Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 31 mai 2021

 

8 mai 1945. La victoire et la honte.

 

Alors même que le 8 mai 45, l’on fêtait la libération du territoire du nazisme et sa capitulation, à Sétif, Guelma… une répression féroce contre ceux qui scandaient « A bas le fascisme et le colonialisme », se déroulait en toute impunité.

 Cette histoire honteuse fut longtemps occultée. Pour la comprendre, il faut avoir en tête ce qui se passa dès 1943, en Algérie. Ferrat Abbas, cette année-là prit contact avec le représentant américain, Robert Murphy, assuré qu’il pouvait être, de la promesse faite à Mohamed V par Roosevelt, celle de l’indépendance du Maroc, pouvait être octroyée également à l’Algérie. Ferrat Abbas, soutenu par le parti du Peuple Algérien ne réclamait qu’une Constitution démocratique et une autonomie réelle, inscrite à la Fédération de France.

 Les autorités françaises, installées avec l’armée américaine au Maghreb, libérèrent Messali Hadj du bagne dans lequel il était enfermé par le régime de Vichy mais c’était, aussitôt, pour le placer en résidence surveillée. A l’été 43, le général Catroux, gaulliste, proclama une fin de non-recevoir au nationaliste algérien. Pire, le 7 mars 44,  par une ordonnance du comité français de libération nationale, ce conseil national de la résistance, n’octroya que la remise en œuvre du projet Blum-Violette, c’est-à-dire l’accession à la citoyenneté française de 65 000 « évolués ». Les communistes se dirent satisfaits de cette largesse. On était loin du parti qui, dans les années 20, avait donné naissance à l’Etoile nord-africaine, militant pour l’indépendance de l’Algérie. Les nationalistes créèrent les Amis du manifeste pour la Liberté qu’ils diffusèrent massivement et virent affluer un nombre extrêmement important d’adhérents (500 000 selon les nationalistes).

 En mars 1945, le Congrès des Amis du manifeste se réunit à la veille de la conférence de San Francisco qui adopta la charte de l’ONU, précisant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ils appelèrent à manifester le 1er mai ; des foules importantes défilèrent dans de nombreuses villes, la police tira : 10 à 20 morts restèrent sur le pavé.

 Les nationalistes appellent à une nouvelle manifestation le 8 mai 45. Rien qu’à Sétif, 8 000 manifestants, hommes, femmes et enfants, réclamèrent l’indépendance en chantant « Du fond de nos montagnes, s’élève  le chant des hommes libres appelant à l’indépendance ». L’aveuglement des autorités françaises et des colons se traduisit par des fusillades : 21 morts. La colère fut à son comble, les manifestations se transformèrent en émeute populaire, contre les forces de l‘ordre et les colons européens. La répression fut impitoyable et féroce : viols, exécutions sommaires, tortures, pillages. Des cadavres algériens furent jetés dans des fours à chaux. Des douars, des villages, supposés nationalistes, furent fauchés à la mitrailleuse. Un croiseur de la marine française bombarda le village près de Bougie. 28 avions mitraillèrent pendant plusieurs jours, la région de Guelma. Au sol, gendarmes et policiers, renforcés par des légionnaires appuyés par des milices européennes, continuèrent les massacres. Bilan : côté européen, 102 tués (dont 86 civils et 16 militaires), côté algérien, les estimations oscillent entre 35 et 45 000 morts.

 Il va sans dire, pour les colons, y compris pour les autorités françaises voulant conserver l’empire colonial, que les « bicots », cette prétendue sous-humanité, n’avaient droit ni à la liberté, ni à l’indépendance.

 Après bien des tractations et des difficultés, le peuple algérien, dès le 1er novembre 1954, commença à écrire sa propre histoire.

 GD