Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 28 mai 2018


Vers l’extension du domaine de la guerre ?

(éditorial du PES n° 44).

Les grands rapaces qui dirigent le monde semblent danser au bord du gouffre dans lequel ils pourraient bien entraîner les peuples. Et l’énergumène Trump à l’ego surdimensionné mène le bal des surenchères tous azimuts.

La remise en cause de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien est, de fait, une déclaration de guerre contre le régime iranien : l’ONU ignorée, tout comme les parties prenantes du contrôle exercé dans ce pays, les expertises de l’AIEA - l’agence chargée de les superviser - balayées, Trump et sa clique militariste n’en n’ont cure. Ce qu’ils veulent, c’est imposer un « changement de régime ». L’influence, à leur détriment, des mollahs, en Syrie, en Irak, au Liban, leur est intolérable, tout comme les fusées stratégiques dont ils disposent. Avec des soutiens unilatéraux, il s’agit d’imposer (comme en Irak avant l’invasion étatsunienne) un véritable boycott de ce pays. En étranglant les populations iraniennes, les stratèges US misent sur la révolte du peuple contre son régime, tout en menaçant les gouvernements du monde entier de représailles s’ils ne se conforment pas à leur diktat. La suprématie du dollar dans les échanges, la justice extraterritoriale seront utilisées pour mettre au pas les banques, les multinationales, qui oseraient continuer à commercer avec l’Iran.

Pour l’heure, les réactions timorées de l’UE en voie de désintégration, les pirouettes de Macron et son projet d’écrire un nouvel accord sur la base des exigences US, semblent bien dérisoires face au bellicisme trumpien et de ses alliés, l’Arabie Saoudite et Israël. Au-delà de la perpétuation de la guerre au Yémen, et des bombardements entrepris sur le sol syrien, la guerre réelle pourrait bien aboutir à l’invasion du Liban, pour éradiquer le Hezbollah et, du même coup, absorber la Cisjordanie palestinienne au sein du grand Israël. Certes, nous n’en sommes pas là car les réactions de la Russie et de la Chine pourraient être incontrôlables…

En Asie, un autre terrain de confrontation potentielle est à l’œuvre entre les USA et la Corée du Nord, voire la Chine. Menaces, reculs apparents, nouvelles menaces, jusqu’à quand ?

En Amérique latine, les « révolutions de velours » sont orchestrées et sonnent le retour des droites pro-US. Elles ont pour finalité, non seulement de renverser des gouvernements dits progressistes, mais surtout de réduire la pénétration commerciale des Européens, Chinois, Russes.

Ce tableau ne serait pas exhaustif si l’on omettait la guerre commerciale déjà déclarée. Le conflit a pris la forme trumpienne du rejet des accords commerciaux multilatéraux et la volonté d’imposer des relations commerciales à l’avantage exclusif des Etats-Unis assorti, au besoin, de tarifs douaniers exorbitants, voire de prescrire, notamment à la Chine, d’acheter plus de produits US pour rétablir la balance commerciale déficitaire.

Cette extension du domaine de la guerre s’exerce sur fond de régressions sociales, d’enrichissement sans freins des oligarchies mondiales et plus fondamentalement sur la perte d’influence de l’Empire US qui ne tolère plus les reculs subis dans la dernière période, alors même qu’il dispose d’une puissance militaire incomparable.

Certes, au sommet de l’Etat fédéral US, deux fractions du « parti unique des affaires » s’affrontent, mais, pour l’heure, les faucons les plus belliqueux sont aux manettes…

GD le 27.05.2018 

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Au sommaire du n° 44

Vers le bannissement d’une partie de l’Humanité ?
De COP en COP… la température monte !
Ruée vers l’or au Groenland
Nicaragua. Le sandinisme au placard de l’histoire ?
Et nos rubriques « Ils, elles luttent » et « Nous avons lu »


Domination


L’exploitation
est une forme de domination

Elle se développe dans nos vies
comme un poison

Régie par des stratégies
proches de la colonisation

Elle est digne du temps
de la collaboration

En montrant du doigt
une catégorie de population

Voulant toujours
organiser la discrimination

Dealers de haine
et de machination

L’horreur n’a pas de classes
Elle forme une chaîne
Par-delà les nations

Le lien, 
 c’est la source du pognon

Hassen



Vers le bannissement d’une partie de l’Humanité ?

Si l’on replace le « problème » des migrations actuelles et à venir dans la conjoncture, force est de constater que le pire est à venir, à moins que les drames qui se succèdent ne provoquent un sursaut en capacité d’ébranler, pour le moins, le pouvoir des oligarchies dominantes. La seule compassion vis-à-vis des torts faits aux exilés, dans la mesure où elle est instrumentalisée par les gouvernements qui se déchargent de leurs « devoirs » sur les associations humanitaires, peut obscurcir, reléguer les paroles de vérité et de lucidité sur les causes essentielles des migrations et les responsabilités qui y sont attachées. Faire preuve de lucidité, c’est également cerner les difficultés, les obstacles, les forces qui s’opposent à la mise en œuvre d’une politique humaine d’accueil et « d’insertion » de populations meurtries par la guerre, la misère et le choc engendrés par les bouleversements climatiques qui vont s’amplifier (1).

