet et qui n'aboutissent jamais à rien (sauf à créer de gigantesques fichiers avec vos données personnelles). C'est le ministère de l'intérieur lui-même qui organise la consultation et recueille les signatures, et vous pensez bien qu'on les surveille comme le lait sur le feu pour s'assurer que la procédure reste transparente et valide.

Si le site internet qui a été mis en place est particulièrement pénible à utiliser (à dessein ?), vous devriez pouvoir vous y inscrire avec un peu de persévérance et quelques conseils (voir procédure plus bas). Dans le pire des cas, il reste la possibilité de se rapprocher de sa commune référente pour déposer sa signature manuscrite.

La privatisation des aéroports de Paris, comme la privatisation des autoroutes avant elle, est un scandale de plus à mettre sur le compte de la Macronie. La société ADP (Aéroports de Paris) se porte bien, elle est bénéficiaire et rapporte de l'argent à l'État chaque année. Se priver de cette rente au nom d'un libéralisme échevelé n'a aucun sens, même si l'on examine les choses d'un point de vue écologique et que l'on considère que tous les avions devraient rester à terre (c'est mon avis !) ; ce n'est certainement pas sous le contrôle d'intérêts privés qu'une telle chose aura des chances d'advenir. Il y a un aspect stratégique d'aménagement du territoire et des transports à considérer ici, et garder le contrôle sur les aéroports de Paris paraît être un préalable essentiel de ce point de vue.

Par ailleurs, outre les autoroutes bradées puis rentabilisées à taquet par des sociétés privées sans scrupules, nous avons l'exemple récent de l'aéroport de Toulouse Blagnac, concédé pour une bouchée de pain à un entrepreneur chinois par un ministre de l'économie et des finances qui s'appelait... Emmanuel Macron, en 2015. Un modèle de réussite, cette privatisation : des accords secrets qui donnent le contrôle au patron chinois, pourtant minoritaire en parts d'actionnariat, au grand dam et à l'insu des collectivités locales, l'industriel chinois qui est recherché dans son pays pour corruption et qui s'est, semble-t-il, volatilisé... Tout va pour le mieux pour cet aéroport qui a, lui aussi, une portée stratégique importante puisqu'il est l'aéroport d'essai d'Airbus dont les usines sont toutes proches.

Enfin, dernier argument et non des moindres : ce sympathique gouvernement souhaitant ardemment faire ce nouveau cadeau au secteur privé, ne boudons pas notre plaisir de lui administrer une magistrale claque en obtenant un référendum pour lui dire avec beaucoup de compassion : NIET !

Comment signer ?

Le plus simple et le plus rapide, si vous avez une carte d'électeur à peu près à jour, c'est de signer sur internet en utilisant le site du ministère de l'intérieur :
Cliquer sur la case à cocher "Je soutiens", puis sur Suivant.

Remplissez ensuite le formulaire en prenant soin d'être aussi précis que possible, la plupart des informations qui vous sont demandées figurent sur votre carte d'électeur ou votre carte d'identité. De nombreux sites vous guideront pas à pas pour parvenir à votre but.

En cas d'échec en ligne, rapprochez-vous de la mairie de votre commune qui vous expliquera la marche à suivre pour la procédure papier.

Et après ?

Il ne suffit pas de signer, il faut convaincre tous vos voisins, votre famille, vos collègues et vos amis d'en faire autant. C'est gratuit, sans engagement, et démocratiquement très satisfaisant. Les Gilets Jaunes nous ont montré qu'ils avaient compris très vite où se situait le coeur du problème en revendiquant un RIC (Référendum d’initiative citoyenne) en toute matière, nous avons le devoir de soutenir toute initiative qui va dans ce sens, et c'en est une belle !

Plusieurs sites surveillent les signatures et publient en temps réel le nombre de signatures récoltées (car le site du ministère de l'intérieur, bien sûr, ne tient pas le décompte lui-même et fait tout pour l'empêcher). Sur le site ADPRIP (https://www.adprip.fr/) par exemple, vous trouverez non seulement le nombre de signatures, mais aussi les graphiques de l'évolution des soutiens et les cartes géographiques correspondantes.

