Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mardi 1 mai 2018


Macron, broyeur d’espérance à l’accès au savoir

Faire prendre des vessies pour des lanternes fait partie intégrante du discours dominant, cette novlangue qui renverse le sens des mots : les régressions sociales devenant des « réformes », les licenciements se traduisant par des « plans de sauvegarde de l’emploi » ; toute cette logomachie vaut pour la « loi d’orientation et de réussite des étudiants ». Il s’agit, en réalité, d’introduire la sélection à l’université. Macron l’avait promis : « il faut arrêter de faire croire que l’université est la solution pour tout le monde ». De fait, les mesures mises en œuvre préfigurent l’établissement d’un système à l’anglo-saxonne. La loi de 2007 avait préparé le terrain à l’offensive macronienne de destruction de la démocratisation du système scolaire. Telle est la raison de la mobilisation étudiante, largement déformée par les médias.

Etouffer les universités pour mieux les démanteler

La loi de 2007, dite « d’autonomie des universités », correspond à un retrait de l’Etat. Financièrement, il ne participe plus qu’à hauteur de 60/70% à leur fonctionnement, laissant aux présidents d’université le soin de solliciter les collectivités régionales et sponsors privés pour pallier les déficits. Une inégalité entre facs, régions s’est donc installée : amphithéâtres surchargés, locaux délabrés, moyens matériels insuffisants jusqu’à l’asphyxie et le scandale, en 2017, largement provoqué par le tirage au sort des étudiants sans affectation. Tout compte fait, ils ne représentaient que 0.9 % des étudiants. Bref, le terrain était préparé, d’autant que de 2009 à 2015, face à 280 000 étudiants supplémentaires, 7 147 postes furent supprimés. La plate-forme APB (Admission Post-Bac) expérimentait par ailleurs ce qui allait suivre. Elle sélectionnait les étudiants pour les filières sélectives BTS et classes préparatoires aux grandes écoles. En outre, la capacité d’accueil dans certaines filières, comme psychologie, droit, médecine, STAPS (sciences des techniques et activités physiques et sportives)… était largement insuffisante.

Une usine à gaz pour sélectionner

Pour camoufler la sélection, la loi ORE – Orientation et Réussite des Etudiants – laisse penser qu’en définitive ce serait l’élève de 15/16 ans qui opèrerait un choix… multiple. 900 000 demandeurs furent donc appelés à faire 10 vœux, soit 9 millions de vœux, qu’enseignants, chercheurs, vacataires, seront amenés à trier, départager, repousser dans d’autres facs, selon les places disponibles, ou reléguer dans une remise à niveau problématique. Ces vœux doivent être formulés dans des « fiches-avenir » ( !) comportant, pour chacune d’entre elles, notes, appréciations matière par matière, évaluation de la motivation de l’élève, de son autonomie, de sa méthode de travail, de son esprit d’initiative, de sa capacité à réussir dans la formation visée… Au boulot, les enseignants du secondaire et les conseils de classes pour la présélection ! Les élèves, et les parents anxieux, devaient s’y mettre avant le 13 mars ! Et, tout ça, sur la plate-forme virtuelle « Parcours Sup » pour y inscrire les 10 vœux et toutes les pièces accompagnatrices.

L’on vit, aussitôt, fleurir des sociétés privées comme « Tonavenir », proposant de faire ce travail fastidieux pour 560€ selon la « formule « publicitaire » Sérénité ( !) ». Bref, un nouveau marché s’est ouvert, l’industrie pharmaceutique vantant, pour sa part, les pilules miracles contre le stress !

L’affaire semblait dans le sac à malices de Blanquer jusqu’à ce que les enseignants et les étudiants s’en mêlent. Les enseignants du supérieur, face aux 9 millions de vœux (et pour chaque postulant-étudiant 10 vœux, 10 lettres de motivation, plus les dossiers rassemblant tous les bulletins de notes et d’appréciations) s’indignèrent : impossible d’évaluer réellement, guère envisageable de recourir à des algorithmes locaux, de se faire les censeurs des choix des élèves. 8 000 d’entre eux, par pétition, ont condamné « Parcours Sup » et décidé de boycotter ce dispositif. Une motion signée par des enseignants de Lille, Bordeaux, Paris I et Paris X, Aix-Marseille, Lyon, ont refusé de participer à ce classement. Le SNES-SUP FSU défend cette position. Une association « Sauvons l’université » demande des moyens pour garantir une place pour tous les bacheliers dans la formation de leur choix. Puis ce fut la mobilisation étudiante et l’occupation des facs en plein milieu de la mobilisation sociale. Et le ministre de brandir la menace de sanctions aux enseignants et la répression face à l’occupation de locaux universitaires.

Le projet macronien anglo-saxon

S’il est mis en œuvre, ce serait la fin du BAC comme référence commune ouvrant l’accès aux études universitaires au choix des étudiants. Cette déconstruction de la démocratisation du système scolaire entend favoriser la concurrence accrue entre disciplines, une hiérarchisation entre lycées et facs et sera assortie de suppression de postes… Qui plus est, la dérégulation du système éducatif, telle que prévue, devrait s’accompagner de la refonte des programmes, d’offres de formation réduites, et, pour les lycéens, d’un grand oral. Tout serait fait pour exclure les moins dotés en capital culturel et donc, de refouler les jeunes issus des classes populaires.