Une conjoncture défavorable à l’accueil des exilés

Le système capitaliste « déréglementé », « néolibéral » qui, depuis les années 1980, a permis la financiarisation de l’économie et l’émergence de firmes capitalistes transnationales, déstabilise et assujettit nombre de nations. La raison initiale de cette « contre-révolution » contre le « modèle » des Trente Glorieuses keynésiennes, est à rechercher dans la baisse tendancielle du taux de profit dans les « pays centraux », soit les Etats-Unis, l’Europe de l’ouest et le Japon. Les phénomènes de délocalisations au sud à la recherche de main d’oeuvre à bas coût et de désindustrialisation au nord qui s’en sont suivis, accélérés par le recours à la robotisation et aux nouvelles technologies ont déstabilisé l’ordre du monde. Les crises à répétition au sud et celle de 2008 touchant le cœur du système ont suscité un endettement public voulu par les forces dominantes, suivies du renflouement des banques. Sans entrer dans le détail de ces « mécanismes », force est de constater que les politiques d’austérité, de privatisation et de précarisation du travail engendrent des tensions sociales et politiques entre différents blocs et à l’intérieur même de ceux-ci. On a assisté et on assiste de plus en plus à des interventions, invasions étrangères qui réduisent, annihilent les forces qui s’opposent à la suprématie des puissances dites occidentales. Les guerres en Irak, en Libye, en Syrie… en Afrique, l’extension de l’OTAN à l’est, en sont les résultantes. Par ailleurs, dans les pays centraux, la tendance est à l’affaiblissement, voire à l’écroulement de la façade de la démocratie parlementariste et de ce qui reste de « souveraineté nationale ». Par contrecoup, l’heure est à la montée de l’autoritarisme, au repli nationaliste, entraînant par réaction, celle de la xénophobie, des racismes et du néo-fascisme. Que l’on pense, à titre d’exemple, à l’Eurogroupe et à la Commission européenne, étranglant le peuple grec, à l’intransigeance austéritaire de Merkel et Cie, aux régimes polonais, hongrois, turcs, à Macron et sa verticale du pouvoir jupitérien, tout comme à Trump et à ses délires tweetés ; tout cela amène à constater que les peuples et leurs aspirations sont considérés comme quantités négligeables, à manipuler. Est-ce à dire qu’en ce début du 21ème siècle, il est déjà minuit… Les chiffres qui suivent, montrant l’importance des migrations actuelles, pourraient le laisser penser.

2 – Y aurait-il trop d’étrangers dans le monde ?

Les migrations engendrées par les guerres (2)

Selon le Haut-Commissariat aux Réfugiés de l’ONU (HCR), trois pays génèrent le flux de la moitié des exilés dans le monde : Syrie, 4,9 millions, Afghanistan, 2,7 millions, Somalie, 1,1 million, auxquels il faut ajouter les migrations résultant des conflits au Soudan, au Yémen, au Burundi, en République Centrafricaine, en Ukraine… La plupart se réfugient dans les pays limitrophes qui sont les plus « accablés » par cet afflux de populations, quand celles-ci ne sont pas parquées dans des camps. Au total, selon toujours le HCR, 65 millions d’exilés ont été dénombrés dans le monde en 2017.

Les migrations suscitées par la misère et la famine.

La crise financière de 2008 a amplifié la crise alimentaire dont souffrent de nombreux pays touchés par le dérèglement climatique et l’accaparement des terres au profit de la culture intensive et agro-industrielle. En 2013, selon la FAO (organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture), 842 millions de personnes souffraient de faim chronique… 25 000 personnes meurent de famine chaque jour, soit plus de 9 millions en 2009.

Les migrations climatiques

En 2015, les migrants climatiques représentaient 29% du total des migrants dans le monde et les années à venir pourraient être bien plus dramatiques. Selon le diagnostic établi en 2016 par le Commissariat des réfugiés de l’ONU, si le réchauffement climatique se poursuit au même rythme qu’aujourd’hui (3), d’ici la fin du 21ème siècle, l’on assistera à une montée des eaux irrépressible. Les zones côtières seraient les plus affectées, 147 à 216 millions de personnes seraient dans l’obligation de migrer. L’Asie est considérée comme le continent le plus vulnérable, tout particulièrement les deltas du Bangladesh. Mais, en Egypte, le delta du Nil s’assècherait tout en se salinisant. « Il va manquer des millions de km2 de terres fertiles partout dans le monde » provoquant le recul de l’agriculture et une tragique insécurité alimentaire.

Autrement dit, le système oligarchique et ploutocratique n’est en rien « adapté » pour faire face aux bouleversements à venir, à moins de considérer que le recours à la guerre de tous contre tous serait la solution. La logique gloutonne et prédatrice de ces rentiers avides de dividendes actionnariaux, tout comme les replis nationaux égoïstes et xénophobes, sont contraires à celle d’une solidarité entre les peuples, d’une humanité réconciliée avec elle-même. Il y a donc lieu d’affirmer avec force que les discriminations, expulsions, l’exploitation des sans-papiers, le recours à l’esclavagisme, seraient encore plus catastrophiques. Face aux démagogues qui répandent la peur et la haine, la seule résolution qui vaille est l’universalité des droits de l’ensemble et unique entité humaine dans sa diversité. En d’autres termes, la dignité de l’accueil s’impose y compris l’accès pour les exilés aux droits au travail, à l’éducation, à la santé, au logement… D’ailleurs et paradoxalement, face au vieillissement de la population européenne et à son déficit démographique, « l’accueil à bras ouvert » est une chance.

Encore faut-il que les conditions en soient réunies, à savoir l’instauration d’une société (ou de plusieurs) égalitaire et de justice sociale. La résignation et l’impuissance, aujourd’hui plus qu’hier, ne sont plus de mise face aux gouvernements délinquants.

3 – Les malfaiteurs de l’humanité en déshérence

Sans qu’il soit besoin, ici, de rappeler les textes fondateurs des Droits de l’Homme qui sont systématiquement contournés, l’on ne peut que condamner le refoulement aux frontières. Il n’est pas seulement illégal, il est, de fait, une mise en danger des migrants, voire une forme de non-assistance à personnes en danger. En effet, les ¾ de ceux qui parviennent en France ou dans d’autres pays européens ont des problèmes de santé, de détresse physique et psychique (4). Pire, contre le peu de droits que détiennent ces populations en « surplus déclaré », elles vont désormais se heurter au mur législatif de la loi dite d’asile et d’immigration de Macron/Collomb. Le refus de mettre fin à la rétention-détention des mineurs, l’augmentation à 90 jours de l’enfermement-rétention, pour les « victimes » qui n’ont commis aucun délit, la réduction à 6 mois de l’instruction de leurs demandes d’asile que contient ce texte, constituent des procédures conduisant au bannissement-expulsion.

