Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 31 mai 2021

 

Se désenvoûter !

(Editorial de Gérard Deneux - PES n° 73 - mai 2021) 

Au moment où le pouvoir est de plus en plus fébrile face à la droite extrême et à la poussée des mouvements sociaux, il redouble de moyens pour nous envoûter. Certes, les partis traditionnels, sans programmes, n’ont que la continuité néolibérale à nous proposer dans la confusion la plus totale. En cette période pré-présidentielle, nous sommes sondés en permanence, inclus dans des moyennes, auxquelles on devrait se conformer, c’est-à-dire à la droitisation de la société. Nous sommes utilisés comme un marché de citoyens-consommateurs, qu’il faut séduire, afin qu’ils achètent le produit le moins avarié, tout en constatant la réalité des inégalités abyssales, le déclassement et les révoltes qui attisent le ressentiment : le terrain est fertile à la désignation des boucs émissaires (les quartiers, l’islam…).

 Mais la panoplie des manipulations est-elle encore opérante, face à la montée de l’abstentionnisme et au prétendu spectre de Le Pen ? Ce qui est certain, c’est que les fables des « premiers de cordée » entraînant le reste des populations, les pédagogies répétitives, la prétendue théorie du ruissellement de la richesse du haut en bas, ça marche de moins en moins. 

 Certes, l’espace médiatique est saturé de mots creux (République, démocratie, Europe…) que les macroniens et macro-compatibles répètent à l’envi, mais cela ne suffit plus. Macron en est persuadé. C’est pourquoi il fait appel à des influenceurs, des experts, développant des narratifs, comme son cri « Nous sommes en guerre », pour tenter de faire passer sa gestion catastrophique du Covid pour de la maîtrise libératrice.

 Mais il y a mieux ! Le nudge. Une méthode d’influence venue des Etats-Unis, utilisée à l’origine dans le marketing. Elle repose sur un « paternalisme libertarien ». Il s’agit « d’aider » les dirigeants à rendre plus efficaces les politiques publiques qu’ils mettent en œuvre. Les citoyens doivent être infantilisés, leur comportement redressé, afin d’obtenir une obéissance qui ne dit pas son nom. A cet égard, Macron a fait appel à une filiale de BVA (institut de sondage) pour mieux nous manipuler.

 Reste qu’il y a des parts de marchés électoraux réticents. Une autre méthode consiste à recourir à l’intimidation, aux procès-baillons, vis-à-vis des réfractaires.

 Il y a également une partie de la jeunesse, décervelée et abstentionniste, qu’il faut séduire. Et Macron de jouer l’homme sympa, avec qui on rigole, en présence de Carlito et Mac Fly. Peu importe que ce soit du Guignol bas de gamme, le Macron pathétique se veut cool.  Bref, le roitelet de l’Elysée devient son propre bouffon. Il pariera encore sur la reprise de l’activité, suite au Covid, en jouant au sauveur. Il ira prêcher dans les campagnes que, lui, venant d’Amiens, aime la France rurale. Toute cette logorrhée, visant à nous convaincre de l’importance du bonhomme, ne sera certainement pas contrée par les socialo-centristes qui, dans leur veulerie, sont prêts à pactiser sur le thème de la sécurité avec des galonnés et des policiers fascisés.  

 Que faire pour dessiner un autre horizon que celui promu par la droite autoritaire et néolibérale ? La scène électorale n’étant qu’un spectacle pour nous inciter à choisir entre un Macron lepénisé et une Le Pen macronisée (pour éviter la prétendue guerre civile à venir), reste à tous ceux qui veulent sortir des vies étriquées dans lesquelles on veut nous enfermer, à se désenvoûter.

 Pour ce faire, une seule voie : s’organiser, réfléchir, agir, convaincre, rassembler, décider par nous-mêmes.

GD, le 28 mai 2021

 

 

les nouveaux bandits

ont délaissé les grands

chemins

pour sévir sur les

cyberroutes

de la finance effrénée

 

Pedro Vianna

30.VI.2017

in Des nouvelles de la cour

poesiepourtous.free.fr/ 

 

 

Les 280 salariés de la fonderie MBF Aluminium en lutte

 

Au 23 mai, ils sont en grève depuis 54 jours. Le tribunal de commerce de Dijon vient de donner un délai supplémentaire au repreneur potentiel (jusqu’au 15 juin).  Cette usine de Saint-Claude (Jura) produit des carters de moteurs et des éléments de boîtes de vitesses pour Renault et PSA et dispose de presses de haute technicité. La fermeture avec liquidation des actifs menace. Aussi, les salariés ont placé des bouteilles de gaz dans leurs locaux, menaçant de les faire sauter en cas de fermeture. L’entreprise a 70 ans et « des vautours attendent de pouvoir rafler nos machines » affirme un délégué SUD. « On ne demande pas de chèque on veut le maintien de l’emploi ». Ils n’ont été entendus ni par Le Maire, ni par Macron en visite à Nevers, malgré une grève de la faim des 4 délégué syndicaux. En France, les fonderies automobiles semblent en difficultés : ainsi les Fonderies du Poitou sont en redressement judiciaire, la Fonderie de Bretagne à Caudan où les salariés bloquent le site depuis plus de 3 semaines, etc. Ils veulent liquider MBF comme le reste des fonderies. Il faut imposer aux constructeurs français de faire revenir une partie de la production en France, plutôt que de délocaliser de la fabrication en Espagne. Les près de 2 000 salariés de fonderies bataillent depuis des semaines pour leur avenir. Quant au patron de MBF, homme d’affaires italien, il  est le fossoyeur de plusieurs entreprises du secteur. Il a racheté en 2014 le sous-traitant de pièces automobiles GM&S de la Souterraine (Creuse) pour déposer le bilan 2 ans plus tard. Il a planté les fonderies de Metaltemple à Saint-Michel-de-Maurienne ou à Fumel. Les salariés sont déterminés « Si l’entreprise ferme, ils n’auront pas les machines qui sont prêtes à tourner ».

