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Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 31 mai 2021

 

Se désenvoûter !

(Editorial de Gérard Deneux - PES n° 73 - mai 2021) 

Au moment où le pouvoir est de plus en plus fébrile face à la droite extrême et à la poussée des mouvements sociaux, il redouble de moyens pour nous envoûter. Certes, les partis traditionnels, sans programmes, n’ont que la continuité néolibérale à nous proposer dans la confusion la plus totale. En cette période pré-présidentielle, nous sommes sondés en permanence, inclus dans des moyennes, auxquelles on devrait se conformer, c’est-à-dire à la droitisation de la société. Nous sommes utilisés comme un marché de citoyens-consommateurs, qu’il faut séduire, afin qu’ils achètent le produit le moins avarié, tout en constatant la réalité des inégalités abyssales, le déclassement et les révoltes qui attisent le ressentiment : le terrain est fertile à la désignation des boucs émissaires (les quartiers, l’islam…).

 Mais la panoplie des manipulations est-elle encore opérante, face à la montée de l’abstentionnisme et au prétendu spectre de Le Pen ? Ce qui est certain, c’est que les fables des « premiers de cordée » entraînant le reste des populations, les pédagogies répétitives, la prétendue théorie du ruissellement de la richesse du haut en bas, ça marche de moins en moins. 

 Certes, l’espace médiatique est saturé de mots creux (République, démocratie, Europe…) que les macroniens et macro-compatibles répètent à l’envi, mais cela ne suffit plus. Macron en est persuadé. C’est pourquoi il fait appel à des influenceurs, des experts, développant des narratifs, comme son cri « Nous sommes en guerre », pour tenter de faire passer sa gestion catastrophique du Covid pour de la maîtrise libératrice.

 Mais il y a mieux ! Le nudge. Une méthode d’influence venue des Etats-Unis, utilisée à l’origine dans le marketing. Elle repose sur un « paternalisme libertarien ». Il s’agit « d’aider » les dirigeants à rendre plus efficaces les politiques publiques qu’ils mettent en œuvre. Les citoyens doivent être infantilisés, leur comportement redressé, afin d’obtenir une obéissance qui ne dit pas son nom. A cet égard, Macron a fait appel à une filiale de BVA (institut de sondage) pour mieux nous manipuler.

 Reste qu’il y a des parts de marchés électoraux réticents. Une autre méthode consiste à recourir à l’intimidation, aux procès-baillons, vis-à-vis des réfractaires.

 Il y a également une partie de la jeunesse, décervelée et abstentionniste, qu’il faut séduire. Et Macron de jouer l’homme sympa, avec qui on rigole, en présence de Carlito et Mac Fly. Peu importe que ce soit du Guignol bas de gamme, le Macron pathétique se veut cool.  Bref, le roitelet de l’Elysée devient son propre bouffon. Il pariera encore sur la reprise de l’activité, suite au Covid, en jouant au sauveur. Il ira prêcher dans les campagnes que, lui, venant d’Amiens, aime la France rurale. Toute cette logorrhée, visant à nous convaincre de l’importance du bonhomme, ne sera certainement pas contrée par les socialo-centristes qui, dans leur veulerie, sont prêts à pactiser sur le thème de la sécurité avec des galonnés et des policiers fascisés.  

 Que faire pour dessiner un autre horizon que celui promu par la droite autoritaire et néolibérale ? La scène électorale n’étant qu’un spectacle pour nous inciter à choisir entre un Macron lepénisé et une Le Pen macronisée (pour éviter la prétendue guerre civile à venir), reste à tous ceux qui veulent sortir des vies étriquées dans lesquelles on veut nous enfermer, à se désenvoûter.

 Pour ce faire, une seule voie : s’organiser, réfléchir, agir, convaincre, rassembler, décider par nous-mêmes.

GD, le 28 mai 2021