Deux petites vidéos pour aller plus loin :
Un pillage français#1 :l’aéroport de Toulouse
Référendum ADP : pourquoi on peut gagner et comment

Mérome




Le Gilet Jaune plie mais ne rond-point (1)

Après 8 mois de luttes, de manifestations, de violences policières qui leur ont fait payer le prix fort, les Gilets Jaunes sont moins nombreux aux ronds-points notamment. Fatigués ? Sans doute. Démotivés ? Pas vraiment. Ils pensent à s’organiser différemment, à se fédérer entre groupes, à converger avec d’autres dans les luttes. En tout cas, la participation à l’Assemblée des assemblées à Montceau-les-Mines n’a pas faibli : 246 groupes ont délégué près de 700 mandatés et observateurs qui ont expérimenté, pour la 3ème fois, la démocratie directe. Inutile de le nier : l’étiolement des Gilets Jaunes sur les ronds-points est une réalité ; les actions qui s’y décidaient « spontanément » au consensus, sont prises en assemblées citoyennes locales là où elles existent. Il est vrai que les contrôles, amendes et violences policières en ont démotivé plus d’un. « Dès qu’on bouge de notre rond-point, on reçoit des amendes pour manifestation non déclarée », « il faut faire évoluer les manifestations hebdomadaires ». Enfin, la période des vacances n’est guère propice à la mobilisation même si des rendez-vous ont été fixés (14 juillet, acte national à Paris, 20 juillet, marche en solidarité avec « Vérité et Justice pour Adama » à Beaumont-sur-Oise. Prochain rendez-vous : fin août, le contre-sommet du G7 à Biarritz.

Les mécontentements sont toujours là. Est-ce suffisant pour remobiliser, faire redescendre dans la rue, en masse ? Des convergences sont-elles envisageables avec les syndicats, les associations pour le climat et autres luttes sociales, tout en restant autonomes ? La peur, alimentée par les images médiatiques, peut-elle être retournée contre ceux « d’en haut » qui l’instillent ?

Il s’agit d’organiser le rebond du mécontentement car, malgré ses reculs en décembre 2018, Macron garde le cap des régressions sociales au détriment des classes pauvres et populaires : assurance-chômage, retraites, refonte des aides sociales, mise à mal du statut de la fonction publique, etc. (cf article dans ce n°). Toutes ses « réformes » attaquent le pouvoir d’achat, faisant disparaître les protections sociales, les services publics, qui permettent d’aller vers une égalité réelle. C’est bien le « système ultralibéral » qui les écrase en réduisant les dépenses publiques, sans toucher à la classe des riches et des nantis.

Faut-il poursuivre des actions « spontanées » ou construire un mouvement structuré, à partir des groupes locaux ? Tous les Gilets Jaunes de tous les ronds-points de France ne sont pas présents à l’Assemblée des Assemblées. Ceux qui sont là veulent organiser le mouvement pour qu’il perdure même s’ils ne sont pas tous d’accord sur le mode de fonctionnement, les convergences à tisser, etc. A Montceau-les-Mines, 6 pistes de réflexion étaient à l’ordre du jour : le Référendum d’initiative populaire (RIP) Aéroports de Paris, la lutte contre le capitalisme, les assemblées citoyennes locales, les mobilisations à venir, le système des Assemblées des Assemblées, la convergence des luttes. Des idées, il y en eut beaucoup, des opinions aussi et les synthèses des groupes de travail ont exprimé les tensions idéologiques ou formelles, se méfiant de toute prise de pouvoir réelle ou supposée, bref, la pratique difficile  de la démocratie directe.