L’intersyndicale CGT, SUD industrie, CFDT, FO   

 

Appel au 12 juin pour les libertés et contre les idées d’extrême-droite

 

Le climat politique et social est alarmant. S’allier avec l’extrême-droite ou reprendre ses idées ne constituent plus un interdit. Les propos et actes racistes et sexistes au travail et dans la vie se propagent. Les attaques contre les libertés et les droits sociaux s’accentuent gravement. Les injustices explosent et génèrent une forte misère sociale. Plusieurs lois liberticides organisent une société autoritaire de surveillance et de contrôle. Certaines stigmatisent une partie de la population en raison de sa religion, d’autres les militants. Face à ce climat de haine, raciste et attentatoire aux libertés individuelles et collectives, une première grande journée nationale de manifestation a lieu le 12 septembre. Appel signé par des syndicats, associations, collectifs,  revues, partis politiques, responsables politiques et des personnalités du monde artistique et intellectuel.

A retrouver sur https://www.appelpourleslibertes.com  

 

 

 

Les femmes de chambre d’Ibis/Batignolles crient Victoire !

 Deux ans de lutte d’une vingtaine de femmes de chambre, toutes africaines, de l’hôtel Ibis des Batignolles, au terme desquels un accord doit être signé le 25 mai avec AccorInvest, filiale du groupe Accor. Elles ont arraché les revalorisations salariales et de meilleures conditions de travail.

Ces femmes ont commencé en juillet 2019, dans le vacarme des casseroles et des tambours, qu’elles frappaient chaque matin, devant l’hôtel. Le Covid les a placées en chômage partiel mais elles ont inlassablement poursuivi leur combat : de toutes les manifestations, de tous les cortèges syndicaux. Elles ont rejoint les rassemblements des salariés de l’hôtellerie mis à la porte à cause de la crise sanitaire. Ce mouvement a su incarner la réalité du capitalisme fondée sur une redoutable division du travail, avec le recours massif à la sous-traitance dans les entreprises de services. C’est qu’employer des femmes qui n’ont pas le choix, sans diplômes ou avec des diplômes non reconnus en France permet à Accor de les exploiter. Une (petite) brèche est ouverte dans ce système.

sur alencontre.org

 

Externalisation de l’action publique

 

Un quart du budget de l’Etat s’évapore en sous-traitance en confiant à des acteurs privés la réalisation de tout ou partie de l’action publique, qu’elle soit nationale ou territoriale. C’est le constat du Collectif Nos Services Publics. Ces pratiques se sont développées dans les années 1990 dans le cadre de la « modernisation de l’administration » (Rocard), puis de « réforme de l’Etat » (Juppé). L’action publique est devenue un marché qui se met en œuvre sous différentes formes : contrats de partenariats public-privé (créés en 2004), contrats avec des prestataires pour la gestion de tâches dévolues jusqu’alors aux institutions publiques, etc. Les politiques d’austérité et de réduction des dépenses publiques menées par les gouvernements successifs, ont contraint, par la norme ou la réglementation : ainsi, le gouvernement Jospin a mis en place la fongibilité asymétrique des crédits, c’est-à-dire la possibilité de redéployer le budget du personnel pour financer d’autres dépenses mais l’interdiction de faire le mouvement inverse ; plus contraignant encore, il a imposé un plafond d’emplois en équivalent temps plein par ministère. Cela s’est amplifié avec Sarkozy et la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) pour réduire les coûts budgétaires notamment d’emploi public, avec le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, partant en retraite. Le démembrement des services publics s’est accompagné (dans les années 2010) de la création de multiples agences sous statut d’établissements publics, comme les ARS – Agences Régionales de Santé ou Santé publique France… Toutes ces modifications dans la gestion de l’action publique ont engendré l’éclatement des donneurs d’ordre, l’enchevêtrement des compétences, la concurrence entre ces entités rendant toute coordination impossible. Hollande a pris sa place dans ce processus : dans son « plan de modernisation de l’action publique », il a, par exemple, offert aux entreprises privées la délivrance de titres officiels (visas, cartes grises).

 

Macron accélère le mouvement

 

De la droite à la gauche de droite, chacun a mis sa touche, Macron veut laisser sa marque de fabrique : projet Action publique 2022, dans lequel, notamment, il élargit la sous-traitance à l’accompagnement des demandeurs d’emploi, au contrôle réglementaire, à la protection du consommateur et à la répression des fraudes, etc. De manière plus profonde, lui qui veut « renouveler le modèle politique français », lui, le défenseur de « la méritocratie » pour « une société de la mobilité et non de la rente », a décidé dans la dernière année de son mandat, de se débarrasser du système trop rigide, selon lui, fondant les carrières des hauts fonctionnaires sur l’ancienneté. Dès son élection, il a donné le « la » en s’entourant, pour son cabinet, de personnes issues du secteur privé, des cabinets de consultants notamment. Il vient d’annoncer la suppression de l’ENA pour la remplacer par l’Institut du Service Public, puis la fin programmée des grands corps des inspections générales (IGAS, IGF, IGA) (1) et, enfin, la fin de l’institution bonapartiste du corps préfectoral ; non pas que les préfets et sous-préfets disparaîtront, leur fonction est maintenue, mais il s’agit de casser la structure trop corporative à ses yeux et d’ouvrir ces responsabilités à de nouveaux profils, en recrutant dans un vivier hors de la rigidité des corps constitués. La réforme de la fonction publique sera présentée en conseil des ministres le 26 mai prochain.

 

Liquidation totale, tout doit disparaître ?

 

L’externalisation se met en place sous différentes formes juridiques et concerne tous les pans de l’action publique, du nettoyage des locaux à l’élaboration des politiques, y compris la rédaction de l’exposé des motifs d’une loi ( !). Ce n’est pas une opération de liquidation totale affichée, mais c’est un travail de sape qui au profit d’autres acteurs.

 

Les membres du Collectif Nos Services Publics alertent sur les dysfonctionnements de la puissance publique. Ils ont chiffré l’externalisation à 160 milliards d’euros par an, soit 7 % du PIB ou un quart du budget de l’Etat qui s’évapore en sous-traitance à tous les échelons : Etat, collectivités territoriales, hôpitaux, entreprises publiques. (120 milliards pour les délégations de service public et 40 milliards pour les prestations de service). Ils relatent l’ampleur du phénomène, « limitant la capacité des pouvoirs publics à confier des missions à leurs propres opérateurs publics » afin de favoriser la mise en concurrence. Cela va avec la réduction du nombre d’emplois publics.