Ces malfaisances organisées dans un contexte de restrictions budgétaires ne peuvent sauver les apparences proclamées d’humanité lorsqu’on les met en rapport avec les refus illégaux de certains conseils départementaux de délivrer l’aide sociale à l’enfance aux mineurs étrangers. De même, instaurer un délit de solidarité à l’encontre des citoyens français qui font preuve de fraternité vis-à-vis des migrants, se substituant aux défaillances organisées de l’Etat, est une monstruosité juridique. Elle est la preuve qu’il s’agit, en l’espèce, de donner des gages à l’extrême droite xénophobe. Il va de soi que ces refoulements des migrants sans perspectives sont une fabrique de clandestins, de futurs travailleurs sans-papiers, qui pourront être exploités sans merci puisque sans droits. Leur rétention-enfermement s’apparente à des entrepôts de potentielle main d’œuvre vis-à-vis de laquelle toutes les oppressions sont possibles. Les politiques aveugles des gouvernements de l’Europe qui compte 500 millions d’habitants sont un  déni de réalité : les demandes d’asile ne représentent que 0.5% de la population de l’UE et il ne serait pas possible de les accueillir alors même que l’on constate par ailleurs son vieillissement et un déficit démographique incontestable ! A l’encontre de ceux qui ont franchi les cols enneigés après avoir traversé le désert et la mer, de ceux qui errent sur les routes, dans les villes, ceux qui nous gouvernent, en organisant leur traque, leur enfermement dans des lieux qui étrangement ressemblent à des prisons, sont bien des malfaiteurs de cette humanité abandonnée.

L’alliance des malfaiteurs avec les dictateurs (5)

La sous-traitance, les externalisations sont de mode. Le cours néo-libéral du capitalisme ne concerne pas seulement les salariés rejetés des entreprises décidées à se concentrer sur leur coeur de métier. L’Union européenne qui a prévu cette différenciation entre salariés, tout comme les délocalisations, suit la même logique en ce qui concerne les étrangers. Dans la langue de bois, l’alliance répressive avec les dictateurs n’est que politique « d’externalisation des prestations et des frontières » !

En notre nom, avec les ressources des contribuables que nous sommes, ce sont des millions d’euros qui sont versés aux dictateurs et par voie de conséquence à l’industrie de l’armement. Equiper, armer les polices turques, soudanaises, libyennes, connues pour leurs violations des droits humains n’affecte nullement les états d’âme des dirigeants de l’UE qui complaisamment, « en même temps », peuvent bien s’alarmer verbalement de certaines entraves aux droits de leurs commanditaires.

Les 6 milliards d’euros à Erdogan permettent de renvoyer des « réfugiés » vers la Turquie, la livraison de caméras thermiques, de systèmes d’alerte, de « miradors intelligents » capables de tirer automatiquement sur ceux qui franchissent les frontières, les tanks, les navires patrouilleurs ne sont que « prestations externalisées ». Aux réticents du Niger à l’Ethiopie en passant par le Mali, le Burkina Faso… le chantage est de mise : réduction de « l’aide » dérisoire au « développement » ou collaboration à la traque.

Quand cette « flexibilité » contrainte se fait trop apparente pour dissimuler l’externalisation de la répression, l’on invoque la « marchandisation ». Ainsi, la collaboration avec Omar El Bachir, ce chef d’Etat soudanais mis en accusation par la Cour pénale internationale pour crimes contre l’Humanité et génocide, on l’euphémise sous le titre de « processus de Khartoum » (la capitale). Les milices génocidaires (les Janjawids) du Darfour sont reconverties en « force de soutien rapide » ce qui a permis à l’UE de verser au dictateur des milliers d’euros, des matériels informatiques, des armes, des véhicules, des caméras… Pire, cette collaboration va jusqu’à livrer des opposants politiques. Ces renvois se sont traduits par des tortures infligées par les sbires du régime. Les témoignages recueillis par des ONG démontrent que dans l’abjection, l’on rejoint le puits sans fond de Guantanamo. C’est ce qu’en langage diplomatique l’on nomme « la coopération de qualité avec l’Etat français » ( !)      

En Libye, la chasse aux migrants est devenue le sport favori des miliciens et des maffias. Non seulement les navires patrouilleurs livrés pour quelques milliards d’euros font obstacle aux navires des ONG mais ces patrouilleurs n’hésitent pas à accomplir leurs missions de refoulement en tirant sur les embarcations des migrants…

Bien évidemment, ces « aides » pour prestations de services externalisées profitent à l’industrie européenne d’armement et aux « sociétés de conseil »… en cynisme. Cette traque de l’humanité indésirable va s’intensifier. Pour preuve, la proposition de la commission européenne de tripler le budget européen pour « protéger » nos frontières.

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Reste que ceux qui parviennent en Europe, en France, ces enfants, ces femmes, ces hommes qui ont marché successivement dans la chaleur et le froid, qui ont traversé des terres hostiles, bravé l’angoisse de la traversée de la Méditerranée, celles et ceux-là, s’ils n’ont pas péri, s’ils ne sont pas noyés, voient désormais ici leurs rêves d’un avenir meilleur engloutis dans la galère de l’errance et l’attente, vécues comme interminables.

Avec les printemps arabes on a assisté à un premier tremblement de terre avant que les brèches ne soient refermées par les régimes dictatoriaux. Les plaques tectoniques à venir fractureront encore le système de domination de l’oligarchie mondiale et de ses servants. Pour le pire ou le meilleur ! L’histoire reste à écrire dans les soubresauts des crises économiques, sociales et climatiques qui se profilent. A l’évidence, les illusions sur les capacités des élites dominantes à se réformer, à faire preuve d’humanité, tout comme la résignation et l’impuissance inculquées dans nos cerveaux bloquent le nécessaire sursaut populaire, ici comme ailleurs. N’empêche, toutes les initiatives qui se multiplient pour aider les exilés comme celles qui appellent à une marée  humaine laissent entrevoir un autre monde possible. Il faut s’atteler sans tarder à le faire advenir. L’engagement est impératif.