C’est que le mouvement des Gilets Jaunes est très hétérogène, il a rassemblé des classes sociales qui, jusqu’ici s’ignoraient, voire s’opposaient (artisans, commerçants, agriculteurs, salariés, ouvriers, sans emploi…). Ce qui a renforcé leur rapprochement, c’est la fraternité puis la violence exercée par le pouvoir : se faire maltraiter, tabasser, gazer, blesser, a ouvert les yeux sur ceux qui nous gouvernent. Des liens se sont créés avec des militants des quartiers populaires, victimes depuis 20 ans de violences policières (comité Justice pour Adama). Mais les « alliances » ou « convergences de luttes » avec les mouvements sociaux ne vont pas de soi. En somme, le mouvement des Gilets jaunes doit définir (au-delà des actions) ce qui va le faire durer et se renforcer.  

Les Gilets Jaunes ont mené la lutte des classes sans le savoir, une « nouvelle » lutte des classes réunissant des artisans, des patrons de petites et moyennes entreprises qui subissent la « mondialisation », des commerçants pressurés, des agriculteurs contraints par le libre-échange, des salariés de plus en plus précaires, des privés d’emploi, des retraités dont le pouvoir d’achat fond de jour en jour, etc… C’est ce qu’il ne faut pas perdre et réussir à renforcer.

Pour ce faire, il ne faut pas déserter le terrain des idées : leur confrontation favorise le débat, partant du vécu de toutes les composantes du mouvement, de leur perception du « système » pour mieux le comprendre et l’affronter. Si une majorité a voté « Pour la lutte contre le capitalisme » à Montceau, ce n’est pas rien. Pour autant, il faut débattre avec ceux qui pensent que l’on pourrait l’aménager, en « en gardant un peu ». Etre propriétaire, avoir quelques rentes, être « patron »… ça doit disparaître ? Si on n’échange pas sur ces questions, l’on risque d’éloigner du mouvement ceux qui y sont encore très présents. Réflexion, action. Les Gilets Jaunes ne peuvent pas enfiler une seule manche du gilet pour se faire reconnaître comme une force, qui compte, pour construire, demain, avec d’autres, une société plus juste.  

OM, le 8 août 2019

(1)   titre de l’article de L’Humanité Dimanche (4 au 10 juillet) sur la 3ème Assemblée des assemblées de Montceau-les-Mines les 29 et 30 juin.
(2)   Compte rendu de l’Assemblée des Assemblées -  sur montceau.assembleesdesgiletsjaunes.fr


 En Franche-Comté, ils s’organisent

Une première ! A l’image des AdA nationales, une cinquantaine de Gilets Jaunes, représentant (mandatés et observateurs)  8 groupes de Gilets Jaunes de Franche-Comté, se sont réunis les 3 et 4 août à Lure, en Assemblée des assemblées régionale.

Echanger, remobiliser, s’organiser au niveau régional
-        Pour renforcer la résistance face aux régressions des droits sociaux, subies par les plus pauvres et les plus précarisés
-        Pour continuer à manifester, sous des formes différentes, avec d’autres forces, car la liberté de manifester ne se négocie pas
-        Pour dénoncer les violences policières qu’ils ont subies. Une marche symbolique a eu lieu en fin d’après-midi, pour exiger, devant la Sous-préfecture puis devant le Tribunal « Justice pour Steeve » et pour toutes les victimes des violences policières (envers les Gilets Jaunes mais aussi les habitants des quartiers populaires)

Ils ont débattu de justice fiscale, pouvoir d’achat et égalité réelle, souveraineté du peuple par le RIC (référendum d’initiative citoyenne), de remobilisation pour la lutte. Exercice difficile, certains voulant parler actions, d’autres voulant échanger, analyser la situation pour mieux l’affronter. Ils ont appelé à s’organiser au niveau régional pour élaborer des actions communes, sur la base  de revendications définies par les groupes locaux, et ce dès mi-septembre, pour mener campagne contre la privatisation des Aéroports de Paris, lors du RIP (cf article dans ce n°).