 

En fait, cette politique sert deux objectifs : la suppression des postes de fonctionnaires et la privatisation de l’action publique. Les défenseurs du service public et des agents qui le rendent font valoir les risques de perte de compétences pour la mise en œuvre des actions de la puissance publique, de dévoiement possible de l’intérêt général, de la dégradation du service public et de l’inféodation des salariés aux politiciens qui se succèderont… Le recours à des prestataires privés pour tout, ou presque, revient à déposséder la puissance publique de ses compétences. Pour ne prendre qu’un exemple : dans le secteur de la certification, des organismes privés sont accrédités par une instance nationale (le comité français d’accréditation) pour délivrer des labels publics (certificat phytosanitaire, agriculture biologique…). C’est le savoir-faire des agents publics qui est remis en cause, leur compétence métier. L’externalisation aboutit à un recul de la souveraineté et de la capacité de pilotage des décideurs publics, qui ne se donnent plus les moyens de contrôler le délégataire dans les missions qu’ils lui confient.      

 

Cela ne résout en rien les moyens financiers des acteurs publics, qui se sont vus, au fil des « réformes » spoliés par les décisions arbitraires dans la mise en œuvre de la décentralisation-déconcentration, donnant plus de compétences aux collectivités territoriales, et, parallèlement, leur retirant des recettes (dotation globale de fonctionnement -  non compensation intégrale des recettes lors des transferts de compétences, suppression de la taxe d’habitation, etc.). La sous-traitance est un surcoût financier sur le temps long, et rend impossible la mutualisation des compétences entre territoires ; elle favorise le recrutement de personnels non formés et dénature le service public.

 

Macron préfère les start-up

 

Dans le dernier acte de son mandat, la réforme de la fonction publique qu’il s’apprête à poser, Macron jouet-il son dernier atout avant les présidentielles ou achève-t-il « son » œuvre avant un échec ? Quoiqu’il en soit, il tente de mettre de son côté ceux qui considèrent que les fonctionnaires sont inutiles, font carrière sans risques et coûtent cher. Cette politique n’est pas nouvelle. Depuis une quinzaine d’années, le nombre d’agents recrutés sous contrat s’est considérablement accru dans la fonction publique : de 755 307 en 2005 à 1 125 900 en 2019, soit + 49 %. Le modèle européen, et allemand, est défendu par ceux qui prônent un statut public aux seules fonctions régaliennes ou d’autorité (magistrats, policiers). L’entreprise de liquidation totale de la fonction publique, menée sur un temps long, a lézardé, cette construction préservant « l’intérêt général », sans que l’on s’en rende compte, sauf quand surgit une crise.

 

Outre que la pandémie a révélé au grand jour l’état de délabrement du service public de santé faute de lui donner les moyens suffisants, elle a permis à d’autres d’en tirer profit. Ainsi, la start-up Doctolib est devenue un acteur central dans la campagne de vaccination Covid ; c’est le champion français de la prise de rendez-vous en ligne. La petite PME des origines, gérant les rendez-vous médicaux ordinaires, compte désormais plus de 1 400 salariés. Elle s’est hissée au rang de licorne, terme désignant les start-up ayant atteint une valorisation financière supérieure à un milliard de dollars. En à peine 6 ans d’existence, elle rejoint les champions, BlaBlaCar, l’hébergeur OVH et la plate-forme de streaming musical Deezer. Sucess story à la française clame avec enthousiasme le secrétaire d’Etat au Numérique, Cédric O. Succès qui ne réjouit pas certains acteurs de la santé, inquiets sur le contrôle des données et leur utilisation.

 

Est-ce cela que nous voulons pour demain ? Une société gérée par des start-up qui se valorisent en Bourse pour le profit des ultra-riches, une société totalement numérisée ouvrant la boîte de Pandore de la surveillance généralisée ?

 

Odile Mangeot, le 20 mai 2021   

 

sources : nosservicespublics.fr – Politis     

 

(1)   IGAS : inspection générale de l’action sociale – IGF – inspection générale des finances – IGA – inspection générale de l’administration

 

Encart

 

Deux poids, deux mesures

Silence de mort pour une assistante sociale

 

Dans l’Auge, un millier de personnes ont participé à la marche blanche en hommage à Audrey Adam, une assistance sociale de 36 ans, vraisemblablement tuée par balle dans l’exercice de ses fonctions.

Une semaine plus tôt, un autre homicide était commis, celui d’un officier de police à Avignon. Aussitôt, le gouvernement déclarait la France entière en deuil, saluant un homme « exemplaire », dont la fonction était érigée comme « la priorité du gouvernement ».

Nul mot ne fut prononcé pour notre tout aussi brave et cruciale travailleuse sociale,  nul ministre ne se hâta de faire le constat d’une profession précarisée et de conditions de travail dégradées. Depuis, le collectif Le Travail social de demain (formé en réaction au drame – fait circuler une pétition de soutien qui a déjà recueilli plus de 42 000 signatures.  (paru dans Politis 27.05.2021)

 

Nous avons lu. La croissance verte contre la nature

La croissance verte est un leurre dangereux, un mythe. Le capitalisme nous a menés aux dégâts écologiques que nous subissons. Et c’est avec les outils du capitalisme, de nouvelles technologies, que l’on aurait des solutions pour s’en sortir ! C’est une erreur totale. Innover et investir dans la science n’est pas une solution. C’est pourtant ainsi que s’exerce la concurrence internationale entre Etats-Unis, Union européenne et Chine. Dans le cadre de la « convergence NBIC » (Nanotechnologies, Biotechnologies, technologies de l’Information et sciences Cognitives), les multinationales inventent des techniques toujours nouvelles. Exemple : c’est, en matière de géo-ingénierie, agir sur le cycle du carbone, en fertilisant les océans avec du fer ou de l’urée pour faire croître des mini-algues qui ont une grande capacité d’absorption du CO2. Les algues vont proliférer, les océans vont étouffer… Autre exemple : capturer et stocker le carbone émis par des grosses entreprises polluantes. On va prendre ce carbone, le liquéfier et l’injecter dans la terre (dans de vieilles galeries) pour le retirer de l’atmosphère ! Ce sont des techniques d’apprentis sorciers, envisagées sous la bannière de la transition écologique ! De même, les nouvelles générations de carburants « biosourcés » intensifient la logique extractiviste ;  l’élargissement de droit de la propriété intellectuelle à toutes les sphères du vivant permet à quelques firmes de s’approprier l’ensemble de la chaine alimentaire ; le développement de dispositifs de compensation écologique ou les illusions d’une finance prétendument verte ne sont que la poursuite du processus aveugle de marchandisation de la nature. Hors de question, pour ces fanatiques de la croissance, de rompre avec le système économique qui nous conduit à la ruine, mais volonté d’instrumentaliser toutes les formes de vie sur Terre. Refuser cette fuite en avant est le premier pas à engager pour tracer enfin une autre voie. OM