Gérard Deneux, le 22 mai 2018

(1)    Il faudrait compléter la revue des migrations mondiales, qui sont évoquées dans la suite du texte, par la description de celles qui concernent les pays de l’Amérique latine et de l’Asie
(2)    Ce qui suit, et qui a fait l’objet d’une intervention à Fréquence Amitié (Vesoul), est largement inspiré par les analyses de Catherine Wihtol de Wenden, politologue au CNRS, ex-consultante au Haut- Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, portant sur les causes de l’accroissement des réfugiés dans le monde. Elle est l’auteur d’un Atlas des migrations. Un équilibre mondial à inventer.
(3)    Sur le réchauffement et le dérèglement climatique, lire l’article dans ce numéro  De COP en COP, la température monte
(4)    Pour plus de détails, voir l’article d’Eva Lacoste Visa sans frontières (Golias hebdo n° 527 du 10 au 16 mai 2018) qui fait également le point sur le processus des Etats Généraux des Migrations et contient nombre de témoignages.
(5)    sur bastamag.net, article d’Anne-Sophie Simpere, 17 mai 2018 « Comment l’Europe finance et légitime des régimes autoritaires pour barrer la route aux migrants »


Le climat est pourri en Macronie

Violences, menaces, répressions, mutilations.

Lettre de Robin, mutilé à Bure le 15 aout 2017, pour Maxime mutilé sur la ZAD le 22 mai 2018

Mettre des mots sur l’horreur. Ne pas céder à la résignation. Au terrorisme d’Etat.
Malgré le stylo qui tremble, écrire. Témoigner.
Ne pas se laisser écraser par le concert d’opérations sémantiques, de propagande préventive et de censure qui cherche à nous couper de notre empathie et de la révolte qu’elle devrait spontanément engendrer.

M vient de perdre sa main. Sa main droite. Pour toujours.
Il rejoint, bien plus gravement encore, l’enfer que j’ai vécu durant 9 mois. Le 15 août 2017, à Bure, l’explosion d’une grenade GLI-F4 tirée par les gendarmes mobiles creusait mon pied gauche sur un diamètre de 13cm et jusqu’à 3cm de profondeur arrachant peau, veines, nerfs, muscles et pulvérisant les os. C’était pendant une manifestation contre le projet Cigéo d’enfouissement de déchets radioactifs. Il y a eu 30 blessés dont 4 graves.

Contrairement à ce que leur nom indique, les grenades GLI-F4 contiennent de la TNT et explosent ! Leurs déflagrations font 1m de diamètre et peuvent tuer si elles touchent une partie vitale. Les appellations « lacrymogènes » ou « assourdissantes » que la préfecture et les ministres leur donnent dans les médias servent à masquer la vérité à leur sujet : ce sont des armes de guerre !  L’Etat utilise des armes de guerre pour terrasser le peuple. Dans le cas présent, les conséquences sont bien pires qu’un tir à balle réelle.

Déjà à l’époque, j’avais alerté sur les dangers des grenades explosives en organisant une manifestation pour exiger leur interdiction mais les grandes chaînes ont cantonné l’information à la région Lorraine. La majorité des Français ignore encore la vérité sur ce sujet. Il est tombé près de 4 000 grenades explosives sur la ZAD depuis le début de son invasion par les gendarmes mobiles, provoquant des centaines et des centaines de blessés notamment à cause des éclats de métal qu’elles projettent. Où est la violence ?

M est actuellement à l’hôpital. Outre les intenses douleurs et le fort traumatisme qui le suivront nuit et jour, il devra désormais supporter ce handicap inimaginable : vivre avec une seule main. Cette main, que l’explosion lui a arrachée sur le coup, l’Etat lui a volée pour prix de son combat, pour prix de notre combat. Dans les dernières décennies, la militarisation du maintien de l’ordre a fait couler trop de sang. Combien d’éborgnés ? Combien de mutilés ? Combien de vies déchirées par l’utilisation criminelle des flashballs et des grenades explosives ?

La violence de l’Etat pour mater toute résistance est extrême. Elle cherche à nous terroriser, à nous acculer à la résignation. Face à cela, la solidarité est notre arme et jamais la peur ne doit nous arrêter. Proches, moins proches et tous ceux qui croiseront la route de M, prenez soin de lui ! Tenez bon ! Il y a mille et une manières de lui apporter ce qui lui permettra de vivre Ecoutez-le, cherchez, trouvez.
La vie continue, le combat pour elle aussi. Maxime, tiens bon !


L’escalade de la répression

Les jours se suivent et se ressemblent dans la France de Macron : contre les manifestants, contre le mouvement social (des banlieues aux manifs en passant par la ZAD), l’Etat utilise sa force de répression à tout va. Il semble que le simple fait de contester ce système soit insupportable à ce pouvoir. Ainsi, l’utilisation des armes explosives est (cf ci-dessus). Ainsi des dizaines de lycéens se retrouvent en garde à vue à Paris, et pour une partie déférée devant un juge, juste pour avoir voulu occuper un lycée. Le gouvernement semble trouver plus facilement une place en cellule qu’en université pour les lycéens. Ainsi des arrestations dans les manifs se multiplient pour le simple motif d’y être présent et d’avoir dans son sac ou de porter des protections contre les gaz lacrymogènes, pourtant fortement utilisés par les mêmes personnes qui procèdent à des arrestations massives comme cela s’est encore passé à Paris le 22 mai. Ainsi l’Etat est responsable d’un véritable acharnement contre la famille Traoré pour l’empêcher de continuer à demander justice pour la mort d’Adama. A Nice, un président d’université peut menacer de mort en toute tranquillité un étudiant… Il doit démissionner.
La stratégie autoritaire et répressive du gouvernement vise à décourager et à faire peur à un maximum de monde, en particulier dans la jeunesse des lycées (lycée Arago à Paris), des universités ou des banlieues, et cela pour protéger une politique injuste et inégalitaire au service des plus puissants. C’est pourtant bien cette politique qu’on nous impose qui génère une violence bien réelle au quotidien pour des millions de personnes. Le pouvoir protège et organise une  société où les discriminations sont nombreuses et se cumulent.
L’Union syndicale Solidaires revendique la libération immédiate des personnes arrêtées dans le cadre des manifs du 22 mai et l’arrêt de toute poursuite à leur encontre, la fin immédiate de l’intervention militaire dans la ZAD et l’interdiction de l’utilisation d’armes contre des manifestants.
Nous ne nous laisserons pas impressionner. Nous ne sommes pas résignés. Nous continuerons à agir et à nous mobiliser pour défendre les salariés et construire une autre société. Le 24 mai 2018  https://solidaires.org/



à lire...