Non, les GJ ne sont pas morts, même si dans les médias ils n’existent plus. En Franche-Comté, ils déclarent vouloir construire un contre-pouvoir et remobiliser toutes celles et tous ceux qui rejettent la précarisation et la paupérisation, refusent la soumission, face à la violence sociale et à la violence policière, exercées par le gouvernement Macron.  
OM, le 8 août 2019



Poème

un ciel serein
couvre de bonheur
la nuit d’une terre endormie

soudain
dans cette obscurité céleste
s’ouvre sinistre
une soupape d’insécurité

cruellement cramponnés
à la crainte de compromettre
la crapulerie de leurs crises
dont le décryptage donne crimes
créateurs
de crasse de crève de cri de croc
de crucifiement

précautionneusement perplexes
pieusement précautionneux
prudemment pieux
pertinemment prudents
périlleusement pertinents
particulièrement périlleux

les faibles fidèles frémissent
face au fossé financier
faussant la fraîcheur de la fraternité
frelatant la folie de la félicité
fragilisant la force de la franchise

peu à peu
prévoyants sûrs de leur pouvoir
ils déploient leurs arsenaux mortifères
contre tout soupçon de révolte

un ciel serein
couvre alors de malheur
une humanité endormie.

Pedro Vianna Climats, Paris, 9.VIII.2016


Macron contre la pauvreté
ou contre les pauvres ?

En septembre 2018, nous annoncions, dans PES n° 47, les « réformes » de Macron pour réduire les dépenses publiques (et notamment, l’assurance-chômage, les retraites, le plan pauvreté…). Le mouvement des Gilets Jaunes, surgi en novembre 2018, le fit reculer et lâcher du lest, en décembre,   avec des mesures pour le pouvoir d’achat (revalorisation de la prime d’activité, défiscalisation des HS, suppression de la hausse de la CSG pour les petites retraites, baisse de l’impôt sur le revenu et ré-indexation d’une partie des pensions sur l’inflation. Pour autant, il ne changeait pas de cap : pas touche à la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), ni au CICE – crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi - qu’il transformait en baisse de cotisations pour les entreprises (représentant 20 milliards d’euros en 2019). Ce ne fut pas un virage social, car ce qu’il a donné d’une main, il va le reprendre de l’autre. En effet pour financer ces mesures, il veut réaliser des économies sur la dépense publique et quelques rabots sur les niches fiscales des entreprises (et non pas sur les ménages les plus riches). Il avance prudemment sur le projet des retraites (cf PES n° 53, avril 2019), reporté à 2020, pour une mise en œuvre en 2025, même si certains sont pressés de ponctionner dans les 269 milliards que représentent les pensions versées chaque année. Par contre, la contre-réforme de l’assurance-chômage est bouclée. Les décrets, signés le 26 juillet, concrétisent les reculs annoncés en juin (voir PES n° 54, mai-juin 2019) : baisser le  nombre de chômeurs indemnisés de 150 000 à 250 000, soit plus de 3.4 milliards d’économies de 2019 à 2021. « Il y a un chômeur sur deux qui est indemnisé à l’heure actuelle, avec la réforme, c’est un sur trois » dénonce le CGT. Comment ? Il leur faudra avoir travaillé 6 mois sur les 24 derniers mois pour être indemnisés (contre 4 sur 28 actuellement). Le demandeur d’emploi indemnisé, s’il reprend une activité, ne pourra engranger de nouveaux droits à indemnisation (droits à  rechargement) que s’il cotise à nouveau pendant plus de 6 mois. Quand on sait que sur les 2.6 millions de projets de recrutement des entreprises en France, 35 % (soit 942 250) concernent des emplois non durables de moins de 6 mois…(1) et que leur indemnisation sera calculée, au 1er avril 2020, sur la moyenne de leur rémunération mensuelle et non plus sur la base de leur salaire journalier (soit 200 euros de moins par mois selon certaines projections) (1) pour ceux qui cumulent miettes de boulot et indemnisation, etc…, on comprend vite à qui Macron fait les poches. Tous ceux-là, qui ne comptent pas à ses yeux, vivront du RSA et autres pauvres prestations sociales, qu’il compte bien raboter également avec leur « refonte », que nous allons examiner.