Hélène  Tordjmann, la Découverte, 2021 (22€). A écouter sur youtube, le Media 16.05.2021

 

 

Qui a cousu mon jean ?

 

Qui a produit le jean que j’ai acheté 29.99€ chez H&M ? Des femmes bangladaises, voire des enfants qui, pour 15 % de 6 à 14 ans vivant dans les bidonvilles de Dhaka, travaillent 64H/semaine… Le Bangladesh est 2ème exportateur mondial de textile derrière la Chine. H&M, comme les autres grandes marques de vêtements, ne possède pas ses propres usines et se fournit auprès de sous-traitants : 850 000 petites mains dans plus d’un millier d’ateliers de confection, de filage, de tissage et de teinture éparpillés sur une quarantaine de pays pauvres.

 Les ouvriers textiles ne se contentent pas de coudre des ourlets et des boutons. Pour que mon jean neuf ait cet air usé tant recherché, ils doivent  griffer, poncer ou blanchir le tissu, l’aspergeant de permanganate de potassium avec la technique de pulvérisation à haute pression, exposant les ouvriers à la silicose. Mais qu’importe, car côté salaire, le couturier bangladais est très attractif : 83€/mois, moins cher que celui du Kenya (185€) et celui de Chine (291€). Mais il y a mieux : l’Ethiopie, où les ouvriers sont payés 23 €/mois !

 La production du jean est une aberration écologique. Les matériaux pour confectionner un jean vendu en France ont parcouru 65 000 kms (une fois et demie le tour de la terre !). Les fils textiles sont trempés dans une teinture d’indigo synthétique faite de produits chimiques comme le formol et le cyanure d’hydrogène. Puis vient le tissage, au Bangladesh ou ailleurs (Inde, Chine…) avant la phase de couture. Enfin, « mon » jean subit une cinquantaine de traitements pour user et patiner le tissu.

 Près de 11 000 litres d’eau pour un seul futal. Le 100% coton a un coût écologique vertigineux. C’est la culture la plus polluante de la planète. Alors qu’elle n’occupe que 2.5 % des surfaces cultivées mondiales, elle engloutit  25% des insecticides et 10% des herbicides. Elle nécessite d’immenses quantités de flotte, au point d’avoir asséché 90 % de la mer d’Aral, en Asie centrale, où s’approvisionnent certains des principaux pays producteurs. Parmi eux, mention spéciale à l’Ouzbékistan. Jusqu’à la mort de son dirigeant Islam Karimov en 2016, le gouvernement ouzbek a contraint, pendant des décennies, des centaines de milliers de fonctionnaires, d’étudiants et d’écoliers à se rendre aux champs chaque automne pour cueillir la fibre végétale : du travail forcé.


Qui j’engraisse en l’enfilant ?

 Après avoir symbolisé la ruée vers l’or américaine, après avoir moulé les fesses des icônes américaines de la rébellion, le jean remplit désormais les poches de la plus grande fortune suédoise. H&M (n° 2 mondial de l’habillement après Zara), l’inventeur de la « fast fashion » et de ses collections renouvelées en permanence. Erling Persson ouvre, en 1947, sa première enseigne de prêt-à-porter féminin Hennes et devient, en 1952 H&M (Hennes et Mauritz –celui-ci est spécialisé dans les vêtements de chasse et de pêche), pour devenir un mastodonte de 5 000 magasins dans plus de 60 pays. Coté à la Bourse de Stockholm depuis 1974, la fortune de H&M reste dans le cercle familial. Le fils, Stefan Persson, riche de 22 milliards de dollars, a perçu en 2017 658 millions d’euros de dividendes. Son fils, Karl-Johan, est aussi milliardaire. Eux sont fort bien payés pour vendre ce qui fut, un temps, le bleu de travail des ouvriers.

 Extraits de l’article de Laura Raim et François Thimel dans Fakir (n° 98 mai-juin 2021), Journal fâché avec tout le monde. Ou presque. www.fakirpresse.info

                           Alors, aller cul nu ou détruire le capitalisme ?

On peut peut-être commencer par défendre la relocalisation des productions en fonction des besoins des populations, tout en respectant les droits de l’Homme et du salarié et de la Nature. Ce serait un bon début de programme politique, non ?  (OM)

 

Macron, une fin de mandat calamiteuse ?

 

Il est peut-être un peu tôt pour faire le bilan du mandat de celui qui est parvenu à l’Elysée par effraction. On ne sait pas encore si on peut l’appeler Brutus, celui qui a assassiné symboliquement Hollande, l’empêchant de se présenter, ou Rastignac (de Balzac) épaulé par les milliardaires (Bernard Arnault, Xavier Niel, Patrick Drahi…) ou encore Bel Ami (de Maupassant), Madame Trogneux lui faisant la courte échelle, rodant sa théâtralité et sa rhétorique creuse. Formé à la banque d’affaires Rothschild, sponsorisé par Attali dans la Commission ad hoc des privatisations tous azimuts, son mentor l’avait programmé pour 2027, voulant certainement préserver l’alternance gauche-droite qui n’avait plus aucune signification. Revêtant les habits de Madame Thatcher, se voulant le bon élève de Mme Merkel,  il n’avait qu’un but : libérer les entreprises en flexibilisant et précarisant le travail. La route électorale dégagée, pour lui, il fallait rattraper le retard de la France rétive jusqu’ici au néolibéralisme et aux privatisations en faveur du capital qui en résulterait. Tout autour de lui-même, après s’être comparé à Jeanne d’Arc, en présence du très droitier Devilliers, il fit savoir qu’il était une espèce de « Jupiter », « maître des horloges ». Sa France serait au plus vite une start-up nation à l’image de la Silicon Valley. Sa vision prométhéenne était des plus simplistes : le monde se divisait en deux, d’un côté « ceux qui réussissent », de l’autre « ceux qui ne sont rien », c’est-à-dire des « bons à rien » qui rechignaient à traverser la rue pour trouver du boulot… Son utopie réactionnaire reposait sur les « premiers de cordée » en capacité de faire régner, ici-bas, des entreprises sans usines où la finance et les nouvelles technologies tiendraient le haut du pavé, et assujettiraient les derniers de corvée.