1968. De grands soirs en petits matins
Ce que nous livre l’auteure, c’est une « histoire par en bas » qui donne toute sa force aux « évènements de 68 ». Y sont restitués les luttes, les débats, les émotions qui agitèrent cette contestation qui ébranla le régime gaulliste. Ouvriers, étudiants, militants, paysans, artisans, toutes ces femmes et ces hommes en mouvement firent preuve d’une créativité et d’une inventivité que rien, a priori, ne laissait prévoir. Et pourtant, ce qui a nourri cette explosion trouve son origine à la fois dans la politisation qui s’est opérée dans une fraction de la jeunesse lors des guerres successives d’Algérie, du Vietnam, des 6 jours en Israël/Palestine, dans ces contestations étudiantes mondiales et parmi la classe ouvrière insubordonnée, notamment des OS qui ne supportaient plus les cadences tayloriennes et la dictature des petits chefs. Plus généralement, la France d’en bas rejetait ce paternalisme étouffant et l’archaïsme des mœurs bridant la génération du baby-boom. Ce qui en outre est instructif dans cet ouvrage, c’est l’analyse à travers les archives de l’époque, de la volonté répressive de la police, de l’Etat et de ses divisions, laissant vacant, un bref moment, le pouvoir. De même le rôle néfaste du PC et de la CGT pour étouffer, circonscrire le mouvement, tout comme les manœuvres de la social-démocratie tentant de le récupérer tout en se posant comme alternative au gaullisme, sont éclairants.
Certes, à l’orée de la fin des Trente Glorieuses, la conjoncture n’était pas, au sens classique du terme, révolutionnaire. Toutefois, pouvait s’ouvrir une autre voie que celle de la mondialisation financière. Autogestion, pouvoir populaire, autonomie des sujets individuels et collectifs, avaient pour objet de changer la vie. « Par le rire et l’oubli » de ce moment d’effervescence intellectuelle et populaire, de cet épisode d’où surgit le plus grande grève générale de l’histoire de France, le « spectre » de mai 68 hante toujours ceux et celles qui « veulent faire du politique une chose partagée, le bien commun de toutes et tous, où chacun peut s’exprimer, délibérer, décider ». Un ouvrage à mettre entre toutes les mains pour en tirer le meilleur pour l’espérance sociale à venir. 
Ludivine Bantigny, éd. Seuil, 2018, 25€


De COP(1) en COP, la température monte !


La COP 21 fut saluée comme un accord international historique ! Le 12 décembre 2015, par consensus, 195 Etats et l’UE s’engageaient à faire des efforts pour « faire baisser l’augmentation des °C » sur la terre, en réduisant les gaz à effet de serre, notamment… Il fut ratifié en avril 2016 par 55 Etats représentant 55% des émissions des gaz à effet de serre. Nous soulignions à cette époque ((2) que ledit accord de ramener l’augmentation de la température sous les 2°C, voire même 1.5 °C en 2050, nous laissait très dubitatifs car il ne prévoyait aucune contrainte, aucun « gendarme du climat », aucune sanction pour les « coupables » ou les « récalcitrants ».
Résultat ? En 2018, les spécialistes du climat alertent, nous le verrons en 1ère partie. Qu’à cela ne tienne, en France, et ailleurs, le capitalisme « triomphant » poursuit son œuvre dévastatrice et promeut des alternatives « trompe l’œil », nous en évoquerons quelques-unes en 2ème partie.
Qu’attendre des gouvernements ? Le « sursaut d’indignation » de la figurine dans la vitrine Macron, Hulot, ministre de l’environnement ? Ridicule  frisson « écologiste » dans le modèle capitaliste et financier qui décide ce qui est « bon » pour lui et non pour les êtres humains vivant sur la planète. Qu’attendre des COP (la 23ème passée inaperçue et la  24ème prévue en Pologne en 2018) sinon qu’elles constatent les dégâts ?  

1 - La dévastation de la biodiversité se poursuit

La dette écologique ne cesse de grandir. Ainsi, au 7 mai, la France avait déjà épuisé l’ensemble des ressources en carbone que la nature peut renouveler, pour l’année 2018. Le jour fatidique de dépassement de ces ressources est de plus en plus précoce : 1er décembre en 1975, 5 novembre en 1985, 5 octobre en 1995, 26 août en 2005, 4 août en 2015, alors qu’au début des années 1970, l’humanité consommait moins de ressources que ce que pouvait lui procurer la nature.
C’est que le modèle économique des pays développés émet des gaz à effet de serre sans cesse en augmentation : logement, transports, alimentation représentent plus des 2/3 de la pression exercée sur les milieux naturels, du fait des émissions de gaz à effet de serre. L’ONG WWF s’alarme car en France, l’empreinte écologique qui avait été réduite entre 2008 et 2015, est repartie à la hausse (+ 5%) entre 2015 et 2018, la dégradation ayant commencé en 2015 année de l’accord de Paris. C’est bien le mode de production et de consommation « forcée » qui est en cause. Selon le modèle occidental de « croissance » et de consommation, il faudrait 1,7 planète pour subvenir aux besoins annuels des 7.5 milliards d’êtres humains. Pire, si tout le monde vivait comme en France, il faudrait 2,9 planètes. La France se classe dans les pays les plus prédateurs, même si elle est loin derrière le Qatar, les Etats Unis, le Canada, l’Australie.