Rappelons, au passage, que la loi du 23 juillet 2019 relative à la transformation de la fonction publique, peut s’appliquer, le Conseil Constitutionnel jugeant début août que la loi est conforme à la Constitution. Si Macron donne l’impression de reculer sur l’objectif de 50 000 suppressions de postes dans la fonction publique d’Etat, il maintient les 70 000 suppressions dans les collectivités territoriales. Il n’en demeure pas moins que les mesures de la loi du 23 juillet (qui concerne 5.5 millions d’agents), prévoit notamment un recours accru aux contractuels, des mobilités facilitées, la rupture conventionnelle à l’image du privé, etc… facilitant les réductions du nombre de fonctionnaires protégés par un statut, voué à disparaître, introduisant la précarisation de l’emploi public.

Nouveau chantier. Vaincre la pauvreté.
Vœu pieux ou volonté réelle ?

En Europe.
L’Europe, en 2010, dans sa stratégie « Europe 2020 » affichait l’ambition de réduire le nombre de pauvres de 20 millions à l’horizon 2020. L’indicateur servant à suivre cet objectif de réduction de la pauvreté et de l’exclusion sociale regroupe les personnes concernées par au moins une des trois dimensions suivantes : la pauvreté monétaire (revenu inférieur à 60% du niveau de vie médian de l’Etat concerné), les privations matérielles sévères (4 parmi une liste de 9), la très faible intensité du travail au sein du ménage (20% de travail annuel).
En 2010, l’Europe comptait 114 millions de citoyens pauvres et exclus sociaux (dont 80 millions classés pauvres monétaires, soit 16.4% de la population) (2). En 2016, elle en compte 118 millions (dont 87 millions « pauvres monétaires » (17.3%)(3) et (4). L’Europe a donc échoué dans sa lutte contre la pauvreté, alors même que les actionnaires des entreprises européennes ont vu leurs dividendes continuer à battre des records, pour atteindre près de 350 milliards d’euros. La pauvreté n’est donc pas une fatalité mais le résultat des politiques menées par les Etats et l’Europe.

En France, est considéré comme « pauvre monétaire » tout individu vivant avec moins de 60% du niveau de vie médian (1015 euros par mois en 2015). Ici également, l’engagement de la France de baisser son taux de pauvreté et d’exclusion sociale de 1.6 million de personnes, a failli. 14.2 % de la population, soit 8,8 millions sont « pauvres monétaires » en 2016, alors qu’ils étaient 7.8 millions en 2009 (11.2 millions en situation de pauvreté et d’exclusion sociale) (2). En France, les hommes seuls, les femmes seules avec enfants, les jeunes de moins de 25 ans et les personnes les moins diplômées sont les catégories les plus pauvres : pour 2016, le taux de pauvreté des jeunes monte à 19.8 % pour les moins de 18 ans, soit un enfant sur 5.

Macron institue le RUA. C’est quoi ça ?

Dans le cadre de son plan Pauvreté, en 2018, Macron propose le Revenu universel d’activité (RUA) ; c’est le regroupement en un seul « revenu » d’un certain nombre d’aides sociales existantes, actuellement versées sous conditions en fonction de la prestation concernée (handicap, dépendance, sans emploi, etc…).

Même s’il en porte le nom, ce revenu n’a rien d’universel (« qui s’étend à tout et à tous » selon le Petit Larousse), contrairement au concept, défendu par Hamon notamment, du revenu universel, à savoir une somme fixe versée par l’Etat à chacun, quels que soient ses revenus ou sa situation d’emploi, et sans contrepartie.

A l’opposé de ses envolées sur le « pognon de dingue » des minima sociaux, Macron affiche, avec moult éléments de langage bien codés, qu’il s’agit de « simplifier le système des prestations sociales », en fusionnant le plus grand nombre de dispositifs possible, et ce, « pour lutter contre le non recours » d’un grand nombre d’ayants-droits. Le 3 juin 2019, la ministre des solidarités et de la Santé, Buzyn, use de propos lénifiants, pour lancer la concertation sur la mise en place du RUA n’omettant pas de rassurer : « il ne s’agit en aucun cas d’une réforme qui pourrait pénaliser les plus vulnérables ».