 

Les contre-réformes néolibérales

 

Au grand dam des socio-macroniens qui l’avaient rejoint, sur ses déclamations « progressistes », il choisit un 1er ministre de droite (LR) pour mieux diviser le camp dont il voulait occuper la place. Puis, et avant tout, il gratifia généreusement ses parrains milliardaires. L’ISF fut supprimé, d’autres largesses furent octroyées sans faire trop grincer des dents, les soliveaux ne pipant mot.

 

Lui qui avait initié la loi El-Khomri de démantèlement des protections des travailleurs, en remit une couche ; il s’attaqua également à la privatisation de la SNCF, transformée en SA, et mit fin au statut des cheminots. Il n’eut cure de la mobilisation sociale importante qui le défiait, mit au rancard le mauvais Berger de la CFDT, qui en fut tout vexé.

 

Mais les ennuis commencèrent avec son protégé Benalla dont la mission était de former, auprès de lui, une garde privée hors de tout contrôle… Cet individu, en effet, s’entraîna à la bastonnade rue de la Contrescarpe, à l’occasion du 1er mai 2018. Les photos prises à cette occasion firent désordre mais la flagrance des images ne suscita aucune comparution immédiate. On assista plutôt à l’immédiateté de sa protection haut placée, l’autorisant même à se justifier dans les cénacles de la représentativité nationale. Mieux, muni de passeports diplomatiques, il fut envoyé en tournée jusque dans les terres africaines du Tchad, auprès de l’ami dictateur Idriss Deby. Le fringant président eut bien du mal à renvoyer ce garde du corps, d’autant que les critiques fusaient de toutes parts. En colère, à la maison de l’Amérique latine où il avait réuni ses sbires, il lâcha : « le seul responsable, c’est moi, qu’ils viennent me chercher ! ». Mais ça se gâta beaucoup plus sérieusement avec son projet de contre-réforme des retraites à prétention universaliste. Pourtant, l’affaire avait été préparée bien en amont avec un rapport Delevoye cousu de fine main et une CFDT qui ânonnait. Les manifestations se firent massives et la répression s’amplifia, d’autant qu’étaient concoctées des régressions cacophoniques sur l’assurance chômage. Mais le coup de grâce fut envoyé par les Gilets Jaunes suite au projet de taxe sur l’essence. Des campagnes et des banlieues, monta une irrépressible volonté d’en découdre.

 

Elan bloqué

 

La sauvagerie de la répression (cf encart) ne suffisant pas, la taxe fut retoquée. Et le mouvement des Gilets Jaunes s’amplifia, se consolida avec des revendications portant sur la justice sociale, fiscale et environnementale. Macron, qui s’était fait fort de convaincre les « Gaulois réfractaires », s’en trouvait tout penaud d’autant que les Gilets Jaunes l’avaient pris au mot et voulaient aller le chercher à l’Elysée.

 

Il changea de ministre : Darmanin à l’Intérieur épaulé par le préfet Lallement devaient faire régner l’ordre. Plus d’un fut sidéré, ce préfet n’était-il pas un nazillon, aux dires de Juppé, qui n’en n’avait pas voulu dans ses terres girondines ! La brutalité policière ne suffisant pas à rassurer, il fallait, en même temps, tenter de retourner l’opinion en sa faveur, tout en laissant en plan les fameuses réformes programmées et ce fut le grand débat de bla-bla télévisés dans les provinces, auprès de gens « raisonnables » et de notables effarés : la révolte populaire issue, pour partie, des provinces, bénéficiait des faveurs de l’opinion publique !

 

Bref, quand les ennuis volent, c’est en escadrille (disait Chirac), ça ne s’arrête plus. Lui qui voulait phagocyter les Verts encaissa la démission de Hulot et nomma la falote Pompili. Décidément, faire éclater la Gauche et ringardiser la Droite, pour mener une politique néolibérale que ces deux camps défendaient, ne suffisait point. Et en mars 2020, la claque des municipales démontra, s’il en était besoin, que les petits marquis qui prétendaient à quelques fiefs, étaient bien ridicules (LRM obtint, pour tous ces candidats, 2.2 % des voix). En toute démagogie, voulant paraître comme inspiré par la démocratie citoyenne, il nomma une convention désignée par tirage au sort, sur le climat, jurant qu’il reprendrait « sans filtre » toutes les propositions émises. Il pensait avoir bien préparé son coup avec des encadrants « experts » conseillant ces « gens de peu ». L’intelligence collective produite par ce cénacle le laissa tout marri. Sans le dire, l’essentiel des propositions furent mises au rencart et à tous ces blocages, s’ajouta l’inattendu Covid 19. Entre-temps, les divisions au sein de LREM lui firent perdre la majorité absolue à l’Assemblée et le Sénat droitier rechignait à la mise au pas programmée. Alors, il tomba le masque en toute opportunité.

 

C’est la guerre. Un comité secret-Défense fut concocté, une poignée d’experts requis pour tenter d’occulter la pénurie des premières armes : masques, tests. On encensa les hospitaliers surmenés sans rien céder à leurs revendications. La « plèbe » aux balcons, suivit, angoissée, pour leur donner du baume au cœur. Mais cette unanimité travaillée par la peur ne dura pas. Le cafouillage, la discordance des voix autorisées, la gestion catastrophique de l’épidémie obligèrent le petit Président à s’instituer, seul, épidémiologiste en chef. Il chargea son second, le 1er ministre Castex, de crachoter, en toute responsabilité, la parole présidentielle. Son 2ème larron, Véran, livra, quant à lui, les oracles, toujours à venir, de la délivrance prochaine.