La consommation effrénée des pays développés, celle, en hausse, des pays en développement, l’augmentation de la population mondiale et la forte croissance économique mondiale sont à l’origine de l’augmentation des émissions mondiales de carbone ; la demande mondiale d’énergie (dont 70% est satisfaite par le pétrole, le gaz naturel et le charbon) a augmenté de 70 % en 2017 (selon l’AIE – Agence internationale de l’énergie). Les émissions européennes de CO2 augmentent. En 2017, le dioxyde de carbone, provenant de la combustion de combustibles fossiles, a augmenté de 1,8 % en UE par rapport à 2016, de 3,2 % en France, alors qu’elle a baissé dans 7 pays européens : Finlande, Danemark, Royaume Uni, Irlande, Belgique, Lettonie, Allemagne.

En dépit de l’accord de Paris, de la mise sur le marché de véhicules électriques et des énergies renouvelables, la demande de pétrole continuera à augmenter, au moins jusqu’en 2040. Le monde consomme 20 millions de barils de pétrole par jour pour les véhicules individuels, ce chiffre devrait baisser du fait des véhicules électriques et de l’amélioration technique des moteurs. Mais, le pétrole est utilisé dans d’autres secteurs et là, est en augmentation : de 15 à 19 millions de barils par jour pour les transports routiers, de 11 à 15.7 millions pour l’aviation, de 17.4 à 23.6 millions pour la pétrochimie et l’industrie. Ainsi, quand le gouvernement décide de ne pas financer des liaisons ferroviaires « déficitaires », il contribue à l’augmentation de l’émission de gaz à effet de serre, qu’il s’est engagé à diminuer, par ailleurs, en signant l’accord de Paris.     

La détérioration de l’air, de l’eau et des terres entraîne la disparition des espèces animales et végétales. La déforestation, la diminution de la capacité de stockage de carbone des sols exacerbent le changement climatique. La sécurité alimentaire est altérée. Ce processus de dégradation est en marche. La plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité (IP-BES) affirme qu’au rythme de l’activité humaine actuelle, seulement 10 % des terres seront épargnées par l’activité humaine d’ici à 2050. 4 milliards d’êtres humains vivront dans des zones arides contre 2,7 milliards en 2010. Déjà, elle a constaté que plus de la moitié des zones humides a disparu depuis le début du 20ème siècle.

L’expansion de l’agriculture intensive, et notamment la part insoutenable des cultures fourragères (maïs/soja), la déforestation, l’extraction minière et pétrolière, l’urbanisation excessive et incontrôlée, toutes ces politiques altèrent irrémédiablement la Nature et l’Homme. De surcroît, elles sont sources de conflits, de migrations pour plus de 3,2 milliards d’êtres humains. Dans un avenir proche, 700 millions de réfugiés climatiques pourraient être contraints de quitter leurs pays pour survivre (selon l’IP-BES).  

Les écarts de développement entre les pays du sud et les pays du nord, ne sont pas compensés  et les engagements financiers de l’accord de Paris ne sont pas tenus. La COP 23 (novembre 2017 à Bonn) et les négociations intermédiaires en mai, n’ont rien produit de nouveau en la matière. Les financements climat pour les pays du sud, promis en 2015 à hauteur de 100 milliards de dollars par an en 2020, sont de l’ordre, pour l’heure, de 46 milliards, dont seulement 16 à 21 milliards aident réellement les pays du Sud (selon l’ONG Oxfam). De la même manière, sur ces 46 milliards, les subventions versées à hauteur de 10 milliards en 2016 aux pays les plus pauvres, ont très faiblement augmenté.

Six pays riches ont respecté leurs engagements en 2016 et ont consacré 0,7 % de leur revenu national brut à l’aide publique au développement (dont fait partie le climat) : Norvège, Suède, Luxembourg, Danemark, Allemagne, Royaume Uni. La France a fait 2 fois moins bien, avec 0,38%.

On peut, dès lors, s’interroger sur l’avenir du chantier de la recapitalisation du Fonds vert pour le climat, dont le premier cycle 2015/2018 arrive à échéance ; il devra se faire sans les USA, Trump ayant bloqué les 2 milliards de dollars promis par Obama.   

Si les négociations climat ouvrent une vitrine chaque année, lors de la COP, le pouvoir reste aux mains des pollueurs, des multinationales et des financiers, qui font du profit grâce à l’extraction de combustibles fossiles, aggravant ainsi la situation climatique. Leur course en avant de compétitivité et de croissance se dissimule derrière des technologiques nouvelles climato-intelligentes. Tant que les alternatives resteront soumises à la domination capitaliste et financière, elles seront de fausses solutions, tout aussi catastrophiques pour la Nature et l’Homme, bien loin de l’idée que « les terres sont un bien commun précieux et l’avenir de l’humanité dépend de leur protection ».

2 – Les fausses solutions alternatives

Nous en relaterons seulement quelques exemples d’actualité. 

La biomasse industrielle au détriment des forêts et du climat
L’énergie biomasse, l’une des formes la plus ancienne utilisée par l’Homme, fabrique de l’électricité grâce à la chaleur dégagée par la combustion de matières (bois, végétaux, déchet agricoles, ordures ménagères organiques) ou du biogaz issu de la fermentation de ces matières. Les partisans de l’énergie biomasse font valoir qu’elle émet peu de polluants et n’a pas d’impact sur l’effet de serre. Les opposants en dénoncent l’usage excessif et disproportionné, la ressource forestière  étant exploitée à outrance au détriment de son écologie.