C’est pourtant l’inquiétude du Collectif ALERTE et d’un certain nombre d’associations (Fondation Abbé Pierre, Uniopss (5), France handicap, LDH, Emmaüs France…) et des « partenaires » sociaux dont la CGT (tous invités à la concertation) ; ils constatent que les arbitrages budgétaires n’ont inscrit aucune augmentation et, en concluent qu’il y a grands risques de baisse des prestations. En effet, il s’agirait de faire mieux, de lutter contre le non recours (30 % des personnes ayant droit à l’actuel RSA ne le demandent pas), donc d’augmenter les bénéficiaires, et ce, à budget constant ! Comment peut-on indemniser plus de personnes avec un budget identique ? Sans aucun doute en procédant à une baisse générale des montants des prestations et en sanctionnant ceux qui ne respectent pas l’engagement contractuel qu’ils devront signer pour percevoir le RUA.  

La concertation en cours est bien cadrée et les marges de manœuvre semblent bien étroites, ce qui n’est pas pour rassurer les « concertés ». Ainsi, il est déjà décidé qu’APL (aide personnalisée au logement), RSA (Revenu de solidarité active) et prime d’activité seront fusionnés dans le RUA ; il est  aussi question d’y intégrer AAH (allocation adulte handicapé), l’ASPA (allocation de solidarité aux personnes âgées, l’ASS (Allocation de solidarité spécifique) pour les chômeurs en fin de droits. Par contre, il n’est pas question des Jeunes 18-25 ans, qui ne peuvent percevoir le RSA (sauf sous conditions très spécifiques) et doivent se contenter de la Garantie-Jeunes (484€ par mois pendant un an renouvelable une fois, au lieu du moins maigre RSA à 559€ !). Le RUA sera versé sous conditions précisées dans un contrat d’engagement réciproque, le bénéficiaire s’engageant à chercher du travail, sous peine de sanctions à définir, puisque le RUA est censé « inciter à la reprise d’activité ». Un service public de l’insertion, accompagnant chaque bénéficiaire, sera créé (alors même, qu’à ce jour, un bénéficiaire sur 2 n’est pas accompagné). Enfin, l’enveloppe budgétaire d’environ 37 milliards € correspond à ce qu’elle était en 2017, RSA (11 milliards), APL (18 milliards) et prime d’activité (8 milliards) cumulés.

Toutes les autres aides sociales seront examinées pour une possible intégration au RUA. Les associations sont d’autant plus en alerte que l’AAH (1,1 million de personnes), par exemple, est une prestation spécifique attachée à la situation individuelle de la personne. Comment les intégrer au RUA alors que certaines ne pourront jamais travailler ? De même, intégrer les APL pose un énorme problème. L’APL n’est pas un minima social mais une aide personnalisée permettant l’entrée ou le maintien dans un logement. Bon nombre de familles, sur les 6.5 millions de ménages qui la perçoivent, sont au-dessus des minima sociaux. Les associations ont la plus grande crainte que des économies ne soient proposées sur cette allocation, appauvrissant tous les ménages qui y ont droit. En effet, du fait de la situation économique et de l’emploi, de l’incitation à demander le RUA pour ceux qui n’exerçaient pas leurs droits, la hausse des bénéficiaires du RUA va augmenter et, s’il n’y a pas de rallonge budgétaire, les prestations baisseront, c’est mathématique. Macron prendra donc aux pauvres pour redonner aux plus pauvres.

Par ailleurs, les associations sont très méfiantes sur la volonté de « simplifier », « donner accès automatique », « réajuster tous les 3 mois », alors que les aides actuelles (certes pas toujours très lisibles) ont des critères d’obtention spécifiques et des calculs de leur montant différents. Selon une enquête du ministère des affaires sociales, en 2015, les minima sociaux et prestations sociales ont compté, 4.15 millions de personnes, si l’on y ajoute conjoints et enfants, on atteint le chiffre d’environ 7 millions de personnes qui vivent (ou survivent) avec ces prestations. Le RSA, l’AAH, le minimum vieillesse et l’ASS comptent le plus d’allocataires, respectivement : 1 860 000, 1 090 200, 552 600 et 454 000. Cela a représenté une dépense de 26.2 milliards d’euros (1,2 % du PIB), soit 2,3 % du montant des prestations sociales globales (incluant notamment Allocations familiales, APL, etc.). On comprend pourquoi, ceux qui veulent diminuer les dépenses publiques lorgnent sur les sommes versées qui en font saliver certains ; les aides au logement, par exemple, représentent à elles seules 18 milliards €. Sans l’ensemble des prestations et aides sociales, la part de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté serait de de 22,3 % au lieu de 14,2 %.