 

La lepénisation des macroniens

 

A l’occasion de l’assassinat de Georges Floyd aux Etats-Unis, on vit surgir, en France, des manifestations contre le racisme et les discriminations qui s’invitèrent dans le mouvement social, avec le Comité Adama. Les délaissés des quartiers populaires poussaient à la convergence des luttes contre toutes les oppressions sexistes, raciales, sociales. La peur s’empara de nouveau de l’Elysée et des pieds nickelés de l’entourage du président. Les barons du régime, envoyés pour pérorer dans les écrans télévisuels, à l’aide d’éléments de langage dont ils étaient munis, ne parvenaient pas à rassurer l’opinion. Face au « désordre », il fallait de toute urgence voter des lois liberticides et construire l’ennemi intérieur, avec la loi sur le séparatisme. Sans vergogne, d’un côté, répandre la peur et l’angoisse du Covid et, de l’autre, museler les mouvements sociaux. En brandissant l’islamo-gauchisme, en prétendant, comme Darmanin, que décidément la Le Pen était trop « molle » vis-à-vis des musulmans, il s’agissait déjà de clore le mandat pour se préparer à la nouvelle échéance présidentielle.

 

Entre-temps, des privatisations programmées avaient été repoussées (Aéroports de Paris, projet Hercule-EDF). Néanmoins, la contre-réforme des indemnités-chômage en plein Covid mit dans la rue et dans les lieux culturels, les intermittents et autres intérimaires, et ils nous invitèrent à « Danser encore » (1).

 

Cette surenchère droitière dont l’Assemblée nationale se fit aussi l’écho, se doubla de l’apparition de l’appel d’un « quarteron de généraux », suivi de militaires d’active puis de policiers factieux, s’instituant en recours d’un régime en difficultés. Piteusement, dans toute la classe politique, sauf les Insoumis et l’extrême gauche, on fit profil bas, pire, les leaders de la droite, du centre, de la gauche de droite et des verts, s’invitèrent à la manifestation des policiers du 19 mai, le ministre Darmanin en tête. Allaient-ils, comme à la veille du coup d’Etat de 1958, donner tous pouvoirs à l’armée comme le fit Guy Mollet en Algérie ? Certes, nous n’en sommes pas là mais le fond de l’air est brun.

 

Reste néanmoins, le cirque électoral des départementales, régionales puis présidentielles. Les barons, sans programme, veulent conserver leurs postes et les macroniens s’immiscer dans les listes des Républicains : cafouillages et dissensions pour s’approcher de la mangeoire. Entre les socialo-macro-compatibles, les macroniens lepénisés, le fossé est étroit entre eux et la Le Pen macronisée.

 

Que va-t-il advenir ?

 

Dans ce pays, où l’on ne fabrique plus de téléviseurs, de téléphones, de rails, d’appareils électroménagers… où la classe politicienne, presque toutes sensibilités confondues, se fait le bouffon répétant « l’Europe, l’Europe », tout est possible. Car l’après-Covid risque d’être calamiteux.

 

Rabaissant sa morgue, mais en petit seigneur sûr de son fait, Macron prépare sa tournée des provinces. Assuré qu’il parviendra à être accompagné d’une nuée de journalistes et de reporters complaisants, il entend s’afficher sur tous les écrans TV pour décerveler l’opinion. L’insoumis Mélenchon, parti dans la course avant lui, pourrait bien lui tailler quelques croupières et la Le Pen prétendre que le label de la « sécurité » répressive et la lutte contre l’islamisme est sa propriété depuis des lustres. Il a enjoint, toutefois, ses troupes les plus radicalisées, de ne pas aller trop loin pour tenir la distance nécessaire avec la Le Pen. Le duo du 2ème tour doit être celui du combat à fleuret moucheté, entre lui et la Le Pen dédiabolisée. En tout état de cause, le risque, pour la classe dominante, c’est de ne plus avoir la main, face à une assemblée nationale où probablement s’écharperont, pour la galerie, l’extrême droite, l’extrême centre et la gauche compatible. Si tel est le cas, cette ingouvernementalité  pourrait ouvrir la voie au recours à toutes les extrémités : dissolution de l’assemblée nationale, intervention de l’armée…

 

N’en demeure pas moins que dans la dernière période, est apparu l’impensé généralisé de la nature de l’Etat capitaliste : l’appareil d’Etat est une machine à dominer, à réprimer. Le terreau de la colère et de la résistance pourra-t-il créer un rapport de forces suffisant pour faire reculer le racisme islamophobe et consolider, de manière offensive, la convergence des luttes nécessaire pour éviter le pire ?

 

Ce qui est sûr, à part pour les classes moyennes supérieures, c’est que la caste politique est bien ringardisée. Pour autant, les classes ouvrières et populaires ne se sont pas dotées d’organisations, munies d’une perspective de transformation sociale. Quoiqu’il en soit, malgré la longueur de la nuit, et ses soubresauts cauchemardesques, l’aube finit toujours par se lever.

 

Gérard Deneux, le 19.05.2021

 

(1)   chanson de HK et les Saltimbanks

 

Encarts

 

Gilets Jaunes.

Bilan des violences :

1 mort, 24 éborgnés, 5 mains arrachées, 315 blessés à la tête

(sources : David Dufresne, Allô place Beauvau)

Bilan des interpellations et condamnations (de novembre 2018 à juin 2019) :

-        Plus de 10 000 gardes à vue

-        5 300 poursuites judiciaires 

-        Plus de 3 100 condamnés dont 1 000 avec de la prison ferme (1 mois à 3 ans), dont 400 avec incarcération immédiate

-        1 240 peines avec sursis

800 seraient toujours en prison et aucun politicien pour demander une amnistie.