Déjà pointe l’augmentation des tarifs universitaires expérimentée dans les filières les plus sélectives. A l’université de Nice Sophia-Antipolis, l’AG des étudiants a bloqué le conseil d’administration. Ils protestent notamment contre l’instauration de nouveaux diplômes à 4 000 euros pour des cours en master de biologie (au lieu de 256€). « On est dans une logique de privatisation », l’administration prétend qu’elle est en grande difficulté financière et pointe la volonté du ministère de laisser les universités se financer toutes seules, progressivement.

Plus subversifs, les étudiants, occupant Science Po Paris, dénoncent le contenu des enseignements qui leur sont dispensés, véhiculant l’idéologie néo-libérale. « De nombreuses multinationales subventionnent notre école pour que soient vantées leurs pratiques d’exploitation des travailleurs, d’appropriation des ressources naturelles des pays du Sud, de violations des droits humains et de destruction de la planète… Notre école est pleine de modules visant à former les hauts fonctionnaires zélés du régime libéral et autoritaire ». Ils appellent à « faire de Sciences Po-Paris un lieu ouvert à tous les étudiants, chômeurs, précaires, salariés, exilés avec ou sans papiers, à briser ce temple de l’enseignement injuste, inégalitaire et élitiste que l’on essaie de nous imposer ». Serait-ce là un joli mois de mai en perspective ? (1)

Gérard Deneux, le 21 avril 2018

(1)   Communiqué « Sciences-Po entre dans la lutte » du 18 avril 2018

Lire l’article d’Annabel Allouch « Les étudiants livrés au marché de l’anxiété » le Monde Diplomatique avril 2018


Et si les Versaillais s’y mettaient ?

Etienne Pinte s’est fendu d’une tribune dans le Monde (11 avril). C’est le cri du cœur d’un Versaillais qui, après avoir été député RPR et UMP (1978-2012), maire de Versailles de 1995 à 2008, est devenu président du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion. Sa découverte d’un monde qu’il ignorait l’amène à invoquer l’appel de l’abbé Pierre en 1954.

Et d’évoquer la situation dramatique dont il a dû longtemps ignorer l’existence : 3 millions d’enfants sous le seuil de pauvreté n’ayant pas accès à la cantine scolaire, à la protection maternelle et infantile, à la médecine scolaire et qui vivent en hôtels ou dans des bidonvilles. Et ces 54 % des jeunes dans les quartiers dits prioritaires qui souffrent d’un manque d’accès au savoir, dont 40 % sont privés de loisirs et encore 25 % de jeunes qui sont sans domicile fixe…

Et des chiffres, il en assène : 9.5 millions de Français reportent ou renoncent à des soins, dont 64 % sont des femmes. 4 millions de mal logés auxquels il faut ajouter 140 000 sans-abri. Et puis ces 12 millions qui souffrent de précarité énergétique. Quant aux étudiants on apprend que 50 % d’entre eux rencontrent des difficultés financières, qu’ils sont nombreux à fréquenter les restos du cœur et à se loger en habitats insalubres, à la merci des marchands de sommeil.

On rêve que tous entendent l’appel des étudiants Science-Po Paris et convergent dans la protestation subversive contre ce régime à la tête d’un pays qui se vante d’être la 6ème puissance mondiale.

GD le 21 avril 2018

Les mauvais comptes

Tant qu’il y aura des fraudes fiscales (80 milliards), des optimisations fiscales agressives, grâce à une non régulation et une législation laxiste et complaisante + le verrou de Bercy (60 milliards),

Tant qu’il y aura des fraudes aux cotisations sociales (25 milliards que les entreprises fraudent au fisc),

Tant que les amendes aux grandes surfaces non récupérées par Bercy (418 milliards, un quart de la dette publique),

Tant qu’il y aura des  niches fiscales concoctées pour les riches (90 milliards) et l’arnaque aux emprunts toxiques sur les collectivités locales (13 milliards),

Tant que l’Etat se privera des recettes légitimes qu’il ne veut pas prendre aux riches, faisant croire à la théorie du « ruissellement » (100 milliards),

Tant qu’on n’aura pas récupéré les 10% transférés du travail au bénéfice du capital (200 milliards par an),

Tant que les multinationales du CAC 40 ne paieront pas leurs impôts à égalité avec les PME,

Tant que les banques d’affaires ne seront pas dissociées des banques de dépôt (ce qui fait que la finance casino colossale atteint 100 fois le PIB de l’économie réelle),

Tant que tout cela continuera, toute politique économique et sociale, toute rhétorique capitaliste néo-libérale, toute énonciation de déficit et de dette publique (odieuse car 59% de la dette publique proviennent des cadeaux fiscaux et des taux d’intérêt excessifs), toute dénonciation de fraude sociale (la seule dont on parle dans les médias), toute proclamation d’assistanat et toute plainte de coût du travail et de marges insuffisantes, et bien sûr, toute casse du code du travail et de la protection des travailleurs et des retraités… etc… seront caduques, non prises en considération et combattues par le peuple volé et maltraité !!!

Ils peuvent bien faire ce qu’ils veulent, et enfumer les masses qui vont voter dans l’ignorance mais nous sommes de plus en plus nombreux, conscients de l’arnaque.

Et pour finir, avec la COP 21, ils rechignent à mobiliser 100 milliards de dollars (84 milliards d’euros) par an d’ici 2020 sur l’ensemble des pays ! Là je ne parle que de la France ! Imaginez…

Les riches détruisent la planète et le capital nous coûte très cher !

Alain Mouetaux