Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mardi 1 mai 2018




Edito du PES n° 43


Peut-on fendre l’armure de Jupiter ?

Celui qui a su profiter et de l’effondrement de Fillon/Pénélope engoncé dans sa cupidité et du rejet du parti dit socialiste, pour se hisser au sommet de l’Etat n’y est arrivé que par inadvertance. L’épouvantail Le Pen a fait le reste. Dans la droite ligne des politiques néolibérales, l’auto-proclamé Jupiter prétend réussir ce que Sarko et Hollande ont tenté partiellement.

Ce parvenu est un tard-venu dans l’agenda européen austéritaire. Avec toute l’arrogance de la caste qu’il représente, ce fondé de pouvoir du CAC 40, tel un bulldozer en marche, fonce tous azimuts. Ça passe ou ça casse. Non content de disposer d’une armada de godillots dont il connaît les états d’âme, il recourt aux ordonnances et multiplie les contre-réformes. Il saute sur la scène médiatique et plonge dans la France rurale pour faire peuple. Il se veut le Bonaparte du fédéralisme européen atlantiste et libre-échangiste. Il rêve de supplanter Merkel et d’être l’interlocuteur obligé de Trump et de Poutine. Peut-il ignorer que son armure est des plus fragiles ? Son socle électoral du 1er tour de la présidentielle, déjà, après un an de pouvoir, s’effrite. Il n’en a cure. Ce néo-cons, ce chef proclamé des interventions armées, s’appuie sur les classes moyennes supérieures, flirte avec les mascarades vendéennes de Philippe de Villiers et flatte les cathos réacs.

Le président des super-riches ne peut toutefois faire oublier son budget, les 17 milliards de baisse d’impôt concédés aux entreprises et les 7 milliards bénéficiant aux ménages les plus riches, tout comme le « pacte de responsabilité » dont il fut l’artisan, sous Hollande : 30 milliards pour les actionnaires. La mémoire est d’autant plus subversive lorsqu’elle est réactivée par la casse du droit du travail et les ponctions subies pour les classes populaires, y compris les couches moyennes inférieures, comme les retraités.

La locomotive des cheminots peut-elle entraîner la convergence de tout le mal-être, écrivais-je dans le dernier édito ? Rien n’est sûr. Les luttes éparpillées, corporatives, prévalent. Porteuses d’intérêts divergents, elles ne semblent pas, pour l’heure, en capacité d’ébranler le pouvoir. La peur de perdre, quitte à perdre davantage, semble prévaloir. La matraque brandie par Macron, les 2 500 gendarmes face à quelques centaines de Zadistes, les évacuations musclées des facs occupées, font hésiter. Les manifestations peinent à gagner en ampleur, y compris chez les étudiants, d’autant qu’elles sont contenues par les mauvais Berger collabos, même s‘ils sont aigris de ne plus être reconnus comme interlocuteurs de la paix sociale. Mais rien n’est écrit d’avance.

A preuve, les tournées de Macron dans la France d’en bas, particulièrement à St-Dié des Vosges. Dans cette ville où le chômage est à 12 %, où le quart des commerces et les logements sont vacants en centre-ville, la prétention de Jupiter d’aller au contact s’est heurtée aux quolibets de la colère ambiante. Agacé, sa prestance offusquée, conspué, il a fini par lâcher, piteux : « Je ne suis pas une machine à recevoir toutes les récriminations ». Puis, « Virez-moi tous les siffleurs ! » Enfin, cet aveu « Si je cède sur les 80 km/h, face aux cheminots râleurs, sur Notre-Dame-des-Landes, alors c’est fini, on ne tient plus rien ».

Fendre l’armure de Macron, c’est encore possible, le 1er mai, le 5 mai et ensuite. « Les murs les plus puissants tombent par leurs fissures ». Encore faut-il que la poussée par en bas soit suffisamment forte afin d’obtenir, pour le moins, le retrait du pacte ferroviaire, la loi ORE et celle dite Asile/Immigration.

GD le 23.04.2018