 

Seules les révoltes dans les quartiers populaires de 2005 ont fait l’objet de plus d’incarcérations : 763 personnes écrouées sur 4 402 gardes à vue.

source : Ministère de la justice, le Monde, 8.11.2019 

 

 

 

Pendant la pandémie :

 plus de 51 milliards d’euros pour les actionnaires du CAC 40

+ 22 % par rapport à 2020

Les grands gagnants : Bettencourt, Arnault, Pinault, etc.. et les fonds d’investissement : Black Rock, Vanguard et Amundi…

51 milliards, cela équivaut :

-        aux dépenses annuelles de 960 000 personnels des hôpitaux publics

-        à la construction de 1 300 lycées d’un millier de places

-        à 1 millier de fois le montant de l’aide au secteur culturel

Source : Observatoire des multinationales

 

 

 

Aides publiques aux entreprises

Avant la crise 2007-2008 = 65 milliards€/an

en 2019 = 150 Milliards, soit + 230 %

C’est l’équivalent de :

-        2 fois le budget de l’Education nationale

-        5 fois le montant de l’impôt sur les sociétés

 

 

 

Recettes de l’Etat en baisse de 3 milliards !

entre Impôt de Solidarité sur la Fortune et Impôt sur la Fortune Immobilière

ISF 2016 = 5 milliards (351 000 assujettis)

ISF 2017 = 5 milliards (358 000 assujettis)

IFI 2018 = 1.9 milliard (120 000 assujettis)

IFI 2019 = 2.1 milliards (126 000 assujettis)

 

Source : ministère de l’Action et des comptes publics 

 

 

 

Rémunération des amis de Macron

B. Arnault = 62 milliards€/an, soit 5.16 milliards/mois

F. Bettencourt = 21 milliards, soit 1.75 milliards/mois

P. Drahi = 7 milliards, soit 0.58 milliard/mois

une aide-soignante = 1 250€/mois

8 millions de personnes ont recours à l’aide alimentaire

 

 

 

Plainte contre les violences policières à l’encontre des personnes exilées

 

Raphaël Kempf, avocat, annonce le dépôt de plainte collective (une trentaine de personnes, élus, migrants, militants associatifs, journalistes) contre le préfet de police de Paris, Didier Lallement suite à l’évacuation des personnes exilées d’un campement à Saint Denis le 17 novembre 2020 et de la place de la République le 23 novembre.

La plainte porte sur

-        violences policières (avec préméditation) à l’endroit des personnes exilées et de militants associatifs, lors des évacuations de 500 à 600 personnes devenues sans abri

-        vol en bande organisée (de matériels, tentes n’appartenant pas à l’Etat),

-        destruction et dégradation de ces matériels.

Les seuls objectifs du préfet Lallement étaient de se débarrasser des migrants et de réprimer les militants venus les soutenir.

Certes, cela va déplaire mais le Collectif est déterminé à poursuivre. à suivre…

 

 

 

 

La guerre

 

La guerre appelle la guerre

Le pouvoir se nourrit de cette chair

Rien d’étonnant c’est comme ça sur cette terre

Tant que les riches et les richesses prospèrent

Que les pauvres restent plus bas que terre

Aucune liberté ni fraternité

Encore moins d’égalité

Tout cela n’est qu’utopie éphémère

La guerre c’est condamner l’humanité

La paix c’est la considérer

 

Hassen

 

8 mai 1945. La victoire et la honte.

 

Alors même que le 8 mai 45, l’on fêtait la libération du territoire du nazisme et sa capitulation, à Sétif, Guelma… une répression féroce contre ceux qui scandaient « A bas le fascisme et le colonialisme », se déroulait en toute impunité.

 Cette histoire honteuse fut longtemps occultée. Pour la comprendre, il faut avoir en tête ce qui se passa dès 1943, en Algérie. Ferrat Abbas, cette année-là prit contact avec le représentant américain, Robert Murphy, assuré qu’il pouvait être, de la promesse faite à Mohamed V par Roosevelt, celle de l’indépendance du Maroc, pouvait être octroyée également à l’Algérie. Ferrat Abbas, soutenu par le parti du Peuple Algérien ne réclamait qu’une Constitution démocratique et une autonomie réelle, inscrite à la Fédération de France.

 Les autorités françaises, installées avec l’armée américaine au Maghreb, libérèrent Messali Hadj du bagne dans lequel il était enfermé par le régime de Vichy mais c’était, aussitôt, pour le placer en résidence surveillée. A l’été 43, le général Catroux, gaulliste, proclama une fin de non-recevoir au nationaliste algérien. Pire, le 7 mars 44,  par une ordonnance du comité français de libération nationale, ce conseil national de la résistance, n’octroya que la remise en œuvre du projet Blum-Violette, c’est-à-dire l’accession à la citoyenneté française de 65 000 « évolués ». Les communistes se dirent satisfaits de cette largesse. On était loin du parti qui, dans les années 20, avait donné naissance à l’Etoile nord-africaine, militant pour l’indépendance de l’Algérie. Les nationalistes créèrent les Amis du manifeste pour la Liberté qu’ils diffusèrent massivement et virent affluer un nombre extrêmement important d’adhérents (500 000 selon les nationalistes).

 En mars 1945, le Congrès des Amis du manifeste se réunit à la veille de la conférence de San Francisco qui adopta la charte de l’ONU, précisant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ils appelèrent à manifester le 1er mai ; des foules importantes défilèrent dans de nombreuses villes, la police tira : 10 à 20 morts restèrent sur le pavé.

 Les nationalistes appellent à une nouvelle manifestation le 8 mai 45. Rien qu’à Sétif, 8 000 manifestants, hommes, femmes et enfants, réclamèrent l’indépendance en chantant « Du fond de nos montagnes, s’élève  le chant des hommes libres appelant à l’indépendance ». L’aveuglement des autorités françaises et des colons se traduisit par des fusillades : 21 morts. La colère fut à son comble, les manifestations se transformèrent en émeute populaire, contre les forces de l‘ordre et les colons européens. La répression fut impitoyable et féroce : viols, exécutions sommaires, tortures, pillages. Des cadavres algériens furent jetés dans des fours à chaux. Des douars, des villages, supposés nationalistes, furent fauchés à la mitrailleuse. Un croiseur de la marine française bombarda le village près de Bougie. 28 avions mitraillèrent pendant plusieurs jours, la région de Guelma. Au sol, gendarmes et policiers, renforcés par des légionnaires appuyés par des milices européennes, continuèrent les massacres. Bilan : côté européen, 102 tués (dont 86 civils et 16 militaires), côté algérien, les estimations oscillent entre 35 et 45 000 morts.