L’UE encourage son développement en tant qu’une solution au défi climatique. Elle prévoit que 60% des énergies renouvelables futures seront assurés par la biomasse, dont en grande majorité du bois-énergie. L’ONF développe des filières d’approvisionnement pour les centrales à biomasse, par sa filiale ONF Energie. Le 5 septembre 2017, 1 500 tonnes de plaquettes forestières provenant de la forêt domaniale de Chaux (Jura) sont arrivées au port d’Arles, puis transportées par camions vers la centrale de Gardanne, exploitée par Uniper. L’ONF envisage 36 000 tonnes de flux interrégionaux par an. Uniper est très gourmand et a besoin de 850 000 tonnes pour la rentabilisation de sa centrale et entend se fournir pour moitié par l’importation… depuis le Brésil ! L’ONF a également mis en place un approvisionnement maritime vers le Danemark, exploité par Dong Energy. Ainsi, du bois de Lorraine est acheminé vers Anvers, puis au Danemark.
Syndicalistes forestiers et militants du réseau SOS forêt s’opposent à cette filière d’industrialisation de la forêt car elle exige des forêts cultivées dédiées, où toute la matière organique est exportée, ne laissant rien sur le terrain pour la formation de l’humus. Il faut aussi compter que les volumes brûlés menaçant la forêt, sont, autour du site d’exploitation, à Gardanne par ex., des nuisances en bruit, pollution aux particules fines, circulation importante de camions…   

Le carburant à l’huile de palme.
Le préfet des Bouches-du-Rhône, vient d’autoriser l’exploitation par Total de la bio-raffinerie à La Mède : 500 000 tonnes de biodiesel produits par l’importation massive d’huile de palme et la déforestation des forêts tropicales. Déforestation responsable de 10 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales (dénonçait Hulot avant d’être ministre) mais l’huile de palme présente l’avantage d’être peu chère et facile à transformer et comme son usage dans l’agroalimentaire est en chute forte, elle est utilisée dans les agro-carburants. L’Indonésie et la Malaisie sont les principaux producteurs d’huile de palme ainsi que l’Argentine dans ses contrées dévastées par le soja, gavées de pesticides, les palmiers à huile sont plantés au mépris de la biodiversité des cultures alimentaires et aggravent l’émission de gaz à effet de serre. Total deviendrait le premier importateur français d’huile de palme. Le parlement européen en janvier a interdit l’utilisation de l’huile de palme dans les agro-carburants à l’horizon 2021, la France s’y est opposée et pour cause : la Malaisie menaçait de ne pas acheter 18 avions Rafale.
  
Faire des carburants avec de la nourriture ? Aligner des palmiers à perte de vue provoquant la destruction des puits de carbone et des habitats des orangs outans et des tigres ? Ces questions ont rapproché militants écologistes et syndicalistes (CGT), ces derniers craignant la fermeture de la raffinerie si l’UE interdit l’huile de palme.

Toute alternative soi-disant écologique menée au nom d’enjeux financier et commercial est contraire à l’objectif annoncé. Comme le dirait Albert Einstein : « On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré ».

Métaux rares et technologie verte
Eoliennes, panneaux solaires ou batteries électriques, s’ils n’utilisent ni charbon ni pétrole pour fonctionner, ont besoin de métaux rares dont l’extraction et le raffinage sont très polluants. Leur recyclage est aussi une question écologique grave, même si la convention de Bâle de 1989 contraint les industriels à traiter les déchets électroniques dans le pays où ils sont collectés, beaucoup se retrouvent en Asie ou en Afrique ; les USA (qui n’ont pas signé la convention, exportent 80% de leurs déchets électroniques.

Si les besoins en métaux rares sont exponentiels pour les années à venir, ils n’existent pas en suffisance, ce qui permet aux pays producteurs, comme la Chine, de se rendre incontournables dans l’approvisionnement, de maîtriser la variation des prix et de peser ainsi sur les politiques dites de transition énergétique et numérique. La Chine produit 44% de l’indium consommé, 55% du vanadium, 65% du spath fluor et du graphite naturel, 71% du germanium, 77% de l’antimoine, 84% du tungstène, 50% du titane et 95% des terres rares. En 2015, la Chine est le pays ayant déposé le plus de brevets au monde et elle envisage de créer les emplois verts au détriment de l’Europe, du Japon et des Etats-Unis, ce qui donne des idées aux pays émergents riches en métaux rares, comme l’Afrique du Sud productrice de rhodium, la Russie de palladium, le Brésil de niobium, la Turquie de borate, la RDC de cobalt. Assisterait-on à un basculement des équilibres entre les impérialismes ?

La transition énergétique et le nouveau mode de vie « high-tech et vert » que les industriels et financiers promeuvent comme une nécessité absolue pour « sauver la planète », mais, de fait, comme une chance  pour relancer une économie verte très juteuse, sont totalement dépendants des métaux stratégiques. Sans eux pas de batteries de voitures électriques, pas d’iPhone, pas d’écrans plats, pas de tablettes et pas d’aimants d’éoliennes industrielles.

La « vertueuse » reconversion « verte » des pollueurs ne fait pas longtemps illusion. Le capitalisme est l’ennemi de la nature et de l’homme. Il est incapable de se limiter à construire le nombre d’éoliennes suffisant pour alimenter les besoins d’un territoire et il a besoin de construire des parcs surdimensionnés d’éoliennes pour en tirer profit. Il ne peut accepter de produire de l’énergie biomasse en recyclant les ordures ménagères et les déchets organiques d’une seule ville mais veut rentabiliser une usine en dévorant les forêts, etc. Le capitalisme repeint en vert n’est pas plus vertueux, sa logique principale est toujours le profit, totalement contraire à un mode de vie écologique qui n’a nul besoin de commercer avec le Brésil ou autre pays pour satisfaire les besoins des habitants d’un territoire délimité. « La solution ne peut venir du « tout électrique », ni des « réseaux intelligents », ni des « objets connectés » que promeuvent EDF, RTE, Enedis et consorts mais bien d’inventions low tech, de politiques de décroissance radicale, d’agro-écologie, de constructions autonomes, de décisions locales et en assemblées populaires, d’expérimentations sociales, d’une nouvelle culture collective née de la lutte ».