Pour l’heure les associations et autres organisations qui luttent  contre la pauvreté ont fait connaître leur opposition à une solution qui déshabillerait le pauvre Paul pour rhabiller le plus pauvre Pierre. Et elles ne sont guère rassurées par Macron qui nous refait le coup du « grand débat bis » sur le mode enfumage avant gazage, en proposant, à l’issue de la concertation des associations, des syndicats salariés et patronaux, des collectivités territoriales, une consultation publique, en ligne, et des réunions partout en France, et, enfin par la mise en place d’un jury de citoyens ( ?) pour aboutir, en fin d’année à une synthèse des travaux, base du projet de loi présenté courant 2020 au Parlement, pour une mise en application en 2023. Nous aurons à intervenir pour dire ce qui se cache derrière ce nouveau chantier macronien.
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En effet, les propos rassurants annonçant des objectifs bienveillants sonnent faux, la manipulation des opinions est en marche. Rodés que sont un certain nombre d’associations et de syndicats, rodés que nous sommes aux mensonges de Macron et Cie, nous ne laisserons pas grignoter les pauvres revenus qui sont des droits et non des « aides » pour les personnes fragilisées par le système imposé par ceux qui nous gouvernent, celles que Macron et son entourage de nantis désigneront comme des « profiteurs » qui ne veulent pas chercher de travail. Le RUA risque de faire de nombreux perdants, de faire basculer dans l’exclusion totale celles et ceux qui n’auront pas pu répondre aux engagements signés dans le contrat d’accompagnement. Sommes-nous en route pour le traitement de la pauvreté à deux vitesses, avec un minimum vital, le RUA pour survivre, et les petits boulots mal payés acceptés sous la menace de se faire sucrer son RUA, et l’ouverture au marché privé pour des prestations complémentaires ? D’autant qu’il y a encore à veiller aux grains qui s’annoncent sur les mesures relatives à la perte d’autonomie, au financement de l’hôpital et de la Santé (l’Aide Médicale d’Etat pour les exilés sans statut, par exemple, est dans le collimateur de Macron) et sur bien d’autres régressions à venir.

Il faut absolument rappeler un certain nombre de droits inaliénables de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme
Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits (art. 1)
Toute personne a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels, indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité (art. 22)
Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage. Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu’à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s’il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale (art. 23)   
Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille (art. 25).

Odile Mangeot
Le 07.08.2019  

(2)   Données Eurostat Observatoire des inégalités
(3)    étude DREES – Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques 2016.
(4)   Population en Europe : 2010 = 503 200 000. 2015 = 508 504 000. Projection 2020 = 515 600 000
(5)   Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs, sanitaires et sociaux

Encart 1
Un homme gare son vélo devant l’Elysée. Un policier arrive.
« Ne laissez pas votre vélo ici. Vous êtes devant le palais présidentiel où passent le président, les ministres, les députés, les sénateurs »
« Ne vous inquiétez pas, je vais mettre un cadenas ».

Encart 2‘
«  La rage du sage »
Vous êtes très attaché à la colère. La colère est un don. L’abbé Pierre disait même qu’elle a été son don le plus précieux. La colère qui est pourtant l’un des sept péchés capitaux ! J’avais adoré ça. La colère est une force extraordinaire. Après, il faut l’architecturer, être capable d’en faire un carburant durable, pas juste un moteur à explosion. J’appelle ça la « rage du sage ». Si tu n’as pas de colère, que veux-tu faire d’important ? Tu ne peux pas changer le monde sans ce feu là…
Siné Mensuel n° 85 (avril 2019), transmis par Bébert