 Il va sans dire, pour les colons, y compris pour les autorités françaises voulant conserver l’empire colonial, que les « bicots », cette prétendue sous-humanité, n’avaient droit ni à la liberté, ni à l’indépendance.

 Après bien des tractations et des difficultés, le peuple algérien, dès le 1er novembre 1954, commença à écrire sa propre histoire.

 GD

 

Quand les Zapatistes débarquent…

                                   Une montagne en haute mer

Il y a un quart de siècle, après dix ans de préparation, le soulèvement de l'EZLN émergeait des villages du Chiapas, au Mexique, un ya basta vibrant d'espoirs. Sur des terres « récupérées », les Zapatistes édifient des communautés autonomes, créent des écoles, des cliniques, des coopératives, apprennent à se gouverner collectivement, sachant que leur émancipation ne peut se réaliser que dans « un monde où il y a de la place pour plusieurs mondes ». Ils ont impulsé le Congrès National Indigène, organisé des rencontres autour des arts, des sciences, des luttes. Aujourd’hui les Zapatistes nous disent : « Dans les montagnes du sud et mexicain, tous les mondes du monde ont rencontré et rencontrent toujours une écoute dans nos cœurs. Leur parole et leur action ont alimenté notre résistance et notre rébellion… C’est le moment désormais pour que nous rendions la pareille à l'écoute, à la parole et à la présence de ces mondes proches ou lointains par la géographie ».

Ils, elles ont décidé de traverser l’océan Atlantique. Une délégation de près de 200 personnes, dont 3/4 de femmes, viendra rencontrer les luttes européennes sur leurs territoires afin de tisser des alliances et partager des convictions, des énergies communes : la défense de la vie, l’autonomie politique et le combat contre toutes les formes de domination. L’une des destinations est Madrid, 13 Août 2021, 500 ans jour pour jour après la chute de la capitale de l'Empire aztèque et le début officiel de la colonisation des terres mexicaines».

Pour leur voyage européen, ils ont publié des communiqués. Ci-dessous des extraits du premier, le 1er janvier 2021, signé par des centaines de personnes, collectifs et organisations : une Déclaration pour la vie.

Aux peuples du monde

POUR LA VIE

Aux personnes qui luttent sur les cinq continents, frères, sœurs, froeurs, compañer@s

Durant ces derniers mois, nous avons pris contact entre nous de différentes manières. Nous sommes des femmes, des lesbiennes, des gays, des bisexuels, des transgenres, des travestis, des transsexuels, des personnes inter-sexes, des queers et d’autres encore, hommes, groupes, collectifs, associations, organisations, mouvements sociaux, peuples originaires, associations de quartier, communautés et un long et cetera qui nous donne une identité… qui nous rend différents et bien des fois nous oppose… Il n’y a que très peu de choses qui nous unissent :

Faire nôtres les douleurs de la terre : la violence contre les femmes, la persécution et le mépris contre les différentEs dans leur identité affective, émotionnelle, sexuelle, l’anéantissement de l’enfance, le génocide contre les peuples originaires, le racisme, le militarisme, l’exploitation, la spoliation, la destruction de la nature.

Comprendre que le responsable de ces douleurs est un système. Le bourreau est un système exploiteur, patriarcal, pyramidal, raciste, voleur et criminel : le capitalisme.

Savoir qu’il n’est pas possible de réformer ce système, ni de l’éduquer, de l’atténuer, d’en limer les aspérités, de le domestiquer, de l’humaniser.

S’être engagé à lutter, partout et à toute heure – chacunE là où on se trouve – contre ce système jusqu’à le détruire complètement. La survie de l’humanité dépend de la destruction du capitalisme. Nous ne nous rendons pas, nous ne nous vendons pas, nous ne titubons pas.

Avoir la certitude que la lutte pour l’humanité est mondiale. De même que la destruction en cours ne reconnaît pas de frontières, de nationalités, de drapeaux, de langues, de cultures, de races, la lutte pour l’humanité et en tous lieux, tout le temps.

Avoir la conviction que nombreux sont les mondes qui vivent et qui luttent dans le monde. Et que toute prétention à l’homogénéité et à l’hégémonie attente à l’essence de l’être humain : la liberté. L’égalité de l’humanité se trouve dans le respect de la différence. C’est dans sa diversité que se trouve sa ressemblance.

Comprendre que ce n’est pas la prétention d’imposer notre regard, nos pas, nos compagnies, nos chemins et nos destins qui nous permettra d’avancer, mais la capacité à écouter et à regarder l’autre qui, distinct et différent, partage la même vocation de liberté et de justice.

De par ce qui nous unit, et sans abandonner nos convictions ni cesser d’être ce que nous sommes, nous nous sommes mis d’accord pour réaliser des rencontres, des dialogues, des échanges d’idées, d’expériences, d’analyses... sur les cinq continents. En ce qui concerne le continent européen, elles se concrétiseront durant les mois de juillet, août, septembre et octobre 2021, avec la participation directe d’une délégation mexicaine formée par le Congrès National Indigène-Conseil Indigène de Gouvernement, le Front des Villages en Défense de l’Eau et de la Terre des Etats de Morelos, Puebla et Tlaxcala et par l’Armée Zapatiste de Libération Nationale ...


Nous vous invitons à vous approprier cette déclaration POUR LA VIE :

Rien pour nous, tout pour tous !

Le 10 avril dernier – anniversaire de l’assassinat d’Emiliano Zapata – la première délégation zapatiste est partie, à bord d’un voilier, pour un voyage de 6 à 8 semaines de traversée, pour jeter l’ancre au pays basque.

PES, s’est associé avec d’autres, pour accueillir une délégation dans le Grand Est.


JC, le 13/5/21


Afin de faire connaissance avec ces Indigènes en lutte, et pour patienter instructivement:

http://cspcl.ouvaton.org/ https://zapatista2021.lebib.org/doku.php

https://www.revue-ballast.fr/nouvelles-zapatistes-un-voyage-aux-cinq-continents-3/

https://www.revue-ballast.fr/nouvelles-zapatistes-un-voyage-aux-cinq-continents-3/