Ce monde est totalement opposé à celui que l’on veut nous imposer qui se dissimule derrière des simulacres de démocratie qui ne font plus illusion : COP et autres Etats généraux de l’environnement, de l’alimentation, etc., vitrines cachant des fonds de commerce juteux. Car derrière les envolées lyriques sur le sauvetage de la planète et les discours enflammés sur la transition énergétique et solidaire, il y a principalement le développement à marche forcée de l’électricité éolienne et photovoltaïque, un big business pour un petit nombre de multinationales géantes, soutenues par les plus grandes banques du monde. En 2015, pour les turbines éoliennes et les panneaux solaires, les 7 plus grosses entreprises du monde assuraient plus de la moitié des ventes ; les conseillers financiers les plus actifs dans le domaine étaient : Lazard, Evercore partners, Crédit Suisse, JP Morgan et Barclays. Les investissements réalisés dans les renouvelables hors  hydraulique représentaient près de 300 milliards de dollars par an, beaucoup plus que les investissements dans toute l’industrie automobile mondiale. Sur une douzaine d’années, cela équivaut à plus de 2 000 milliards, de quoi faire saliver les prédateurs repeints, pour l’occasion, en vert.

Le combat principal est bien celui du capitalisme, source de catastrophes, voulant imposer aux peuples du monde « sa » politique prédatrice et destructrice de la Nature et de l’Homme.

Odile Mangeot, le 20.05.2018

Sources : Reporterre principalement 

(1)   « Conférence des parties » de négociation sur le Climat
(2)   PES n° 19 (12/2015), n° 20 (01/2016), n° 32 (03/2017)

lundi 14 mai 2018

LINKY, STOP !

Depuis 2 ans Enedis déploie son système LINKY de compteurs communicants sur tout le territoire national. Le tour de la Haute Saône est arrivé, en commençant par l’agglomération vésulienne.

Pour avoir une information indépendante des promoteurs du système, nous vous invitons à en débattre avec nous
jeudi 31 mai, 20 heures
à la Maison des Associations (salle 108)
rue Jean Jaurès à Vesoul

Ces compteurs sont contestés par plusieurs organisations, de très nombreuses personnes et plus de 500 municipalités car quoi qu’en disent les pouvoirs publics, ils représentent une menace pour :
 la santé en raison des ondes qu’ils émettent
 Le respect de la vie privée par les nombreuses données transmises (courbe de charge)
 Notre budget : contrairement au discours officiel, ils font exploser les factures d’électricité
 La sécurité : un certain nombre d’incendies ont eu lieu suite à des poses de Linky, dont 2 mortels
 L’environnement : gaspillage de matières premières par la mise au rebut de millions de compteurs
en bon état et gaspillage d’énergie dû à la consommation du système de communication et de la
gestion massive de données

Il est possible de refuser la pose du Linky, mais il faut le faire dans les formes.

Réunion animée par François Vetter, organisée par PRIARTEM, Associations Familiales Laïques, Amis de l’Emancipation Sociale.

Nos cerveaux, zone prioritaire à défendre


Les Amis de l’Emancipation Sociale, les Amis du Monde diplomatique Nord Franche-Comté et les Créatures vous invitent à la soirée-débat

Mercredi 16 mai 2018  à  BELFORT
 20h30 - au Bar Atteint 25 rue de la Savoureuse
Sur le thème
Nos cerveaux, Zone A Défendre prioritaire,
contre la déshumanisation et le transhumanisme,
 le manifeste des Chimpanzés du futur

en présence de militants de
Pièces et Main d’œuvre

Les partisans du transhumanisme préparent l’intégration de l’homme-machine dans un monde-machine, où nous n’aurons d’autre choix que de s’hybrider ou de devenir (selon le transhumaniste Kevin Warwick) des chimpanzés du futur, une sous-espèce d’hommes condamnée pour avoir refusé son devenir cyborg, déjà en chantier dans les laboratoires des grands prêtres de la religion transhumaniste. Les Chimpanzés du futur ne s’émerveillent pas de la dilution de l’Homme dans un monde-machine : Nous, humains d’origine animale, refusons les partisans du Tout ce qui est techniquement possible sera nécessairement réalisé débattant du jusqu’où, pour poser celle du Pourquoi ? Nous vivons, nous ne fonctionnons pas. Nous sommes nés, non fabriqués. Nous refusons de nous customiser en cyborg dotés de prothèses bioniques douées d’intelligence artificielle. Nous voulons vivre sur terre et rester libres et humains. Venez en débattre.

Accueil à partir de 19h. Il est possible de manger sur place à 19h15, réservation au 09.83.91.84.99 au Bar Atteint





mardi 1 mai 2018


Les Amis de l’Emancipation Sociale et  les Amis du Monde Diplomatique Nord Franche-Comté
  vous invitent à un ciné-débat

Mardi 8 mai 2018
à 20h  salle de la mairie à MELISEY (entrée gratuite)

Diffusion du film/documentaire de Batiste Combret et Bertrand Hagenmüller
Les pieds sur terre
 Suivi d’un débat
Comment voulons-nous vivre, demain ?
 en présence de  Claude Kaiser
 militant contre le projet d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure

De nombreux habitants, comme ceux du plateau des 1 000 étangs et de la Haute-Vallée de l’Ognon, ont décidé de refuser, ici, une carrière, là-bas un aéroport ou une autoroute, ou encore une poubelle de déchets nucléaires. Protéger la nature pour la transmettre aux générations futures, tel est leur objectif, parfois difficile à atteindre face à ceux qui ne pensent qu’à en tirer profit. Seule l’action collective, mêlant paysans, artisans, néo-ruraux, écologistes ou autres volontaires pour un retour à la nature, permet de lutter contre les grands projets inutiles. Le documentaire nous présente - loin des clichés outranciers -  comment les habitants du hameau du Liminbout, au cœur de Notre-Dame-des-Landes, ont appris à vivre  et à lutter ensemble au quotidien. Comme un encouragement à affirmer qu’il nous revient, là où nous habitons,  de décider des choix  de société dans laquelle nous voulons vivre et de refuser les projets aboutissant à la destruction de la nature et de l’homme. Venez voir et débattre.                                                                                                         Contact : aesfc@orange.fr  03.84.30.35.73